III.2.1.a. Le manque d'eau, reflet des
conséquences des changements climatiques
Le déficit hydrique ne touche pas uniquement la zone
ON. Les pays du bassin versant du fleuve Niger sont confrontés à
cette carence pour leur activité agricole. Elle résulte des
changements climatiques (M'barré Coulibaly, 2018), une
réalité mondiale. Le cycle climatique est modifié, donnant
lieu à la multiplication d'aléas climatiques comme les typhons,
la fonte des glaces, la montée des eaux, mais aussi les
sécheresses répétées. Bien que la communauté
internationale s'alarme sur l'impact des hommes sur l'environnement depuis la
seconde moitié du XXème siècle, avec la
conférence de Stockholm des Nations Unis en 1972, le changement
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climatique est toujours d'actualité. Les Sommets sur le
climat continuent de souligner l'impact des hommes sur
l'écosystème et la nécessité de changer les modes
de développement.
Ces dernières années, malgré la
présence de sources d'eau pérennes, le périmètre
deltaïque qu'est la zone ON souffre du manque d'eau dans le fleuve Niger.
À vue d'oeil, le niveau du fleuve reflète le peu de pluies
tombées lors de l'hivernage passé. Dés le mois de janvier,
il présentait dans la ville de Ségou un niveau d'eau similaire
à un niveau normal pour les mois d'avril-mai. Sur l'ensemble du
territoire, la production agricole cette année a d'ailleurs
été jugée moyenne, voire mauvaise36. La
mauvaise pluviométrie en était l'une des causes.
III.2.1.b. Un déficit hydrique, conditionnant la
pérénnité des activités maraichères
Cette carence est une véritable difficulté pour
l'activité de maraichage. Car, contrairement à l'irrigation pour
la riziculture, le maraichage nécessite une ponction plus importante sur
le débit du fleuve, du fait de sa pratique en période
d'étiage du fleuve. En effet, en période de crue, la ponction
représente en moyenne 6 % du débit du fleuve, contre plus de 50 %
en période d'étiage (M'Baré Coulibaly, 2018). En
année décennale sèche, la ponction faite pour l'irrigation
représente 4 % du débit du fleuve en période de crue ;
pour la période d'étiage, elle représente la « quasi
totalité du débit » (Brondeau, 2003).
Les villageois de la zone ON, notamment ceux de Niono
affirmaient lors de nos enquêtes n'avoir pas assisté à un
tel déficit hydrique depuis le début des années 1980.
À la question « Quelle est la principale difficulté dans
l'activité maraichère ? », la production a été
leur principale réponse, avec l'accès à l'eau pour
l'arrosage. En effet, la faiblesse des précipitations au Mali n'a
cessé de mettre en péril les productions maraichères. Car
le fleuve Niger n'a que peu d'eau à offrir à ces exploitants de
l'ON, parmi lesquels figurent ceux de Niono. À Djicorobougou par
exemple, 100 % des personnes interrogées évoquent la
difficulté d'arroser leur parcelle. Les arroseurs disposent de moins
d'eau, et les rigoles, ne pouvant être remplies, sont souvent
sèches.
36 Journal Le républicain en avril 2018.
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Parcelle dans le village de Bagadadji km 36, le 29 Mars 2018
Source : Drabo, A
Commentaire : Une parcelle de Bagadadji km36 n'ayant
bénéficié que de peu d'eau, ce qui a entrainé
une interruption de la croissance des plantules.
La photographie de gauche sur le montage ci-dessus montre que
la parcelle d'échalotes (à droite de l'image) a vu sa croissance
s'arrêter par manque d'eau, bien qu'elle soit située à une
trentaine de mètres d'un arroseur à Bagadadji km 36, où 45
% des individus interrogés indiquent que la principale contrainte au
maraichage tient à sa production, notamment au manque d'eau.
Par conséquent, des parcelles qui devaient être
arrosées une à deux fois par semaine ne pouvaient l'être
qu'une à deux fois toutes les deux semaines.
Ce manque de pluies cause de véritable pertes. Les
semences et les engrais utilisés sont perdus ainsi que le temps de
travail fourni.
En ce sens, la seule alternative a été de faire
appel à des motopompes, pour drainer l'eau jusqu'à la parcelle.
Cela implique un coût important. Une motopompe est chère (plus de
200 000 FCFA soit 300 euros) et necessite du carburant, un coût
suplémentaire.
Par ailleurs, la production des cultures maraichères
implique aussi d'autres complications, notamment l'accès aux
semences.
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