2.2 Revue documentaire
Le thème qui nous intéresse dans cette
étude a fait l'objet de réflexions et d'études chez de
nombreux auteurs. Nous résumons ici, certains des travaux ayant
porté sur le phénomène de l'exclusion sociale en
général, et celle des enfants et jeunes en situation de rue en
particulier.
v Dr Xavier Emmanuelli, Dernier avis avant la fin
du monde, (édition Albin Michel SA, 248 Pages, paris 1994).
Le Père fondateur du Samusocial International, nous
avertit dans cet ouvrage, sans détour, en précisant que nous
vivons des temps apocalyptiques. Il considère que l'exclusion est un
phénomène ancien, mais qui prend de nos jours des proportions
proprement diaboliques, et en plus est en train de disloquer silencieusement
notre civilisation. Il expose dans cet ouvrage, ce qui va être par la
suite la méthode de travail des Samusociaux auprès des personnes
vivant dans la grande exclusion. Cette méthode, appelée
méthode d'urgence, s'articule autour de quatre priorité.
- Mettre les gens à l'abri, les sortir des contraintes,
des intempéries et leur donnée un endroit à eux, pour
qu'ils s'y sentent en sécurité et s'y réfugient ;
- Leur assurer l'hygiène, pour se laver, pour
évacuer les eaux sales, les ordures, les toilettes et leur donner
à boire ;
- Leur faire comprendre qu'ils sont légitimes, et leur
donner un statut (carte d'identité par exemple) ;
- Assurer la santé, l'accès aux soins.
En tant que médecin de formation, il précise
tout de même que si l'on commence par cette dernière
priorité on est sûr de ne pas réussir.
v Dr Xavier Emmanuelli, un dispositif de sauvetage
dans la lutte contre la grande exclusion (Dominique VESINI, 39 pages
)
Cet ouvrage aide à comprendre le mécanisme de
l'exclusion sociale des personnes vivant en situation d'extrême
précarité. Selon le fondateur du Samusocial de Paris, plus on est
exclu, moins on a facilement accès aux dispositifs d'assistance. Les
personnes exclues sont trop délaissée pour savoir formuler
d'elles-mêmes des appels à l'aide et parfois même pour se
les formuler. Malgré toutes les facilités d'accès que l'on
a pu examiner, elles sont, la plupart du temps condamnées à
rester en dehors des systèmes pourtant créer pour les aider. Les
personnes exclues sont trop déprimées, trop
désocialisées, trop perdues pour atteindre quoi que ce soit de
l'institution dont elles ne connaissent plus les rouages.
S'agissant de la lutte contre l'exclusion sociale, l'auteur
énumère quelques principes. Selon, lui, il faut beaucoup de
doigté, de patience et de professionnalisme. Il faut leur approcher avec
tact et humanité pour leur rendre la dignité à laquelle
ils ont droit, à laquelle chacun a droit, avec amitié et sans
brusquerie, en se faisant admettre, en leur paraissant un recours possible pour
recréer un lien qu'ils avaient rompus.
Il souligne également que combattre l'exclusion demande
que l'on regarde chacun comme un cas particulier dans la mesure où il
n'existe pas de procédure automatique pour sortir de l'exclusion.
Ce document est d'une importance capitale dans la lutte
contre l'exclusion sociale des enfants et jeunes de la rue.
v Pierre Tap et Malewskapeyre,
marginalisation et trouble de la socialisation, (Presse
Universitaire de France, 334 pages, Paris 1993)
Dans cet ouvrage collectif, les auteurs mettent en exergue les
effets de la socialisation sur le développement de l'enfant. Il la
définit comment étant une appropriation active par les individus,
des normes, des valeurs et des conduites sociales.
La socialisation ainsi définie peut être
troublée dès l'enfance, la pauvreté, la marginalisation
sociale, voire l'aliénation des familles (éclatées et
conflictuelles peuvent sérieusement entraver l'intégration
sociale des enfants, leur réussite scolaire et leur développement
personnel).
Selon ces auteurs, les effets de ces troubles de la
socialisation sont surtout visibles à l'adolescence avec les
difficultés d'insertion (échecs et retards et professionnelles,
les processus dépressifs et les tentatives de suicide, l'attirance vers
les drogues et vers l'alcool, la transgression des règles et des lois et
l'intrusion de la violence individuelle et collective).
v Ives Marguerat et DanièlePoitoux, A
l'écoute des enfants de la rue en Afrique noire
(Marjuvia1994)
Ces deux auteurs nous montrent qu'aider les enfants en
détresse, signifie aussi lutter contre ce dont ils souffrent le plus en
eux-mêmes : le mépris, le regard hostile dont les accable la
société, dont ils sont en fait les victimes.
