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La résolution juridique du conflit au Darfour : mise en perspective de l'état de la justice pénale internationale

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par Mohamed HAMDANI
Université Panthéon-Assas Paris 2 - Master 1 de science politique 2010
  

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Section 1.2) L'instabilité du Conseil de Sécurité des Nations Unies : le décalage entre la résolution 1593 et les divergences idéologiques

La résolution 1593 est loin de refléter les caractéristiques idéologiques qui opposent les membres du Conseil de Sécurité, et plus particulièrement les membres permanents. Le futur des renvois par le Conseil de Sécurité apparait incertain, le risque de division parmi les membres permanents étant élevé71 (malgré que la Libye ait pourtant fait l'objet d'un renvoi en 2011)72.

Les deux pays susceptibles de s'opposer à un futur renvoi sont la Chine et la Russie. La Chine, de tradition à respecter les souverainetés et intégrité territoriale, possède un important intérêt économique au Soudan. La Chine est en effet le plus grand investisseur du Soudan dans le domaine du pétrole73. Quant à la Russie, elle est le plus grand fournisseur d'armes du Soudan74.

Le préalable au vote de la Résolution 1593 fut ponctué par des considérations relatives aux politiques menées par certains Etats. En effet, au regard de la résolution 1591 votée deux jours avant le renvoi à la CPI par le Conseil de Sécurité de la situation au Darfour, on peut constater le manque de « coercition » de ladite résolution. Les dispositions n'incluaient nullement des questions relatives aux ressources pétrolières, qui représentent 90% des exportations du Soudan, de peur d'un veto chinois75. Concernant la Russie, les membres s'accordèrent à ne pas y mentionner un embargo sur les armes, concernant la région du Darfour. De surcroît, comme le note Rodman, pendant

71 Lutz Oette, « Peace and Justice : the repercussions of the Al-Bachir case for International Criminal Justice in Africa and Beyond», Journal of International Criminal Justice, Vol.8, p345365, 2010 (p359).

72 Voir la Résolution 1970 du Conseil de Sécurité du 26 février 2011, renvoyant à la CPI l'aval quant à une ouverture d'une enquête concernant les attaques commises par le pouvoir libyen.

73 Kenneth Rodman, « Darfur and the limits of legal deterrence », Human Rights Quarterly, John Hopkins University Press, p529-560, 2008.

74 Rodman, p.543

75 Rodman, p.547.

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que le vote de la résolution avait lieu, la Russie concluait un contrat de ventes de bombardiers de combat Antonov. Dans un article du Financial Times, Kenneth Roth, qui prédit le renvoi de 2005, affirma également quelques mois avant le vote, en novembre 2004, que les membres devaient être prudents à l'égard de l'intérêt pétrolier de la Chine au Soudan76 (« China's oil interests in Sudan make Beijing reluctant to endanger the Sudanese officials behind the Janjaweed. Yet, ending the killing would help prevent the conflict from disrupting oil supplies. And China should be reluctant to be the sole obstacle to helping Darfur»).

Le manque de volonté politique de la part du Conseil de Sécurité se manifeste également dans la mise en oeuvre de solutions opérationnelles. Alors que les forces de maintien de la paix furent mises en oeuvre par l'Union Africaine (AMIS) fondé en 2004, et composé de 7.000 hommes, l'ONU décida d'effectuer une collusion avec celle-ci, dans le souci d'avoir une force de maintien de la paix hybride, en créant l'UNAMID (« United Nations Hybrid Operation in Darfur »), force qui fut approuvé lors du vote de la résolution 1769 du 31 juillet 2007. Bien qu'elle fût dans un premier temps refusée par le Gouvernement du Soudan, cette force forte de 26.000 soldats fut acceptée par le gouvernement77.

Quant à son impact, celui-ci fut très limité au regard de la fraction très faible qui fût déployée au Darfour, la carte géographique (datant de Janvier 2009) montrant effectivement que la majeure partie des forces est concentrée au Sud (Cf. Carte :UNMIS).

76 Kenneth Roth, « Bring the Darfur killers to the world court», Financial Times, 18 Novembre 2004.

77 Rapport annuel des opérations de maintien de la paix de 2008, (Annual review of global peace operations), p77-78 (2008).

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Un dernier point relatif au « manque de volonté » du Conseil de Sécurité de résoudre le conflit et qui souligne le caractère symbolique des décisions politiques est la relative originalité du renvoi à la CPI par le Conseil. En réalité, la frontière est mince entre la résolution consacrant la création du TPIY et les résolutions 1593 et suivantes. Au manque de volonté du Conseil s'ajoute les carences de la Cour en matière de prévention, d'application et de finalisation (« enforcement ») des décisions.

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