La faillite du processus démocratique en Afrique( Télécharger le fichier original )par Honoré EBENGO ALFANI Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2011 |
§ 2. La gestion de la chose publiqueDurant les règnes de parties Etats, les dirigeants n'ont cessé d'assimiler les biens publics aux aspirations personnelles. Le pouvoir au lieu d'être au service de la majorité, celui - là était au service de la minorité. D'où la patrimonialisation de l'Etat, ce qui signifie pour les Etats africains la disparition de la distinction entre le domaine public et le domaine privé des dirigeants, ainsi que la personnalisation du pouvoir qui devient une source de la richesse13(*)de ceux qui ont le pouvoir. Non seulement les biens publics étaient confondus aux biens privés de dirigeants, mais aussi la corruption avait été remarquable. Elle était devenue la principale activité régulatrice des dignitaires politiques. Les parlementaires ne savaient plus consciemment le pourquoi de leurs présences dans l'hémicycle. La survie aidant l'homme politique africain avait eu des mauvais réflexes de se réfugier dans les agrégats identitaires. Les entreprises lancées au but public finirent dans la satisfaction de la minorité. C'est dans le pays que la redistribution par le haut, des prétendes et divers avantages du pouvoir est sujette à caution.14(*) § 3. La corruption comme mode de la gestionJusqu'au début des années 90 les théories fonctionnalistes dominaient l'analyse de la corruption en sciences politiques et économiques. Cette théorie considère la corruption comme un moyen efficace de contourner les règles ou les procédures administratives lentes permettant ainsi le développement économique. Ces auteurs soutiennent que la corruption favorise l'efficacité économique en dépassant les rigidités imposées par le gouvernement.15(*) Dire que la corruption permet un développement économique au sein de l'appareil Etatique, c'est confondre la variabilité de la corruption ailleurs et en Afrique. En Occident, d'une vue générale, la corruption est utilisée par le corrupteur pour lui faciliter de bénéficier ceux dont il a besoin, autrement dit les corrompus reçoivent la (corruption) le pot - de - vin pour faciliter le corrupteur d'avoir les documents nécessaires mais tout en s'acquittant de ses devoirs. Ici le corrupteur paie tous les documents mis à sa charge et l'argent donné entre dans la caisse du trésor public. En Afrique, le corrupteur n'a pas besoin de document. Le corrompu n'en fait aucun signe. Le corrompu est dans la position de faiblesse qui lui fait de ne pas apparaître rigide devant le corrupteur. Etant mal payé, mal logé etc. le corrompu cède facilement au corrupteur. Au lieu que la recette entre dans la poche de l'Etat, celle - la entre dans celle des administrateurs. MYRDAD et BARDHAN soulignent qu'il est possible que les agents publics créent de lenteurs ou des tracasseries administratives uniquement dans le but de percevoir le pot - de - vin16(*)sans que ceux - ci soulèvent un manque à gagner à l'Etat qui doit disposer les moyens énormes lui permettant d'atteindre le but pour lequel il est établi. Plusieurs auteurs ont énergétiquement infirmé les effets positifs de la corruption sur la croissance économique. NEO et SEKKAT montrent que la corruption agit comme un « grain de sable dans la croissance économique... ». La corruption comme mode de gestion s'était rependue à d'autres couches nationales, les épouses des militaires zaïrois, par exemple, allaient acheter les carburants dans les hangars des avions militaires. Cette vente fut devenue officielle, car elle était opérée devant les autorités militaires. Tous les jours l'entrée principale de la base aérienne de Ndjili était inondée des fût vides, des grands bidons et des récipients de tous genre, sous les regards jaloux de gardes qui, sans corruption, n'auraient jamais laissé passer ces nombreux clients qu'ils aidaient même à transporter les fûts dans les hangars et même jusqu'à la sortie.17(*) * 13 JIBIRIN I. in Jean François Médard, Etat d'Afrique noire. Ed. Karthala, Paris, 1991, p. 159 * 14 Jean François Bayart, L'Etat en Afrique. Politique du ventre, éd. Fayard, Paris, 1989, p. 301 * 15 EMMANUELLE LAVALLEE in Revue africaine contemporaine N° 220 (2006) p. 164 * 16 EMMANUEL, L. art. cit. p. 169 * 17 Jean François B. Op. Cit. p. 290 |
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