WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La lutte contre l'exclusion sociale des enfants et jeunes en situation de rue à  Bamako. Analyse de l'expérience de samu social Mali.

( Télécharger le fichier original )
par Aboubacar TRAORE
là¢â‚¬â„¢Institut National de Formation des Travailleurs Sociaux de Bamako - Téchnicien Supérieur en Travail Social. Option: Développement Social et là¢â‚¬â„¢économie solidaire. 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2 L'émergence du phénomène en Afrique

En Afrique, les enfants de la rue représentent la catégorie des sans-abris la plus visible dans les rues des grandes villes et sont souvent sans ressources. C'est un phénomène nouveau qui a pourtant pris des proportions inquiétantes sur le continent.

Jusqu'à une période récente, plusieurs sociétés africaines ne connaissaient pas ce phénomène à cause de l'organisation et de la structure sociale traditionnelle qui y prévalaient (Kuyu, cité par Tessier, 1998, p. 178). En effet, dans les fondements de la famille traditionnelle africaine, les relations sociales étaient organisées selon un modèle communautaire favorisant l'intégration sociale. L'individu vivait dans un réseau de dépendance fort où la richesse se mesurait au nombre de personnes qui vous entourent et non à la quantité de biens matériels acquis. L'éducation des enfants, dans cette société, était donc une affaire de communauté et se faisait à travers les classes d'âge sous l'autorité d'un chef religieux ou du patriarche. L'enfant ne se sentait donc pas complètement orphelin ou désorienté à la mort de ses parents ou lorsque ceux-ci n'arrivaient pas à satisfaire ses besoins (affection, éducation, nourriture, etc.), car il y avait toujours un toit dans la famille élargie pour recevoir l'orphelin ou l'enfant laissé à lui-même ou encore l'enfant en fugue, parti de lui-même pour cause de mauvais traitement. En outre, lorsque l'enfant fuyait son domicile ou était abandonné, il ne se rendait pas dans la rue mais plutôt chez un proche parent car dans ces sociétés où les ménages sont rarement limités au couple, l'enfant n'avait pas de père ou de mère mais plutôt des pères et des mères et la prise en charge de parents démunis ou de leurs enfants était une pratique courante.

Cependant, sous l'influence de plusieurs facteurs tels que la désintégration de la famille, l'exode rural, l'explosion démographique, la crise économique, on assiste à une monétarisation généralisée de l'échange social et à un processus de marginalisation sociale des enfants sur le continent africain (Tessier 1998, p. 220).

2.3 Le phénomène des enfants et jeunes des rues à Bamako

Au Mali, le phénomène des enfants et jeunes en situation de rue prend de plus en plus de l'ampleur, surtout dans la ville de Bamako, la capitale. Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer l'avènement nouveau. Les conséquences des politiques d'ajustement structurel imposées par le Fonds Monétaire International (FMI) aux pays en voie de développement, la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994, la crise alimentaire et économique qui sévit le pays depuis plusieurs années, l'insuffisance de « filets » en termes de protection sociale capable d'aider les familles démunies à assurer une meilleure protection aux enfants, l'urbanisation galopante de la ville de Bamako, conséquence d'une répartition inégale du développement économique sur le territoire national, la persistance de pratiques néfastes aux enfants et de multiples violations de leur droits. Nous exposons ici, les propos recueillis auprès de différentes sources sur les causes et l'évolution du phénomène des enfants et jeunes des rues à Bamako.

R.S., chef de division accueil, écoute, orientation au centre d'Accueil, d'Ecoute et d'Orientation pour Enfants.

« Depuis 1996 je suis dans le domaine de l'enfance en difficulté. Je suis de très près les différentes évolutions. Le phénomène est en train de prendre une proportion très importante et inquiétante dans le district de Bamako avec de nouvelles stratégies de survie sur le terrain.

Nous pouvons dénombrer aujourd'hui en termes d'enfants et jeunes en situation de rue tous les sexes confondus plus de 20 000 personnes.

