III.1.2.b. Les bovins, une pression
supplémentaire
Outre la pression des hommes sur la terre, d'autres
problèmes émergent. D'une part, la zonalité du climat au
Mali oblige les pasteurs à suivre l'équateur
météorologique. Si traditionnellement, le circuit de transhumance
passe par des déplacements en saison des pluies dans le nord du pays
afin de faire paitre les animaux, en saison sèche la situation est
différente. Le manque de pluies et la quête de sources
pérennes en eau pousse les pasteurs à se rendre dans le sud du
pays. Toutefois, depuis quelques années, ce circuit fait l'objet de
modifications. L'irrégularité des pluies en est l'une des causes.
Les sècheresses sont de plus en plus récurrentes ; c'est encore
le cas cette année. La sècheresse dans le nord est cette
année comparable à celle de 1984 (Action contre la faim,
2018).
En raison de ces nouveaux paramètres, le nord se
retrouve confronté à un déficit de pâturage,
entrainant de ce fait des « mouvements anormaux » (RBM, 2018).
D'autre part, pour ces exploitants sudistes traditionnalistes
maliens, l'épargne consiste à acheter des bovins, qui constituent
par la suite un véritable patrimoine, en plus des boeufs de labour
qu'ils possèdent pour leurs travaux champêtres.
Faute de temps et de connaissances liées à cette
activité pastorale, ces bovins sont confiés à des pasteurs
peuls (Brondeau, 2006), chargés de leur entretien.
Ces derniers sont informés par les exploitants des
zones de pâture autorisées pour leurs animaux. Or, l'utilisation
importante de bois de chauffe entraîne la raréfaction du couvert
végétal (Brondeau, 2006). Les animaux restent donc plus longtemps
que prévu aux alentours des casiers, provoquant souvent des
dégradations, comme la
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destruction par exemple des digues, le piétinement des
plantules... autant de sources de conflit entre les Peuls et les exploitants
des casiers et hors casiers.
![](Contribution-de-la-culture-marachere-echalotes-et-pommes-de-terre-aux-revenus-des-exploitation20.png)
Source : Drabo, A Commentaire : Troupeau de vache
près d'un partiteur dans le village de Bagadadji km36. Les animaux
s'abreuvent directement dans le canal, source de dégradation
des infrastructures hydrauliques, 29 Mars 2018
S'ajoute à cela un cheptel qui ne cesse de s'accroitre
et la pression foncière, qui progressivement se fait sentir. Le
développement des cultures de contre saison rend l'accès aux
parcelles irriguées plus difficile (Brondeau, 2003). Or, les
aménagements « n'ont absolument pas été conçus
pour accueillir de telles charges de bétail È35. Ainsi
il est plutôt fréquent, dans les parcelles maraichères, de
trouver des exploitants ou des enfants chargés d'empêcher
l'irruption de bovins dans les parcelles. Ceci reflète la
différence d'objectifs, source de conflits entre ces deux professions.
L'un cherche à voir croitre ses plants, quand l'autre cherchant à
nourrir ses animaux.
35 Brondeau Florence. La gestion de l'eau à l'Office du
Niger : bilan, enjeux et perspectives (Water management in the Office of
Niger: assessment, stakes and perspectives). In: Bulletin de
l'Association de géographes français, 80e année,
2003-3 (septembre). Les territoires de l'eau, sous la direction de Jean-Paul
Bravard et Roland Pourtier. pp. 269-286.
79
2. Des contraintes face à l'accès
à l'eau, aux semences de qualité et en quantité, et aux
engrais.
![](Contribution-de-la-culture-marachere-echalotes-et-pommes-de-terre-aux-revenus-des-exploitation21.png)
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Le principal défi du maraichage : La
Production
Djicorobougou Foabougou Bagadadji km36
Source : D'après les questionnaires d'enquêtes
Outre cette pression foncière, Il apparait lors de nos
enquêtes de terrain que la principale contrainte dans le maraichage,
notamment pour les cultures d'échalotes et de pommes de terre,
réside dans la production elle-même. Des difficultés
importantes existent dans l'accès à l'eau, aux semences en
quantité et de qualité et aux engrais, dont le prix est souvent
jugé élevé.
III. 2.1. L'eau, l'or bleu, de plus en plus rare
pour le maraichage.
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