WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Surcharge pondérale : représentations

( Télécharger le fichier original )
par Dieudonné N'CHWEKI M.
Université catholique de Louvain ( Belgique) - Licence en sciences de la santé publique [EDUS] 2006
  

précédent sommaire

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction

(DP)La semaine passée, d'avant, je veux dire, nous avons parlé de l'idée que vous vous faites de votre santé et de votre corps. Plusieurs facteurs ont été identifiés, dont l'alimentation. Cette seconde partie de notre entretien portera spécifiquement sur la représentation de votre alimentation, le sens que vous lui donnez dans votre vie, ce que vous en pensez. Je veux surtout que nous puissions plus parler de vous que des autres. Merci encore d'accepter que je puisse enregistrer cet entretien sur une cassette audio. De toute façon elle reste votre propriété privée.

(Ng) Il y a pas de problème. Nous restons dans le cadre prescrit par votre travail, comme vous me lavez communiqué au téléphone. Je suis à votre disposition, donc.

(DP)Et pour commencer, que savez-vous de votre alimentation ?

(Ng) Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, parce que mon père est polygame. Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même

si de fois, les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques.... Je vous assure que je mangeais

 

à la maison avec un grand

appétit et plaisir. Est-ce que vous savez apprécier le goût du riz quand vous mangez avec la fourchette ou à la main ! Ca c'est authentique. Je n'ai jamais ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je suis ici en Europe, où le stress et la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est

pas facile pour moi de manger seul... Pour le moment, mon alimentation est la survie et le moyen de survivre : c

'est avaler n'importe quoi sans en avoir

plus d'infos sur les conséquences dans le temps. De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision. Alors que manger,

c'est pour moi, manger ou s'alimenter naturellement. C'est-à-dire avec des aliments vrais. Et non pas faire manger les gens les produits travaillés dans les laboratoire comme des cobayes. De n'importe quoi !

(DP)-*Que voulez-vous dire par «manger au taux du jour» ? ?

(Ng) Sachez que manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver,

conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer. Ce processus n

est pas aussi évident pour les immigrés africains surtout s'ils sont des «sans

lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour

papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, régulier, vous êtes cuit pour la survie !

(DP)-*C'est-à-dire que sans ce document vous ne pouvez pas vivre : c'est cela...

(Ng) (sourire)Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie. Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller

les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko ! (dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi !). Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau.

Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les

pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle. (DP)-*Qu'est-ce que vous aimez manger dans cette situation

difficile ?

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

90

(Ng) «Loso na pondu», du riz avec du sombé (feuille de manioc) ! Je suis né dans la région de (X) en RD du Congo. Cette région est réputée dans la production du riz. Je suis né et grandi dans et par le riz. Il y a aussi d'autres aliments, comme les bananes, le foufou, les patates douces. Mais, pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger.

(DP-*Qu'est-ce qu'un aliment pour vous ?

(Ng) Un aliment est tout ce qui se mange ! Attention, il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés comme des poisons. Je vais

! De la cigarette, en passant par l'eau au riz,

citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent

je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection. Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent.

(DP-*Quelle signification vous donnez-vous aux lipides dans votre alimentation ?

(Ng) Je vais vous dire que dans le cadre de cette entrevue, vous devez retenir que l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmente le plaisir de manger. Moi personnellement je n'aime pas manger les repas préparé sans huile. Il n'est pas possible de faire la sauce rouge... En outre manger de la graisse, de l'huile est aussi le signe d'aisance !. «Recevoir sa part du porc bien gras», est une expression qui trouve tout son sens ici. Oui..., le goût et

l'apparence du plat, est le travail de la graisse !

(DP)-*Quels sont les rôles de ces aliments dans votre organisme ?

(Ng) Je ne suis pas biologiste ou scientifique, mais pour moi, les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et

d'assurer ma santé, ma survie. Ils sont composés des nutriments qui entretiennent mon équilibre physique, biologique, psychique et sociale.

Sans ces

 

ma

aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé. Vos savez, Dieudo,

survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu ! Mmm..., mais, mais, malheureusement dans beaucoup de cultures africaines, les gens mangent deux fois par jour et leurs organismes s'en sont ainsi adaptés. Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin. Cette situation est pour moi un risque qui sait qu'elle toucher ma génétique, si j'y demeure !

(DP)-*Mais alors quand et où aimez-vous manger ?

(Ng) Je peux vous dire que bien manger en famille, surtout à midi et le soir, de fois avec les amis, c'est à la fois manger bon et manger sainement,

apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir ! Se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement. L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. Je crois que mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles, etc.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Ces

concerne les légumes, je crois le pondu est aussi un légume vert. Et si vous voulez parler des salades ou des légumes frais et crus, je suis désolé !

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

91

histoires ne sont pas de mon goût. Ca coûte cher pour rien. Etondisaka mpe te, (ça ne fait pas rassasier). Normalement, je mange d'abord pour apaiser la faim et survivre, puis par envie et le reste. Seulement ma marge de choix étant très limitée dans mon alimentation, j'essaye d'être plus rationnel. Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas.

(DP)Que (res)sentez-vous lorsque vous mangez avec appétit le plat de votre choix ?

(Ng) Laissez-moi vous dire quelque chose. J'aime croquer les carottes de maïs frais, comme du riz au sombé, je mange aussi le foufou, la patate douce, les banaes patin, surtout mures... J'adore ! Quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, un extase d'appétit, un sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit, etc. Je mange alors avec l'appétit de loup, comme si je le faisais pour la dernière fois. Je vous dit que ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source : je vois... C'est cela que je considère comme bien manger pour établir l'équilibre entre mon corps physique, mental et social. Je transpire ! Je

crois même que c'est à ce moment précis que je peux parler de l'expression : «un esprit saint dans un corps sain». En tout cas ce sentiment soutient le propos selon lequel on ne mange bien chez soi, qu'ailleurs.

(DP-*Comment ça se passe ou ça se passait chez vous en famille ?

(Ng) (rire) Chez nous en famille c'est la joie et le plaisir de manger. Laissez-moi vous redire ce que j'avais déjà dit : que manger était chez nous comme une fête, la kermesse. Ici, le groupe d'enfants, là les femmes et de l'autre coté les hommes et là les vieux.... La radio de papa était toujours posée sur le seuil de la fenêtre de notre véranda de la cuisine. Cette ambiance faisait que grandir l`appétit de manger. Et je mangeais ! En tout cas la quantité d'aliments que je mangeais chez nous en famille, nakamwaka tango mosusu ngai moko, (je m'étonne parfois personnellement). Mais lorsque, j'étais à l'Isc, là c'était la «jocole». Je m'efforçais à manger, mais seul mon cher, avec le souci des études et la solitude, l'appétit ! Je manquais souvent d'appétit. Quand je rentrais en vacances, à la maison, je faisais le rappel pour manger ! Rattrapage.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

(DP)-*Comment ça se passe ou se passait chez vous en famille, le kermesse de manger ?

(DP)Les fruits et les légumes, ne les mangez-vous pas) ?

(Ng) Chez nous par exemple, à la maison en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du

(Ng) Oui, mais très rarement. Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. Ce qui est compliqué dans ma façon d'être est que je n'aime pas manger dans a rue, mais à la maison et dans un endroit précis, à la maison au salon, comme je n'ai pas assez d'espace. C'est comme cela que j'ai été éduqué. Pour ce qui

domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens. C'est ça ! Malheureusement, le maintien d'une tradition alimentaire spécifique chez les immigrés africains dans leurs milieux de résidence, n'est pas toujours facile à persévérer, et dépend entre autre des facilités d'approvisionnement alimentaire.

(DP) Comment vous identifiez-vous par votre alimentation ?

(Ng) (rire) Ah bon ! Comme tout immigré, (...) je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés. (...) depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire.

Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité. C'est une notion difficile à expliquer en ce peu de temps. Mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. Je crois que dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient. Mais, le problème qui se pose, comme pour tout immigré, est qu'à partir du moment où l'alimentation est inscrite dans un système social autre, on ressent les tendance de refouler ses pratiques alimentaires pour adopter celles d'ici. Cette conflictualité crée en soi une difficulté de son intégration globale.

du plaisir de manger ! Une fois de plus, je pense que l'on mange mieux chez soi qu'ailleurs. Je dois aimer et vouloir ce que je mange. Mon alimentation est ma santé, c'est ma vie, c'est ma spécificité, ma particularité, mon identité !

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

92

(DP)-*Pensez-vous qu'il y a des changements depuis que vous êtes ici en Europe ?

(Ng) Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi, Dieu pour tous et les autres pour le démon), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne. Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Comment avoir l'appétit lorsque je suis dans la plus part déconsidéré. Loin du racisme, nous les noirs, sommes soumis à une autre forme des pressions sociale et politique. Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit et le plaisir) que je vivais chez moi en famille. Mboka mopaya (pays étranger) !

(DP)-*Comment votre alimentation contribue-t-elle à la construction de votre corps ?

