4/ Le rôle des associations dans la diffusion de
ces discours.
Par le biais des discours des associations et de leurs
publications, largement diffusées au sein de la population, chacun des
« camps » semble accentuer les côtés de
l'animal qui l'arrange afin de justifier sa position vis-à-vis
de la réintroduction. Ce qui semble entraîner une certaine
radicalisation des avis sur la réintroduction et des
représentations sociales de l'ours. Mais aussi, par
extension, à propos des espaces naturels et de ce à quoi
l'on souhaite les voir dévolus. D'un côté
on estime que le pastoralisme est essentiel et donc à favoriser
en priorité pour la gestion des espaces naturels. Ce qui induit une
valorisation des espaces domestiqués et entretenus par
l'activité humaine et les troupeaux, en somme une nature
plutôt « culturelle ». Au contraire, pour certains ce sont les
espèces et les espaces sauvages qui sont
20
15 Ce point sera détaillé dans la
troisième partie du mémoire.
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à valoriser et selon cette logique, la
réintroduction des ours apparait comme une priorité dans la
gestion des espaces naturels dont on valorise principalement le
caractère « sauvage », « naturel »,
c'est-à-dire peu ou pas modifié par l'activité
humaine.
L'analyse des discours sur les ours peut ainsi permettre de
mieux comprendre ce qui se joue entre les différents groupes
sociaux, surtout dans ce contexte conflictuel où il ya une
surenchère dans les discours des associations. Car chacun cherche alors
à faire prévaloir sa lecture du monde et à faire
en sorte qu'elle soit légitimée. Ici, l'enjeu permettant la
légitimation est la poursuite ou non du programme de
réintroduction.
Afin de relativiser un peu le « cliché
» opposant les éleveurs ou bergers anti-ours qui valorisent dans la
nature ce qui est domestiqué et les défenseurs de la nature qui
ne valorisent que les espèces et espaces sauvages, voici deux portraits
de personnes dont les points de vue expriment à quel point la palette
des discours possibles peut être large.
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