Auguste Sérieyw (1865-1949) biographie et approche de son œuvre.( Télécharger le fichier original )par Chantal BIGOT-TESTAZ Lyon II - Maîtrise 1985 |
Quelques mots de ce " journal ", avant la transcription de l'analyse. C'est, semble-t-il la seule fois que Sérieyx ait commenté l'une de ses oeuvres depuis sa gestation jusqu'à son interprétation. il l'a probablement fait à cause du souvenir désagréable laissé par la première audition de la Sonate, le 9 avril 1904, lors d'un Concert de la Société Nationale pour lequel il fallut remplacer Blanche Selva trois jours avant, (elle était partie en vacances sans rendre le manuscrit et n'était pas revenue le jour convenu).La Sonate a été souvent interprétée en Suisse pendant les années de guerre, surtout après quelques remaniements apportés par Sérieyx en vue de la seconde édition (chez Eschig). Carlo Boller et Jeanne Taravant en furent les plus fidèles interprètes mais Blanche Selva, à son tour, en 1917, racheta sa défection de 1904, lors d'un séjour en Suisse.Un rapide inventaire des sonates de l'époque68(*) nous a prouvé que la plupart étaient dédiées à un interprète potentiel (surtout lorsque le compositeur était en début de carrière). Il fallait s'appeler Auguste Sérieyx pour avoir l'imprudence ou la délicate inconscience de l'offrir à... Vincent d'IndyNous cédons, maintenant la plume au compositeur pour l'analyse de son oeuvre.TRANSCRIPTIONLa première esquisse se rapportant à-cette oeuvre est un thème de scherzo pour piano, noté à Cahors le 24 juin 1896, sous cette forme : La transformation rythmique de ce thème et son entrée en canon y étaient déjà p révus sous cette forme : Un essai de réemploi de ce scherzo fut tenté en 1894 pour quatuor à cordes, à la demande d'Adrien Barthe, puis abandonné. Les harmonies caractéristiques du thème du lied sont esquissées au début de l'année 1892, sous cette forme : Ces deux esquisses sont les seules antérieures à la première réalisation du mouvement initial (août 1898-mai 1899) comme travail d'examen pour la classe de Vincent d'Indy, -deuxième année-. C'est de cette première réalisation que date la conception cyclique de l'oeuvre entière par la fixation du thème général XY, déduit de la première esquisse du scherzo de 1896 et adapté au thème d'andante de 1892 Le thème, devenu sujet de la fugue, avait cette forme : La seconde phrase de l'idée B était exposée ainsi : L'Andante était prévu avec son thème à peu près tel quel, dans la réalisation définitive, tirée du thème général renversé Y. Le scherzo devait être fait avec le thème de 1886 et le final avec le retour du même thème en canon (Thème général X). D'importants fragments de cette première réalisation ont été utilisés dans la réalisation définitive, avec d'autres destinations le plus souvent. C'est de la conception synthétique du Prélude, composé tel qu'il est, entre le 9 août et le 15 août 1903, avec toutes les intentions thématiques qui y sont contenues, qu'est sortie toute l'oeuvre, sous sa forme définitive, terminée le 20 janvier 1904 à minuit. SONATE EN SOL piano et violon I Prélude et Fugue. PréludeForme dite "lied" (A.B.A. bis) exposant en mouvement lent le thème général sous son double aspect (X et Y) avec esquisse des deux thèmes complémentaires (Z final et T transition) soit toute la matière thématique de l'oeuvre. Section A. en sol majeur vers la dominante de ré. Imposition immédiate du thème X et Y au violon suivi d'un bref développement avec deux entrées (au piano) du thème final Z pour aboutir à la formule conclusive de l'oeuvre. . . . . . . . . . . . . Section B. en ré mineur revenant vers sol majeur . Seconde exposition intégrale par le piano des thèmes X (à l'aigu) et Y (au grave) sans développement . . . . . . . . . . . . . . Section A bis. Réexposition du thème général X au violon en sol majeur; au lieu de Y apparaît le thème de transition T, exposé deux fois et amenant la conclusion. Une coda contient l'esquisse du thème Y avec les harmonies et la forme rythmique qu'il revêtira dans le Lied Transition- Après