III.3.1.a. Les atouts : la transformation
La transformation constitue une autre stratégie pour
lutter contre les prix bas, lors de leur saison de production pour l'ON. Elle
permet d'échelonner la vente toute l'année également, en
réduisant le taux de perte et en augmentent les gains. En zone ON, faute
de moyens, la transformation concerne uniquement l'échalote ; la pomme
de terre ne possède pas d'unité de transformation. La
transformation de l'échalote est fréquente et traditionnelle.
Ainsi, comme pour tout autre produit, l'échalote transformée est
vendue à un prix plus élevé, soit le double du prix de
l'échalote fraiche (Gergely, 2002).
La transformation de l'échalote au Mali est
basée sur une diversité de méthodes, dont celle de
l'échalote en boule écrasée42, les
échalotes écrasées séchées (EES) et les
échalotes séchées en tranches (EST). Dans la zone ON, ce
sont les méthodes d'EES et d'EST qui sont développées. Le
séchage, dans les deux méthodes, est réalisé au
soleil. Cette transformation permet de conserver le goût de
l'échalote lorsqu'on la cuisine. Ainsi, elle est un substitut à
l'échalote fraiche en période de pénurie ; les femmes s'en
contentent.
La transformation, faute de moyens financiers, est
réalisée de manière artisanale par les femmes, qui la
transforment et l'associent parfois à des épices très
appréciés au Mali, comme le soumbala. Les femmes le conditionnent
ensuite pour le vendre progressivement sur les marchés.
42 Méthode, Propre au pays Dogon (Meyer, 2011)
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Jaba yirané (Échalote écrasée
séchée mélangée avec du Soumbala)
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Échalote Séchée en Tranche (EST)
Source : Drabo, A (Janvier 2018)
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Outre cela, cette forme d'EST, qui n'est mélangée
à aucune autre épice, est de plus en plus
développée. Ce type de transformation consiste à
éplucher l'échalote, qui est séchée. Le
consommateur, en l'imbibant d'eau chaude, redonne son caractère «
frais » à l'échalote.
III.3.2.b. Une transformation complexe
La quasi totalité de l'échalote
transformée (45 % de la production d'échalotes
fraiches)43 se trouvant sur les marchés des grandes villes,
notamment de Bamako, est issue de la zone ON et du plateau dogon (Meyer,
2011).
Par ailleurs le plateau dogon, contrairement à la zone
ON, transforme 20 % de sa production contre 10 % pour l'ON. Ceci s'explique par
le fait que l'échalote en zone ON est une production
complémentaire, ce qui n'est pas le cas sur le plateau dogon. Les
maraichers de l'ON, notamment de Niono, par leur pluriactivité agricole,
peuvent compter sur les revenus tirés de la riziculture mais aussi sur
les autres spéculations maraichères, contrairement à ceux
du plateau dogon (Meyer, 2011). Ces derniers, en misant sur cette
spéculation, sont obligés de les transformer pour augmenter les
prix à la revente.
Et outre, ce faible taux de transformation reflète un
processus compliqué. D'une part, elle nécessite du temps et de la
main-d'oeuvre. Il faudrait par exemple vingt cinq à trente hommes
pendant toute une journée pour transformer une tonne d'échalotes
en EST44, ou encore une demi journée de travail environ pour
un homme, pour la transformation d'EES (Kassogue, 2010). Pour réduire
cette pénibilité de la pratique, les machines sont une solution,
mais demandent un investissement, lourd pour les exploitants
43 Rapport de la FAO, Programme continental de
réduction des pertes après récolte: Evaluation rapide des
besoins au Mali, 2010
44 Car le procédé de transformation implique
l'épluchage, une étape difficile et long
96
4. Une commercialisation peu
rémunératrice pour les producteurs ainsi que pour les autres
maillons de la chaine.
Produire, conserver et transformer une spéculation
demeure un défi essentiel ; mais à quoi bon si la production est
peu génératrice de revenus ? Ainsi, le maraichage au Mali, et
notamment en zone ON, doit faire face à une désorganisation de la
commercialisation, plus pour l'échalote que pour la pomme de terre. En
effet, les exploitants affirment vendre la pomme de terre à des prix
plus élevés que l'échalote durant leur période de
surproduction (mars). La pomme de terre est vendue entre 250 à 300 FCFA
(0,38 à 0,46 €) minimum, contre 100 FCFA (0,15€) parfois pour
l'échalote. Cela résulte notamment de la production plus
importante d'échalotes que de pommes de terre dans la zone de Niono.
Ces variabilités de prix, pour ces deux
spéculations, résident surtout dans la surproduction une partie
de l'année. La commercialisation désorganisée amplifie ce
phénomène. Ainsi, le cas de l'échalote étant plus
frappant, il conviendrait de présenter son circuit de
commercialisation.
III. 5. 1 La commercialisation, basée
sur le calendrier des bassins de production d'échalotes
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