I.3.2 Le delta intérieur du Niger une zone de
conflit.
Carte ethnique du Mali
Source : Jeune Afrique
15 EMOP 2015/2016
Le Mali est marqué d'une grande diversité
ethnique comme l'indique la carte ci dessus, aux traditions et aux modes de vie
bien différents. À l'image du centre du pays, là ou se
trouve le delta intérieur du Niger. On y trouve des bambaras (Souvent
agriculteurs), des Peulhs (éleveurs) et des dogons (pécheurs).
Ainsi, si les conflits intercommunautaires ont toujours existés,
aujourd'hui l'émergence de la menace terroriste met à mal la
confiance entre ces communautés. Avec la création du Front de
libération du Macina en 2015 de Amadou Koufa (Amadou Diallo) dans la
zone, des amalgames entre les Dogons et les Peulh principalement, engendre des
vengeances qui font des dizaines de morts dans la zone. Ces communautés,
autrefois voisines16, ont certes déjà vu s'affronter
des nomades peuls et des sédentaires dogons. Mais aujourd'hui, ils
s'entretuent et les problèmes de cohabitation s'intensifient, sous fond
de suspicions djihadistes de part et d'autre, et font perdre à ces
communautés tout sentiment d'appartenance à une même
nation. Le ministère des Affaires Étrangères
français déconseille d'ailleurs fortement de se rendre sur le
territoire malien, dont le centre et le nord du Pays sont placés en zone
rouge (« Zone formellement déconseillée »). Le centre
du Mali atteint un tel niveau de violence, que depuis févier 2018, suite
à « la multiplication des attaques contre des civils et des forces
de sécurité dans le nord et le centre du Mali, le Chef
d'État major général des armées a interdit la
circulation des motos et des pick up dans plusieurs cercles des régions
de Ségou, Mopti et Tombouctou » (Jeune Afrique, 2018).
En ce sens, le centre reste toujours confrontés
à de mauvaises productions et à l'insécurité
alimentaire, ce malgré le fort potentiel agricole de la région,
en termes d'espaces irrigables. Car ce delta intérieur du Niger si
connu, a permis de créer ce qu'on appel la zone Office du Niger dont les
hommes tirent profits depuis les dernières décennies de la
colonisation.
33
16 Amadou Hapâté Bâ, (1992) « Amkoulel,
l'enfant Peul », Paris, Actes Sud, 534 pages.
34
4. L'émergence du maraichage dans la zone
Office du Niger
I.4.1 Présentation de la zone ON : Contexte
géographique (superficies, populations)
Tableau : Démographie de la Zone ON
Zones
|
Nombre de
villages
|
|
Nombre d'exploitations
|
|
|
Population active
|
Population totale
|
Population totale (H+F)
|
|
H
|
F
|
total
|
|
H
|
|
F
|
|
H
|
|
F
|
|
46
|
7
|
308
|
786
|
8
|
094
|
15
|
225
|
16
|
000
|
21
|
384
|
20
|
404
|
41
|
788
|
Kolongo
|
60
|
9
|
164
|
476
|
9
|
640
|
13
|
620
|
10
|
219
|
22
|
784
|
10
|
695
|
33
|
479
|
Niono
|
45
|
12
|
486
|
760
|
13
|
246
|
31
|
774
|
32
|
420
|
49
|
377
|
50
|
203
|
99
|
580
|
Molodo
|
33
|
5
|
034
|
271
|
5
|
305
|
15
|
930
|
16
|
156
|
31
|
830
|
32
|
933
|
64
|
763
|
N'Débougou
|
70
|
11
|
032
|
1 226
|
12
|
258
|
25
|
095
|
26
|
861
|
39
|
510
|
42
|
064
|
81
|
574
|
Kouroumari
|
78
|
9
|
614
|
537
|
10
|
151
|
26
|
558
|
27
|
904
|
38
|
668
|
63
|
591
|
102
|
259
|
M'Bèwani
|
62
|
10
|
747
|
496
|
11
|
243
|
46
|
851
|
41
|
547
|
43
|
315
|
45
|
083
|
88
|
398
|
Total ON
|
394
|
65
|
385
|
4 552
|
69
|
937
|
175
|
053
|
171
|
107
|
246
|
868
|
264
|
973
|
511
|
841
|
|
Source : Bilan de Campagne de l'ON de 2016-2017
Ce delta intérieur du Niger a permis l'aménagement
d'un périmètre de cultures irriguées (Voir Carte 1). Il
est situé à environ 250 km à l'est de Bamako.
L'ON constitue un potentiel de terres irriguées de 1 947
000 hectares, dont
35
1 445 000 de terres irrigables par gravité. Ainsi,
depuis la création de l'ON, le 5 Janvier 1932, l'objectif a
été d'aménager 960 000 hectares, dont 410 000 hectares
pour la culture de coton et 550 000 hectares pour la riziculture.
Cet objectif, près de 90 ans après, n'est
toujours pas atteint. Seuls 131 000 hectares étaient
aménagés en décembre 2017, soit 14 % du projet initial.
C'est donc un espace avec un fort potentiel, qui reste
insuffisamment exploité.
Ainsi, depuis la fin du XXème
siècle, ce potentiel identifié, une sècheresse (19831984)
dans le pays et un début de changement de gestion de l'ON au
début des années 1980, qui aboutit à sa restructuration en
1994, offre de meilleures opportunités à la population, par
rapport au reste du pays. La présence de terres, l'abondance en eau et
la liberté de production font de la zone ON un espace agricole plus
attractif que les autres bassins de production du pays. C'est pour cela que sa
population a été « multipliée par cinq entre 1980 et
2008 » (Adamczewski, 2014). Elle compte aujourd'hui 511 841 personnes dont
246 868 hommes et 264 973 femmes, regroupés dans 394 villages, au sein
des sept zones que compte l'ON : la zone du Ké-Macina, Molodo, Kolongo,
Niono, Molodo, N'debougou, Kouroumari et M'béwani.
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