'est tout cela, qui donne le sens, la signification au manger et ainsi participer à la construction de mon corps, jusqu'à mon insertion

Vous savez que, c

sociale. Pour couper court, manger ce que je veux, ce que j'aime, me donne de l'appétit, du plaisir, je sens la force, la capacité de travailler, j'ai de

l'énergie et ça me rend heureux. J'ai la satisfaction, je sens l'accomplissement d'un désir. Bon,

c'est l'affection, c'est la satisfaction, c'est se combler

(Ng) Mmm...Vous avez Dieudonné. Manger en soi, n'est autre que tuer. Est-ce vous le savez ? Parce que pour manger, il faut tuer. Donc manger `est dévorer, c'est se venger pour survivre, (...). Déjà dès le bas- âge, le bébé se voit pousser ses dents, il essayer de mordre le mamelon de sa mère. C'est une pratique complexe. Manger permet d'apporter à mon corps des éléments essentiels pour survivre. Sans manger, ll n'y a pas de vie. C'est clair !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

93

(DP)?Si je vous ai bien suivi, vous voulez dire que chaque groupe social devra réfléchir sur son alimentation pour conserver son identité ?

(Ng)Bien sûr que oui ! Parce que ce que je vois, est que chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. Pour aller directement au but, je vais dire qu'aujourd'hui, j'ai l'impression que j'éprouve des difficultés à construire des règles culinaires, un tout petit différentes, à essayer de les repenser en fonction du processus d'adaptation là où je vit, et de considérer les techniques culinaires locales, de préparation. Mon cher du riz au sombé, comme tout autre aliment a une histoire, et dans ma vie. C'est la même chose que les frites avec la mayonnaise pour les belges, du vin pour les français, etc. Vous comprenez bien que derrière cette logique de l'alimentation, c'est quelque chose est transmise de génération en génération, etc. Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est

transmis, ça c'est certain. Les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré.

(DP)?Est-ce que vous voulez dire que c'est ce quelque chose qui cadre avec votre culture alimentaire ?

(Ng)Exactement ! Parce qu'en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes. Mais avec tout ce qui est de l'immigration, permanente ou temporaire, je me vois essayer de repenser mon système alimentaire en ne me fondant pas obligatoirement sur une logique identitaire et culturelle. Eh, eh, eh : tsya! Pardon ! Excusez-moi. Je suis un peu enrhumé. Cette merde de vie !

(DP)?À votre santé ! Voulez-vous ajouter quelque chose ?

(Ng)Merci. Ce que je veux dire aussi, est que l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou (...).

(DP)?Est-ce que vous pensez que la quantité des aliments que vous consommez, comme la semoule, la pâte, du riz, etc. a-t-elle changé depuis que vous êtes ici ?

(Ng)Je ne crois pas ; peut-être ! Je ne sais pas bien. Mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité : ça oui. Mais il arrive de fois que je n'ai pas d'appétit et je mange juste un peu, pare que je suis sous le coup de stress, des émotion (...)

(DP)Comment vous organisez-vous pour vous alimenter, pour manger ?

(Ng) (rire) C'est compliqué ! `abord, je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. Je travaille aussi quelque fois la journée. Et là je quitte la maison très tôt, vers 03h00' du matin pour revenir vers 20heures. Tantôt dans le restaurant, tantôt dans le champ, etc. Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux. Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue. Mais lorsque je ne travaille pas, j'essaye de me faire du plaisir de manger selon ma volonté et mes moyens. Argent !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

94

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

(DP)-*Voulez-vous dire que vous n'avez assez du temps pour votre alimentation. Mais que faites-vous pour conserver le reste de repas que vous avez préparé ?

(Ng) (ô, oh, rire) ! Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée. Par exemple quand j'achète du lait, ça ne fait pas trois jours avant que ça se gâte. Le repas que je préparer aujourd'hui, je peux encore le manger demain sans trop de risque. C'est pendant l'hivers que mes repas ne se gâtent pas vite.

(DP)-*Est-ce qu'il vous arrive de temps en temps d'aller manger au restaurant ?

(Ng) (signe de main) Non ! Ca c'est ue provocation. Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors

que je suis très limité du coté financier. Ceux qui y vont manger, ils se connaissent na bacoté wana (de ces cotés là). Vous savez, qu

'un plat que je

mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire. Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize. De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental

ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...)

(DP)-*Quelle est la part de votre alimentation dans votre budget ?

(Ng) (rire) Sans trop de commentaires, je vous dirai que tout ou presque, ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici (...). Je vous prive des autres infos privées. Ici c'est top secret ! En chiffre, je vais dire environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie !

(DP)-*Comment conservez-vous vos aliments non préparés ?

(Ng)Pour ces aliments, il n'y a pas de problèmes majeurs, surtout que les rats n'existent pas dans ce appartement. L'appartement comme vous le voyez est propre. Sauf seulement pour les aliments comme les pommes de terre, les choux, les tomates, etc. J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation.

(DP)-*Comment planifiez-vous votre alimentation ?

(DP)-*Que voulez-vous dire par là ?

(Ng)Je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...). Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique ! C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (pfss). Voilà ! C'est dur, dur, cette vie. Mon frère, s'il y a du mal, c'est d'être né et d'être réfugié classé au bas de l'échelle sociale dans un État qui se déclare démocratique et respectant les droits humains.

L'Europe risque d'être un mirage

(...)!

(Ng)Que voulez-vous dire ? Quand, à partir du moment où, pour moi, sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture. C'est un comportement dirai-je de manger, un peu boulimique. Je veux dire que j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière pour éviter ce trouble, que je qualifierai de psychologique et social.

95

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

(DP)-*Personnellement, il m'est très difficile de manger le matin les aliments durs. Mais je peux encore prendre du café, du thé. Mais vers 9-10h00' je me sens très fatigué. Et pour aller le matin au boulot, que faites-vous pour manger ?

(Ng)Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. Je n'ai pas évoqué ici la question de la bombonne de gaz que j'utilise pour cuisiner. C'est compliqué ! Quelle galère ? Merde (ouff) Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger (...). Mais de fois, j'utilise aussi ce réchaud pour réchauffer le plat. Malheureusement ça marche lentement, pas comme le gaz !

(DP)-*Or, il me semble que la prise en charge des immigrés est inscrite dans le programme de l'assistance humanitaire du gouvernement belge ?

(Ng)Vous y croyez vraiment ! Je dirai que la situation que je traverse actuellement en immigration, est pour moi un crime masqué contre l'humanité ! Je vais vous présenter un cas : le mois dernier, j'avais préparé de la viande de porc avec du haricot blanc. Comme mon frigo devait être dégivré, j'ai laissé la casserole sur la table de la cuisine. Le lendemain soir, j'ai rallumé le réchaud pour réchauffer ce reliquat. J'étais très affamé. Aussitôt fait, j'ai mangé une bonne quantité. Mais j'ai passé la nuit aux toilettes, je vous assure. J'ai eu la diarrhée provoquée parce que j'ai mangé ce repas gâté, périmé ! J'ai dû recourir au bon sens pour me soigner seul sans aller consulter les médecin.

C'est pas prudent, parce que je connais ceux qui ont été poursuivis par les policiers comme ça (ouf). Mpasi ya moninga bakoyokaka se na matoyi lokola lisolo. Kasi esala yo na motema lokola ye te, (la douleur de quelqu'un d'autre, on l'entend comme un histoire. Mais ce que vous ressentez dans votre coeur n'est pas comme ce qu'il ressent). Les wahiliphones ne disent-ils pas : « Wanaokaa kwako wajaliwa heri, furaha inadumu milele kwao (ceux qui habitent chez vous, s'ils sont heureux, la joie demeurera à jamais en eux), et cet accueil des immigrés, particulièrement africains...» Laissez tomber.

(DP) Comment, pensez-vous que votre alimentation a des effets sur votre santé ?

(Ng) Absolument. Ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger. Mais les conditions dans lesquelles je vit actuellement me conduit vers une alimentation influencent négativement sur ma santé. À savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois que je dis ! Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses !

(DP)-*Vous voulez dire que vous mangez pour survivre ?

(Ng) Je ne vis pas, mais je survis. Je ne suis pas esclave du manger ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.

(DP)-*Pensez-vous que dans ces conditions, il vous est possible de bien manger ?

(Ng) C'est là où se situent, où se resserrent tous les noeuds et les sens du manger pour nous les immigrés africains. Dans ces conditions; c'est très difficile de penser aux bons aliments, à manger équilibré, à être bien avec son alimentation (...). Ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète.

Or, je ne mange pas ce que je veux, comme je veux. Réellement, je souffre atrocement au fond de moi-même ! malheureusement, n

os cris ne sont pas

écoutés par ces décideurs pour nous assurer une vie digne de ce nom !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

96

(DP) Pourquoi êtes-vous obligé (e) de manger tous les jours ?

(Ng) Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. Pour cela, je pense qu'il m'est important d'être à l'écoute des gens pour que leur volonté de manger s'accomplisse. Quoiqu'il en soit, mon corps reste le temple du Seigneur que je dois soigner par le manger. Je mange toujours pour répondre présent à l'appel de mon Seigneur, mon Dieu. Si physiquement et biologiquement je survis, du moins spirituellement, je vis.

(DP)-*Vous n'êtes donc pas esclave du manger, c'est cela ?

(Ng) Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre. Ainsi dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment du bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va contre le commandement de Dieu, celui de sauver ma

vie, la santé. Que dire...encore...

(DP)-*Oui, oui... ?

