B.- Revue de littérature
Les différentes questions soulevées sur le point
de savoir quel impact la croissance démographique peut avoir sur la
croissance économique ont porté plusieurs économistes et
démographes à analyser le phénomène. Ils ont
réalisé de nombreuses études à ce sujet. Nous
relevons ci-après le point de vue de quelques-uns d'entre-eux pour mieux
voir ce qu'il en est exactement.
En 1958, la liaison dynamique entre croissance
démographique et accumulation de capital est décrite par les
analyses pionnières de Coale et Hoover. Ils identifient sur une double
base théorique et empirique, une série d'effets
démographiques négatifs sur les conditions de l'accumulation.
L'effet de diversion détourne l'investissement d'emplois directement
productifs vers des emplois non directement productifs; l'effet de dilution du
capital résulte arithmétiquement de la dynamique d'un rapport
macroéconomique dont le dénominateur est la taille croissante de
la population et l'effet de dépendance relie négativement la
capacité d'épargne d'un ménage ou de l'économie
avec la part des inactifs par rapport à la population active.
Simultanément et sous l'influence des modèles de
développement dualistes, certaines analyses insistaient alternativement
sur les capacités d'absorption d'une force de travail qui suit le rythme
de l'accroissement démographique et sur les risques de
paupérisation de masse liés au développement du cercle
vicieux élargi entre la croissance rapide de la population, la pression
sur l'accumulation, le chômage et le sous-emploi. Enfin, les ratios de
dépendance importants impliqués par la forte croissance
démographique, conduisaient à l'augmentation du besoin en
investissements démographiques non directement productifs et limitaient
corrélativement le capital disponible pour les investissements
directement productifs. Certains modèles (Liebenstein, 1954 ; Nelson,
1956) décrivirent sur ces bases une trappe d'équilibre de bas
niveau dans laquelle la croissance démographique engluait la croissance
du revenu par tête.
'Université Quisqueya
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
Toutefois, à cette époque (autour de 1960), la
base des connaissances empiriques était trop limitée. La
discussion des conséquences macroéconomiques était
fondée sur des modèles consacrés à d'autres usages,
essentiellement des modèles de croissance économique.
L'important support politique en faveur des mesures de
réduction des naissances était donc paradoxalement fondé
sur des preuves scientifiques finalement évanescentes. Ces interventions
de politique démographique étaient toutefois justifiées
par les prétendus bénéfices aux niveaux individuels et
collectifs qu'elles permettraient.
Il est possible d'identifier, avec Kelley (1996), une suite de
références théoriques dont la succession a pu participer
à la constitution du corpus des théories orthodoxes en un
ensemble homogène.
Dès 1953, un rapport des Nations-Unies14
assez nuancé et aux champs d'investigation très étendus,
bien que peu quantitatifs, remarquait que la croissance et la taille de la
population pouvaient exercer des impacts positifs (à travers des effets
d'échelle et d'organisation), des impacts négatifs (à
travers les rendements décroissants) et des effets plus incertains
(à travers la technologie et le progrès social). Le jugement
général, bien que balancé, tendait toutefois vers le
pessimisme. Ce rapport15 fut révisé en 1973 et le
jugement global devint encore un peu plus pessimiste, sous l'effet notamment de
l'emphase portée sur les impacts de court terme de la croissance
démographique.
L'intervention de Kuznets dans ce rapport venait pourtant
nuancer la tonalité orthodoxe dominante, puisque ce dernier remarquait,
de façon très pertinente, qu'aucune corrélation
statistique entre les taux de croissance du produit par tête et ceux de
la population n'apparaissait sur des échantillons transversaux ou sur
des séries temporelles. Ces résultats devaient ensuite être
confirmés pour ce qui concerne les périodes antérieures
à 1980. Une synthèse des résultats et des apports de cette
perspective orthodoxe fut effectuée dans un rapport sur la population et
le
14 United Nations [1953]
15 United Nations [1973]
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
développement commandité en 1971 par la U.S.
National Academy of Sciences. Insistant surtout sur les effets de court terme
de la croissance démographique, la majorité des études
parvenaient partiellement à justifier les tonalités largement
pessimistes des conclusions du rapport, arrivant à la conclusion que la
croissance démographique rapide imposait une barrière
sérieuse, voire insurmontable, au développement
socioéconomique.
