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Conflits linguistiques et rapports de force entre les langues en présence au sein des entreprises internationales.

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par Alice Bellia
Kedge BS - Master of Sciences in Management 2015
  

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3.5.3 Une position de pouvoir ?

Max Weber, sociologue allemand, définit le pouvoir comme « la capacité d'une personne ou d'un groupe à imposer leur volonté aux autres et ce même contre leur gré ».114 Le pouvoir peut être manifesté de plusieurs façons que soit physiquement, par la force par exemple ou bien de manière plus subtile dans une stratégie de d'oppression et de coercition. En ce sens, les langues instrumentalisent et symbolisent le pouvoir.

Selon Michel Foucault les langues reflètent la manière dont les relations de pouvoir dans une structure sociale donnée fonctionnent entre les institutions et les groupe socioculturels : ceux se trouvant dans une position de pouvoir auraient accès à des connaissances spéciales, et utilise des politiques linguistiques comme des moyens de garder cette position de pouvoir. 115

Le choix de l'allemand comme langue de communication avec le client, même si ce choix s'inscrit dans une stratégie de facilitation des échanges, est perçu comme une menace voire une exclusion pour certaines personnes de l'entreprise ne pratiquant pas la langue.

Ils craignent en effet pour leur position de pouvoir au sein de l'entreprise et se sentent par conséquent obligés de développer une stratégie alternative pour pallier ce sentiment d'infériorité. Comme excéder sensiblement les objectifs fixés, par exemple, les chiffres sont en effet un langage universel. Concernant les personnes qui maîtrisent la langue A, elles se retrouvent dans une position de pouvoir de facto qui n'est pas sans risques.

En effet, cette soudaine position de pouvoir peut donner lieu à un sentiment de supériorité et à surestimer leurs compétences linguistiques ce qui a de nombreuses conséquences plus ou moins graves.

114 RANGEL-ORTIZ, Luis Xavier, (2008), « Languages and Power », in J. González (Ed.) Encyclopedia of bilingual education, pp. 474

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115 Foucault, Michel, (1971), « L'ordre du discours », Paris, Gallimard

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Les problèmes le plus souvent rencontrés sont les incompréhensions et malentendus.

Ceux-ci peuvent sembler anodins et sont facilement solvables mais encore faut-il avoir le courage de reconnaître ses torts ; avouer que l'on n'a pas tout compris et oser demander une reformulation des phrases un peu trop complexes ou techniques.

Le problème est que le bilingue a une forte pression de ses pairs et de sa hiérarchie qui voient en lui « le médiateur» et qui ne jurent que par lui, difficile alors de leur montrer ses faiblesses et de concéder qu'il ne sait pas tout, de peur de passer pour un imposteur.

Parfois, c'est tout simplement la peur de «perdre la face» qui domine. Un tel comportement peut mener à une perte de confiance de la part de l'interlocuteur et donc à la perte de la collaboration commerciale.

Parallèlement , l'interlocuteur de la langue A va lui aussi avoir tendance à surestimer les capacités linguistiques de son interlocuteur B en pensant que s'il a été choisi c'est qu'il maîtrise totalement la langue et va attendre de lui qu'il calque son discours sur le sien mais aussi son attitude et ses émotions ce qui peut donner lieu à un certain ressentiment lorsque ce calque n'est pas appliqué.

Plus qu'un rapport de force entre les langues, le problème réside dans le choc des cultures. A l'inverse , le bilingue peut se sentir sous pression et va avoir tendance à chercher l'aval de ses pairs comme pour se rassurer , en répétant au fur et à mesure ce qui a été dit et en demandant s'il a bien compris le sens.

Cette perte de confiance en soi, vient du fait que dans une langue A qui n'est pas la sienne, le bilingue ne peut exercer sa verve comme il l'aurait fait dans sa langue natale.

Difficile en effet d'utiliser des figures de rhétorique ou de faire de l'humour dans une langue rattachée à une culture complètement différente. Or ces qualités sont celles d'un leader et assurent une position de pouvoir.116

116Lauring, Jakob, et al., (2012), « Multicultural organizations : Common language and group cohesiveness », in Organizational Behaviour and Human Resource Management

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