(Ng)C'est vraiment dommage que le politique n'essaye pas vraiment de nous écouter, nous les immigrés africains pour, aussi nous donner les pleines chances de profiter de la vie ; cette vie, cette santé qui est le don gratuit de Dieu. Cet espace qui sépare la naissance de la mort. Comme si la loi de

vivre n'est faite que pour les marginalisés. Alors que le ventre affamé n'a pas d'oreilles. Cela est aussi mon cas et celui de tous ces gens. Oui, oui !

(DP)-*Mais, avez-vous posé la question au politique au sujet de votre santé alimentaire ?

(Ng) Je ne sais pas comment est-ce que nous devons faire pour être écoutés. N'est-ce pas, il nous voit gros, non, selon eux ! Je ne sais pas... Le politique avec la politique à deux vitesses. Mmmm ! Ce politique. Pourquoi il ne peut pas soutenir les initiatives comme celle-ci dans le processus d'intégration, d'insertion sociale des immigrés africains.

(DP)De tout ce que nous avons parlé dans cet entretien, quels sont vos commentaires sur votre alimentation ?

(Ng) Dans le cadre normal, lorsque je ne suis soumis à aucune astreinte, mon alimentation est une pratique libre, effectuée dans un contexte socioculturel et économique qui impose un certain nombre de connaissances. Je pense que mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé. Comme un ensemble d'éléments adjacents, le fait d'oublier ou d'ignorer quelque chose de l'alimentation, entraîne le risque de créer le déséquilibre. Je dois me placer dans ma chaîne alimentaire. Et cet emplacement, dans le cas qui me revient, est largement influencé par les décisions politiques des autorités belges et de mon environnement. L'idée est aussi de parler des immigrés africains, un peu concernant des critères de beauté chez certaines femmes qui sont enveloppés ou trop et qui se sentent jolie, mais peut-être un peu décalée des critères valorisés en Occident.

(DP)-*Donc, vous voulez dire qu'il y a intérêt à comprendre l'alimentation des immigrés africains pour tenter une négociation et mettre en place un projet efficace ?

(Ng)Oui ! Parce qu'il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés

qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie. Je pense qu'une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

97

(DP)?Dans ces conditions, pensez-vous que votre alimentation peut aussi être l'enfer pour vous ?

(Ng)(rire) Selon les messages et les messages radiodiffusés et télévisés, ainsi que dans les journaux, les nouvelles semblent alarmantes : les maladies

liées au fait de grossir sont classées au sommet de l'échelle des tueuses chroniques en Belgique voire en Europe. Je crois aussi ! umm ! Mais,

il faut

bien m'écoutez ! Manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie. Même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore !

D'un coté dans la sainte Bible, Jésus dit qu'Il est la vie et que celui qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle. De l'autre coté et toujours selon la Sainte Bible, il est dit que l'excès de table est un péché. Ceci pour vous dire que manger est un couteau à double tranchant qui peut effectivement être, à l'opposer de la jouissance, l'enfer si l'on ne fait pas attention à son alimentation. C'est-à-dire manger peut conduire le corps à

l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort. Bien sur que oui,

la santé vient en mangeant de toute façon. Moi, j'envie la grosseur,

je la vie, c'est dans la grosseur que j'identifie l'ampleur de la beauté africaine, la maturité humaine. Je ne sais pas jusqu'où il faut se limiter pour manger et garantir la santé.

(DP)Pour résumer, si je vous ai bien suivi, nepas savoir manger, un acte de mangers dans sa simplicité même, reste un acte sacré, c'est ne pas savoir vivre. L'alimentation, c'est le plaisir, l'équilibre, la convivialité, la santé, la vie la jouissance, la culture, la survie, l'organisation, l'identité, le don de Dieu, etc. De cette manière, l'alimentation entre dans votre vie par plusieurs voies, comme le signe de la solidarité humaine. Enfin, je vous dit merci de m'aider à compléter cette fiche pour e cas échéant me permettre de compléter mes données.

(Ng)Formidable mon cher.

(DP)Je vous remercie très sincèrement de m'avoir si très chaleureusement accueilli chez vous. Kwa kuonana tena. Aksanti. (À nous revoir encore. Merci) Buy, buy !

Fait à Anvers, le 16/10/2005 de 09h13' à 11h118' (1h05') Acteurs : Dieudonné Pascal (DP) et (Ng):

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

98

c.5. Matrice d'identification des participants à l'étude

Matrice 2 : Matrice d'identification des participants

0. N°:

1. Nom : / /

2. Prénom : / /

3. Adresse : / /

/ /

/ /

4. Tél/GSM : / /

5. E-mail : / @ /

6. Sexe : Masculin ; Féminin

8. Âge

(À compléter par l'enquêteur)

: <18 ans ; 18 ans ; >18 ans

8. Durée de séjour : <3 ans ; 3 ans ; >3 ans

9. Nationalité d'or. : / /

10. Niveau d'études. : Primaire ; Second. ; Super. ; Univ.

11. Spécialité : / /

12. Revenu Mensuelle : <625, € ; 625, € ; >625, €

13. Occupation professionnelle : S.E. ; E.T. ; E.P. ; Retr. ; Chômage

14.

État civil : Célibat. ; Marié (e) ; Divorcé(e)

15. Statut administratif : S.P. ; D.A. ; Réf. ; Bel. ; Autres

16. Composition Familiale : 1 ; 2 ; 3 ; >3

17. Poids :

18. Taille :

kg cm

Fait à Anvers, le

_____/_____/2005

 
 

Enquêteur

 
 

Signature ou paraphe

N'chweki M. D.P.

 
 
 
 
 

Abréviations

 

SE

Sans emploi

Réf.

Réfugié

ET

Emploi temporaire

Bel.

Belge

EP

Emploi permanent

Univ.

Universitaires

Retr.

Retraité

Super.

Supérieurs

SP

Sans papier

Second.

Secondaires

DA

Demandeur d'asile

 
 

99

(d) Résultats et conclusion

Analyse (classement) du contenu des discours des immigrés africains

Pour analyser les informations contenues dans les discours [du photolangage et de l'entretien semi-dirigé] des immigrés africains. J'ai procédé par des découpages en unités de sens par thèmes, afin de construire les catégories et les sous-catégorie. Seulement pour les catégories de la santé, je me suis basé sur les définitions empruntées D'Houtaud et coll.) :

d.1. Matrice de la catégorisation des représentations de la Santé

Matrice 5 : Catégorisation et sous catégorisation prédéfinies des représentations de la santé

5.1.

5.2.

5.3.

5.4.

Joie de vivre

Bonheur

Bonne moral

Bonne humeur

6. Hygiène

7.1.

7.2.

L'essentiel

La grande richesse

8. Prévention

9.1.

9.2.

Pleine forme

Pouvoir travailler

10.Non malade

10.1

10.2.

Ne pas être malade

Etre suivi par un médecin

Distribution des fréquence des réponses
des participants selon le concept de santé
de Claudine Herzlich

? Santé vide : 10, 8,

? Santé équilibrée : 1, 2, 3, 5, 6, 11, 12

? Santé capitale : 4, 7, 9.

La définition ou représentation de la santé

1. Usage hédoniste de la vie

Vie sans contraintes

Profiter de la vie

Ne pas penser à la maladie

Voir le médecin le moins possible

3. Équilibre

Bon équilibre physique

Bon équilibre mental

Bon équilibre biologique

Bon équilibre dans la famille

5. Référence au corps

Ne pas sentir son corps

Se sentir bien dans sa peau

Un corps sain dans un cops sain

7. Vitalité

4.1.

Pouvoir affronter tous les problèmes

 

4.2.

Optimisme

 

4.3.

Ne pas avoir peur de l'avenir

 

4.4.

Épanouissement

 

4.5.

Dynamisme

 

9. Bien-être psychologique

6.1.

Avoir une alimentation équilibrée

 

6.2.

Bien dormir

 

6.3.

Vivre la plus possible au grand air

 

6.4.

Avoir une vie régulière

 

6.5..

Avoir une vie saine

 

6.5.

Avoir bon appétit

 

6.6.

Se reposer

 

6.8.

Ne pas faire d'excès

 

6.9.

Sobriété

 

6.10.

faire du sport

 

7. Valeur de la santé

8.1.

Passer un bilan régulièrement

 

8.2.

Se surveiller

 

8.3.

Se bien connaître

 

8.4.

Mieux vaut prévenir que guérir

 

8.5.

Vivre le plus longtemps possible

 

9. Aptitudes physiques

1.1.

1.2

1.3.

1.4.

2.1.

2.2.

2.3.

2.4.

3.1.

3.2.

3.3.

(D'après D'Houtaud et coll., 1991)

100

d.2. Catégories des représentations du corps

Catégorisation des représentations du corps

1. Corps-Séduction :

«C'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur».

«J'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens. Je fait un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches. Je n'oublie jamais de brosser mes dents (...)»

«Même si l'habit ne fait pas moine, j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant ma confiance dans l'Amour de Dieu. Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure».