Les auteurs de cette conclusion résumèrent ainsi
leurs résultats de façon très efficace : la croissance
démographique rapide ralentit la croissance des revenus par tête
dans les pays en développement et tend à perpétuer les
inégalités dans la répartition des revenus. Elle tire vers
le bas, les niveaux de la consommation, l'épargne et de l'investissement
capitalistique dans les facteurs de production et limite par conséquent
le taux de croissance du PIB. L'offre alimentaire et la production agricole
doivent être fortement accrues pour satisfaire aux besoins des
populations en croissance rapide, ce qui exerce une contrainte sur l'allocation
des ressources à d'autres secteurs économiques et sociaux. Le
nombre des intrants dans la force de travail augmente très rapidement.
Du fait de l'excès des individus à la recherche d'un emploi sur
le nombre d'emplois disponibles, le chômage et le sous-emploi sont des
problèmes de plus en plus sérieux. Un nombre toujours plus grand
de travailleurs ne peut être absorbé dans le secteur moderne
(industrialisé). Ils se rabattent alors sur des occupations de service
non productives ou vers le secteur traditionnel (agricole) avec sa
productivité faible et ses salaires de subsistance... Une
pauvreté à grande échelle, la productivité faible
du travail, la demande alimentaire croissante et la faible industrialisation
distordent et dégradent les conditions de l'échange international
pour les pays les moins développés.
Il semble toutefois que ces conclusions alarmistes, que l'on
peut supposer influencées par l'Agency for International Development,
sponsor de ce rapport dont les positions anti populationnistes ont souvent
été dénoncées, aient quelque peu
exagéré les aspects négatifs des résultats obtenus
dans les analyses solides qu'il rassemble. Ces différentes études
formaient un ensemble méthodologiquement proche des analyses
thématiques partielles du révisionnisme mais conduisaient tout de
même à des résultats modérément pessimistes.
Une autre étude assez large et exhaustive des effets économiques
de la forte croissance démographique, placée sous la
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
direction de Tabah et éditée en 1975, venait
confirmer la pertinence de cette orientation vers une méthodologie
thématique de type hétérodoxe, tout en produisant des
résultats assez orthodoxes.
Un rapport de l'ONU replace les conclusions relativistes dans
une perspective orthodoxe renouvelée mais encore axée sur la
théorie néo-classique de la croissance et le court moyen terme (5
à 15 ans). Le développement d'un système de
représentation ne fait pas systématiquement disparaître le
système précédent, de la même façon que le
système qui va se développer est contenu en germe ou est en cours
de constitution pendant la période d'épanouissement du premier.
Ainsi, le Survey de Cassen parvint, dès 1975, à s'élever
au-delà des restrictions des analyses orthodoxes pour n'en retenir que
les résultats les plus intéressants et en rejeter les
hypothèses les plus critiquables et les plus fragiles. Robert Cassen
remarqua dans la conclusion de son analyse que les effets de la croissance de
la population dans les pays en développement ont pu être
exagérés par les analyses orthodoxes, spécialement pour
les effets sur le capital et l'épargne. Il concède toutefois
qu'il ne semble y avoir que peu d'arguments convaincants pouvant venir
contredire la conclusion selon laquelle la croissance démographique
rapide ralentit l'amélioration des niveaux de vie ou mieux pour rejeter
des conclusions orthodoxes qu'il semble alors n'accepter que par
défaut.
Il souligne ainsi un peu plus loin que l'importance relative
de la population parmi les autres facteurs semble avoir été
simultanément surévaluée et sous-évaluée. Il
est, selon lui, difficile d'accepter la vue selon laquelle la pauvreté
des pays en développement puisse être majoritairement
causée par la croissance démographique. Il lui apparaît
toutefois que dans la plupart de ces pays, même économiquement
prometteurs, l'accroissement démographique rapide n'aurait permis que
des gains relativement faibles au niveau de l'individu moyen et à
fortiori pour les plus pauvres. Ceci étant partiellement dû
à la tendance de la répartition des revenus et en l'absence de
mesures contradictoires tend à se détériorer sous les
régimes de forte fécondité. Les jugements orthodoxes sont
donc, dès les années soixante-dix, fermement nuancés par
une minorité d'auteurs. Ces derniers préfigurent, avec Easterlin
(1965), Kuznets (1965, 1967) et Kocher (1973), ce que sera la réaction
contre le «révisionnisme» pendant la décennie
suivante.
