Surcharge pondérale : représentations( Télécharger le fichier original )par Dieudonné N'CHWEKI M. Université catholique de Louvain ( Belgique) - Licence en sciences de la santé publique [EDUS] 2006 |
Introduction(DP)L'immigration entraîne un bouleversement des habitudes de vie et demande un effort considérable d'adaptation du pays d'accueil. En particulier pour ce qui concerne l'alimentation, elle induit de nouveaux comportements alimentaires faits d'emprunts de nouvelles pratiques et d'abandons de pratiques traditionnelles. Une adaptation souvent délicate qui n'est pas sans conséquences sur la santé de ces population. Je veux récolter les éléments pertinents auprès des immigrés africains sur leur représentation du corps et de l'alimentation dans les perspectives d'un projet d'éducation pour la santé. Et je vous ai personnellement choisi pour participer à ces enquêtes. 1ère partie de l'entretien semi-dirigé : sur la représentation de la Santé et du Corps (DP) En juin dernier, au cours de notre travail de groupe, vous aviez évoqué dans votre discours , je cite : «Être gros est normal dans la majorité des pays en voie de développement. Ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables....». Dernièrement au début du mois précédent, en septembre, je vous ai administré un questionnaire pour choisir votre meilleure définition de la santé. Pour vous, la santé est l'équilibre : physique, biologique, mental, dans ma
(DP)Pour commencer, je vous prie encre de consulter ces différentes définitions de la santé ; Mais en quoi celle que vous avez choisi est la meilleure ? (Ng)En quoi, c'est la meilleure définition pour moi !... En fait, ce qui m'a poussé à choisir cette réponse est la situation dans laquelle je vit actuellement. C'est une question intéressante : «tambola na mokili omona makambo», (il faut voyager pour savoir les choses). Ma santé, c'est tout. C'est profiter de ma vie à tout moment, ce n'est pas consulter un médecin, c'est être heureux, c'est avoir la joie de vivre. Renforcée par mon C'est quelque chose, un trésor, un objet très précieux, alimentation, ma santé, c'est ma vie. Sans ma santé, je ne vis pas. Oui, je crois que c'est cela. mais très volatile. Je dois très précieusement conserver ma santé. Je compare ma santé au kérosène ou au parfum. Je dois la saisir au moment opportun et bien la conserver dans une vase étanche. Sinon, je vais la perdre. Perdre ma santé, c'est tiré une conclusion de ma mort, physique, mentale, spirituelle et sociale. (DP)?En disant que votre santé, c'est tout sauf votre mort : que voulez-vous dire par là ? (Ng)(mmm)Mon cher Dido ! Si vous connaissez le comédien camerounais, Ka-l'Africain, je suis vraiment d'accord avec lui : la santé est avant tout. Oui ! N'est-ce pas, c'est grâce à ma santé que je parviens à répondre à vos questions, à me déplacer, à faire face aux contraintes de ce monde de l'immigration. C'est qui fait que je sois bien dans ma tête, dans mon corps, dans ma peau, dans mon assiette et avec la société dans laquelle je vis. C'est cela ma vie rêvée. Mais, hélas ! Il faut avoir la force pour résister, sinon on craque tout simplement : c'est-à-dire, il ne faut pas que je me laisse faire et surtout ne pas avoir honte aux yeux des autres quand je dois revendiquer le droit de ma vie. Aussi (...), malheureusement actuellement, par rapport à la question de ce qu'est ma santé, je ne me considère pas du tout comme une personne équilibrée sur le plan surtout mental. Et cela se répercute sur ma santé physique et le reste. Je suis soumis à l'incertitude. Euh ! Je suis un mort-vivant, euh !