«lorsque je rencontre une personne, la première chose que je regarde est sa tenue, c'est très important. Comment est-elle vêtue ! Si c'est une femme, à plus de sa coiffure et de sa tenue, j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, etc. sa beauté, appelons le chat par son nom, ses fesses, ses seins»

«la grosseur symbolise le succès social et suscite l'attrait et non la répulsion. Du moins pour moi, la rondeur est liée à la douceur, à la tendresse, à la beauté africaine ! Comme beaucoup d'hommes africains, j'aime les femmes rondes et leur rondeur. Je trouve que ces femmes possèdent tous les attributs naturel féminins qui peuvent me séduire»

«C'est une séduction à grande échelle, qui ne veut autrement dire que plus de formes donc plus de seins, plus de générosité. Mais toujours dans cette harmonie du corps, entièrement ronde».

«Si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, (...) sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent seules et d'elle-même»

«(...) la rondeur n'est pas suffisante : le charme, la séduction et une tête bien remplie, sont autant d'atouts, parce que la rondeur et la poitrine généreuse est souvent liée à douceur, à la tendresse».

«je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle»

«La rondeur étant, en tout cas, il me semble d'après les quelques témoignages que j'ai vu, mieux acceptée, voir même appréciée par les hommes, moi y compris dans les cultures afro ! Ou le coté esthétique de la culture afro met-il simplement plus les femmes rondes en valeur. Rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourries et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a un certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires».

«La corpulence de ma femme que j'ai choisi pour ma famille et construire ma vie, a une signification très profonde pour moi : sa générosité, sa douceur, sa tendresse, son amour, sa beauté africaine... sont authentiques, je l'adore ! Elle est là sur la photo».

«Là où je fait mon job de survie, les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je met le gilet».

«je ne crois pas encore si vraiment les européens n'aiment pas le fait d'être gros ou tout simplement ils sont manipulés par les mas-médias, (...)»

«je suis certain et pour beaucoup d'africains. Je suis désolé pour le sens que les gens donnent à ce type de corpulence»

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

101

«je vais vous dire que la conscience de chacun reste le juge ultime en ce sujet. C'est vraiment relatif, mais ce que je vous dis me concerne personnellement. Une femme enveloppée est pour plus mignonne, coquine»

« une femme ronde, elle est une femme, selon mon coeur et mon goût authentique»

«L'Occident avec ses mas-média veut en effet exercer une influence sur le regard des hommes, particulièrement les africains. Mais la plupart d'entre eux ne voient pas les femmes minces et préfèrent les femmes rondes».

2. Corps-Mécanique :

«(...) mon corps, (...), est une machine que personne ne maîtrise son fonctionnement à fond, sauf Dieu qui l'a créé. C'est une enveloppe sacré...»

«Je me représente mon corps comme un ensemble de systèmes, un regroupement d'organes, comme une voiture qui a besoin des pneus en bon état, de volant, de radiateur, de la boîte à vitesse, du carburant, de l'huile de moteur, du moteur même, etc. pour fonctionner correctement et se comporter convenablement sur la chaussée. Tout y est lié, interconnecté...»

«En cas de déséquilibre entre les différents organes, appareils et systèmes, le corps ne fonctionne plus correctement»

«(...) c'est comme ça que fonctionne mon corps, comme une voiture, un vélo. En tout cas, sans pédales, il est impossible si pas très difficile de rouler à vélo ! C'est impossible...»

«À chaque fois que je pense à cette condition de vie et cette situation de séjour irrégulier, à ce dossier qui de toute façon occupe le centre de ma survie ici en Belgique, mon appétit s'évapore, je m'affaibli physiquement, biologiquement»

«Comme la santé, mon corps est une entité à double face visible et invisible. Et c'est exactement sur cet aspect de chose que les pubs s'appuient pour imposer leur ligne de conduite, ainsi que jouer sur le comportement des gens»

3. Corps-Sentiments, émotions, etc. :

«Ce stress m'apporte la rouille dans les engrainages de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays...» «Dans l'état actuel de chose, comme vous le voyez, j'ai la morale trop basse, peut-être avec peu de foi. J'ai un corps avec le par-choc, en carton qui se ramollie comme le carton mouillé, me rendant ainsi très est vulnérable. Je suis à cause de ma demande d'asile, soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir physiquement et intellectuellement»

«(...) j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille»

« Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop (...),

«Je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier»

«J'suis bien comme ça. Le chien aboie et a caravane passe, c'est ça» !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

102

4. Corps-Communication :

«(...) mobali alobaka mingi te, ( l'homme ne parle pas trop), même si ma bouche sert à exprimer ce que je pense...»

«M'agenouiller ! C'est un signe qui exprime ma foi, la grandeur de mon Dieu et ma faiblesse, ma petitesse. C'est un moyen pour moi de me mettre dans un état de demande, d'infériorité, etc. C'est l'adoration ! (...) C'est une manière de me confier personnellement à mon Dieu, parce qu'Il est Grand, ainsi que Son Amour» !

«Quand je suis content, même d'une manière éphémère, comme c'est le cas maintenant, j'ai selon les dires des gens un visage rayonnant : j'ai l'impression de grossir en quelques seconde, je souris, j'éclate même de rire, de fois je saute, je suis hyperactif, je danse, etc.»

«Par les différents gestes corporels, j'arrive faire passer mes messages aux autres. Par les signes de mains : en pointant mon pousse vers le haut ou vers le bas, je veux dire bon ou mauvais, par le mouvement de la tête : secouer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, signifie respectivement le refus et l'acceptation .Quand je me fâche, je bégaye, je transpire, mes yeux deviennent rouge, je respire rapidement, etc. Quand je marcher rapidement, cela signifie que je suis pressé. Transpirer en mangeant signifie aussi pour moi avoir un grand appétit, mais aussi la fatigue en en travaillant, etc. De même quand il fait chaud ou en cas de la fièvre, je transpire. Quand j'aime, j'embrasse ! Je peux encore me servir des gestes de mon corps pour m'exprimer différemment, par exemple, appeler...»

«dans des situations stressantes, si je me rappelle un instant de cette merde de la demande d'asile par exemple, j'ai le visage abattu, j'ai un corps fatigué. Quand j'ai peur ou frustré, je tremble, je bégaye, j'ai la bouche sèche...»

« en cas de tristesse, d'un échec, d'annonce des mauvaises nouvelles, je met ma tête entre mes deux mains, je perd d'appétit, je pleure de fois, comme ça a été le cas par exemple, lorsque ma demande d'asile a été rejeté par le CGRA. Lorsque je me fâche, j'ai le visage ride, j'ai la dilatation des pupille, je n'hésite pas aussi de lancer les injures, à taper le poing sur la table, à pleurer, à couler mes larmes, etc. En tout cas dans les deux cas, de la tristesse ou de la joie, je perd l'appétit ! je suis rassasié par les émotions...»

«une femme africaine dans une robe ou dans une jupe, pour moi n'expose pas la beauté authentique. Pire encore ici en occident, quand tout le monde se confond dans le pantalon, on ne sait plus qui est qui est homme ou femme. C'est la démocratie ! Et puis, une femme lokola nzete ya pondu, (comme la bouture de manioc mince) ou avec des gros seins sans fesses ne vaut la peine. Moi, je veux un camion rempli des marchandises et non pas une voiture vide. C'est ça» !

5. Corps-Identité :

«C'est clair que je sois gros par rapport à une personne mince. Si la minceur dans la société d'abondance est par contre valorisée, le surpoids l'est dans les société africaine. C'est normal, je trouve. J'aime gros et je n'ai pas grandi dans la famine, c'est ça» !

«Généralement, les éthiopiens ou les somaliens traduisent pour moi et dans le langage de mon pays la pauvreté, la misère, la famine».

«Je suis africain, je suis noir et du sexe masculin. Généralement d'une carrure imposant, gros. Et voilà la nature a fait que je me retrouve actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est le sens à donner à la misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence».

«C'est dramatique, vous le savez» !

«En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

103

«Écoutez, les habits que je met ne donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la

taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille. Je ne suis pas un Éthiopien ou un Somalien,»

«par ce que je ne suis pas né dans le désert, là où il n'y a pas à manger (...) mon corps, celui dans lequel mon esprit habite pour le moment, c'est une

enveloppe qui n'est pas la mienne. Cette enveloppement est pour les «batu ya nzala na bazanga, mawa, (les affamés et les pauvres, malheureux)».

«En tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi»

«(...) je suis convaincu que les africains aiment la grosseur même si certains veulent se faire voir (...), je ne sais comment. C'est un choix culturel. Oui !

Les gens doivent arrêter de lier cela à la famine ou à parler de n'importe quoi (...)»

«Dans notre famille, nous sommes tous des gros en santé. C'est dans le sang (...) parce que même mes parents sont gros. Nous le sommes, même si cette

apparence traduit aussi le signe d'aisance, de la santé, bien sûr»,

«la construction de notre image doit dépendre de nos interactions et de tout ce qui nous entoure, notre environnement»,

«Actuellement, plus de jeunes filles sont victimes de ces pressions sociales, puisqu'elles sont exposées à l'extrême importance qu'attache la société de la

beauté féminine, à la minceur qui en a fait une identité».

«Ils sont confrontés à des représentations du corps masculin extrêmement musclé ou chétif dans les médias, les cinémas».

«Depuis que je grandit, je suis toujours gros».

« c'est ce qui crée de fois la non coïncidence entre la représentation du corps physique et l'image réelle que l'on s'en fait, son corps invisible que je

considère comme l'idéal»

«je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Mon dossier se trouve pendant devant le Conseil d'État. Ce qui fait que mon corps est loin d'être en

équilibre, car le souci lié à cette procédure d'asile me perturbe à fond».

