II.3.1.a Présentation générale du
tissu urbain malien.
Le Mali compte en 2009 75 villes, où résident 39 %
de la population en 2009, contre 17 % en 1976 (INSTAT Mali, 2009). La
moitié des citadins vivent dans la capitale malienne, Bamako, qui est 13
fois plus peuplée que la seconde ville la plus peuplée du pays :
Ségou, chef lieu de la région de Ségou.
Bamako est la première destination des migrants internes.
En 2009, 61 % de ces migrants internes ont choisi comme destination la capitale
; 42,6 % des Bamakois n'y sont pas nés. C'est le reflet certain de sa
primatialité, de sa centralité et de son attractivité dans
le pays.
Outre ce maillage centralisé sur Bamako, les autres villes
sont situées dans le sud du pays, notamment dans les régions
fortement agricoles. « Dans les zones à la fois productrices de
coton et de riz et tout au long des fleuves Niger et Sénégal
(...) Cette répartition spatiale semble conforme à l'idée
que les villes sont prioritairement des centres économiques, dont
l'essentiel des activités serait lié aux besoins des
activités agricoles environnantes » 30.
30 « Urbanisation et croissance dans les villes du Mali
» Sandrine MESPLE-SOMPS, Harris SELOD, Gilles SPIELVOGEL, Brian
BLANKESPOOR, IRD
68
Ainsi, ces villes sont surtout les lieux d'échanges entre
les ruraux et les citadins : d'un côté, les fournisseurs de «
nourriture » et de l'autre, les acheteurs des productions, mais aussi les
fournisseurs de biens de consommation.
II.3.1.b l'urbanisation malienne
déséquilibrée
La spécificité de l'urbanisation des pays d'Afrique
noire tient à leur développement urbain, sans accompagnement d'un
développement économique. La croissance démographique des
villes est plus rapide que la croissance économique. Le marché de
l'emploi ne permet pas d'offrir à tous du travail.
Notons que cela n'enraie pas la migration vers les villes. La
situation en milieu rural est telle que la migration est nécessaire,
dans la quête d'une activité complémentaire à
l'agriculture, ou l'abandon du secteur agricole. Ainsi, aujourd'hui on fait
face à une « Démotivation des producteurs avec l'abandon de
près de 30 % des superficies » (Bamoye Keita, 2017). L'urbanisation
galopante semble encore avoir de belles années devant elle. Car en
absence, d'offre d'emploi, on a le développement important du secteur
informel, qui permet à ces citadins pauvres de répondre à
leurs besoins élémentaires. Au Mali, le secteur informel
contribuerait à 55 % du PIB et « représenterait 66 % du
secteur tertiaire » (INSTAT, 2015).
Aussi l'urbanisation est déséquilibrée.
Comme le présente S. Brunel, passer d'un quartier à un autre en
Afrique, c'est comme si l'on changeait de monde, au vu des différences
importantes de niveau de vie. Avec d'un côté des citadins qui
jouissent des effets positifs du développement et vivent
confortablement, possèdent les quatre V de S. Brunel (2014) à
savoir la Villa, la Voiture, le Verger et les Vacances.
De l'autre, on trouve ces ruraux, si nombreux, qui vivent dans
des conditions d'insalubrité sans précédent, dans des
quartiers où les infrastructures n'ont pas suivi le développement
de la ville. À l'image des quartiers, spontanément
créés par les ruraux, comme le Sans Fil à Bamako (Banque
Mondiale, 2017). Ces derniers, provenant essentiellement des zones rurales,
vivent de manière permanente ou périodique en ville, connaissent
un changement dans leur mode de vie. Notamment dans leurs habitudes
alimentaires.
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II.3.2 Un développement urbain, source de
changement des régimes alimentaires
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