(DP)-*«Je ne me considère pas du tout comme une personne équilibrée sur le plan surtout mental». J'ai repris votre phrase : que voulez-vous dire par là ? (Ng)Ok. C'est-à-dire que mes problèmes qui, au départ sont d'ordre psychologiques, causés particulièrement par la pression de ma situation sur moi, se transforment depuis un certain temps, de plus en plus à un problème physiologique. Ma santé en est affectée. Je souffre d'insomnie, je manque d'appétit ! Ôpla ! donc, cela me crée des sérieux problème de santé, dont la gastrite. La situation s'est aggravée lorsque j'ai eu le rejet de ma demande d'asile au commissariat général aux réfugiés et apatrides ! Envois ton feu Seigneur. (DP)-*Si je vous ai bien suivi, votre santé est mobile. Mais comment expliquez-vous cela ? (Ng)Mais si ! Exactement ! Je veux vous dire que ma santé n'est pas un état statique ou fixe. Elle est instable, quelque chose qui bouge, qui évolue dans tous les sens. Pour dire, je suis en bonne santé quand je vaque sans faute à toutes mes préoccupations. C'est un moyen, une arme pour moi, une résultante multifactorielle. Je vais même dire que ma santé n'est pas une, mais plusieurs qui font Un : santé psychologique, santé sociale, santé physique, santé environnementale !. Ceci pour vous dire aussi, j'ai des difficultés de pouvoir vous donner la position exacte en temps réel de ma santé. Il faut vivre avec, je crois ! parce que s'il ne va pas dans la tête ou dans le corps ou dans la communauté, comme actuellement avec les guerres sans fin qui se sont établies chez moi au pays et arrivé ici, vous savez autant que moi. Il faut profiter maintenant de cette vie, car je ne suis pas rassuré de ce qui sera demain. Les gens nous acceptent difficilement. Laissez, pardon ! Mon Dieu !. (DP)-*Comment expliquez-vous cela ? (Ng)Comment j'explique cela ? Mais, c'est pas parce que lorsque je suis apparemment gros ou comme j'étais et en bonne santé que je le suis vraiment. Makambo ezali moto, (il y a des affaires mon cher). C'est la forêt qui cache les arbres. Depuis cinq ans, je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Et mon dossier se trouve toujours pendant devant le Conseil d'État Belge. Cette situation sociale et administrative ne me met pas dans une situation confortable d'équilibre. Je suis très inquiet de ma situation en Belgique, je ne travaille pas, parce que je n'ai pas droit, je n'ai pas droit non plus de bénéficier d'une assistance sociale, etc. Je dirai que pour les autorités belges, je n'ai pas droit de vivre, je n'ai pas droit de satisfaire, même à mes besoins de base : article 15 : « Débrouillez vous ». (DP)-*Je dirai donc que votre projet de vie est très affecté par l'évolution de ce dossier ? (Ng)C'est clair. Comment faire un projet quand (silence). Vous avez mon cher ami, pour moi, en tout cas je parle de moi, ce titre de séjour est mon assise pour que je puisse me tracer une voie de vie honorable et humaine en Belgique. Ce stress me coupe d'appétit et m'oblige de mener une vie qui ne se différencie pas de celle que mène les sans abris. Du coup, mon poids a chuté de 85 kg à 60 kg. Moi qui suis d'une taille de 168 cm. Mais je commence à reprendre mon poids. Par la grâce de Dieu, cette impression de ma déconsidération par l'état belge, m'expose de facto aux divers troubles d'ordre psychologiques, physiologiques, sociaux et la peur de me faire expulser d'un moment à un autre, etc. Cela me fragilise encore. C'est tuer le cadavre. Bref un déséquilibre global au niveau de ma vie et de la santé physique : affaiblissement, amaigrissement, psychologique : souci permanent, un peu la culpabilité, manque d'estime de soi, biologique : dysfonctionnement des systèmes circulatoire, nerveux, manque d'appétit, sociale : isolement, mendicité, sans résidence fixe. Est-ce qu'avec tout cela vous pouvez un instant parler de la santé des immigrés africains ? Ecoutez, mon grand frère mesure 1,82 m, et il se bat ces jour pour atteindre les 100 kg, son objectif. Mais actuellement, il ne beigne qu'entre 80 et 82 kg, et il n'est pas content. Il faut le voir alors manger, (rire). Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 80 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes (DP)?Selon vous, quelles sont donc les principaux déterminants de votre santé ? (Ng)Mon Dieu, mais je l'ai déjà dit, non. Vous êtes malin, mon cher. Est-ce que vous savez que chacun est roi dans son pays. La mauvaise alimentation est pour moi moi la conséquence du manque de moyens pour survivre. Mais comme je vous ai largement expliqué tantôt que ma santé est plurielle et dépend évidemment des plusieurs facteurs que je ne sais pas vous expliquer tous. En tant qu'immigré africain, ma santé dépend d'abord de ce qui se passe dans ma tête par rapport à ma situation de séjour. Les autres facteurs suivent, dont quoi manger et comment, où dormir, la relation sociale, amusement, être dans mon corps, etc. «Un esprit saint dans un corps sain» dit-on. (DP)Que diriez-vous en plus au sujet de votre santé comme le don de Dieu ? (Ng)Il faut prier. Seigneur que Ton feu descende sur moi. C'est Dieu qui donne et c'est encore Lui qui