A.4) La transition démographique et l'optimisme
historique
La théorie de la transition démographique part
d'un constat simple à savoir que les variations spatiales de la
mortalité et de la natalité sont dues à des
différences d'évolution démographique. L'hypothèse
de base de la théorie de la transition démographique est que
toutes les populations du monde vont évoluer de la même
façon, avec des décalages de calendrier dans cette
évolution. Ce modèle a été bâti par les
démographes d'après leurs observations et leurs
'Université Quisqueya 18
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à
2008.
analyses sur l'évolution des populations des pays
européens et nord-américains afin d'expliquer le passage d'un
régime de forte natalité et mortalité à un
régime de faible natalité et mortalité.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale existait un
consensus parmi les démographes américains, concernant
l'influence déterminante des changements structurels sur les dynamiques
démographiques. Avec les formulations successives du processus de la
transition démographique autour de 1945, les démographes
américains étaient parvenus à produire une théorie
historique unifiée apparemment capable d'expliquer les tendances
démographiques observables dans de nombreuses régions du monde.
Tous les changements démographiques, notamment les baisses de la
mortalité et de la fécondité, étaient
perçues comme des réponses, décalées dans le temps
à une variété de changements structurels
communément rassemblés sous le mécanisme de
«processus de modernisation».
Cette théorie de la transition démographique
était donc le produit de la sédimentation de nombreuses
années de recherche historique ayant conduit à expliquer les
niveaux et les baisses de fécondité observés dans les pays
occidentaux, par le jeu des conditions socioéconomiques et de leurs
modifications. Les ajustements des objectifs et des motivations des agents
économiques et des ménages aux changements structurels du
système socio-économique conduisent à des adaptations des
comportements démographiques. La diffusion et le développement
des techniques contraceptives de contrôle démographique
étaient perçus comme inutiles, voire même pour certains
défavorables à l'ajustement de la fécondité.
L'industrialisation était alors conçue comme le véritable
pré-requis pour la diminution de la fécondité.
Avec l'accélération de l'accroissement
démographique dans certains pays d'Amérique latine
(Brésil, Mexique, Costa Rica,...) et d'Asie (Inde, Malaisie,
Formose,...), une nouvelle perception du problème de la transition
démographique émerge autour de 1955. Alors que les taux
d'accroissement démographique maxima qu'avait expérimentés
l'Europe au cours de son processus de transition démographique ne
dépassaient pas 1,5% par an, ces taux atteignaient des valeurs jamais
vues de 3,7% au Costa Rica ; de 3,0% en Malaisie et de 2,9 % au Mexique de 1950
à 1954. Sous l'effet de cette pression démographique
inusitée, la mise en place de programmes de contrôle
démographique par la diffusion de la régulation des naissances
apparaît désormais, comme la condition nécessaire et
préalable à la transition industrielle urbaine.
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
Remarquons que le problème des effets de la croissance
démographique est à cette période improprement
présenté comme un problème de surpeuplement statique,
exprimé en termes de densités et dynamique, en termes de taux de
croissance, essentiellement localisé dans les zones rurales et agraires.
L'action des politiques de contrôle démographique doit alors
permettre de ralentir le rythme de l'accroissement démographique naturel
dans les campagnes, de façon à diminuer le rythme d'accroissement
démographique des villes par migration rurale-urbaine,
saisonnière ou permanente. C'est d'ailleurs à cette
époque, que certaines analyses purement économiques mettent en
évidence l'effet de perturbation du développement capitalistique
que peut avoir le surplus de main-d'oeuvre rurale. Le vrai problème se
situe davantage dans l'inadéquation entre les réserves existantes
de main-d'oeuvre et les besoins de la structure productive que dans l'existence
d'une réelle population surnuméraire conduisant à la
diminution absolue des niveaux de vie.
Simultanément, les faits semblent venir contredire la
théorie de la transition démographique telle qu'elle
s'était constituée dix années plus tôt. Dans un
premier temps, la remontée importante des taux de
fécondité dans les pays occidentaux, communément
résumée par l'expression de baby boom, ne peut être
expliquée dans les termes déterministe et phasique du processus
de transition démographique. Ce dernier impliquait en effet un
état stationnaire pour la fécondité et la
mortalité, une fois que ces dernières eussent atteint leurs
valeurs basses. Dans un deuxième temps, la brutale réduction de
la mortalité visible dès les années cinquante dans le
monde non industrialisé, qui avait conduit aux taux d'accroissement
démographique extrêmes, ne semblait pas explicable par les seuls
progrès socio-économiques contenus dans la croissance et le
développement. Cette baisse de la mortalité s'avéra avoir
été partiellement importée (technologie médicale,
infrastructures coloniales, etc) des pays industrialisés et non
directement induite par un processus de développement local comme le
prévoyait la théorie de la transition démographique.
Toutefois, la question de transition démographique dans
les pays en développement était alors ressentie comme non
pertinente. La discussion des conséquences macroéconomiques
était fondée sur des modèles consacrés à
d'autres usages, essentiellement des modèles de croissance
économique. Le débat visait donc à établir si la
nouvelle répartition par âge des populations rajeunies,
associée à la forte fécondité, diminuerait les
investissements et les quantités de capital
'Université Quisqueya 20
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à
2008.
nécessaires pour augmenter la production ou pour permettre
d'assurer un niveau de vie moyen croissant ou constant à une population
croissante.
De tous ces courants d'idées, celui de Malthus semble
convenir mieux dans le cadre de notre travail de recherche, vu sa pertinence
par rapport à la réalité des pays pauvres.
|