2.2.2. Les enjeux structurels explicatifs de ces
fusions
Enjeux stratégiques
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Positionnement et image recherchés par l'entreprise,
degré
d'interdépendances stratégiques entre les 2
entités
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Enjeux managériaux
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Niveau de contrôle et de coordination attendu et
exercé sur les différentes entités du groupe, Culture
d'entreprise de des dirigeants, niveau de ressources disponibles et
capacité de mobilisation de ressources supplémentaires
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Enjeux financiers
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Capacités de financement et d'endettement, degré
d'engagement
financier recherché, accès aux aides et
subventions du pays partenaire.
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Enjeux commerciaux
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Degré de connaissance des marchés visés,
accessibilité des marchés cibles, profils, comportements et
attitudes des acheteurs, degré de notoriété accru
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Source : « Entreprises multinationales :
Stratégie, Restructuration, Gouvernance » Olivier Meier, Guillaume
Schier,
DUNOD p4451
En somme le phénomène de fusions et acquisitions
se veut être une réponse adaptée à
l'élargissement des marchés, exigences de taille et besoin de
partager de nouvelles ressources face à une concurrence mondiale :
« L'évolution de l'économie mondiale
conduit les entreprises à devenir plus efficientes et productives, et
donc à s'allier à d'autres entreprises, pour pouvoir faire face
à une pression concurrentielle plus forte », la fusion entre deux
entreprises permettrait « de faire ensemble ce qu'elle ne pourraient pas
faire seules, comme par exemple de mettre au point de nouveaux produits ou
d'accéder à de nouveaux marchés »52
51 Meier, Olivier et al., (2005), Entreprises
multinationales : stratégie restructuration gouvernance, Paris, Dunod,
p. 44
52 Meier, Olivier et al., (2005), Entreprises
multinationales : stratégie restructuration gouvernance, Paris, Dunod,
p. 105
29
2.2.3. Les situations linguistiques de ces entreprises
Lors des fusions et acquisitions de nombreux facteurs sont
considérés comme nous l'avons vu dans la partie ci-dessus (2.3.2)
mais il y a un autre facteur que je n'ai pas mentionné : le facteur
linguistique.
En effet, les entreprises vont avoir tendance à
fusionner avec des entreprises bénéficiant d'une situation
linguistique similaire ou proche de la leur. Par exemple lorsque les
américains ont souhaité investir en Europe, ils ont
préféré fusionner avec des entreprises anglaises ce qui
facilite non seulement les échanges mais permet aussi aux familles des
expatriés d'être moins dépaysés (les enfants peuvent
aller à l'école sans difficulté par ex).53
Une étude du cabinet KPMG va dans ce sens en indiquant
qu'une fusion entre une entreprise américaine et anglaise avait 45 fois
plus de chances d'être une réussite que n'importe quelle autre
combinaison entre un entreprise européenne et américaine qui a 11
fois moins de chances de réussir.54
Cependant si « Ce type de facteurs secondaires peut faire
basculer une décision entre par exemple deux territoires comme l'Alsace
et la région du Nord pas de calais, mais il y'a peu de chances que cela
mette en balance des pays comme Madagascar et la France » 55
Cette tendance ne peut donc pas être
généralisée mais une chose est sûre : les
entreprises s'orientent là où leurs intérêts les
mènent quitte à considérer trop tardivement les facteurs
culturels et linguistiques.
53 Mazerolle, Fabrice, (2006), Les firmes
multinationales, Paris, Vuibert, p. 74
54 Gill, Carol, (2012), The role of leadership in
successful international mergers and acquisitions: Why Renault-Nissan succeeded
and Daimlerchrysler-Mitsubishi failed, in Human resource management,
p. 434
55 Mucchieli, Jean-Louis, (2003), « Les
déterminantes et les impacts de la multinationalisation des entreprises
», Archives audiovisuelles de la recherche en science humaines et
sociales.
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Cette hâte de fusionner ou d'acquérir une
entreprise cible sans considérer la situation sociolinguistique de
celle-ci précipite l'entreprise source à sa perte : En 2007 sur
200 opérations majeures de fusions et acquisitions en Europe seulement
9% ont été considérées comme des
réussites.56 La réunion de deux entreprises implique
également le contact de nouvelles langues et de facto le
développement de relations de pouvoir entre les langues en
présence. Nous approfondirons cet aspect dans la partie 2 .5.2 de ce
devoir.
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