reprend. Donc, à Lui seul la gloire et les louanges éternelles. Ma santé est le don de Dieu. Je ne dois pas me décourager, je dois bosser dur, je dois me battre pour la gagner et maintenir ma décision de réussite jusqu'à l'accomplissement de la volonté de mon Dieu et non pas à celle des hommes. Je met mon espoir dans le Seigneur et je suis sûr de sa parole. Je veux que les autorités belges se réveillent, qu'elles prennent conscience pour aussi me donner le droit de vivre ma vie comme eux. Ma vie c'est ma santé. Travailler, c'est la vie. Souffrir, c'est aussi la vie, mais mourir c'est le déclin de la vie et «ozangi bisengo», vous manquez le plaisir ! (DP)Si je vous ai bien suivi, vous êtes fidèle à vos croyances spirituelles. Votre corps est le temple du Seigneur. Ce qui vous renforce et vous soutien dans votre combat d'incitation des autorité belges à prendre conscience et leur responsabilité humaine à l'égard de votre existence. Votre santé est votre vie, un plaisir, une jouissance de vivre, un état instable qui bouge dans tout les sens ; C'est un équilibre entre les différents facteurs qui l'influencent. Elle est fonction des facteurs psychologiques, spirituels, physiques, biologiques, socioculturels, alimentaires, etc. Votre santé n'est pas «une» santé, mais «des» santés qui font «Un». Et, l'évolution de votre dossier de demande d'asile occupe se constitue comme le noyau de votre santé, auquel sont rattachés les autres facteurs. En allant au fond, pour vous un esprit saint ne peut qu'habite un corps saint. Votre santé est donc le don de Dieu. (Ng)C'est ça ! Vous avez dit l'essentiel.. Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP) Merci beaucoup (Ng). Mais en vous ayant entendu parler d'«Un esprit saint dans un corps sain». Que voulez vous dire par cette phrase ? (Ng)Je vous répond par ceci : mwili wako ni hekalu la Mungu, hakae roho. Mbona unaichafua. Unavuta sigara, unaijaza moshi kama gari moshi inaelekea Moshi, (ton corps est le temple du seigneur, où réside son Esprit. Pourquoi, fumes-tu la cigarette est remplir ton corps de la fumée comme le train qui va à Moshi. Mon corps doit être sain et non pas un réservoir des déchets. Pour moi tout est dit dans ce strophe, parce que mon corps n 'est pas le dépotoir des déchets, mais le temple du Seigneur. Je dois le soigner en lui apportant les éléments nécessaires. C'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur. Voyez-vous ça ! (DP)Qu'est-ce que vous faites pour attirer l'attention des gens sur vous ? (Ng)C'est simple et compliqué. J'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens. Je fait un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches. Je n'oublie jamais de brosser mes dents et de prendre soin de ma bouche pour éliminer les odeurs, parfois désagréables aux autres. Pour les gens comme je suis propre, je respecte mon corps, c'est ça ! Même si l'habit ne fait pas moine, j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant sa confiance dans l'Amour de Dieu. Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure. (DP)-*Qu'est ce que vous appréciez, lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois. Qu'elle soit un homme ou une femme ? (Ng)Vous savez, lorsque je rencontre une personne, la première chose que je regarde est sa tenue, c'est très important. Comment est-elle vêtue ! Si c'est une femme, à plus de sa coiffure et de sa tenue, j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, etc. sa beauté, appelons le chat par son nom, ses fesses, ses seins. Pour parler de ses seins, de façon générale, ils occupent une grande place dans la vie des femmes. (DP)-*Pourquoi ? (Ng)Parce que les seins sont des symboles de maternité, d'intimité et de sécurité. Les femmes entretiennent avec leurs seins des rapports complexes. Mais il y a aussi des gens que je rencontre et qui gagne sans effort sympathique. Oui je vie ça aussi. (DP)Comment décrivez-vous votre corps ? (Ng)Beaucoup de choses que je ne saurai pas tout vous expliquer : vous savez que mon corps, ce corps que vous voyez là, est une machine que personne ne maîtrise son fonctionnement à fond, sauf Dieu qui l'a créé. C'est une enveloppe sacré pour moi. Je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée. Tout y est lié, interconnecté... En cas de déséquilibre entre les différents organes, appareils et systèmes, le corps ne fonctionne plus correctement. Mais le corps que j`ai, c'est un corps meurtri. La situation est difficile ! (DP)-*Comment l'expliquez-vous ? (Ng)Par exemple, pour le moment, je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Mon dossier se trouve pendant devant le Conseil d'État. Ce qui fait que mon corps est loin d'être en équilibre, car le souci lié à cette procédure d'asile me perturbe à fond. Ce stress m'apporte la rouille dans les engrainage de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays. Pour vous dire, franchement c'est comme ça que fonctionne mon corps, comme une voiture, un vélo. En tout cas, sans pédales, il est impossible si pas très difficile de rouler à vélo ! C'est impossible, ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 82 