Le rapport de la National Academy of Sciences de 1986 est
devenu la plus révisionniste des grandes études
commanditées des années 1970-1980. Même si à l'aune
des études
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
thématiques partielles présentées, les
conséquences économiques de la croissance de la population
semblaient plutôt négatives que positives, les économistes
responsables de ces analyses choisirent, de façon significative, de
nuancer la conclusion collective du rapport en replaçant l'importance
relative des ces impacts dans de plus justes proportions. Selon Kelley, cette
volonté collective de relativisation mérite de l'attention
puisqu'elle représente vraisemblablement l'évaluation des effets
économiques de la croissance de la population qui prédomine
depuis 1945. La perspective orthodoxe semble donc n'être, pour Kelley,
qu'une péripétie théorique ou idéologique ayant
fait diverger la recherche démo-économique de sa tendance
dominante.
Le rapport de 1986 constitua donc, une étape
fondamentale dans le processus d'affirmation de la perspective
révisionniste autour de l'impact de la population sur le
développement, qui se fonde sur une formulation réaliste d'un
processus de développement dans lequel les rétroactions sont
prises en compte. Elle insiste notamment sur les réponses individuelles
et institutionnelles aux impacts initiaux directs de l'accroissement
démographique, comme la conservation en réponse à la
rareté des ressources naturelles, la substitution pertinente des
facteurs de production abondants aux facteurs rares, l'innovation et l'adoption
de technologies adaptées à l'exploitation d'opportunités
profitables, autant de réponses considérées comme
importantes.
Compte tenu de l'exemplarité accordée à
ces résultats par un commentateur aussi avisé que Kelley, il est
intéressant d'en faire une présentation synthétique. La
tonalité et les conclusions générales du rapport sont
révisionnistes, bien que les analyses développées
insistent sur certains aspects du développement économique qui
sembleraient pouvoir bénéficier d'un ralentissement de la
croissance démographique.
Dans l'industrie, les économies d'échelle sont
épuisées pour des tailles urbaines modérées, le
ralentissement de la croissance démographique n'a donc vraisemblablement
pas d'impact négatif sur la productivité dans le secteur
manufacturier urbain. Dans l'agriculture, la relation positive qui existe entre
la densité et la productivité (choix des techniques,
économies d'échelle, infrastructures) semble se transformer en
relation négative (rendements décroissants) pour des
densités trop importantes (supérieures à 100 habitants au
km2). Dans l'éducation, le
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
ralentissement de la croissance démographique est
associé avec des dépenses par élève
supérieures, de même que pour les dépenses par tête
de santé ou de nutrition au sein du ménage. Toutefois, la forte
croissance démographique ne saurait constituer un obstacle majeur au
succès des politiques sanitaires.
Dans le court terme, une moindre croissance
démographique diminuerait l'inégalité de la
répartition des revenus, dans le cas toutefois où les politiques
de population seraient orientées vers les groupes à revenu plus
faible. Dans le long terme, l'avantage potentiel résulterait de
l'accroissement du prix du facteur travail relativement aux autres facteurs de
production. Bien que la plupart des problèmes liés au
développement urbain (pression sur les services et ralentissement du
développement du secteur moderne) aient été
amplifiés par la forte croissance démographique, le
ralentissement de cette croissance ne les réglera vraisemblablement pas.
Le biais urbain des politiques publiques constitue une cause beaucoup plus
importante que la croissance démographique.
Certaines externalités, comme la congestion, la
dégradation rapide des ressources naturelles, les coûts
intergénérationnels sont le résultat plus ou moins direct
de la croissance démographique. Les politiques de population doivent
être couplées avec des mesures plus économiques visant
à modifier les structures d'incitation qui interviennent dans
l'apparition d'externalités nettes négatives liées
à la forte fécondité. L'argumentation révisionniste
s'articule donc autour de deux idées fortes. La première est que
la croissance démographique n'est qu'un facteur secondaire du
développement économique et donc, un élément parmi
d'autres dans l'explication des retards de croissance ou de
développement potentiels. La seconde est que les effets
délétères de la forte croissance démographique
seront largement (bien que pas nécessairement intégralement)
compensés par des réactions de marché, si et seulement si,
les mécanismes de marché peuvent fonctionner librement. Cette
seconde caractéristique est importante car elle est au fondement de la
perspective révisionniste sur les problèmes liant la population
aux évolutions économiques.