«Le regard de l'autre et votre propre regard vous soumettent à une double analyse, dont les conséquences peuvent s'avérer très importantes. Ils peuvent

vous fragiliser ou vous renforcer et vous rendre sûr de vous. Ce double regard représente dans des situations extrêmes, le facteur déclencheur de trouble

de représentations»

6. Corps-Maternité

«(...) les seins sont des symboles de maternité, d'intimité et de sécurité. Les femmes entretiennent avec leurs seins des rapports complexes»

«La maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé»

«Dans ce corps je voyais la maternité assurée»

«La maternité (...) est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son sein, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges de la terre...»

«(...) toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme. La femme naturelle doit avoir suffisamment de réserve pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ce réserve pour la femme se traduit dans sa rondeur, dans la graisse».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

104

7. Corps-Virilité :

«Être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité»

«(...) la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance, mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance».

«(...) je vais vous dire qu'après mes études à l'Isc, ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueusé».

«(...) le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir, signifie pour moi, est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, la force, la stabilité, l'aisance, à la beauté,»

«Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Parce que j'ai un grand réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions».

«Et parmi les amis de mon âge, j'ai toujours été considéré pour le plus âgé. Comme pour dire que le fait de grossir signifiait aussi grandir, la sagesse, la responsabilité (...). Et ils me craignaient, surtout que je suis quelqu'un qui ne parle pas normalement trop. De ce fait, à cause de ces caractères et de ma corpulence évidemment, j'ai toujours été nommé le chef de ma promotion».

«(...), la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tendis que, la pauvreté est représentée par un homme maigre, mince».

«(...) que pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir une homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable,»

«Certains de mes collègues me traitaient de chiffon, d'éponge».

d.2. Catégories des représentations de l'alimentation Catégorisation des représentations de l'alimentation

1. Alimentation-Convivialité :

«Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, (...). Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même si, de fois que les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques...»

«Je peux vous dire que bien manger en famille, (...) avec les amis, c'est à la fois manger bon et apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir de se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement».

«L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. (...) mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles,»

«(...) en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

«ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source (...)».

«je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés»

«depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire. Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité»

«mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. (...) dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient»

«chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. (...) Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis,(...)»

«les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré»

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

105

2. Alimentation-Plaisir :

«manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie».

«manger peut conduire le corps à l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort».

«Je vous assure que je mangeais à la maison avec un grand appétit et plaisir. Je n'ai jamais ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je

suis ici en Europe, où le stress et la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est pas facile pour moi de manger seul...»

«pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien

préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger»

«l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmenter le plaisir de manger»

«j'aime croquer les carottes de maïs frais, comme du riz au sombé, je mange aussi le foufou, la patate douce, les bananes patin, surtout mures...

J'adore ! »

«quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, un extase d'appétit, un

sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit,»

«lorsque je ne travaille pas, j'essaye de me faire du plaisir de manger selon ma volonté et mes moyens. Argent» !

«manger ce que je veux, ce que j'aime, me donne de l'appétit, du plaisir, je sens la force, la capacité de travailler, j'ai de l'énergie et ça me rend heureux.

J'ai la satisfaction, je sens l'accomplissement d'un désir. Bon, c'est l'affection, c'est la satisfaction, c'est se combler du plaisir de manger (...) l'on

mange mieux chez soi qu'ailleurs. (...). Mon alimentation est ma santé, c'est ma vie,...»

3. Alimentation-Identité :

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

106

«en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes»

«l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou »

«mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité»

«j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière»

«je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...)».

«même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore» !

«il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie (...) une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains» !

4. Alimentation-Organisation :

«Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko [dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi]. Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau. Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle»

« manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver, conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer»

«De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...)» «Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent»

«Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. (...). Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas»

«(...) je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. (...) Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux».

«Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue»

«Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize».

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

107

«Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée».

«J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation»

«C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (...)»

«Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi,...), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne»

«sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture».

«ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici. (...) environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie» !

«De la cigarette, en passant par l'eau au riz, je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de

l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection»

«Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. (...). Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger»

«Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors que je suis très limité du coté financier. Ceux qui y vont manger, ils se connaissent na bacoté wana (de ces cotés là). Vous savez, qu'un plat que je mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire»

«De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Ce processus n'est pas aussi évident pour les immigrés africains surtout s'ils sont des «sans papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour régulier, vous êtes cuit pour la survie»

«Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique» !

«Un aliment est tout ce qui se mange, qui se fume, qui se boit ! (...), il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés

comme des poisons. Je vais citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent» !

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

108

5. Alimentation-Santé :

«C'est cela que je considère comme bien manger pour établir l'équilibre entre mon corps physique, mental et social. Je transpire ! Je crois même que c'est à ce moment précis que je peux parler de l'expression : «un esprit saint dans un corps sain». En tout cas ce sentiment soutient le propos selon lequel on ne mange bien chez soi, qu'ailleurs»

«Ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger».

«À savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois que je dis»

«Ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète, mais, je mange pas ce que je veux, comme je veux. Réellement, je souffre atrocement au fond de moi-même» !

«Quoiqu'il en soit, mon corps reste le temple du Seigneur que je dois soigner par le manger. Je mange toujours pour répondre présent à l'appel de mon Seigneur, mon Dieu. Si physiquement et biologiquement je survis, du moins spirituellement, je vis».

«Ainsi dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment du bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va contre le commandement de Dieu, celui de sauver ma vie, la santé»

«(...), lorsque je ne suis soumis à aucune astreinte, mon alimentation est une pratique libre (...) mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé. Comme un ensemble d'éléments adjacents, le fait d'oublier ou d'ignorer quelque chose de l'alimentation, entraîne le risque de créer le déséquilibre. Je dois me placer dans ma chaîne alimentaire...»

«(...), la santé vient en mangeant de toute façon. (...), j'envie la grosseur, je la vie, c'est dans la grosseur que j'identifie l'ampleur de la beauté africaine, la maturité humaine. Je ne sais pas jusqu'où il faut se limiter pour manger et garantir la santé»

«Sans manger, il n'y a pas de vie»

«Mais les conditions dans lesquelles je vit actuellement me conduit vers une alimentation influencent négativement sur ma santé»

«C'est vraiment dommage que le politique n'essaye pas vraiment de nous écouter, nous les immigrés africains pour, aussi nous donner les pleines chances de profiter de la vie ; cette vie, cette santé qui est le don gratuit de Dieu ; (...) le ventre affamé n'a pas d'oreilles»

«L'idée est aussi de parler des immigrés africains, un peu concernant des critères de beauté chez certaines femmes qui sont enveloppés ou trop et qui se sentent jolie, mais peut-être un peu décalée des critères valorisés en Occident»

6. Alimentation-Survie :

«(...) les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et d'assurer ma santé, ma survie (...) Sans ces aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé»

«Pour le moment, mon alimentation est la survie et le moyen de survivre : c'est avaler n'importe quoi sans en avoir plus d'infos sur les conséquences dans le temps»

«Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin»

«Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision»

«Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit, avec du plaisir) que je vivais chez moi en famille»

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

- Participant -1-

Photolangage du groupe

Extraits de douze discours des participants

(... ) les types de corps que l'on recherche chez la femme changent avec la place que la femme occupe dans la société.

Dans plusieurs pays Africains, être bien en chair signifie être en santé. C'est la preuve qu'on a assez à manger. Les hanches pleines, le bassin large promettent des accouchements faciles et les gros seins, un lait abondant.

Ces pays où les rondeurs féminines sont souhaitables sont habituellement des pays où le rôle social de la femme demeure assez traditionnel, c'est-à-dire qu'on s'attend d'elle qu'elle enfante et nourrisse la famille.

Le gros étant celui qui mange plus que sa part, qui n'accepte pas la logique de la redistribution. Dès lors, le gros, le glouton est vu comme celui qui ne joue pas le jeu du don réciproque, celui qui prend sans attendre le don, qui reçoit sans rendre ou qui reçoit plus qu'il ne donne, sans se sentir soumis à l'obligation du contre-don. La grosseur est, dans cette perspective, moralement incorrecte, elle signifie l'égoïsme, atteste une perte de contrôle de soi.

La minceur demeure alors un signe d'intégrité morale, d'identité comme pour signifier que tout ce qui est occidental est parfait

(...)dans nos rapport avec l'autrui, nous avons toujours tendances à définir une personne à partir de certains traits de personnalité saillant, comme l'apparence physique.

Pour un Africain, ce que nous remarquons est que les gros ou les obèses sont censés par la société être des responsables, des chefs de file. (...) Ils sont perçus comme étant d'un commerce plus aimable, plus ouvertes à la communication et à l'empathie que les mince, les maigres.

(...) cet état peut aussi être le résultat d'un processus d'adaptation à l'évolution de la société.

L'apparence physique serait le critère de définition de caractéristiques humains. Elle est fonction de la dynamique et d'adaptation sociale. Il révèle que pour les africains, un corps enveloppé traduit l'aisance, l'état de bien-être, la responsabilité, etc. Alors que pour les occidentaux, c'est la minceur qui symbolise l'intégrité morale. La grosseur serait pour les occidentaux, le signe

d'irresponsabilité individuelle, de
l'égoïsme morale.