la fin du Prélude, le dessin T reparaît sans tonalité déterminée en accélérant peu à peu le mouvement . . . . . FugueCombinaison des entrées classiques de la forme fugue avec la dualité thématique et la construction ternaire de la forme sonate. Exposition principale (forme Sonate) sol min. à si b majeur. Idée A, représentée par une exposition de fugue à quatre entrées. Sujet formé du thème x (sans sa note initiale ré sous-entendue et complété par un dessin nouveau destiné à former le thème de la section centrale du Lied) Contre-sujet formé du thème y. La modalité* mineure intégrale de l'exposition entraîne la substitution de la fonction de sous-dominante (ut) partout où les usages classiques du mode mineur altéré appellent l'emploi de la dominante * (ré). L'exposition par les quatre entrées formant l'idée A occupant . . . . Pont conduisant de l'idée A à l'idée B (en trois phrases) servant en même temps d'épisode pour relier l'exposition principale de la Fugue à l'exposition au Relatif (sans contre-exposition). Le thème de transition T en forme très modulante constitue à lui seul tout cet épisode qui aboutit à une fausse cadence vers Fa# Sol b Idée B, représentée par une première entrée au relatif majeur (Si bémol) du Sujet par augmentation et mouvement contraire, avec son contre-sujet modifié de la même manière de telle sorte qu'il s'établit une équivoque entre le thème x direct et le thème y inversé. Cette première entrée avec l'amorce de sa réponse constitue la première phrase b' du grand thème féminin B . . . . . La deuxième phrase b' est un dessin nouveau (au violon) provenant d'une amplification du thème X tandis que la réponse inversée (à la basse) disparaît peu à peu et que la tonalité s'éloigne pour aboutir à une fausse cadence en Fa # majeur . . . . . . . . . . . . La troisième phrase b"' est entièrement nouvelle et forme un épisode destiné à aboutir à l'exposition du sujet à la sous-dominante, remplacée ici par la dominante (Ré) en raison du mode. Une conclusion précise en Si b majeur annonce la fin de l'exposition qui permettrait une reprise textuelle depuis le début suivant l'usage . . . Développement. Esquisse de l'entrée en ré mineur du sujet et du contre-sujet interrompue par le dessin b". - Première-étape du développement. . . . . . . . . . . . . . . . . Esquisse de l'entrée en la mineur du sujet et du contre-sujet, comme une dernière réponse à la précédente entrée esquissée : fin des expositions: fuguées ; le dessin b" interrompt de nouveau et élimine peu à peu la « tête du sujet ». - Deuxième étape du développement. Épisode central de la fugue, par l'entrée en mi bémol (relatif de la sous-dominante du dessin b"') en forme dialoguée, sans s'éloigner notablement. - Troisième étape du développement . . . . . Pédale d'ut (sous-dominante) remplaçant la pédale de dominante (ré) en raison du mode et terminant le développement par deux fausses entrées du sujet (en ut mineur et en mi naturel mineur) . . . . Réexposition, occupant la place des strettes dans la forme fugue Idée A. représentée par une strette du sujet et de la réponse en quatre entrées (à trois parties réelles) raccourcissant l'exposition à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pont, ou sorte d'épisode en strette, tiré du dessin T reprenant peu à peu son mouvement et son aspect de Prélude (plus lent) . . Idée B. en sol majeur. Sa première phrase B' est le sujet renversé et augmenté , mais au lieu du contre-sujet, c'est le thème général X du Prélude qui l'accompagne . . . . . . . . . . La deuxième phrase est une synthèse de l'idée B'. Ces trois phrases b' b'' b"' sont entendues simultanément en forme conclusives . . . Conclusion : deux entrées du sujet en canon sur la tonique* c tiennent lieu de Pédale de tonique* pour la forme fugue ou de bref développement terminal pour la forme sonate . . . . . . . . total : 350 mesures * 68 GUT (Serge) et PISTONE (Danièle), (1~), La Musique de chambre en France de 1870 à 1918, passim. |
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