III.4.2.c. Circuit de commercialisation dans les
villes
Tous les lundis et les vendredis au Niono sugu, il y a de
nouveaux arrivages. En mars, quinze à vingt camions peuvent être
déchargés en un seul arrivage. Ensuite, les grossistes de la
sous-région (Côte d'Ivoire, Guinée, Burkina Faso) viennent
s'y approvisionner, ainsi que les semi grossistes, qui achètent aux
grossistes. Ils sont installés au « Niono Sugu »
également. Une rue est uniquement réservée au « jaba
» (oignon et échalote) et à la pomme de terre provenant de
Niono. Comme visible sur la photographie ci-dessous, les spéculations
sont à même le sol. La balance bleue à droite de la
photographie permet de le vendre au détail pour ensuite la mettre dans
les sacs rouges à trous pour le client.
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Semi-détaillant d'échalotes, de pommes de terre
et d'oignons au « Niono Sugu »
(Bamako)
Source : Drabo, A Commentaire : Photo prise le 30 mars 2018,
à 15h. C'est la période chaude, ce qui explique l'affluence
faible. Les détaillants (es) s'y pressent le matin, au moment
où il fait moins chaud. La rue de « Niono Sugu »
devient pratiquement inaccessible.
Ces clients, des semi grossistes, sont
généralement des détaillants (es) de quartiers ou parfois
des consommateurs directs, résidant non loin du marché. La ville
s'étalant de plus en plus, il est difficile de s'y rendre
fréquemment pour faire ses provisions. Ainsi, un consommateur
résident à Kati (15 kilomètres du centre ville) peut
trouver dans son assiette une échalote provenant de Niono, grâce
aux détaillants.
III.4.3. Les contraintes de commercialisation
III.4.3.1 Des prix volatiles pour l'exploitant
Si la filière semble organisée, elle ne garantit
pourtant pas la volatilité des prix.
105
Lors de l'enquête de terrain, l'absence de protection
face aux prix est revenue régulièrement. Les commerçants
en situation de force, lorsque l'offre d'échalote par exemple est
importante, cherchent à faire chuter les prix. Certains producteurs
déclaraient lors de nos enquêtes avoir vendu parfois leur
production à perte. Ils estiment souvent le gain des commerçants
bien trop important par rapport à leur gain.
128 029
Les bénéfices pour les acteurs de la
filière échalote
Opérateur
|
Prix de vente kg/FCFA
|
Charge
|
Marge
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Producteur
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125 FCFA (0,19€)
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85 FCFA (0,12€)/KG
|
40 FCFA (0,06€)/KG
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Coxeur
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130 FCFA (0,20€)
|
__
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5 FCFA (0,01€)
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Transporteur49
|
15 FCFA (0,02€)
|
__
|
__
|
Grossiste
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165 FCFA (0,25€)
|
150 FCFA50 (0,23€)
|
15 FCFA
|
Détaillant
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175 FCFA (0,27€)
|
165 FCFA+ 50 FCFA/mois51 (0,08€) + 340 000
FCFA (518€) pour 2000 sacs rouges à trous
|
10 FCFA (0,02€)
|
Source : Drabo A
Commentaire : Chiffre à prendre avec précaution,
donnés à titre indicatif. Ils varient d'un acteur à un
autre et font référence au prix du marché à une
période donnée (mi-mars 2018)
Ce discours est souvent réfuté par les
commerçants. En effet, la volatilité des prix ne leur incombe pas
totalement. Tout comme les producteurs, ils cherchent eux aussi à
acheter le plus bas possible pour revendre à des prix abordables pour
les clients. Les charges et les acteurs multiples, qui prennent chacun une
marge, ne facilitent pas l'acquisition d'un gain important pour les acteurs. Le
circuit long implique un maillon de la chaine riche en acteurs, qui accentuent
également les effets négatifs de la commercialisation de ces
spéculations, notamment pour les commerçants.
49 Difficulté de connaître leur charge et leur
marge. Refus systématique de les communiquer.
50 Charges du grossiste : Prix aux producteurs (125FCFA) + Prix
du Coxer (5FCFA) + Prix du transporteur (15FCFA) + Prix des sacs de stockage
(5FCFA). L'échalote lui revient à 150 FCFA comme prix d'achat.
51 Location de la place de marché payé à la
mairie
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