Dans ce domaine, les études s'appuyant sur des panels
de pays ont abouti à des conclusions opposées selon la
période au cours de laquelle les tests ont été
menés. En résumé,
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
selon Kelley et Schmidt (1996), les résultats
aboutissent aux conclusions suivantes concernant l'impact de la croissance
démographique sur la croissance du revenu par tête :
· dans les décennies 1960 et 1970, aucune
corrélation statistique significative n'a été mise en
évidence,
· dans les années 1980, la corrélation est
significative et importante. Elle varie avec le niveau de développement
: elle est négative dans les pays en voie de développement et
positive dans la plupart des pays développés,
· quelle que soit la période, la densité
de la population exerce un impact positif. Au cours de certaines
périodes, la taille de la population a pu également avoir un
impact positif. Dans ce dernier cas, ce sont des effets d'échelle qui
seraient mis en évidence via la variable taille de la population mais
cette voie a été peu étudiée.
Par ailleurs, Rougier (1998)16 tente de
vérifier sur la période de l'étude la validité de
l'hypothèse forte de Malthus selon laquelle la population est un
obstacle à la croissance de la richesse et du produit. Il intègre
à son analyse les variables de fécondité et de
mortalité. Partant de l'équation de Blanchet (fonction de
production à rendement d'échelle décroissant avec un seul
facteur, le travail) qui s'écrit de la manière suivante :
epyt/yt=b--acP pt/pt --
avec yt = production agrégée ou
par tète au temps t b = facteur de progrès technique
exogène
a = élasticité du produit total par
rapport au travail pt = population
Il démontre, à partir de plusieurs
modèles économétriques (mêlant des données
transversales pour 81 pays en développement à des séries
temporelles de taux croissance ordonné en 9 sous-périodes
quinquennales allant de 1950-1955 à 1990-1994) dans un premier temps,
que la relation statistique entre la croissance du P113 et celle de la
population semble
16 Dans son article intitulé: «
croissance économique, croissance démographique et
hétérogénéité des niveaux
développement : éléments d'analyse »
Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
passer selon les blocs continentaux, d'une relation positive
ou presque nulle et non significative à une relation négative non
significative. Dans un deuxième temps, il a remarqué que les
coefficients de régression sont positifs pour les pays à faible
revenu moyen et négatifs pour ceux à niveau de revenu par
tête supérieur. Ce qui traduirait que l'hypothèse de
Malthus, dans ce cas, est rejetée. Toutefois, en intégrant les
indicateurs de transition démographique, la relation entre PIB par
tête et population devient négative. De ce fait, il conclut que
cette relation dépend du niveau de développement des pays.
Autrement dit, la liaison dynamique entre population et croissance au cours du
processus de transition démographique est caractérisée
d'abord par un signe négatif pour les pays lorsque le taux de
mortalité est élevé. Ensuite, par une relation positive
lorsque la baisse du taux de fécondité s'accompagne d'une baisse
de mortalité.
Au total, dans les années récentes, l'impact
"net" de la démographie sur la croissance du revenu par tête
serait négatif. Remarquons toutefois que, la majeure partie des
contributions à la perspective révisionniste développent
essentiellement des arguments qualitatifs et ne sont susceptibles de fournir
aucune évaluation de l'importance des effets nets agrégés
de la croissance démographique sur les évolutions
économiques.
Pour William Easterly, auteur de l'ouvrage «The
Elusive Quest For Growth », traduit sous le titre de «Les
pays pauvres sont-ils condamnés à le rester », les
prévisions alarmistes concernant le déséquilibre entre la
croissance de la population et la croissance économique ne sont jamais
réalisées. En témoigne les exemples suivants :
Paul Ehrlich, dans son ouvrage cri de coeur, paru en 1968
prédisait une famine sans précédent dans plusieurs pays
d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie qui finirait par décimer
un cinquième de la population. Les prévisions d'Ehrlich ne sont
pas réalisées car de 1960 à 1998, la population mondiale a
plus que doublé alors qu'en même temps la production alimentaire
avait plus que triplé. Ainsi, il y a suffisamment de ressources
disponibles pour faire face à ce fléau.
