III.4.1.a Différents bassins de production de
l'échalote au Mali
S'il est vrai que l'échalote est produite à
Niono entre novembre à mars et est déversée sur les
étals des marchés maliens de mars à août, cela ne
signifie aucunement que le reste de l'année, le pays ne produit pas
d'échalotes. Le Mali est un pays marqué par de fortes
diversités climatiques et ethniques, permettant ainsi de contrebalancer
les phases de production. Les deux plus grands producteurs d'échalotes
au Mali sont la zone ON et le plateau dogon. Ils représentent 90 % de la
production nationale. La production du plateau Dogon est réalisée
deux fois dans l'année : la première en même temps que
celle de l'ON ; En raison de la concurrence avec l'ON, elle est
transformée pour être commercialisée. La seconde a lieu en
hivernage et est récoltée entre octobre et décembre, puis
est commercialisée à l'état frais (FAO, 2010).
97
Ensuite, l'échalote fraiche provenant de Sikasso prend
le relais, après la commercialisation de celle de Niono
(août-septembre). Cette diversité de bassins de production permet
aux commerçants et surtout aux consommateurs d'avoir des
échalotes fraîches, en faible quantité parfois, mais
relativement régulièrement une partie de l'année.
L'échalote dogon et celle de Niono représentent toutefois
l'essentiel de la production. Progressivement, elles sont concurrencées
par de nouveaux petits bassins maraichers autours des villes, comme c'est le
cas dans la périphérie de Bamako (Kati, Koulikoro), ce qui menace
leur monopole de production (Meyer, 2011).
III.4.1.b. Des différences selon les bassins de
productions de l'échalote.
Une première différence est constatable
concernant la quantité et la durée de commercialisation.
En effet, comparativement, les échalotes produites
à Niono sont commercialisées environ quatre à cinq mois
(mars à août) ; leur apparition vient faire concurrence aux
échalotes de Sikasso et du plateau Dogon. Ainsi, les commerçants
les délaissent au profit des échalotes de Niono. Cette grande
quantité d'échalotes commercialisées plus longtemps
détient le monopole des marchés maliens pendant cinq mois. Les
échalotes des trois autres zones de production ne durent pas plus de
trois mois et disparaissent des étals des marchés dès
décembre. Cela peut s'expliquer par les avantages comparatifs qu'offre
l'échalote de Niono.
Le premier tient à la distance. En effet, la zone ON
est plus accessible et plus proche que le plateau dogon par exemple, second
plus grand producteur d'échalotes du pays. Ce dernier est situé
sur la falaise de Bandiagara, à 683 km de Bamako, contre la
moitié pour la zone de Niono, qui bénéficie d'un axe
routier à deux voies jusqu'à Ségou et une route
Ségou-Bamako, reconstruite et en bon état. C'est donc une zone de
production désenclavée et proche des pôles de consommation,
offrant des avantages en termes de distance par rapport à
l'échalote de Niono (Meyer, 2011).
Production annuelle moyenne d'échalotes au Pays Dogon et
à L'ON (2002-2010)
![](Contribution-de-la-culture-marachere-echalotes-et-pommes-de-terre-aux-revenus-des-exploitation31.png)
45
98
Source : ON et secteur de l'agriculture à Bandiagara
(Meyer, 2011)
D'autre part, la période de production permet une
production de masse, car elle est d'abord produite dans la période
favorable à sa croissance (Octobre à mars), contrairement aux
autres bassins de production. La contre saison froide permet aux tubercules de
se développer et d'obtenir des volumes plus importants, comme l'indique
le diagramme ci-dessus. Lors de la campagne 2008-2009, l'ON en a ainsi produit
plus de 140 000 tonnes, contre 40 000 tonnes pour le plateau dogon.
Malgré les fluctuations des quantités produites par l'ON, celles
du plateau dogon n'atteignent même pas les 50 000 tonnes de production.
La production minimale à Niono a été enregistré
lors de la campagne 2009-2010, et était de 70 000 tonnes.
D'autre part, l'abondance en eau et la proximité d'une
source d'eau permet à ces exploitants d'accroitre leur production par
rapport aux autres ; plusieurs cycles de production sont possibles.