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes (DP)-*Comment votre corps réagit-il contre les agressions internes et externes ? (Ng)Mmm ! Je suis chrétien croyant. Et c'est ma foi qui oriente ma réaction. Elle assure ma sécurité et conduit mes actes, disons comme ça euh ! Mais il faut la soutenir par des prières, si non ! Dans l'état actuel de chose, comme vous le voyez, j'ai la morale trop basse, peut-être avec peu de foi. J'ai un corps avec le par-choc, en carton qui se ramollie comme le carton mouillé, me rendant ainsi très est vulnérable. Je suis à cause de ma demande d'asile soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir physiquement et intellectuellement (mopaya zova (l'étranger est un idiot). À cause de ce titre de séjour. Alors que j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille, etc. N'est-ce pas là ces quelques conditions minimales pour survivre humainement. Mais l'ai-je vraiment droit ? Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop (...), etc. pfrr ! Je suis un humain comme tout le monde. Lorsque j'ai des émotion ou ai reçu des mauvaises nouvelles, je tremble, j'ai le coeur qui bat trop vite, je transpire...pour moi, ces signes me permettent d'extérioriser ce qui se passe en moi. Comme je suis croyant, je remet le tout, bonne ou mauvaise nouvelle entre les mains de mon Dieu ! Mais ce que je peux aussi vous dire, quand il faut prendre une décision, j'essaye de fois d'être rationnel à côté de mon coeur, ma foi ! -* Interruption de trente minutes (30) pour e manger ! (DP)-*Comment cherchez-vous donc à vous protéger contre ces agressions ? (Ng)Chaque week-end je vais à l'Église, prier avec mes frères et mes soeurs en Christ et me ressourcer en Esprit à l'amical. Je vais chaque samedi prier avec la communauté fraternité africaine Karibu. Essayer de vivre spirituellement, comme les autres. C'est très difficile surtout lorsqu'il faut être tout le temps dans ces situations d'irrégularités. Nous sommes tous des passagers sur cette terre, à Dieu Seul louanges et la gloire éternelle. C'est ce que les politique ignorent (silence). (DP)-*Voulez-vous dire que les immigrés africains ne sont pas bien accueillis en Belgique ? (Ng)Umm ! Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais de toute les façons, je n'ai pas de choix et je pense que j'ai le droit de dire ce qui entrave mes droits humains : Dieu ne m'abandonnera pas. Peut-être ceux qui ont les oreilles d'entendre m'entendront et ceux qui ont la foi, me croiront. Ce qui est pire ! Ces conditions déshumanisantes des immigrés ! C'est pas possible, incroyable mais vrai ! C'est très frustrant pour moi que je sois ici considéré comme un «profiteur», un mendiant, un pauvre, un sans droit à la vie digne de ce nom, (...).Je l'ai senti à mon arrivée à Zav (...). (...). (DP)-*Comment ? (Ng)Que voulez-vous que je dise. Regardez : j'ai été contraint de dormir dans des dortoirs où dorment les tuberculeux potentiels, des fumeurs, des personnes parfois qui puent comme des cadavres. Je n'ai pas fermé l'oeil pendant le deux nuits dans ces conditions. Je n'oublierai jamais cela. Les immigrés sont des indigents, des clochards de cette société ! Vous imaginez la vie que je mène pendant ces cinq ans sans un document administratif officiel ? Ahh ! Laissez tomber. Mais mon corps est pour le Seigneur ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)-*C'est pas trop dur ce que vous dites là ? (Ng)Comment et c'est dur en quoi ? Ne sommes-nous pas dans un État, dit de droit ou pas ? C'est la démocratie ! Mon frère il ne faut pas être distrait ou hypocrite. Excusez-moi, parce que ceux qui nous ont accueilli ici, ne veulent pas nous considérer à notre juste valeur, d'humains et autre. Les noirs, ohhh...ces africains là (...) laissez-tomber. Mais si dieu est pour moi personne sera contre moi. Puis-je encore dire quelque chose ? (DP)-*À vos ordres. Vous avez la parole ! (Ng)Dans la langue, il est dit : «Oyebi que soki bongo ebosani to esali faute, nzoto mobimba ekofuta faute ya bongo»,(si le cerveau a oublié ou commet la faute, c'est tout le corps qui paye le frais). À chaque fois que je pense à cette condition de vie et cette situation de séjour irrégulier, à ce dossier qui de toute façon occupe le centre de ma survie ici en Belgique, mon appétit s'évapore, je m'affaibli physiquement, biologiquement, etc. Heureusement que j'ai des cassette audio des chansons religieuses qui me servent des tampons sur le plan spirituel. Tout est vaniteux dans ce monde des hommes. La terre passera et la parole de Dieu demeurera pour toujours ! Mais, si Dieu est pour moi, qui d'autre sera contre moi ! Lui qui a calmé la tempête, alors que ses disciples étaient au bord de noyade. Il est ma force, mon unique bouclier, etc. Je me remet en Lui ! Je m'agenouillerai à chaque instant pour l'adorer ! (DP)Comment utilisez-vous votre corps pour communiquer aux autres ? (Ng)Mais, moto, oyeba e te mobali alobaka mingi te, (mon cher, sachez que l'homme ne parle pas trop) même si ma ouche sert à exprimer ce que je pense.... J'ai été éduqué comme ça et c'est aussi ce qui se passe dans ma culture. Je pense que cela renforce ma personnalité et mon caractère d'homme. Mais, comme dans une moule, mon corps doit s'adapter aux diverses situations. Par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres. Par les signes de mains : en pointant mon pousse vers le haut ou vers le bas, je veux dire bon ou mauvais, par le mouvement de la tête : secouer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, signifie respectivement le refus et l'acceptation .Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouge, je respire rapidement, etc. Quand je marcher rapidement, cela signifie que je suis pressé. Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en en travaillant, etc. De même quand il fait chaud ou en cas de la fièvre, je transpire. Quand j'aime, j'embrasse ! Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment, par exemple, appeler, etc. (DP)-*Parce que vous parlez de marcher, quels types d'activités faites-vous durant la journée ? (Ng)Que voulez-vous que je vous dise ! Je vous ai déjà dit, que je n'ai pas droit à la vie et même à la survie. Naturellement, j'aime le volley-ball et un peu le foot ; Mais, vous comprendrez que mon sport est la marche à pied, parce que je ne prend pas le tram et le bus si je n'ai rien dans la poche pour payer le ticket ! À la maison, pour me destresser, je reste plaqué dans mon petit fauteuil, écoutant les musique ou en visionnant la télé. C'est tout ! Eh, et j'ai aussi le vélo, qui d'ailleurs me sert beaucoup, pour aller à mon boulot de survie ! (DP)-*Dans cette condition, est-ce que vous n'avez pas peur de grossir ? (Ng)(Rire) Mon frère ce que je peux aussi vous avouer maintenant est que pour moi, si être gros comme ces blanc le qualifie est positivement perçue par les africains de sang et authentiques. Pour revenir aux activité physiques, il est vrai que pour moi ses bienfaits surpassent les méfaits de la grosseur. Mais, il ne faut pas que les occidentaux continuent à accuser la grosseur de tous les maux du monde, en négligeant l'ennemi le plus important, en l'occurrence les habitudes de vie des immigrés africains. C'est où le bas blesse, je crois (phrases censurées) Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
demande, d'infériorité, etc. C'est l'adoration ! (rire) C'est une manière de me confier personnellement à mon Dieu... Il est Grand en Amour !
(Ng)Pfff ! C'est d'une situation très instable que vous voulez que je vous parle. Parce que quand il fait chaud, froid ou tiède, mon corps se comporte en conséquence ! Quand je suis content, même d'une manière éphémère, comme c'est le cas maintenant, j'ai selon les dires des gens un visage rayonnant : j'ai l'impression de grossir en quelques seconde, je souris, j'éclate même de rire, de fois je saute, je suis hyperactif, je danse, etc. Mais dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche, etc. (DP)-*Donc, c'est-à-dire.... (Ng)Une minute. Je n'ai pas fini, s'il vous plaît ! De même en cas de tristesse, d'un échec, d'annonce des mauvaises nouvelles, je met ma tête entre mes deux mains, je perd d'appétit, je pleure de fois, comme ça a été le cas par exemple, lorsque ma demande d'asile a été rejeté par le CGRA. Lorsque je me fâche, j'ai le visage ride, j'ai la dilatation des pupille, je n'hésite pas aussi de lancer les injures, à taper le poing sur la table, à pleurer, à couler mes larmes, etc. En tout cas dans les deux cas, de la tristesse ou de la joie, je perd l'appétit ! je suis rassasié par les émotions, donc... (DP)Comment votre corpulence vous différencie des autres ... je veux savoir si votre image de corps vous distingue des autres ? (Ng)Vous voulez savoir comment je m'identifie par ma corpulence ? C'est ça ou les aspects de mon corps qui me différencient des autres ? (DP)Oui, oui...de tout cela... (Ng)Eh bien ce que je vais vous dire, je suis d'une famille qui avait des moyens. En tout cas dans ma région d'origine, où je suis né et grandi en RD Congo, tout le monde connaît mon père et notre famille, parce que nous avions des magasins. Nous ne maquions de rien. Dieudonné, la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance, mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance. (...), le fait que je me sens heureux. Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Pourquoi ? Parce que j'ai un grand réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions ! (DP)-*J'ose me faire l'idée selon laquelle vous appartendriez à une famille des gros ? (Ng)Bien sûr que oui. Dans notre famille, nous sommes tous des gros en santé. C'est dans le sang (...) parce que même mes parents sont gros. Nous le sommes, même si cette apparence traduit aussi le signe d'aisance, de la santé, bien sûr. Les gens doivent cesser avec leur hypocrisie. Je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier ! Mais, mais, mais, mais (...) Pour moi, je suis convaincu que les africains aiment la grosseur même si certains veulent se faire voir (...), je ne sais comment. C'est un choix socioculturel. Oui ! Les gens doivent arrêter de lier cela à la famine ou à perler de n'importe quoi ou de qui (...) Non ! (DP)-* En allant un peu plus en profondeur, comment votre corpulence vous distingue-t-elle