Résumé

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

 

109

«(...) ma survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu» «Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses» «Je ne vis pas, mais je survis. (...) ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.»

«Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. (...)»

«Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre».

«Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie»

d.4. Présentation des résultats de photolangage du groupe

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

110

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

Participant -2-

Participant -3-

Les mannequins ne sont pas à confondre avec les anorexiques. Parce que la maigreur chez eux est une obligation professionnelle même si dans la réalité, c'est-à-dire mentalement ils ne sont pas d'accord. Lles médecins évoquent la question de poids idéal, qui dans la réalité n'existe pas. Alors que 'apparence physique est fonction de la représentation sociale. Et, en occident, c'est la minceur qui est valorisée. Ainsi, les gros sont obligés de se racheter pour ne pas se faire rejeter par la société en adoptant, parfois des attitudes indigne, en jouant les rôles spécifiques etc. pour faire plaisir à la société.

Le développement de la technologie nouvelle et la pression économique rendent les femmes obsédées par la minceur, qui est devenue pour elles un devoir morale. De cette manière, les femmes vivent en désaccord entre ce qu'elles sont et ce qu'elles présentent à la société. Cela entraîne chez certaines à se lancer sur la voie des régimes yoyos alors que sur le plan biomédical, elles sont normales. Elles ne s'acceptent plus. Mais pour les immigrées africaines, cette grosseur est la bienvenue, parce qu'elle signifie autre chose, le bien-être, même. Tant mieux, si elles font partie de la classe sociale défavorisée.

(...) je trouve terrible que certaines personnes considèrent les mannequins comme des malades anorexiques. Bien que oui, j'en connais un certain nombre et peu le sont à mon avis !

(...) il n'y avait aucune loi suprême sur la maigreur en tant que critère de la beauté. Bien sûr les anorexiques cherchent à plaire à leur entourage, intellectuellement et physiquement.

Mais si on leur demande d'être maigres et grandes, c'est parce qu'elles vantent des produits et que la meilleure façon de mettre en valeur ces produits et que le corps mette le mieux en valeur les vêtements.

En propageant des idées négatives sur les personnes de poids plus élevé, on enseigne aux jeunes de tous les poids que la grosseur est quelque chose dont elles doivent s'éloigner, de peur d'être elles-mêmes rejetées dans cette société où la minceur dite la loi. C'est l'un des éléments qui encourage les jeunes filles à se mettre à la diète, à cet âge où l'acceptation sociale est si importante.

Malheureusement cet intérêt scientifique qui est en fait de disposer des valeurs de corpulence optimales, pousse certains professionnels jusqu'à parler de poids idéal. Mais ce poids n'est pas de ce monde de l'immigration, surtout.

(...)que le comportement nutritionnel est un acte social à par entier et socialisant.

À travers notre corps, et en particulier notre corpulence, passent des significations sociales très profondes. L'une des plus importantes est que la corpulence traduit aux yeux de tous la part de nourriture que l'on s'attribue symboliquement, la part que l'on prend, légitimement ou non, dans le partage de la richesse sociale.

Un soupçon pèse donc sur les gros : Ces gros ont une possibilité de se racheter de ce soupçon, s'ils ne peuvent maigrir ou en procédant à une sorte de restitution symbolique en acceptant de jouer le rôle sociaux qu'on attend d'eux. Jouer de la comédie.

L'obsession de la minceur dans ce pays est devenue un état d'âme à la mode, que ce désir de maigrir n'est qu'un symptôme d'un problème social beaucoup plus grave auquel nous sommes tous confrontés voire habitués, peu importe notre âge ou notre sexe.

Grâce à toutes ces nouvelles technologies pour modifier le corps, la situation des femmes d'aujourd'hui est en quelque sorte pire que celles d'il y a 50 ans.

De devoir social, la beauté à travers l'image du corps est devenue un devoir moral dans lequel l'échec n'est plus le seul fait d'un handicap, mais bien plutôt le résultat d'une incapacité individuelle.

Cette nouvelle tendance constitue une preuve supplémentaire de ce que certains auteurs appellent l'intensification du dispositif répressif dont les femmes font l'objet au travers de leur corps.

Les femmes sont au service de leur corps et le corps des femmes sert à faire rouler l'économie. Les images du corps de la femme partout dans les médias véhiculent des messages (...)

Ces messages servent à faire croire aux femmes qu'elles doivent travailler sur leur apparence et atteindre un certain poids pour accéder à la réussite.

Elles ont si bien intériorisé ces critères de maigreur que le corps normal d'une femme leur paraît trop souvent obèse ou laid.

Leur distorsion de l'image du corps des femmes les empêche d'être en mesure d'accepter leur corps naturel, même lorsqu'elles sont maigres.

(...)la plupart des personnes qui suivent les régimes amaigrissants ont un indice de masse corporel normal et souhaite maigrir pour une question de bien-être au plan physique et psychologique.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

111

 

(...)les immigrés africains appartiendraient généralement à la classe sociale défavorisée, où ils n'ont pas assez de liberté pour choisir leur comportement de santé.

 

Participant -4-

(...) les images des modèles filiformes, des minceurs, des maigreurs, nommez les comme vous voulez, qui sont sensés de nous donner une idée de l'identité, de la beauté (surtout pour les femmes) sont en train d'intéresser tout le monde, tant les hommes que les femmes.

Avec la mondialisation de la minceur, sous les coups de mass-média, la beauté pulpeuse des femmes africaines n'attire plus les jeunes, qui veulent imiter les femmes occidentales ou occidentalisées. Malgré le cris d'alarme des responsables

de la santé publique, certaines
professions s'accommodent (politique) mieux avec la grosseur. Tout ce qu'il faut avoir, est de ne pas être en accord avec soi. la grosseur est aussi le produit des facteurs génétiques.

La taille épais, les hanches disparues, parlons de la beauté pulpeuse qui encore exposée, surtout parmi les africaines, n'attire pas vraiment l'ensemble des femmes occidentales ou noires occidentalisées qui veulent suivre la mode, marqué par la minceur.

(...) la femme comme quelqu'un qui pèse tout court (maman-kilo) : Cependant, détrompons-nous que la beauté de la femme Africaine se trouve dans la minceur, surtout quand il s'agit de la femme qui doit fonder un foyer».

(...) la femme est le fondement de la famille. C'est aussi biblique, non ! Pour l'Africain, plus la femme est grosse, plus la garantie est assurée pour la santé de l'enfant. Bébé hollandais ! C'est ça ! Donc la grosseur est l'indicateur de choix

(...) certains individus sont en quelque sorte institutionnellement engraissés pour remplir des fonctions hautement valorisée, comme pour les hommes politiques, les autorités gouvernementales.

C'est une responsabilité individuel d'assurer le contrôle de sa santé (...).On semble manquer de confiance en soi. Mais ! Seulement pour être bien avec les autres, je pense qu'il faut d'abord être bien pour soi-même.

(...), au devant ce modèle paradoxal de la société, les professionnels de la santé ne cessent d'attirer l'attention des gens que notre société occidentale grossit entraînant des risques considérables en santé publique.

(...) les enfants (filles) pénètrent le processus de régime à répétition, par peur de devenir grosses, il est sans doute certaine que leur relation avec la nourriture se compliquera et risque de les conduire aux désordres nutritionnels.

(...) et la génétique ont aussi leur rôle dans la définition des représentations de l'image du corps : «Bazalaka na bango bongo» (C'est leur nature).

Participant -5-

Une attitude envers son corps, le fait de s'accepter tel que l'on est, résulte d'une image corporelle de la santé, selon chacun.

La représentation que nous nus faisons de notre corps, est une question d'accord personnelle de garder son identité dans l'ensemble. En occident, être gros, est

considéré comme la poubelle qui
emmagasine les graisses, les mauvaises. Et pour s'en débarrasser, il faudra un peu d'humour, afin d'éviter cet objet de la discrimination sociale. Mais n'oublions pas non plus les mass-média.

(...) la construction de notre image doit dépendre de nos interactions et de tout ce qui nous entoure, notre environnement.

(...) il n'y a rien de plus concret, de plus naturel que notre propre corps.

(...) puisqu'il existe une distinction complexe à faire entre le schéma corporel, ce que je vois, l'image du corps, ce que je ne vois pas et les représentations du monde,

Actuellement, plus de jeunes filles sont victimes de ces pressions sociales, puisqu'elles sont exposées à l'extrême importance qu'attache la société de la beauté féminine, à la minceur qui en a fait une identité.

Ils sont confrontés à des représentations du corps masculin extrêmement musclé ou chétif dans les médias, les cinémas.

(...) j'ai peur qu'elle sourit et continue à sourire pour masquer une intolérable souffrance qu'elle vit en profondeur, caché (vide), et alors bien cachée. La personne sourit pour faire croire à son entourage, à la société qu'elle est bien (...).

La poubelle avait en effet l'aspect d'une personne grosse, souriante et heureuse, parce qu'elle était débordée des déchets bien gras. Moi qui étais une adolescente ronde, hérita du surnom.

Mais le professeur me reprocha mon manque d'humour. (...). Pour lui je devais apprendre à me sentir un déchet et à me détester profondément.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

112

 

(...) j'ai tenté une première suicide donc, (...), comprenez les poids des regards et des dires des autres que témoignent bien la discrimination, le manque d'amour.

