III.3.1.a. Les atouts de la conservation ;
Pour des spéculations maraichères telles que la
pomme de terre et l'échalote, la conservation permet aux paysans
d'augmenter leurs gains en les vendant à une période où
les prix sont les plus élevés, source d'une meilleure
rémunération. Cela permet aussi de conserver des bulbes, qui
serviront de semences lors de la campagne prochaine.
En effet, la commercialisation de l'échalote en zone de
Niono se fait de manière échelonnée. Une partie de la
production est vendue sans conservation, une partie est conservée. En ce
sens, lors de nos enquêtes, 100 % des personnes interrogées
avaient recours à la conservation pour l'échalote. Les
producteurs disposent de hangars ou de chambres de conservation à
destination du stockage. Pendant six à huit mois, les exploitants
stockent une partie de leur production qu'ils vendent au gré des besoins
de la famille. Ceci explique aussi la difficulté d'estimation par les
exploitants du bénéfice engendré par cette production.
Pour la pomme de terre, le cas est relativement
différent. La conservation de cette spéculation est peu
réalisée du fait d'un stockage non évident.
La pomme de terre doit être conservée dans un
espace frais, avec une température moyenne de 10°C, à l'abri
de l'humidité, aéré et sombre. La chaleur et
l'excès de lumière entrainent le verdissement de la pomme de
terre, signe de développement
87
du germe du tubercule. Elle est alors composée de
toxines, pouvant être source de maux de ventre. En ce sens, la
conservation pour l'échalote est plus répendue.
III.3.3.b Les cases de conservation traditionnelle
Traditionnellement, la conservation pour l'échalote de
Niono débute par le ressuyage des tubercules. Ce processus consiste
à laisser les bulbes à l'air libre, au soleil, pendant deux
à trois jours, afin de diminuer les risques d'humidité. Arrive
ensuite la phase de triage, afin de retirer les résidus de terres ainsi
que les bulbes non sains39, susceptibles de contaminer les bulbes
sains. La dernière phase de conservation est la mise en botte.
Botte d'échalote ; Botte d'échalote avant la
mise en conservation.
Source : Mémoire de Maïga (2013) à dans la
zone de Molodo
Comme le montre l'image ci-dessus, la botte est
attachée avec une tige d'échalote, puis rassemblée avec un
ensemble de bottes. L'exploitant peut donc les vendre en bottes à ceux
qui souhaitent conserver ou stocker leurs bottes, ou vendre ses
échalotes au détail. La conservation s'effectue dans un lieu
permettant de les protéger de la pluie et du soleil, tout en
étant aéré. La conservation de l'échalote (la pomme
de terre parfois) se fait majoritairement dans des cases dites traditionnelles,
dans la zone office du Niger. Pour l'échalote, des pièces de la
concession sont dédiées au stockage de la production. Ce sont
généralement des pièces constituées de murs et de
toits en terre, ou sous des hangars aménagés pour le stockage.
39 Car les bulbes non sains (blessées lors de la
récolte, ou en processus de pourrissement) contiennent des parasites.
88
Type de hangar de conservation pour l'échalote
Source : Drabo, A (Avril 2018)
Hangar de conservation dans le Village de Bagadadji km36
Ce premier type de hangar est réalisé de
manière relativement sommaire. À partir d'un toit en plastique,
sécurisé par une couche de paille par-dessus, les façades
sont protégées en cas de pluies par des sacs de riz vides
(Photographie en bas à gauche de l'image). Ce hangar ne sert pas
uniquement à la conservation d'échalotes ; d'autres
spéculations telles que l'ail y sont entreposées. Le
problème majeur de ce type de hangar tient à la durée de
vie courte de la construction. Chaque année, l'exploitant est
obligé de changer les sacs servant de paravents à la pluie pour
les façades et de consolider les couches de paille sur le toit. La
photographie le reflète.
Type de hangar en toit de tôle
Source : Drabo, A (Avril 2018) Village de Foabougou
89
Ce second type de hangar traduit la situation
économique plus aisée de l'exploitant : le toit est en
tôle. Les façades sont réalisées à partir de
nattes en paille qui laissent l'air circuler, tout en protégeant la
production des animaux de la concession, de la pluie, mais aussi des
éventuels vols. Par ailleurs, même si ce toit en tôle est
une construction plus durable dans le temps et plus sûre en termes de
protection d'infiltration en eau, elle ne répond pas aux normes
d'isolement thermique. En période de chaleur, la température
chaude y est emmagasinée, entrainant des phénomènes
accélérés de pourriture de l'échalote.
Enfin pour ceux disposant de plus de moyens, la conservation
se fait dans une pièce, au sein de la famille, aménagée et
réservée à la conservation.
Pièce de conservation d'échalotes en terre
Village de Bagadadji km36
Source : Drabo, A (Avril 2018) Village de Foabougou
90
Ce type d'ouvrage pour la conservation d'échalote est
le plus abouti. En effet, la construction est réalisée à
partir de matériaux plus durables dans le temps. Le toit est en
plastique, puis est solidifié par de la paille. Les façades sont
construites à partir de briques de terre, permettant de mieux
protéger la spéculation en cas de pluie. Des ouvertures sont
réalisées afin de permettre la circulation de l'air. Sur la
seconde photographie, une porte en fer est également présente.
Mais ce type de construction représente un coût plus
élevé pour l'exploitant par rapport aux précédentes
constructions.
Disposition horizontale et verticale de l'échalote
Source : Centre international de conférence et de
formation « Evaluation de la diffusion des cases de conservation
d'échalote et de I'utilisation de la mercuriale des prix dans le Kala
Inferieur-Office du Niger », projet Rétail
91
De manière générale, la disposition de
l'échalote pour sa conservation est réalisée en
juxtaposant des planches de bois, de façon à obtenir un
quadrillage sur lequel l'échalote est disposé. Cela permet la
circulation de l'air sur la spéculation.
Toutefois, une telle conservation entraine de fortes pertes :
50 à 80 % de la production stockée est perdue.
Pour la pomme de terre, au vu de la difficulté de sa
conservation, son stockage n'est pas réellement développé
dans la région. En cas de conservation dans des pièces
similaires, elle subit au moins 50 % de pertes (CICF, 1997). Très
souvent, la pomme de terre est vendue les jours suivant la récolte. Par
ailleurs, des ouvrages de cases améliorées et de lieux de
conservations beaucoup plus performants existent dans la zone ON, notamment
à Niono, dans le village de Foabougou.
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