des autres immigrés africains ? (Ng)(rire)C'est très difficile à expliquer ! Mais d'un rwandais Tutsi, oui ! Parce que je n'ai pas un nez effilé. Avec ma coiffure, je m'identifie facilement au congolais qu'à un rwandais. Il y a aussi la manière dont je prononce les mots. Ah c'est difficile... C'est clair que je suis gros par rapport à une personne mince. Si la minceur dans la société d'abondance est par contre valorisée, le surpoids l'est dans les société africaine. C'est normal, je trouve (vide). J'aime gros et je n'ai pas grandi dans la famine ; c'est ça ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 85 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes (DP)-*Personnellement, comment vous vous identifiez dans votre corpulence ? (Ng)Bien ! Je suis africain, je suis noir et du sexe masculin. Généralement d'une carrure imposant, gros. Et voilà la nature a fait que je me retrouve actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est le sens à donner à la misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence. C'est dramatique, vous le savez ! En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps. Comment voulez-vous que je puisse me reconnaître dans un corps qui ne promet pas l'élégance. Écoutez, les habits que je met ne donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille. Je ne suis pas un Éthiopien ou un Somalien, quand-même ! Les gens qui m'ont connu avant, s'ils me rencontrent aujourd'hui, ils se poseront des questions sur ce qui s'est réellement passé. Incroyable mais vrai ! (DP)-*Mais, que voulez-vous dire par «Éthiopien ou Somalien» ? (Ng)Généralement, les éthiopiens ou les somaliens traduisent pour moi et dans le langage de mon pays la pauvreté, la misère, la famine. Vous savez mieux que moi que le corps des enfants reflète la santé de la famille, de la communauté, de a société, de la nation, du continent du monde. Ils ne mentent pas. Dieu n'abandonnera pas les siens, par ce que je ne suis pas né dans le désert, là où il n'y a pas à manger. (DP)-*Que voulez-vous dire par là ? (Ng)Ce corps, mon corps, celui dans lequel mon esprit habite pour le moment, c'est une enveloppe qui n'est pas la mienne. Cette enveloppement est pour les «batu ya nzala na bazanga, mawa, (les affamés et les pauvres, malheureux). En tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi et je suis certain et pour beaucoup d'africains. Je suis désolé pour le sens que les gens donnent à ce type de corpulence. C'est manquer à dire, je pense ! (DP)Bien ! Mais quels sont les effets sociaux, favorables o défavorables que vous pouvez associer à votre corpulence ou image de votre corps, actuellement ou ntérieurement ? (Ng)(sourire) Ma grosseur c'est ma vie, c'est aussi mon plaisir même de vivre. Je vous demanderai de faire un petit tour dans votre vie. Parce que pour moi, chaque instant est une vie. Sachez que pour moi, je fait un effort pour survivre. Depuis que je grandit, je suis toujours gros. Et parmi les amis de mon âge, j'ai toujours été considéré pour le plus âgé. Comme pour dire que le fait de grossir signifiait aussi grandir, la sagesse, la responsabilité (mmm). Et ils me craignaient, surtout que je suis quelqu'un qui ne parle pas normalement trop. De ce fait, à cause de ces caractères et de ma corpulence évidemment, j'ai toujours été nommé le chef de ma promotion. (DP)-*Qu'est-ce que les gens ou vos collègues voyaient dans votre corpulence ? (Ng)En moi, ils voyaient beaucoup de choses, parce que j'avais même un sobriquet : ils voyaient en moi la force, la sagesse, l'autorité et le pouvoir naturel, l'appartenance à une famille riche, etc. D'ailleurs les gens m'avaient surnommé «Pépé Kallé», l'éléphant marchant de l'orchestre Empire Bakuba. Et les grosses affaires sont mes affaires (...) Là où je fait mon job de survie, les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je met le gilet. Dieudonné, je vais vous dire qu'après mes études à l'UNIKIN, ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueuse. Vous savez aussi bien que moi, qu'en Afrique et pour les immigrés africains, même ici, la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tendis que, la pauvreté est représentée par un homme squelettique, maigre, mince. Donc, je ne crois pas encore si vraiment les européens n'aiment pas le fait d'être gros ou tout simplement ils sont manipulés par les mas-médias. Ils m'appellent d'ailleurs Ministre. Est-ce par ironie, (bfrf) ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] plus de générosités ! Mais toujours ans cette harmonie du corps, entièrement ronde. Quelle gourmandise ! Si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, les fesses, les seins, etc. sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent seules et d'elle-même... oui c'est ça mon cher ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)-*Avez-vous déjà rencontré les réactions différentes par rapport à votre corpulence ? (Ng)Oui, oui ! Mais, vous me rappelez une histoire bizarre. J'étais alors en cinquième A du primaire. Notre classe devrait opposer une équipe de footballeur de la cinquième B. J'ai été classé défenseur comme j'étais gros. Certains de mes collègues me traitaient de chiffon, d'éponge. Mais je m'en foutais. J'étais trop fier et le suis encore de ma corpulence. J'suis bien comme ça. Le chien aboie et la caravane passe, c'est ça !. (DP)Selon vous, en tant qu'homme, que vous évoque alors votre corpulence ? (Ng)Depuis le début de cet entretien, nous ne faisons que parler de ça, je crois ! Déjà je vais vous dire une chose. Personne sur cette terre, personne aime avoir peu ou être petit. Les scènes se voient tous les jours dans nos vies. Et donc, pourquoi il faut interdire à quelqu'un de faire son choix d'être gros ou non ? Si être gros, pose vraiment de problème, vous en tant que (um), n'est-ce pas que c'est en Occident, ici où ils se comptent en milliers, des personnes grosses. Il me semble d'ailleurs que plus de 50% des américains sont gros, et la Belgique n'en est pas du reste. Est-ce que c'est parce qu'ils ne sont pas intelligents ou qu'ils sont forcés à être gros ? Dites le moi. Même si les immigrés africains sont venu gonfler ce chiffre. Ceci pour vous dire qu'une fois de plus que le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir, signifie pour moi, est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, la force, la stabilité, l'aisance, à la beauté, patati-patata. (DP)Pensez-vous que les autres immigrés africains, les hommes seraient de votre avis sur la corpulence ? (Ng)(sourire) Chacun a son choix à faire pour sa vie, mais qui dans la plus part des cas est dicté par l'éducation de base au niveau de chaque famille. C'est une affaire de la culture mon ami et mon frère. Vous savez il n'y a pas de règles sans exception. Il est de tout évidence que pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir une homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable, etc. Être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité : soyons sérieux et honnête. Parfois, il faut rester là où on est. (DP)-*Quel est le sens que vous donnez au corps d'une femme enveloppée ? (Ng)Dieudonné, je vais vous dire que la conscience de chacun reste le juge ultime en ce sujet. C'est vraiment relatif, mais ce que je vous dis me concerne personnellement. Une femme enveloppée est pour plus mignonne, coquine ! Nous sommes et demeurons tous des africains, même immigrés bien intégrés, mais pas aliénés. Si pour les sociétés occidentales, les gros sont rejetés, il est important de souligner que la grosseur symbolise le succès social et suscite l'attrait et non la répulsion. Du moins pour moi, la rondeur est liée à la douceur, à la tendresse, à la beauté africaine ! Comme beaucoup d'hommes africains, j'aime les femmes rondes et leur rondeur. Je trouve que ces femmes possèdent tous les attributs naturel féminins qui peuvent me séduire.
Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)-*Est-ce la rondeur est-elle suffisant pour donner le sens de la féminité africaine ?
poitrine généreuse est souvent liée à douceur, à la tendresse. Pour moi, une femme ronde, elle est une femme, selon mon coeur et mon goût authentique. Tiens ! en parlant de poitrine généreuse, voilà une constance de séduction chez les femmes rondes... En règle général, elles savent parfaitement en jouer, pour mon plus grand plaisir... Et une fois sous la couette, quand on est gourmand comme je le suis ! Je pourrais aussi vous dire que je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle (?), plus..., et plus...Mais ceci est une autre histoire. Peut être, un de ces jours, au détour d'une rue... (DP)-*Je voudrai savoir ce que vous attendez de la corpulence d'une immigrés africaine ? (Ng) Mais tout est dit mon cher. La maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé... En sautant de coq à l'âne, une femme, africaine dans une robe ou dans une jupe, pour moi n'expose pas la beauté authentique. Pire encore ici en occident, quand tout le monde se confond dans le pantalon, on ne sait plus qui est qui est homme ou femme. C'est la démocratie ! Et puis, une femme lokola nzete ya pondu, comme la bouture de manioc (mince) ou des gros seins sans fesses ne vaut la peine. Moi, je veux un camion rempli des marchandises et non pas une voiture vide. C'est ça ! Une silhouette iconique ! (DP)-*Par curiosité, parlez-moi un peu de la corpulence de votre épouse ? (Ng)Quelle curiosité ! Mais, il n'y a pas de problèmes mon cher (rire), nous allons voir et apprécier ensemble. Euh ! La corpulence de ma femme que j'ai choisi pour ma famille et construire ma vie, a une signification très profonde pour moi : sa générosité, sa douceur, sa tendresse, son amour, sa beauté africaine... sont authentiques, je l'adore ! Elle est là sur la photo. Entendez, je vais vous la présenter. Dans ce corps je voyais la maternité assurée. Elle est là, loin de mes yeux mais tout près de mon coeur, avec notre petit garçon, notre fils «Grâce», est son nom. (DP)-*Qu'est-ce que vous voulez dire de la maternité assurée ? (Ng)La maternité ! Elle est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son sein, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges de la terre, comme déclamé, Camara Laye : «femme noire, femme africaine». Une femme pour