Pour amorcer leur réinsertion, il faut rétablir
un dialogue et leur donner enfin à eux aussi la parole : il faut se
mettre « à l'écoute des enfants de la
rue ».
v Samusocial International et SamusocialMali, Nous
venons tous d'une famille, (étude à propos des enfants et
jeunes de la rue à Bamako, 125 pages, 2010)
Cet ouvrage, fruit d'une collaboration entre le Samusocial
International, le Samusocial Mali et un groupe de chercheurs maliens, est une
réflexion sur les raisons de départ des familles des enfants et
jeunes en situation de rue à Bamako. Le but est d'amener les acteurs
à mieux penser, ou repenser les interventions en leur faveur. Dans cet
ouvrage, les auteurs mettent l'accent sur le fait que nous ne pouvons pas
comprendre le passage à la vie en rue, sans connaitre la vie avant la
rue de ces enfants et adolescents. Par conséquent, dans les
études des cas à propos des enfants rencontrés par le
Samusocial, les raisons évoquées sont multiples : le conflit
avec les parents (violence physique, violence verbale dans des disputes,
négligence qu'il ressent et qu'il exprime très clairement comme
celle liée à l'exploitation économique).
v Samusocial International, L'intervention
auprès des enfants et jeunes de la rue,(PhilippeBoyrivent, 69 pages,
2013)
Dans cet ouvrage de description de la méthode de
travail d'un dispositif Samusocial, le Dr. Xavier Emmanuelli sur les facteurs
de l'exclusion sociale, un phénomène devenu universel de nos
jours. Il affirme que l'exclusion est une urgence sociale permanente. Selon lui
l'urbanisation affaiblit voire détruit les mécanismes de
cohésion sociale traditionnels. La conséquence pour les plus
fragiles se traduit par l'exclusion. Il définit une personne en
situation d'exclusion comme étant « une personne qui se
trouve en dehors du regard des autres, mais également en dehors des
institutions », ayant perdu, en vivant dans la simple survie, les
codes de la vie en collectivité : perte des liens familiaux,
sociétaux, perte du code du temps, de l'espace et du corps, souvent
accentuées par l'addiction à des substance toxique (alcool,
drogues ...) pour laisser place au seul impératif de survie.
Il affirme en fin que le Samusocial par sa doctrine et ses
méthodes agit contre ce phénomène.
v Stéphane Tessier, A la recherche des
enfants des rues, paris-Karthala 1998, 480 p
Cet auteur met l'accent sur le fait que dans la
société traditionnelle Africaine l'enfant était à
la fois comme don de Dieu, réincarnation des défunts, lien entre
l'invisible et le visible, sécurité sociale des parents, valeurs
du couple ... par conséquent l'éducation de l'enfant était
une affaire de toute la communauté. Mais sous l'influence de plusieurs
facteurs comme l'urbanisation rapide, l'explosion démographique, la
crise économique et la crise de la famille en ville, l'enfant est devenu
une charge et l'objet de processus d'exclusion de la famille, de l'école
et de la société dans l'Afrique actuelle. Selon l'auteur c'est
compte tenu de ces situations qu'on assiste dès lors au
phénomène d'enfants des rues et à une inflation
d'organisation de prise en charge.
v Amadou SIMAGA, la rééducation des
enfants de la rue dans le district de Bamako : problème et
perspective, mémoire de fin d'étude, ENSUP, 1996,
57p :
Dans son mémoire de fin de cycle, cet étudiant
en Psychopédagogie, affirme son optimisme pour l'éradication du
phénomène enfant de la rue. Pour ce faire, la seule condition
réside dans la solidarité nationale et internationale, la justice
et l'équité, plus d'affection pour nos enfants et peut être
un peu plus de sacrifice à leur égard. Il affirme aussi que le
terme « enfant de la rue » crée un amalgame entre
les situations différentes qui se rencontrent dans un même
environnement qui est la rue. Il faudrait donc pousser la réflexion sur
la terminologie en vue l'adopter à nos réalités. L'auteur
propose les termes comme « enfant en difficulté » ou
« enfant marginalisé).
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