Lester Brown, du World Watch Institute, également un
alarmiste, a déclaré dans un communiqué de presse qu'il a
publié en 1999 lors de la sortie de son livre titré :
«Au-delà de Malthus » que le monde récolte les
conséquences d'une croissance de la population non
contrôlée et que les offres en eau sont insuffisantes pour combler
les demandes de cette
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
croissance effrénée de la population depuis
plus d'un siècle et ceci dans plusieurs pays. Le World Watch Institute a
de son côté, alerté dans sa publication intitulée :
«Etat de la planète de 2000 » que la croissance
démographique pourrait altérer le progrès
économique plus brutalement qu'aucune tendance, attisant tous les autres
problèmes sociaux et environnementaux.
Dans un autre ordre d'idée, il cite l'article suivant
: «La croissance économique depuis l'an un million avant J.-C.
» de Michael Kremer, qui parle d'une relation positive entre
population initiale et la croissance économique à l'instar de ces
prédécesseurs Kuznets et Boserup. Plus la population est
élevée, plus on a un meilleur potentiel créatif et plus de
personnes pour soutenir le coût du développement et en tirer
parti. Ce qui devrait permettre à la société d'entretenir
plus de bouches. En conclusion, la population devrait donc
s'accroître.
De son côté, Cédric Doliger, dans son
article intitulé : «Démographie et croissance
économique en France après la seconde guerre mondiale »
analyse la relation entre les deux variables à travers une approche
cliométrique 17. Son étude est déclinée
en trois approches : - L'analyse de la relation entre la croissance et la
population ;
- L'analyse de la relation entre la croissance et les
indicateurs démographiques ;
L'analyse de la relation entre la croissance, la population
et les facteurs influant sur l'évolution démographique.
Les résultats majeurs de son étude ont
confirmé l'existence de relations entre la croissance et la
démographie : une relation directe de la croissance avec la population
et une relation indirecte de la population avec la croissance et ceci par
l'intermédiaire de variables économiques. Puis, que c'est la
classe la plus jeune qui dynamise l'économie française et de ce
fait, l'attention doit être porté essentiellement sur la
natalité et les facteurs influant sur les décisions d'avoir des
enfants. Ensuite, selon lui, cette relation entre les sphères
économique et démographique s'exerce via le marché du
travail, notamment à travers les salaires (qui se traduit par un effet
revenu18 et un effet
17 Approche cliométrique : désigne
une approche faite à partir des recherches internationales d'histoire
quantitative structurées par la théorie économique et
informées par les méthodes statistiques et
économétriques.
18 Un effet revenu : c'est-à-dire
qu'une augmentation du revenu se traduit par la possibilité
d'élever un nombre plus important d'enfants. Ce qui entraîne un
effet positif sur la fécondité.
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Impact de Ça croissance démographique sur
Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
prix19) et le chômage (car
l'inactivité génère également la
procréation). Ce qui a pour conséquence une réorganisation
des politiques salariales qui ne sont plus maintenant centrées sur une
augmentation des salaires mais plutôt dirigées vers des politiques
familiales visant à atténuer les pertes occasionnées sur
le marché du travail par des naissances. Ainsi, toute politique visant
à accroître la croissance économique pourra être soit
économique, soit démographique, selon les objectifs à
atteindre, les contraintes posées et les évolutions
autorisées.
William Easterly, toutefois, s'abstient de conclure sur la
relation entre les deux variables. Selon lui, subventionner le contrôle
des naissances demeure une problématique car les avantages et
coûts nets des naissances sont très incertains et par ailleurs, il
existe bien de pays, qui en dépit d'une croissance
démesurée de la taille de leur population arrive à garder
un niveau de vie standard. De ce fait, il conviendrait mieux de laisser chaque
pays décider si une population plus nombreuse crée une pression
intolérable sur ses ressources naturelles ou s'il s'agit d'un terreau
propice au développement de nouvelles idées et une nouvelle
source de recettes fiscales.
19 Un effet prix : c'est-à-dire
qu'une augmentation du revenu se traduit par une augmentation du coût
d'opportunité c'est-à-dire de la valeur du temps. Les enfants
engendrent alors une perte vis-à-vis du temps qui leur est
consacré, ce qui entraîne un effet négatif sur la
fécondité.
45 40 35 30 25 20 15 10 5
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Natalité et mortalité d'Haiti de 1980-2008
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Ça croissance économique clans Ces pays en voie de
développement de 1980 à 2008.
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