moi, doit avoir la peau tendre, lubrifiée et non pas sèche, musclée comme un homme. Ce qui se passe ici est contre la nature, où les femme se confondent aux hommes dans leur corpulence. Je ne sais d'ailleurs pas si elles allaitent leurs enfants, parce qu'elle s ne veulent même pas concevoir, seulement (...) ! (DP)-*Donc, pour vou, la maternité est cette capacité de la femme de concevoir, d'accoucher et d'assurer l'allaitement au sein par la suite. Et que plus la femme est mince ou maigre, plus, elle court le grand risque de ne pas jour pleinement ce rôle de la femme, de sa maternité ? (Ng)Oui ! Je crois que toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme. La femme naturelle doit avoir suffisamment de réserve pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ce réserve pour la femme se traduit dans sa rondeur, dans la graisse. Vous comprenez ainsi, que dans le cas d'insuffisance ou d'absence de ce réserve en graisse, le risque est grand pour les accouchements prématurés ou même de faire des mort-nés. La catastrophe, n'est-ce pas ! Dites-le moi ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)Quels sont vos commentaires sur l'idée que vous vous faites de votre corps ? (Ng) L'Occident avec ses mas-média veut en effet exercer une influence sur le regard des hommes, particulièrement les africains. Mais la plupart d'entre eux ne voient pas les femmes minces et préfèrent les femmes rondes. Mais ce que je dois sincèrement vous dire ceci : la comparaison n'est pas la raison. Je me suis fait une réflexion qui m'était déjà passée par la tête : mon Dieu que les femmes blacks sont belles quand elles sont rondes ! Et inversement, est-ce que c'est le coté exotique qui fait ça, ou les rondes de couleur sont-elles vraiment plus belles ! Peut-être sont-elles tout simplement plus belles car mieux dans leur peau. La rondeur étant, en tout cas, il me semble d'après les quelques témoignages que j'ai vu, mieux acceptée, voir même appréciée par les hommes, moi y compris dans les cultures afro ! Ou le coté esthétique de la culture afro met-il simplement plus les femmes rondes en valeur. Rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourries et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a un certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires. (DP)-*Est-ce que je peux oser vous dire que votre apparence actuelle, est trompeuse ? (Ng)oui et non. Mmm, vous n'avez pas tord. Je crois que l'image de mon corps actuel relève du schéma corporel au niveau social critique dans lequel je suis. Elle est selon le contexte, loin de ce que je veux être. Comme la santé, mon corps est une entité à double face visible et invisible. Et c'est exactement sur cet aspect de chose que les pubs s'appuient pour imposer leur ligne de conduite, ainsi que jouer sur le comportement des gens. Voilà c'est ce qui crée de fois la non coïncidence entre la représentation du corps physique et l'image réelle que l'on s'en fait, son corps invisible que je considère comme l'idéal. (DP)-*Est-ce que cette situation de déphasage vous affecte-t-elle ? (Ng)Ah oui ! Vous savez qu'à cause de ce déphasage, mon corps et devenu une source de ma culpabilité et de la honte de mon identité personnelle. Être maigre, n'est pas mon état préféré. Je pense que des efforts devront être consentis par les décideurs pour éviter aux immigrés Africains, (comme moi) de tomber dans ce genre de piège, qui banalise la culture africaine. Si mon corps physique est le reflet de mon corps invisible, il est à jamais le temple de mon Seigneur (DP)Donc, votre corps est visible et invisible. Entre votre corps visible et votre corps invisible, il existe une relation réciproque d'influence pour être en équilibre, en santé et dans un environnement global. Ainsi, votre corps serait un outil de la séduction, un moyen de communication, un sièges des émotions, des sentiments, des affects, etc., un structure mécanique, un trait identitaire, un signe du pouvoir, de la force, de la protection et d'autorité naturelle, le temple du seigneur, le témoin de la santé, etc. (Ng)Tout à fait, c'est très complexe oui ! (DP)En tout cas merci beaucoup de m'avoir accueilli chez vous et surtout de bien vouloir m'accorder cet entretien aussi riche. Le temps nous étant très limité, je souhaiterai revenir en vous la semaine prochaine pour la seconde partie de notre entrevue. Merci encore, et je vous laisse ces quelques heures, le temps de vous préparer pour votre job de «survie». C'est grave, la vie. Merci encore «Ng». (Ng)Pas de quoi et à la semaine prochaine, si Dieu le veut. Prenez soin de vous, car chaque instant est une vie ! Chiao. (DP)Merci et à la semaine prochaine pour la dernière partie de notre entretien. Merci beaucoup pour votre accueil, vote générosité et surtout de vos disponibilités ! Fait à Anvers, le 09/10/005 : de 15h00' à 16h15'
(45'+30'=75', y compris les temps (30') de
manger) Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 89 Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes 2ème partie de l'entrevue semi-dirigée : la représentation de l'Alimentation |
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