Ce phénomène s'explique par la démission des parents, la dislocation des structures de base, la prolifération des écoles coraniques ou certains maitres coraniques pour raison de gain envoient les enfants dans la rue. Un peu la pauvreté derrière laquelle les gens se sont masqués pour faire fi de leurs obligations. Sinon la pauvreté a toujours existé mais les enfants des pauvres étaient bien éduqués. Mais il faut reconnaitre également l'effet de la mondialisation avec les nations qui ont aggravé la déperdition, la dislocation de nos moeurs avec des divorces fréquentes et également le poids de la tradition avec l'exploitation des enfants jumeaux.

Ces enfants sont abandonnés, marginalisés, stigmatisés parce que les gens les jugent mal sans pour autant chercher à comprendre pourquoi ils sont dans cette situation. Chaque enfant est un cas et en analysant profondément nous nous rendons compte que toujours un adulte est à la base. Donc nous pouvons affirmer que ces enfants sont victimes d'exclusion. Ils sont exclus de la société, de la famille et des services sociaux de bases (santé, éducation, justice...).

Selon la convention des droits des enfants chaque enfant a droit à une famille, à la participation, aux loisirs. Nos enfants qui sont dans la rue sont privés de tout cela ».

Dans l'explication des causes du phénomène des enfants et jeunes des rues, cet éducateur expérimenté met en exergue la démission des parents, la dislocation des structures de bases, la prolifération des écoles coraniques. Ensuite il met l'accent sur le fait que les enfants de la rue sont exclus des services sociaux de bases et sont privés de leurs droits les plus fondamentaux qui sont le droit à une famille, le droit à la participation, au loisir...

Y.T., Coordinateur social

« Le phénomène enfant et jeune en situation de rue est un phénomène lié à l'urbanisation incontrôlée, présente dans toute la sous-région, l'effritement de nos valeurs sociétales. Tout cela concourt à la fragilisation des couches les plus vulnérables qui sont les enfants et les femmes. Ces populations sont également victimes d'une maltraitance physique ou de négligence au niveau des familles, qui les poussent dans la rue. Il faut noter également la négligence des parents qui n'ont plus de temps pour s'occuper de leurs enfants. Les enfants sont laissés à eux-mêmes. Comme on le dit en travail social « une violence modérée vaut mieux qu'une négligence chez l'enfant ».

Je crois qu'il n'est pas évident de parler des causes d'arrivée en rue mais plutôt les raisons du départ.

Ce phénomène, je l'ai connu depuis 1982-1983. Mais cerner tout le contour du phénomène c'est en 2004 lors de mon stage au CEAO.

Aujourd'hui on peut dénombrer 3000 enfants et jeunes en situation de rue à Bamako.

Il ressort de ce discours que le phénomène enfants et jeunes de la rue est lié à l'urbanisation galopante et incontrôlée de la ville de Bamako, l'effritement de nos valeurs sociétales qui concourent à la fragilisation des couches les plus vulnérables dont les enfants.

X.Y., Directeur du centre d'écoute communautaire

« Ce phénomène peut être dû à plusieurs raisons : la pauvreté et la misère dans les familles, les conflits familiaux, le divorce des parents, le manque d'attention et de responsabilité des parents vis-à-vis de ses enfants. Il y a aussi le gout de la vie en liberté et l'inadéquation de la réponse des centres.

Je n'ai aucune idée sur le nombre. Le phénomène a commencé dans les quartiers périphériques et s'étend à toute la ville aujourd'hui. Il s'est amplifié à partir des années de sècheresse et au moment de la conjoncture internationale. On peut également évoquer le fanatisme et la méconnaissance de la religion musulmane et la démission des parents expliquent le phénomène, l'exploitation des enfants par les maîtres coraniques, les violences familiales.

Ce responsable d'une structure communautaire de protection de l'enfant met l'accent sur les difficultés des familles à subvenir aux besoins matériels des enfants, les conflits intra familiaux, les divorces des parents, le manque d'attention et de responsabilité parentales vis-à-vis des enfants, l'inadéquation de la réponse des centres qui sont des raisons de venue en rue de ses enfants. Il cite également, les dérives de l'enseignement coranique parmi les causes du phénomène.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand