Section 2 : Impact sur le Système Bancaire
Congolais
Dans cette section, il est question de déterminer les
effets de la CFI sur le SBC.
Elle est subdivisée en quatre sous-sections. La
première met en évidence les zones de
vulnérabilités du SBC, la deuxième analyse les indicateurs
proprement dits de la CF en se servant des données de l'économie
congolaise, la troisième fait une évaluation de la santé
du SBC à travers quelques indicateurs, la quatrième sous-section
mesure le degré de vulnérabilité du Système
Bancaire par le calcul des ratios.
- 67 -
Identification des zones de
vulnérabilité
? La récession économique des pays
avancés a donné lieu à une réduction de la demande
des produits d'exportation et à une baisse des prix des matières
premières et partant, une contraction des activités du commerce
international. Les banques qui ont beaucoup financé le secteur
extérieur et les activités connexes seraient confrontées
à une augmentation des créances compromises ;
? Exposition aux risques d'insolvabilité et
d'illiquidité des banques ;
? L'intervention de la BC en tant que prêteur en dernier
ressort en devises est à écarter en raison de la modicité
de ses réserves, en cas de crise de liquidité ;
? De même, en cas de crise de solvabilité,
l'intervention de la BC dans le capital des banques commerciales est
très peu envisageable compte tenu de ses moyens limités en fonds
propres. Il en est aussi de l'intervention de l'Etat confronté à
des difficultés financières ;
? La circulation monétaire en dollar dépend de
l'entrée des dollars au pays, la CF pourrait ralentir cette
entrée ;
? Risque de reprise de l'instabilité
macroéconomique avec des taux d'intérêt réels plus
élevés ;
? Le dollar est la principale monnaie, il peut ainsi en
résulter un tarissement des dépôts et des crédits
bancaires adossés notamment sur l'activité minière ;
Analyse des indicateurs de la CF en RDC
Une CF est entendue comme une oscillation de grande ampleur
affectant tout ou partie d'un ensemble de variables financières :
- volumes d'émission, cours des obligations ou des
actions, de BTR (crise des marchés) ;
- encours de crédits et de dépôts bancaires,
volume des retraits au guichet (crise bancaire) ;
- taux d'intérêt, taux de change (crise de change ou
monétaire).68
68 BCC, Impact de la CFI sur l'économie de la RDC,
op. cit.., p. 4.
- 68 -
Il est question, dans cette sous section, d'étudier ces
indicateurs pour pouvoir déterminer ce qu'a subi le SBC à la
suite de la CF mondiale.
2.1.1. Les indicateurs liés à la crise des
marchés
Il sied de noter que la RDC n'a pas jusqu'à
présent organisé une bourse des valeurs. Ce qui rend impossible
l'étude des cours des actions et obligations congolaises. Cependant, la
BCC organise un marché de BTR qui sera l'objet de l'étude dans ce
point.
En effet, la BCC dispose de deux instruments d'encadrement
indirect :
? Le taux d'intérêt décliné en taux
d'intérêt débiteur (le taux directeur ou le taux sur les
prêts à court terme et le taux d'intérêt sur les
facilités permanentes) et en taux d'intérêt
créditeur (taux d'intérêt rémunérant le BTR,
actif servant à la régulation de la liquidité) ;
? Le coefficient des réserves obligatoires.
Ci- après le tableau reprenant l'évolution du
BTR de 2006 à 2007. Tableau 09 : Evolution du BTR (en milliards de
CDF)
|
Déc.2006
|
Déc.2007 Déc.2008 Déc.2009
|
Souscriptions cumulées
|
351,1
|
773,9
|
Remboursements cumulés
|
342,9
|
752,6
|
Encours Kinshasa
|
13,1
|
26,5
|
Encours provinces
|
|
6,3
|
Encours total
|
13,1
|
32,9
|
Source : BCC/Etudes
A partir de ce tableau, nous remarquons l'augmentation de
l'encours de BTR de 13.1 à 32.9 milliards de CDF de 2006 en une
année.
L'augmentation notable de l'encours du BTR est un des faits
distinguant la conduite de la politique monétaire en 2006 des
années antérieures.
- 69 -
Entre fin juin et fin décembre 2006, l'encours du BTR
est passé de 14,3 à 13,1 milliards de CDF, soit une baisse de 1,2
milliards de CDF. Cette évolution est attribuable, d'une part, à
la montée de l'inflation accroissant le coût de détention
du BTR et réduisant de ce fait sa demande exprimée sous forme de
souscription.
Tableau 10 : Evolution de l'encours du BTR entre juillet et
octobre
2006 (en milliards de CDF)
Juillet 19,8
|
|
Août
|
15,6
|
|
Septembre
|
20,1
|
|
Octobre
|
22,8
|
Source : BCC
1. Volume
A fin décembre 2006, le volume des souscriptions au
BTR a totalisé 351 122 millions de CDF contre des remboursements
évalués à 342953,5 millions de CDF. Il se dégage
ainsi un encours de 13061,5 millions de CDF.
Les souscriptions au BTR se sont situées à
773,9 milliards de CDF au 31 décembre 2007 contre 351,1 milliards en
2006. en ce qui concerne les remboursements, ils se sont chiffrés
à 752,6 milliards alors qu'ils avaient atteint 342,9 milliards en
2006.
Il en est résulté un encours de 32,9 milliards
de CDF contre 13,1 milliards une année avant. Ainsi, la ponction de la
liquidité par cet instrument de politique monétaire a
augmenté de 151,1 % contre 166,9 % en 2006.
2. Taux
Les taux de rendement du BTR ont évolué pour
atteindre, respectivement 36 %, 38 % et 40 % à fin décembre 2006
pour les maturités de 7 jours, 14 jours et 28 jours.
Depuis juillet 2007, le taux d'intérêt du BTR
à 28 jours n'est plus adossé au taux directeur. Le
décrochage à la baisse répond au besoin de réduire
la ponction de la liquidité et de favoriser le refinancement de
l'économie tel qu'attesté par l'expansion du crédit (voir
tableau suivant).
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Tableau 11 : Taux appliqués par la BCC(1)
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Taux annuel des B.TR.(2) BTR à
7 jours
|
36.00
|
15.50
|
34.21
|
68.27
|
BTR à 14 jours
|
38.00
|
17.50
|
|
|
BTR à 28 jours
|
40.00
|
19.50
|
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Source : BCC
(1)Taux de fin période
(2) A partir de 2003, les billets de trésorerie ont
remplacé les certificats de dépôts.
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