II- Une géographie agro-industrielle qui se
déconcentre, mais qui demeure marquée par un
déséquilibre entre le nord et le sud de la France :
1°) Les nouvelles
usines de la 1° phase (2005-2007) se déconcentrent :
Carte n°4 : élaboration personnelle-
Fond de carte : IGN
L'essentiel de la production de biodiesel et de
bioéthanol demeure situé dans le nord de la France. Malgré
le projet de Sète, plus de 80% de la production de biodiesel sera
concentrée dans la moitié nord de la France. De même, plus
de 80% des agréments d'éthanol (hors ETBE) seront situés
dans cette moitié nord.
Les projets de la filière biodiesel
privilégient des usines à grand volume regroupant sur un
même site trituration, raffinage et estérification. Ils favorisent
des situations d'interface entre zones de production, raffineries et zones de
consommation.
Pour la filière bioéthanol, le
développement de la production va d'abord se faire par saturation des
capacités existantes. Cependant, il existe plusieurs projets de
construction d'usines de grande capacité, dont certaines suivent de
nouvelles logiques de localisation. C'est le cas du projet de Lillebonne et de
celui de Lacq dont les logiques se rapprochent de celles de la filière
biodiesel. Ils privilégient une situation d'interface entre zone de
production de céréales et raffineries de pétrole.
Ainsi, avec le développement d'usines construites
spécialement pour la filière biocarburant, le poids de la
localisation des industries de raffinage de pétrole se renforce.
2°) La carte des
usines de biocarburants à l'horizon 2008 :
Carte n°5 :
élaboration personnelle- Fond de carte : IGN
Pour la filière biodiesel, deux unités se
situent dans la moitié sud de la France, mais cinq nouvelles
unités seront construites dans le nord. Pour la filière
bioéthanol, aucune nouvelle usine n'est prévue dans le sud de la
France. La géographie des biocarburants demeure donc majoritairement
localisée dans la moitié nord de la France.
Les projets
bioéthanol sont en continuité avec les logiques connues pour
cette filière ; à l'inverse, la
deuxième phase marquera un changement important dans le
développement de la filière biodiesel. En effet, alors que
celle-ci s'est développée essentiellement à partir d'huile
de colza, une partie des nouveaux agréments a été
accordée à des usines qui produiront du biodiesel à partir
d'autres matières premières : huiles animales (EMHA) et
huiles usagées.
Pour la filière du biodiesel issu directement de
graines oléagineuses, le maillage du territoire par les usines
d'estérification se complète et est nettement moins
dissymétrique que celui de l'ensemble des usines de biodiesel : la
filière diester veut favoriser une couverture de l'ensemble des bassins
de production de colza et tournesol.
Les premières phases d'augmentation des
agréments de biocarburants continuent de favoriser la Picardie, surtout
dans la mesure où cette augmentation se réalise encore à
partir d'usines préexistantes, mais ce mode de développement
rencontre certaines limites liées en particulier à l'âge de
ces usines. Par exemple, l'usine de Venette ne peut plus augmenter ses
capacités de raffinage : une partie de l'huile
estérifiée dans la nouvelle unité devra donc venir d'un
autre site. Si les deux unités d'estérification fonctionnent
à 100 000 tonnes chacune, se seront près de 400 tonnes
d'huile par jour qui manqueront. Les contraintes liées à
l'âge de ce site pèsent réellement sur son fonctionnement
et ses perspectives de développement.
De plus, l'absence d'interface importante avec des
raffineries défavorise nettement la Picardie, notamment pour le
bioéthanol blé : TEREOS, groupe coopératif
originaire de la région, a choisi d'installer son unité en
Normandie.
[Une troisième phase d'agréments a
été accordée en octobre 2006. Pour le bioéthanol,
les nouveaux agréments (200 000 tonnes) ont tous été
à des projets déjà agréés. L'usine Tereos
d'Origny a ainsi reçu 30 000 tonnes supplémentaires, et
celle de Lillebonne 7 500 tonnes. Pour la filière biodiesel
(900 000 tonnes d'agréments), de nouveaux projets ont
été agréés, dans le même esprit que pour la
deuxième phase, et des compléments ont été
accordés pour des unités déjà
agréées. Pour le bioéthanol comme pour le biodiesel, cette
nouvelle tranche d'agréments ne modifie pas fondamentalement la donne
pour la région Picardie]
Depuis 2005, une véritable relance du
développement des biocarburants en France a été
opérée par le gouvernement, dans le but d'atteindre, voire de
dépasser les objectifs de la directive européenne de 2003. Ce
plan de relance se manifeste essentiellement par l'octroi de nouveaux
agréments à des usines de biocarburants. Cependant,
parallèlement à ce développement à échelle
agro-industrielle, certains acteurs agricoles souhaitent développer des
filières plus courtes.
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