III : L'agro-pastoralisme pyrénéen et
ariègeois.
Pour présenter ce point, je me
réfère à un article de Corinne Eychenne, géographe,
paru en 2003. Elle y montre comment l'analyse des résultats de
l'enquête pastorale menée en 1999 et du recensement agricole de
l'année 2000, permet de remettre en cause l'image classique d'une
agriculture pyrénéenne vieillie et archaïque. En effet la
comparaison de ces
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résultats avec ceux des enquêtes
antérieures permet de rendre compte d'une modernisation de l'agriculture
de montagne, d'un rajeunissement de ses effectifs et d'une
spécialisation de sa production. Une évolution qui s'est
toutefois réalisée au prix de la disparition d'un très
grand nombre d'exploitations. Il y a eu notamment une reprise en main des
estives par les éleveurs qui se sont organisés et ont
aménagé les espaces pastoraux de montagne avec l'appui
des différents programmes de soutien initiés par les lois
pastorales de 1972.
La loi pastorale de 1972 a permis de poser les bases d'une
politique en faveur de l'agriculture de montagne. Son but était de
rénover l'économie pastorale traditionnelle. Notamment en donnant
un cadre légal aux pratiques collectives d'utilisation des
pâturages grâce à la mise en place des Associations
Foncières Pastorales (A.F.P) et des Groupements Pastoraux (G.P). Ainsi
que par la mise en place d'une aide directe à l'agriculture de
montagne pour compenser les handicaps subis et rémunérer les
éleveurs pour une mission d'entretien du milieu naturel et de
sauvegarde du tissu social. Avec la mise en place en 1992 de la Politique
Agricole Commune (P.A.C), qui généralise le
système d'aides directes à l'agriculture, la zone de montagne
n'est plus la première bénéficiaire des aides directes par
exploitation bien qu'elle le soit en ce qui concerne les mesures
agri-environnementales, qui s'appliquent également aux surfaces
d'estive, exploitées collectivement.
Au niveau pyrénéen, on constate une
forte relance du pastoralisme depuis trente ans avec une augmentation
des surfaces utilisées et des effectifs d'ovins et de Bovins. Le
département des Pyrénées Atlantiques a
néanmoins un rôle prépondérant dans cette
évolution et les résultats des enquêtes sont
contrastés selon les départements.
En ce qui concerne l'Ariège, c'est un
département où le pastoralisme tient une place importante
et qui fut confronté très tôt à une forte
déprise. Mais la relance y fut également précoce. La plus
grande partie des animaux qui estivent provient des communes usagères
(dont les éleveurs disposent du droit d'envoyer leurs animaux
sur une ou plusieurs estives domaniales, communales ou privées
à titre payant ou gratuit) mais peu à peu les estives
s'ouvrent à des troupeaux venant de la plaine ou du
piémont. Les exploitations sont généralement
spécialisées dans l'élevage allaitant ovin et bovin
extensif7 grand utilisateur
d'espace.
Les vingt dernières années font état
d'une forte restructuration de l'élevage montagnard
ariègeois. La montagne a perdu 60% de ses exploitations depuis 1979 mais
le rythme des disparitions se modère. On remarque une très forte
augmentation de la taille des
7 Les jeunes animaux sont vendus pour être
engraissés ailleurs, généralement en Italie ou en
Espagne.
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exploitations8 et une amélioration
globale de la maîtrise foncière9. On constate
également un fort rajeunissement des chefs d'exploitation avec
près d'1/4 des éleveurs âgées de moins de 40
ans. Cette relance pastorale doit beaucoup aux soutiens à
l'agriculture de montagne qui a notamment permis la mise en place d'un travail
d'animation pastorale, mené depuis 1990 par la Fédération
Pastorale de l'Ariège, rattachée au Conseil Général
du Département.
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