Auguste Sérieyw (1865-1949) biographie et approche de son œuvre.( Télécharger le fichier original )par Chantal BIGOT-TESTAZ Lyon II - Maîtrise 1985 |
C A partir de « Venite ad me »Sérieyx écrit peu de 1904 jusqu'au moment de son installation définitive en Suisse, où il se consacre essentiellement à son Cycle de motets et, à partir de 1920, à quelques oeuvres de musique de chambre. Dans la Sonate apparaissait déjà son attrait pour la modalité*. Il parlait dans son analyse de « mineur intégral » appelant, lorsque le mineur altéré aurait demandé la fonction de dominante*, le remplacement de celle-ci par la fonction de sous-dominante. On retrouvera cette tendance désormais et son évolution vers une écriture de plus en plus contrapuntique se confirme au fil des ans. Sélection en partie dictée par l'existence de pièces enregistrées, nous commenterons encore l'une de ses oeuvres instrumentales figurant sur la cassette en annexe et quelques motets. Des Trois petites pièces pour violon composées en 1920-192169(*) et transcrites ensuite pour le piano, nous nous arrêterons sur les thèmes des -trois parties : Prélude, Fugue et Rondeau. En nous inspirant de la démarche de Sérieyx pour la " Sonate " et de ses conseils en analyse mélodique, nous observons l'ostinato initial : dont les notes essentielles, en tenant compte des disjonctions, sont : soit deux cellules génératrices, x et y, dont sont issus tous les éléments thématiques de l'oeuvre sauf le contre-sujet de la fugue (qui peut aussi être rapproché de x). Ce contre-sujet est utilisé pour les refrains du rondeau avec diverses variations rythmiques. Voici ces thèmes : PRELUDE . . . FUGUE sujet de x contre-sujet RONDEAU (R = Refrain A, B, C = Couplets
La fréquence des mots "petit" ou "pièce" dans les titres de musique profane de Sérieyx suggère une remarque : si élaborée qu'elle soit, cette partie de son oeuvre devait revêtir, à ses yeux, une importance moindre. La redécouverte de sa musique sacrée reste entièrement à faire et nous ne dirons que quelques mots des trois motets 13, 20 et 24 cités à la fin du troisième chapitre qui font donc partie du cycle composé entre 1913 et 1934. Le premier, Testis es tu mih70(*)i (1), date de 1922. Il est dédié à la mémoire de sa première épouse, Jeanne Taravant. Son thème initial est repris du premier mouvement du quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle, commencé en 1907, lui aussi dédié à Jeanne Taravant et resté inachevé (Sérieyx en a tiré ultérieurement une pièce pour violoncelle et piano : Cf. FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 26). Le figuralisme du mouvement descendant de ce thème est renforcé par le contraste entre le saut de quarte initial et les lignes exclusivement conjointes du reste, répétées à différentes hauteurs. La dernière, la plus développée, exprime par ses aigus soutenus, un espoir de consolation : la contemplation de l'Éternel. Deus meus et omnia, dédié à M.-L. Bouët-Sérieyx, commence ainsi : La ressemblance de ce début et de celui du motet numéro 13 est évidente, mais cette fois, la première quarte est montante. Elle symbolise un élan retrouvé, une espérance plus immédiate. Au début du dernier motet Memento mei, des quartes descendantes, en alternance avec des lignes très conjointes ascendantes rappellent le motet numéro 13, Testis es tu mihi. Puis quartes et quintes montantes s'imposent à plusieurs reprises comme une évocation, une annonce des mots "Deus meus" prononcés pour la première fois à la page 5. C'est alors qu'apparaît le thème du vingtième motet, d'abord à la basse. Dans les quatre dernières mesures, sur les mots In regnum tuum, revient le thème de Jeanne. Souhaitons à ces trois motets et à l'ensemble du cycle les interprètes qu'ils méritent pour être mieux connus. En hommage au « Chevalier de la mélodie » (c'est ainsi que J.-L. Matthey nous présente Sérieyx dans l'avant-propos de son Inventaire du FONDS AUGUSTE SÉRIEYX), nous proposons une dernière illustration de son oeuvre, l'une de ses nombreuses monodies ! Composée en 1928, cette Aulodie71(*) fait partie d'un ensemble à but didactique, classé selon les modes utilisés Pour compléter cet aperçu de l'oeuvre de Sérieyx, on se reportera aux tableaux synoptiques de l'annexe numéro 2 qui reprend les divisions de la biographie. La prépondérance des oeuvres profanes pour la période de vie relatée aux deux premiers chapitres. La tendance s'inverse pour la première partie du troisième, cependant qu'à partir de 1934, oeuvres profanes et sacrées s'équilibrent. Nous laisserons la parole au chanoine Broquet, de l'Abbaye de Saint-Maurice, compositeur et fidèle élève d'Auguste Sérieyx, pour conclure cette approche de son oeuvre de compositeur. C'était à l'occasion de son huitantième anniversaire, célébré à Montreux, le 11 mars 1945 (Cf. FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 502) Vous avez relativement peu composé et vos produits
n'encombrent pas le marché ; mais la qualité l'emporte sur le
nombre. Je me sens tout d'abord tenu d'attribuer un très haut prix
à votre science de la composition et de tout ce que ce terme implique.
Pour ceux qui, comme moi, tâtonnent dans les incertitudes du labyrinthe
où vous évoluez avec une suprême connaissance des lieux,
cette sûreté magistrale fait leur admiration. * 69 Cf. cassette, face A, plage 2. * 70 Cf. Vol. II, Annexe n' 4, pp.47 à 49 et cassette, face B. L'annexe n° 3 comprend les traductions des trois motets, la partition intégrale du n° 13 et des extraits du n° 24. * 71 Cf. Vol. II, annexe n° 5, p. 54 |
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