1.3. Situation des entreprises en Europe
1.3.1. L'Europe des grandes firmes
Les entreprises européennes ont tendance à
fusionner grâce aux politiques de libéralisation promues par
l'Union Européenne. En effet les entreprises européennes
bénéficient d'un cadre privilégié qui facilite et
encourage le phénomène de fusions et acquisitions. (M&A)
Ce phénomène s'explique par l'augmentation de
l'économie d'échelle, une concurrence accrue sur le marché
unique mais aussi la création d'une monnaie unique (qui ne subit donc
aucune fluctuation de devise) qui ont engendré de véritables
« Goliath industriels européens ». Ces conditions uniques
permettent la libre circulation des flux (import/export) entre les
réseaux transeuropéens qui après avoir obtenue une monnaie
et un marché unique souhaitent renforcer la compétitivité
de l'euro au sein de l'économie mondiale afin de « stimuler
l'investissement, d'augmenter la production et de créer de nouveaux
emplois » mais aussi en élargissant l'Union européenne vers
l'Europe centrale et orientale16.
L'Euro encourage donc les entreprises à travailler
à l'échelle européenne et les concurrents les plus faibles
sont rachetés comme ce fut le cas de la banque belge BBL qui a
été reprise par le groupe hollandais ING.17
Ces grandes firmes européennes, se sont
regroupées en 1983 autour de « la table ronde des industriels
européens » (ERT), qui constitue un nouveau lobby
européen.
Parmi ses membres, on retrouve des groupes comme
Nestlé, Renault, Total, Bayer... qui adhèrent à titre
nominatif et non pas au nom de la compagnie.18
16 Balanyá, Belén, (2000), Europe
Inc. : Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires
européens, Marseille, Agone, p. 47
17 Balanyá, Belén, (2000), Europe
Inc. : Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires
européens, Marseille, Agone, p. 87
15
1.3.2. La relation franco-allemande
Au coeur de ces réseaux transeuropéens, on
retrouve tout naturellement la France et l'Allemagne ou plutôt le couple
franco-allemand comme il est convenu de les désigner depuis la fin de la
seconde guerre mondiale.
Outre le fait que ce couple soit le « moteur » de
l'intégration européenne et à l'origine de toutes les
grandes décisions19 au sein de l'union européenne, la
France et l'Allemagne sont interdépendants : l'Allemagne est le
principal client et partenaire de la France et vice versa. Cette relation
privilégiée s'inscrit dans la continuité d'une histoire
commune, d'une proximité géographique, politique mais aussi
économique.
Même si l'Allemagne fait figure de «
première de la classe »20 avec ses « 200 milliards
d'euros d'excédents commerciaux, une industrie prospère, une
dette publique maîtrisée, un chômage qui ne dépasse
pas les 7% de la population active » comparée à la France et
son « déficit commercial, désindustrialisation, finances
publiques malmenées, chômage supérieur à 10%
»21, en cas de crise ou de problème européen,
c'est bien vers ces deux pays que tous les regards seront rivés. Sans
leur accord ou leur engagement rien ne peut se faire en Europe.22
18 Balanyâ, Belén, (2000), Europe Inc.
: Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires
européens, Marseille, Agone, p. 37
19 Balanyâ, Belén, (2000), Europe Inc.
: Liaisons dangereuses entre institutions et milieux d'affaires
européens, Marseille, Agone, p. 112
20 Lemaître, Frédéric, (2011),
« L'Allemagne, exaspérante première de la classe », in
Le monde, p. 1
21 Montferrand, Bernard de, et al., (2011),
France-Allemagne : l'heure de vérité, Paris, Tallandier,
p. 16
22 Montferrand, Bernard de, et al., (2011),
France-Allemagne : l'heure de vérité, Paris, Tallandier,
p. 229
16
|