 

Participant -6-

(...) je pense que le problème de l'image du corps qui est soulevé par cette recherche de Dieudonné est une question d'attitudes, de respects de soi.

L'image du corps, c'est le respect de soi, d'être en accord en soi et pour soi. La rondeurs est aussi question de choix, afin de garder sa culture naturelle. Mais, les mannequins semblent mener une vie difficile, car ils sont obligés à garder une forme artificielle du corps pour des fins économiques ou publicitaires. C'est le déphasage entre ce qui est et ce que l'on veut.

(...) je pense sincèrement que la plupart des mannequins, mis à part le côté paillettes, vivent une vie très difficile dans leur tête comme dans leur corps., physiquement.

Elles sont naturellement rondes et elles ont choisi de l'être, et le public les accepte !

Je me demande toujours pourquoi nous, les immigrés africains, ne pouvons-nous pas garder notre culture d'être toujours en contact avec la nature !

Alors j'ai compris qu'il faut être naturel.

(...) dans des sociétés soumises régulièrement aux pénuries alimentaires, qu'être gros signifierait être à l'abri des disettes comme en Afrique noire.

En Afrique, on ne meurt pas de faim partout. Au Sénégal, par exemple, même en RD du Congo, les gens peuvent-être pauvres mais ils ne meurent pas de faim.

C'est une différence culturelle, et ça n'a rien a voir avec la faim ou la pauvreté, soyons sérieux et clairs. C'est peut-être tout simplement le fait que les femmes là-bas, ont cette morphologie particulière et qu'elle y est appréciée.

Je ne crois pas que l'idéal européen se vendent uniquement parce que les gens ont encore des carcans idéologiques dans certains pays du Sud !

(...) pour certains industriel et publicitaires la norme est européenne, mince. Cela pose un problème de représentation, de vision, de perception, d'autant cela tend à homogénéiser tout le monde, à mettre tout le monde dans un même sac et à exclure de plus en plus de monde. Du coup je peux vous dire que l'Occident peut constituer du mirage pour des gens qui ont été soumis (...) par les européens.

Participant -7-

(...) aujourd'hui, il est établi que parmi les facteurs intriqués qui interviennent dans l'initiation, le développement et l'expression clinique des maladies les plus répandues en Occident, la nutrition,

La nourriture, plus spécifiquement, du

sucre et les graisses sont identifiés
comme étant les responsables de la

grosseur. La société est en pleine
évolution : ainsi, un enfant qui arrive à

résoudre ses problèmes par l'apport
alimentaire fini par lier les solutions à

ses problèmes à la nourriture.

Actuellement, l'image de la femme
traditionnelle est d'une façon maniaque, rejetée, dans cette société où il y a une

obsession de la minceur. C'est une
question de choix personnel. Cela crée parfois le désaccord entre la vie physique et la vie mentale : d'où l'origine de la

Des nombreux auteurs mettent en avant le rôle de l'ingestion des aliments riches en sucres et en graisse pour devenir gros, particulièrement en cette situation de l'immigration africaine (...)

La question de l'image du corps ou de la corpulence, est une situation qui se construit, qui évolue avec le temps

(...) si la mère répond à toute demande de l'enfant par le don de nourriture, que celle-ci soit liée à la faim, mais aussi à la soif, au sommeil, à une demande d'amour ou de câlins, l'enfant engrammera la réponse-nourriture capable de colmater ses besoins, désirs, affects (...)

La nourriture n'est pas la solution à tous les problèmes posés (...)

Il s'agit de rejeter l'image de la femme mure traditionnelle avec les seins lourdes et aux bassins méditerranéens aux quelles les jeunes de seconde génération ne veulent pas du tout ressembler.

(...) je veux aussi dire que pour d'autres, grosseur et grossesse se confondent. Tout est alors confondu, témoin paradoxal de l'échec de leur féminité. Ainsi, les femmes un peu ronde, ne se sentent pas bien en étant enceinte en pensant dissimuler de la sorte des formes avantageuses «d'être mince» au point même de ne pas voir accoucher.

Les sociétés modernes n'aiment pas les graisse, n'aiment pas non plus les gens trop gros.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

113

 

Actuellement l'une des caractéristiques de la société occidentale, surtout, c'est son obsession de la minceur, son rejet quasi maniaque de la grosseur !

crise de l'estime de soi et de pour soi.

C'est la société qui crée des gros et par la suite c'est la même société qui ne les tolère pas. C'est abominable, c'est injuste, c'est affreux !

C'est cela la crise psychologique par rapport à son estime de soi,

Participant -8-

(...) les idéaux esthétiques au sein d'une société correspondent habituellement aux propriétés corporelles que seules les classes dominantes peuvent posséder, parce qu'elles exigent du temps et de l'argent.

Les gens sont attachés à leurs idéaux esthétiques qui sont souvent dictés par la classe sociale dominante, de eux qui ont des moyens selon l'appartenance sociale. Ce qui fait qu'au Nord et au sud, la

représentation du Corps est
différemment valorisée. Pour le premier, c'est la minceur et la grosseur pour le second. Dans les deux cas, selon le contexte socioculturel, la représentation du corps symbolise, l'identité, la beauté, la richesse extérieure, etc.

Bref, c'est la carte de visite sociale. La

représentation du corps est aussi, le

résultat d'un processus d'adaptation

environnementale. Il faudrait tout
simplement s'accepter tel que l'on est, selon les conditions dans lesquelles on se trouve.

Dans les communautés pauvres avec une insuffisance alimentaire, grossir est par contre valorisé par ces riches.

(...) être mince dans une société occidentale, c'est prouver aux yeux de la société que l'on est capable de s'offrir des aliments fins, des fruits, des légumes !

Être mince, c'est aussi un façon de s'identifier dans la société, de clarifier et montrer qu'on dispose des moyens nécessaires pour consacrer une partie de son temps à l'adoption de comportement de la santé.

Actuellement encore, dans beaucoup des sociétés où il existe les souvenirs des périodes de la vache maigre, être gros, est un critère de la beauté féminine, ainsi qu'un signe extérieur de richesse, une sorte de carte d'identité, une carte de visite sociale.

(...) la minceur est à sa manière un signe extérieur d'aisance.

La minceur est le signe extérieur de la richesse et associée à une alimentation choisie, aux soins apportés au corps.

Ici il y a la responsabilisation de l'individu, l'invitant à se construire un projet personnel et la minceur devient un signe visible de la santé, de bien-être, un enjeu du ben-être

Le fait d'être grande et mince est une obligation pour un mannequin qui doit pouvoir porter et valoriser n'importe quel vêtement. Ces impératifs du métier n'ont rien à voir avec un quelconque modèle corporel de la santé, parce que l'homme n'est pas un jouet.

(...) dès que la représentation du corps ne coïncide pas avec l'image du corps physique, le conflit est là. !

(...) toute modification de la corpulence ou de l'image du corps est pour moi, le résultat d'adaptation du corps aux conditions environnementales.

(...) le fait même de forcer la nature pour être mince ou gros selon les préférences de chacun, serait une déviance par rapport aux normes physiologiques, aux normes naturelles.

Participant -9-

Les poumons, le foi, le coeur, tous les viscères, on ne les voit pas, parce qu'ils sont bien cachés à l'intérieur de l'organisme. Ce que l'on voit, c'est ce qui est apparent : Les mains, le visage, les jambes, les pieds, les fesses, le ventre (...).

L'apparence peut parfois être trompeuse, parce que ce que nous voyons (visible) n'est pas la réalité (invisible). Il serait donc important de tracer le parallélisme

entre ces deux dimensions de la
représentation du corps, l'invisible et la visible pour mieux appréhender la réalité qui est le plus souvent sous le coup des médias. D'où les difficultés de s'accepter

Il serait très intéressant de faire un parallélisme entre le sens de la vue et le regard, qui est l'expression mentale, qui renvoie à l'invisible !

Le regard de l'autre et votre propre regard vous soumettent à une double analyse, dont les conséquences peuvent s'avérer très importantes. Ils peuvent vous fragiliser ou vous renforcer et vous rendre sûr de vous. Ce double regard représente dans des situations extrêmes, le facteur déclencheur de trouble de représentations.

Et du coup, on n'est plus dans l'esthétique, surtout que si s'introduit un troisième «oeil», celui de la société et des médias. Comme vous le savez, les médias ne font que s'interposer dans cette logique de l'interaction où le développement social de l'image du corps est conditionnée de près par l'image du corps de l'autre.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

114

 

Il y a souvent de décalage entre le désir de perdre le poids physique qu'a la personne a dans sa tête .

 

Il est très difficile de faire le deuil de ce que l'on est aujourd'hui pour devenir quelqu'un d'autre et faire plaisir à la société. C'est terrible que les gens ne veulent plus accepter naturellement et s'accepter.

