I.2.10. La croissance et le développement
La relation qui existe entre la croissance et le
développement est de cause à effet. Si l'on peut mesurer la
croissance économique grâce à un indicateur
synthétique tel que le PIB. Celui-ci ne rend compte cependant que d'un
aspect de la croissance, bien de transformation s'opèrent. C'est
l'ensemble de ces transformations que l'un englobe sous le terme de
développement.38 En voici quelques-unes : la structure
de la population, la structure sociale, la structure de consommation. En bref,
il y a croissance sans développement, mais tout développement
implique la croissance, c'est-à-dire le concept développement
semble donc compléter une approche purement quantitative en terme de
croissance.
I.2.11. Les liens existants entre la croissance
économique et le marché monétaire
a. Dynamique de croissance et développement des
marchés financiers
Ø Le développement des marchés financiers
peut être interprété comme le résultat
d'une »demande »exprimée par le secteur
productif : si la première révolution industrielle a
privilégié l'autofinancement, la deuxième (milieu du
19è siècle), fondée sur des industries plus exigeantes en
capitaux à nécessité la mise en oeuvre de nouvelles
modalités de financement à travers le poids croissant des
sociétés par action (exemple des chemins de fer) ;
Ø A la causalité (développement des
marchés financiers facilité la croissance) peut alors être
inversée (processus de croissance nécessite un nouveau mode de
financement, ce qui suscite le développement des marchés
financiers).
b. Le caractère de stabilisant des marchés
financiers
Ø Logique libérale énoncée dans la
première partie suppose des marchés efficients traitant
efficacement l'information disponible dans un contexte de rationalité
à d'autres lectures du fonctionnement des marchés peuvent
être proposées ( Keynes, Aglietta, Orléan) mettant l'accent
sur les processus mimétiques à l'oeuvre dans le domaine
financier qui conduisent à l'apparition de «bulles
spéculatives» où le prix des titres s'écarte
durablement et cumulativement de leur valeur
« fondamentale » à l'éclatement de ces bulles
conduits alors à des perturbations économiques majeures pouvant
générer un blocage durable de la croissance ( Krachs
1997-1998) ;
Ø La financiarisation de l'économie conduit les
agents à avoir des comportements pro-cycliques dans les phases de
croissance (hausse des cours nourrit la consommation des ménages
détenteurs d'un important patrimoine financier- effet richesse), comme
dans les phases de récession ( accentuation de l'effort d'épargne
pour reconstituer la patrimoine, « crédit
Crunch » à la financiarisation accentue les mouvements
cylindriques de l'économie, ce qui peut se révéler
déstabilisant pour la croissance de long terme.
c. La dictature des marchés financiers ?
Ø Importance croissante des marchés financiers
peut se révéler au facteur de blocages, voire de freinage de la
dynamique de croissance :
· Phénomène de
chômage « wicksellien » : dans un contexte
de taux d'intérêts réels élevés, marquent une
forte préférence pour le présent, les entreprises, sur des
marchés de concurrence imparfaite, vont rechercher une maximisation
inter temporelle du projet qui les conduits à privilégier le
profit. Immédiat par une compression des coûts (réduction
de l'investissement, de l'emploi) qui peut obérer la croissance
future.
· Marchés financiers privilégient le court
terme, ce qui conduire à abandonner des investissements dont la
rentabilité est lente, mais qui peuvent être porteurs
d'externalités positives et de rendements croissants (théories de
la croissance endogène) ;
Ø Dans une perspective différente, la
montée des marchés financiers peut s'interpréter comme
l'affirmation du poids des créditeurs, face aux débiteurs ;
ces derniers porteurs de dynamisme économique, sont alors perdants face
aux premiers, le niveau élevé des taux d'intérêts
correspondant aux exigences des créditeurs freinant la croissance
à long terme.
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