45 Variation de la quantité produite pour celui de l'ON du
fait des travaux et
aménagement dans la zone qui ne permettent pas la
production d'échalote. Comme par exemple la Chute de production lors de
la campagne 2009-2010, du fait de la construction du canal du projet Malibya
qui a entrainé la fermeture du canal Macina lors de la campagne
2009-2010. Ainsi impossibilité de produire de l'échalote.
Prévision de 180 000 tonnes pour cette campagne pas atteint. ON a
produit que 70 000 tonnes d'échalote
99
Cours de l'échalote fraîche au marché de
Médina-coura, (2008-2010)
![](Contribution-de-la-culture-marachere-echalotes-et-pommes-de-terre-aux-revenus-des-exploitation32.png)
46
Source : OMA (Meyer, 2011)
Aussi, il n'est pas dit que la zone de Niono, grande
productrice d'échalotes, tire le plus profit de la commercialisation. En
effet, dans ce jeu de l'offre et la demande, les grands
bénéficiaires sont les producteurs d'échalotes qui la
commercialisent du mois d'août au mois de novembre. Comme l'indique le
diagramme ci-dessus, c'est la période à laquelle le kilo
d'échalote dépasse en moyenne la barre des 600 FCFA (0,9€)
entre 2008 et 2010, pour atteindre près de 800 FCFA (1,2€) le
kilogramme en octobre. La hausse des prix résulte d'une offre moins
importante en échalotes et d'une forte demande, du fait de l'achat des
semences pour l'ON.
Ainsi, en se basant sur le calendrier de commercialisation, ce
sont les producteurs de l'ON qui bénéficient des prix les plus
bas. Ils commercialisent la production directement après la
récolte, période à laquelle les prix sont les plus bas
(mars-avril), du fait de l'absence de moyens de conservation. Les prix tombent
sous la barre des 200 FCFA (0, 30€) pour atteindre 175 FCFA (0,25€),
voire 125 FCFA (0,19€) lorsque tous les exploitants de l'ON sont en phase
de récolte. Au mois d'août, les prix atteignent 600 FCFA
(0,9€) en moyenne, ce qui correspond à la période de la fin
de la commercialisation de l'échalote fraiche de l'ON.
De plus, même si la plupart des producteurs
d'échalotes conservent les semences47 pour la campagne
suivante, il n'est pas rare que certains achètent ou complètent
le
46 Les prix en 2010 sont plus élevés que les deux
années précédentes, du fait notamment de la faiblesse de
production de la zone ON lors de cette campagne.
100
stock dont ils disposent. La période de production,
caractérisée par la mise en place des pépinières,
débute en octobre pour la zone ON. A cette période, les prix sont
les plus élevés. En 2010, avec la faiblesse de production de
l'ON, de nombreux maraichers ne disposaient pas de stocks de
semences48. Leur achat a entrainé une hausse des prix,
atteignant 1 200 FCFA (1,8€) le kilogramme.
Parallèlement à cela, la période de
commercialisation de l'échalote de Sikasso et du plateau dogon a lieu au
moment où les prix sont les plus élevés (août
à novembre), entre 600 (0,9€) et presque 800 (1,2€) FCFA le
kilogramme. Une différence considérable entre les
échalotes fraiches des différentes zones de production existe
donc ; elle a un impact sur les prix. Si ceux de Niono produisent en
quantité et sur une plus longue période, les autres bassins de
production bénéficient d'un calendrier de commercialisation plus
rémunérateur que la zone de l'ON. Ainsi, les exploitants de Niono
doivent faire face à des prix volatiles, peu
rémunérateurs, du fait de la surproduction de la zone, ainsi que
de l'absence de transformation, que le plateau dogon réalise plus
souvent.
47 Reproduction végétative à partir des
bulbes conservés de la campagne précédente: Cas de l'ON,
les bulbes récoltées en mars avril servent de semences en
octobre
48 Car beaucoup de maraichers du fait des travaux sur le
réseau hydraulique n'ont pas produit cette spéculation et n'ont
donc pas pu conserver ce qui sert de semences.
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