Auguste Sérieyw (1865-1949) biographie et approche de son œuvre.( Télécharger le fichier original )par Chantal BIGOT-TESTAZ Lyon II - Maîtrise 1985 |
CHAPITRE VLE THEORICIEN ET LE PROFESSEUR A. VERS L'ENSEIGNEMENTSérieyx n'avait que onze ans lorsqu'il décida, seul, de comprendre le comment et le pourquoi du "langage musical"72(*). Théoricien en herbe d'abord, il ne cessera ensuite, de poursuivre et de réorienter ses recherches, au fur et à mesure que sa culture musicale s'étendra. Sa première imprégnation, le répertoire des salons français du 19ième siècle, évoquée au chapitre précédent à propos de ses premières compositions l'a naturellement porté vers la relation dominante* -tonique*, le conduisant à l'explorer tellement à fond qu'il élaborera progressivement la cycle des quintes de 1881 à 1897. De sa rencontre avec Bordes et d'Indy datent sa connaissance approfondie de la polyphonie de la Renaissance et sa pratique plus fréquente du plain-chant. Il dira désormais comme ses maîtres de la Schola « Tout vient de la mélodie ». En 1899, d'Indy l'appelle à ses côtés. Sérieyx, pour la première fois, doit transmettre à d'autres des notions que, lui, domine de haut, mais dont ses élèves de première année n'ont qu'une vague idée. Il évoque la difficulté qu'il y a, à transmettre des connaissances (surtout celles de base) dans une lettre à Guy de Lioncourt73(*), envoyée le 30 avril 1937. Il qualifie lui-même ce long document de « testament pédagogique ». Il dit notamment : Le célèbre Discours-Programme du 2 novembre 1900 [Inauguration par Vincent- d'Indy des nouveaux locaux de la rue Saint-Jacques] "déblaie" en quelque sorte tout ce qui est préalable à la réalisation du magnifique cycle d'études minutieusement décrit, par quelques mots dont le sens est celui-ci : « L'élève, solidement instruit déjà des notions du solfège, de la théorie et de l'harmonie... »70 [La Phrase reste en suspens ]. Mais le professeur du Cours de première année ayant découvert que l'élève n'est quasiment jamais « solidement instruit », d'où qu'il arrive, exprime son regret : Supposant comme en géométrie le "problème résolu", le Maître était allé de l'avant / ... / Il avait magistralement construit l'édifice, mais sur des fondations qui allaient chaque jour s'écroulant de plus en plus. Partout, il avait dit ce qu'il fallait faire mais pour tout ce qui concernait cette partie élémentaire (supposée résolue), il n'avait pas dit COMMENT il fallait le faire..."70 Et le Maître de conseiller à l'élève professeur qui se désolait de ne pas disposer du livre adéquat "Faites-en un, vous, Sérieyx !" Dès lors, inlassablement, il essaiera de définir et d'expliquer. C'est l'oeuvre de tout une vie et nous nous limiterons dans ce chapitre, à présenter ses deux ouvrages les plus importants, à donner en annexe des listes de ses principaux écrits brièvement commentés et à renvoyer le lecteur à quelques textes-clefs. Un cours par correspondance, demandé d'Amérique à la Schola donnera à Sérieyx l'occasion d'envisager la rédaction d'un ouvrage de base. Vincent d'Indy charge Sérieyx de sa réalisation et de 1912 à 1914, un certain nombre de fascicules paraissent, déjà sous le nom de Course of musical syntax74(*). On peut lire à ce propos dans les Notes détaillées de 1912 « le titre Teleschool dont j'étais l'auteur en ma qualité d'ignorant complet de la langue anglaise fut adopté à l'unanimité » * 72 D'autres, avant Sérieyx, ont sans doute défini la musique comme un "langage des sons", mais cette comparaison engage tous ses écrits (cf. p.93) * 73 Lettre à Guy de Lioncourt - Guy de Lioncourt, directeur de l'Ecole. César Franck à partir de 1942, a rédigé le dernier tome du Cours de composition musicale (cop. 1950) * 74 Cf. Vol. II Document n' 11 pp.25~à 1-7 |
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