II.1.1.a. Le déclin de la riziculture : «
Une révolution verte en panne »22
Depuis la modernisation de la riziculture en zone ON dans les
années 1980, les choses ont bien changé. Les rendements sont
élevés, atteignant huit tonnes à l'hectare pour les zones
aménagées. C'est le reflet net du changement des techniques, qui
ont permis de passer d'une agriculture de subsidence (moins d'une tonne/ha)
à des rendements élevés. On est passé d'une
production de riz annuelle de 60 000 tonnes en 1980 à près de 700
000 tonnes aujourd'hui. Le pack technologique de la révolution verte est
mobilisé, notamment les semences améliorées comme le
fameux Gambiaka (Kogono 91-1), le Adny 11, les engrais, les produits
phytosanitaires, mais aussi l'irrigation.
En réalité, cela ne suffit aucunement aux
exploitants pour répondre à leurs besoins, ce pour plusieurs
raisons.
D'une part, la taille des parcelles est en deçà
du seuil de viabilité économique23. Ceci constitue un
véritable frein pour le développement et le bon fonctionnement de
cette production moderne. D'autre part, les coûts de production ont
explosé suite à cette modernisation. Les semences
améliorées ont la caractéristique principale d'être
vulnérables ; elles permettent d'augmenter la production, mais doivent
nécessairement être accompagnées d'utilisation de produits
phytosanitaires et des engrais. Mais faute de moyens, les doses
recommandées ne sont pas respectées.
22 Florence Brondeau, « Agro-business et
développement dans la région de l'Office du Niger (Mali) »,
Insaniyat / 51-52 | 2011, 119-134.
23 Seuil de viabilité économique est égal
à 3 hectares pour les cultures céréalières.
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Même subventionnées, leur prix demeure
élevé pour ces exploitants, qui s'endettent. (Brondeau, 2011).
Finalement, même si les productions ont été
multipliées, les coûts de production élevés ne
permettent pas de dégager des bénéfices suffisants pour
répondre à l'ensemble de leurs besoins. Ainsi, même si le
riz est la culture dominante en période hivernale, une activité
complémentaire est nécessaire. Le maraichage prend donc le relais
en contre-saison. Depuis 1997, la culture maraichère domine le paysage
de l'ON en contre-saison. Ce processus est en forte progression grâce au
soutien de l'ON, des partenaires au développement et de
différentes structures étatiques (baisse des redevances eau,
recherche et développement, etc.).
Il suit l'activité rizicole dans la zone, du 15 octobre
au 25 mai (calendrier rizicole de l'ON).
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