2.2 Revue de littérature
L'analyse du rôle productif des infrastructures a connu
un développement précoce dans les années 40-50 à la
suite des débats autour de la croissance équilibrée
initiés par les théoriciens du développement (Hirschman,
1958 ; Knurse, 1952 ; Rosenstein-Rodan, 1943). Ces débats ont
néanmoins été rapidement éclipsés à
partir des années 60, la réflexion se déplaçant sur
le front des questions de court terme et de l'opposition entre effet
multiplicateur et effet d'éviction des dépenses publiques.
Pendant plus de trente ans, l'investissement public en infrastructures a
été plutôt perçu comme un facteur de relance de la
demande dans une optique de tradition keynésienne, et son rôle
productif occulté.
Cependant, la perception du rôle des infrastructures
comme facteur de croissance économique a remarquablement
évolué au cours de ces dernières années. On assiste
actuellement à un renouveau de l'analyse des effets des infrastructures
publiques sur la croissance, en particulier grâce aux théories de
la croissance endogène qui mettent l'accent sur les externalités
positives qu'engendrent certains aménagements publics
d'infrastructures.
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
De plus, l'examen de la littérature nous montre que
d'importantes études ont essayé de déterminer la relation
entre les dépenses publiques et la croissance, notamment entre les
investissements publics en infrastructures et la croissance économique.
Au nombre de ces études, nous avons celle de Barro, Romer, Lucas et
surtout celle d'Aschauer sur le plan empirique. Certaines d'entre elles tentent
à évaluer l'incidence des investissements en infrastructures sur
les coûts de production des entreprises privées. D'autres
cherchent à évaluer l'effet direct des infrastructures publiques
(investissements publics en infrastructures) en les considérant au
même titre que l'investissement privé comme un facteur de
croissance.
Dans cette rubrique, il est question dans un premier temps de
faire une clarification des différents concepts, puis dans un second
temps de passer en revue les différents aspects théoriques et les
discussions empiriques.
2.2.1 Clarification des concepts
Infrastructures : C'est l'ensemble
des équipements collectifs d'un pays, le plus souvent fournis par
l'Etat, et qui facilitent les activités économiques (les services
publics d'électricité, de télécommunication, d'eau
courante ; les travaux publics : routes et principaux ouvrages d'arts
hydrauliques ; les transports : chemins de fer, transport urbain, ports et
aéroports etc.). Les infrastructures, en sus des aspects
économiques, peuvent être élargies au champ social. Dans ce
cadre, elles comprennent les équipements nécessaires à la
prestation des services d'éducation et de santé publique.
Croissance économique : Selon
la définition célèbre de François Perroux, c'est
« l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes d'un
indicateur de dimension : pour une nation, le produit global net en termes
réels ».
Développement : c'est
l'ensemble des transformations des structures démographiques,
économiques et sociales qui accompagnent la croissance. Il est
mesuré le plus souvent par l'Indicateur de Développement Humain
(IDH). Celui-ci
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Réalisé par Fidèle G. AYIKPA et
Patrice DOMINGO
Contribution à l'amélioration du niveau des
dépenses d'infrastructures routières pour soutenir la croissance
économique au Bénin
prend en compte plusieurs indicateurs à savoir :
l'espérance de vie, le taux d'alphabétisation, le PIB par
tête.
Modèle économique :
C'est une représentation simplifiée et formalisée
de la réalité économique, reposant sur des
hypothèses théoriques.
Politique budgétaire : C'est
l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics, relatives aux
dépenses et aux recettes de l'État (le budget), visant à
atteindre certains équilibres et objectifs macroéconomiques.
La régulation de la conjoncture visée par la
politique budgétaire peut s'opérer dans un sens expansionniste
(réduction du taux d'imposition ou augmentation des dépenses
publiques), mais aussi dans un sens restrictif (alourdissement de la
fiscalité ou réduction des dépenses publiques). Lorsque
l'effet provoqué par un excédent des dépenses sur les
recettes (déficit budgétaire) est positif alors on parle «
d'effet multiplicateur ». Dans le cas contraire, il s'agit d'un «
effet d'éviction ».
Croissance endogène :
Croissance qui dépend uniquement des actions des agents
économiques (recherche-développement, innovations, progrès
des connaissances et du capital humain), et qui dégagent de fortes
externalités à l'intérieur de l'économie, et ne
procèdent donc pas de facteurs exogènes, comme le stipulaient les
premiers modèles de croissance de R. Solow.
Externalités : Encore
appelées économies externes ou effets externes, les
externalités désignent l'incidence que peut avoir
l'activité d'un agent économique sur le bien-être d'un
autre agent. Elles peuvent être positives ou négatives.
Econométrie : C'est la science
qui permet de traiter les données économiques par des moyens
mathématiques.
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