Participant -10-

(...) grossir s'inscrit dans un contexte souvent inconscient. L'individu peut percevoir inconsciemment un manque intérieur dans sa vie à un moment donné qu'il utilise la nourriture ou l'alcool ou le tabac. Comme substitut de remplissage. Ce produit de remplissage ne correspond pas au manque, à la faim. Cela entraîne l'installation de la culpabilité et renforce le symptôme dépressif dans le cas présent la grosseur ou l'image du corps. Ce souci de l'image de soi et celle que nous renvoient les autres : Je suis vu comme gros, pas séduisant ou pas performant (...) avec toutes les qualifications que vous voulez, de monstruosités (...) renforcent encore cette spirale dépressive larvée. Et comme le malheur n'arrive jamais seul, cette anesthésie des sensations ne correspond pas exactement à la perception de ce vide, de ce manque intérieur et du symptôme dépressif larvé. (...) C`est sûr, puisque la compensation, dès la fin de la digestion devient sensation de vide physique et affectif, ramène à l'envie impérative de manger. Le cercle vicieux est alors auto-entretenu vers la grosseur (...). C'est ici que souvent est impliqué, un des aspects de l'hyperphagie.

Il est important de savoir que la grosseur

peut s'inscrire dans le contexte de
l'inconscient, où il s'établit un cercle vicieux infernal de la grosseur. Dans ce cas il y a perte d'estime de soi , pour soi et on croit que la solution se retrouverait dans la nourriture, en s'y réfugiant. Les

normes créent les conflits d'identité ou
la culpabilité, etc. Un seule attitude idéal à adopter est de s'accepter tel que on est. Tout est dicté par la société pour elle et en elle.

Elles pensent uniquement ne pas être conformes à une certaine norme véhiculée, par une magazine de mode (...), elles ont leur image du corps dévalorisé et se sentent du coup mal à l'aise.

C'est le problème ! Même si on entend par poids la masse globale, le critère pour déterminer l'ampleur de la silhouette reste pour autant insuffisant. Il y a des gros qui sont jugés positivement..

Le classement d'un gros dans la catégorie positive ou négative résulte sans doute non pas d'un trait particulier, mais de la relation entre les traits physiques et l'image sociale de la personne, (...)

Participant-11-

(...) l'image de soi relève du schéma corporel, mais elle peut aussi s'éloigner de la réalité objective du fait de l'idéalisation de ce qu'elle veut être. La perception psychologique prend alors le pas sur la perception anatomique, d'où la non coïncidence en l'apparence du corps et sa construction mentale. A cause de ce déphasage entre l'image et la réalité, le corps peut devenir source de culpabilité et de la honte de son identité !

La représentation du corps s'inscrit dans le schéma corporel par rapport à la

dualité du corps. Il apparaîtrait que
l'apparence que les gros affichent, est la face de la médaille, dont le revers cache la souffrance. L'environnement ne cesse d'exercer son influence sur cette image du corps en attribuant au gros parfois la

rôle de viveur. L'essentiel état de
s'accepter tel que l'on est.

(...) derrière cette sympathie, on aperçoit percer une image négative du gros corps. La jovialité des gros est souvent soupçonné de n'être qu'une face de la pièce, une façade où se dissimuler de souffrance, de la tristesse.

La construction de notre corps dépend de nos interaction avec notre environnement, qui a bien sûr évolué.

Mise à part son dégoût de grosseur, la société attribue l'embonpoint de la gaieté, de la bonne humeur, le goût de la bonne chère, de la convivialité. C'est un viveur

Une attitude correcte envers son corps est le fait de s'accepter tel que l'on est

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

115

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

Participant -12-

L'application des normes de la corpulence valorise une image forgée du corps. Elles sont souvent à l'origine de conflit, car elles incitent à choisir. Alors qu'il n'existe pas dans la réalité, en ce terme de poids idéal. Tout est social. On voit même que certaines sociétés engraissent es jeunes femmes pour le mariage, alors qu'à l'opposé, la grosseur est une caractéristique de la classe sociale des pauvres en occident, où de plus en plus les nouveaux riches sont minces. L'on doit aussi reconnaître que la biologie aussi trouve une explication dans la grosseur au delà de l'influence sociale.

La notion de poids idéal dépend de l'idée d'image du corps qu'on s'est forgée

 

(...) la recherche des valeurs biologiques moyennes est, à la limite, dépourvue de sens, car elle aboutit à une valeur purement théorique qui dans les faits, n'existe pas.

Il est clair que la communauté, la société qui est créatrice des normes, puissantes parmi les quelles les meilleures sont celles qui favorisent son épanouissement.

Il y a en cela une source inévitable de conflit qui se crée, car créer des normes, c'est aussi choisir. Or, choisir, c'est trier, c'est éliminer, rejeter et donc susciter des conflits, créer la discrimination au sujet de l'image du corps.

Certains pays africains ont conservé cette tradition qui consiste à engraisser les jeunes mariées à l'extrême, en signe de prospérité et d'opulence.

La minceur est le privilège des riches, des intellectuels, alors que la grosseur dénote souvent des personnes issues des classes moins favorisées. Cette réalité est plus marqué ici, en Europe.

Force est de reconnaître que, mis à part quelques nouveaux riches souvent peu instruites des classes aisées, sont minces. «Aisé» ne signifie plus «à son aise», confortablement repu et entouré de coussinets graisseux, mais bien «à l'aise» dans son pantalon de taille 36 qui semble presque trop grand.

Les gros peuvent être victimes de leurs glandes, du développement environnemental, de leurs prédispositions génétiques ou coupables de leurs gloutonneries.

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

116

d.5. Matrice de la validation à posteriori et modèle de la lettre de transmission et d'invitation

Matrice 3 : Matrice de la validation à posteriori des résultats par la restitution

Représentation du corps

Variables

Degré de satisfaction

Recommandations

Contenu

Organisation

1

Séduction

 
 
 
 
 

2

Mécanique

 
 

3

Émotion

 
 
 

4

Communication

 
 

5

Identité

 
 
 

6

Maternité

 
 

7

Virilité

 
 

Représentation de l'alimentation

Variables

Degré de satisfaction

Recommandations

Contenu

Organisation

1

Convivialité

 
 
 
 
 

2

Plaisir

 
 

3

Identité

 
 
 

4

Organisation

 
 

5

Santé

 
 
 

6

Survie

 
 

Critères de validation

Valeurs

Degré de
satisfaction

Représentation

s

Propositions partisanes

5

Tout à fait
d'accord

Corps

Le contenu des représentations du corps est correctement identifiées

4

D'accord

 

L'organisation du contenu des représentations du corps reflète la réalité

3

Sans opinion

Alimentation

Les représentations de l'alimentation est correctement défini

2

Pas d'accord

 

La structuration des représentations de l'alimentation reflète

1

Pas du tout
d'accord

 

ben la réalité

Merci

Fait à Anvers, le 13 décembre 2005

Pour accord de principes Enquêteur

N'chweki M. Dieudonné P.

Remarque : Une ou des feuilles supplémentaires peuvent être annexée (s) si nécessaire

Commentaires : La validation à posteriori, dénote que les participants sont d'accord à la valeur moyenne de [4,0 : ce chiffre n'a pas une valeur statistique] de nos résultats d'analyses des données. Les recommandations des participants ont été considérées et résumées dans les perspectives pratiques. Les contacts téléphoniques e sont poursuivis après les expéditions des documents aux participants [population de l'étude]

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes

117

Modèle 1 : Lettre d'accompagnement et d'invitation

Madame, Mademoiselle Monsieur

Anvers, le 13 décembre 2005

Concerne : Invitation pour validation des résultats de mes recherches.

Madame, Mademoiselle, Monsieur,

Dans le respect de mes engagements et fidèle à ma parle, je reviens une fois de plus vers vous et cette fois-ci pour solliciter votre appréciation sur les résultats de mes analyses des données.

Je vous prierai donc de trouver aux annexes, les copies de synthèses des résultats d'analyses, la copie de l'organisation des composantes de la représentation du corps et de l'alimentation, ainsi que le tableau 4 : d'appréciations individuelles.

Pour chaque question, cochez la réponse qui vous paraît la plus proche de ce que vous pensez. .Sans opinion signifie que vous ne pouvez vraiment pas vous décider. Les questions portent sur :

1) Les définitions des composantes des représentations : - du corps

- de l'alimentation

2) L'organisation des composantes des représentations : - du corps

- de l'alimentation

3) Au niveau de chaque variable [2ème colonne], vous avez les possibilités de formuler vos recommandation pour justifier votre positionnement ou votre degré de satisfaction.

Je vous invite alors au lieu, date et heures indiqués au bas de la page, de bien vouloir vous joindre à nous pour valider en groupe, nos résultats de recherches, dont l'objet est de comprendre la représentation du corps et de l'alimentation dans les perspectives d'éducation pour la santé. Votre présence physique est vivement recommandée. Mais si jamais, il vous arriverait de ne pas venir pour nous rejoindre physiquement, je vous prie de bien me faire parvenir votre matrice d'appréciation, dûment clairement rempli, accompagnée de votre ou vos recommandation (s).

- Jour et date : Dimanche 18/12/2005 - Lieu : Ferd. Cosemansstraat, 85 - Heures : 14h30

Tout en vous réservant un accueil chaleureux et convivial, je vous prie d'agréer Madame,

Mademoiselle, Monsieur , l'expression de mes sentiments fraternels.

Bien à vous,

Enquêteur

Dieudonné P. N'CHWEKI M. Ferdinand Coosemanssatraat, 85 B-2600 BERCHEM (Anvers) didopas@hotmail.com

Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]

précédent sommaire










Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy



"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon