2.2.2.2-Absorption et distribution
Les anesthésiques par inhalation sont
délivrés aux patients au niveau pulmonaire grâce à
des vaporisateurs spécifiques et calibrés à des
concentrations de gaz avec précision. Ils sont munis en
règle de dispositifs limitant la pollution atmosphérique.
L'absorption et la distribution des anesthésiques par inhalation est
régie principalement par leur solubilité tissulaire. En
effet, la vitesse d'induction et de réveil, ainsi que la modulation
du niveau d'anesthésie, sont très influencées par le
degré de solubilité dans le sang des anesthésiques
par inhalation.
Les nouveaux anesthésiques tels que le desflurane et
le sévoflurane sont moins solubles dans le sang (coefficient de
partage sang/gaz inférieur à 1) et donc plus rapidement
distribués dans les différents groupes tissulaires et
éliminés après arrêt de leur inhalation. Lors de
l'induction anesthésique, le transfert alvéolocapillaires
vers les tissus richement vascularisés (cerveau, coeur, foie, reins)
est rapide. II existe cependant un temps de latence dans
l'équilibre entre le sang et le cerveau. La durée
d'exposition à un anesthésique affecte la vitesse de
décroissance de la concentration alvéolaire au réveil
(Duvaldestin 2010).
2.2.2.3-Métabolisme et élimination
Les anesthésiques par inhalation sont essentiellement
éliminés sans transformation par voie respiratoire selon la
durée de l'exposition. Plus celle-ci est longue, plus ils vont se
stocker dans les tissus pour être relargué dès
l'arrêt du produit .L'hyperventilation contribue à
accélérer leur l'élimination. Les bases fortes, hydroxyde
de sodium et hydroxyde de potassium, contenues dans la chaux sodée ou la
chaux barytée dégradent tous les agents halogénés.
Le métabolisme des agents halogénés est variable selon
l'agent considéré. L'halothane est l'agent le plus
métabolisé (20 %) par comparaison avec l'enflurane (3 à 8
%), le sévoflurane (5 %), l'isoflurane (0,2 à 0,5 %) et le
desflurane (0,05 %). L'halothane est le seul agent pour lequel une
réaction de réduction intervient en situation d'hypoxie. Ce
métabolisme serait responsable de la toxicité hépatique
de l'halothane ( Odin et al, 2005).
2.2.4.2- Pharmacodynamie
Mécanisme d'action
L'effet hypnotique global des agents halogénés
résulte de l'effet conjoint sur les structures médullaires et
supra médullaires. Dans les neurones, les agents halogénés
inhibent la transmission de l'influx dans les synapses et à plus forte
concentration, la propagation de l'influx nerveux. Cette inhibition se traduit
par une diminution de la libération de catécholamines, de
gluconates et au contraire augmentent les gluconates dans certaine population
neuronale. Cette dernière pourrait expliquer l'effet existant ou des
convulsions induites par certains halogénés comme l'enflurane.
L'action hypnotique est dose dépendante avec une concentration
alvéolaire minimale (CAM) variable en fonction de l'âge et n'a pas
d'effet analgésique (Odin et al, 2005).
Selon Burder et al (2007), les halogénés ont
les effets sur les systèmes suivants :
Ø Effets cardiovasculaires
- Diminution de la pression artérielle moyenne
- Diminution de l'inotropisme
Ø Effets arythmogénes
- Diminution du volume d'oxygène myocardique
- Diminution du débit cardiaque
Ø Effets cardiaques
- Diminution de la consommation de l'oxygène du
myocarde et du débit coronaire (le sévoflurane ne modifie pas le
débit coronaire, l'halothane et l'enflurane modifient peu le
débit coronaire).
- L'isoflurane et la desflurane ont un effet vasodilatateur
qui pourrait entrainer un phénomène de vol coronaire.
Ø Effets sur la
bronchomotricité
- Les halogénés inhibent le bronchospasme par le
biais d'une réaction locale ou centrale sur les réflexes
bronchiques ;
- En absence de bronchoconstriction, l'halothane et
l'enflurane ont un effet bronchodilateur net, comparable à celui de
l'Atropine ;
- Le sévoflurane est bronchodilatateur dans les
bronchospasmes induits par l'histamine ou l'acétylcholine ;
- Les halogénés diminuent la vasoconstriction
pulmonaire hypoxique. Ils pourraient théoriquement aggraver
l'hypoxémie chez certains patients ayant des lésions pulmonaires
ou au cours d'une chirurgie thoracique ;
- Diminution du volume courant.
Augmentation de la fréquence respiratoire.
Ø Effets
cérébraux
- Tous les halogénés sont vasodilatateurs
cérébraux, abolissent l'autorégulation supérieure 1
CAM et augmentent le volume du LCR ;
- Augmentent le débit sanguin
cérébral ;
- Diminuent la consommation cérébrale moyenne en
oxygène ;
- Augmentent la pression intracrânienne ;
- Augmentent le volume du LCR sauf avec le
sévoflurane.
Ø Effets divers
· Effets sur l'oeil
Tous les halogénés diminuent la pression
intraoculaire
· Effets sur l'utérus
Ils diminuent le tonus utérin, de façon
équivalente.
· Effets neuromusculaires
Les halogénés diminuent le tonus musculaire et
potentialisent les effets des curares. La dose de Vecuronium ou d'Atracurium
doit être diminuée de 20 % net, celle de Pancuronium de50 %
pendant l'anesthésie à l'Isoflurane. Comme les autres
halogénés utilisés, le Desflurane et le Sévoflurane
exercent un effet dépresseur au niveau de la jonction neuro-musculaire,
et augmentent l'action des curares (Clergue,2005).
Pour Jefferson (2012), ces manifestations aiguës
consistent à une irritation oculaire, cutanée, du tractus
respiratoire, de la toux, un mal de gorge, de la somnolence, des vertiges, une
asphyxie ou une perte de conscience. Cependant ces effets sont, pour la
plupart, subjectifs et difficiles à prouver.En effet, de nombreuses
études, tant chez l'homme que chez l'animal, ont montré que
l'exposition répétée à l'halothane peut être
très toxique via la synthèse de métabolites toxiques. Ces
métabolites entrainent des hépatites parfois mortelles, des
problèmes de reproduction (teratogénicité,
embryotoxicité), une dépression du système nerveux, ou
encore des anomalies congénitales(Labruyère et al , 2013).
· Effets émétisants
Tous agents halogénés sont
émétisants.
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