Surcharge pondérale : représentations( Télécharger le fichier original )par Dieudonné N'CHWEKI M. Université catholique de Louvain ( Belgique) - Licence en sciences de la santé publique [EDUS] 2006 |
Introduction(DP)La semaine passée, d'avant, je veux dire, nous avons parlé de l'idée que vous vous faites de votre santé et de votre corps. Plusieurs facteurs ont été identifiés, dont l'alimentation. Cette seconde partie de notre entretien portera spécifiquement sur la représentation de votre alimentation, le sens que vous lui donnez dans votre vie, ce que vous en pensez. Je veux surtout que nous puissions plus parler de vous que des autres. Merci encore d'accepter que je puisse enregistrer cet entretien sur une cassette audio. De toute façon elle reste votre propriété privée. (Ng) Il y a pas de problème. Nous restons dans le cadre prescrit par votre travail, comme vous me lavez communiqué au téléphone. Je suis à votre disposition, donc. (DP)Et pour commencer, que savez-vous de votre alimentation ? (Ng) Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, parce que mon père est polygame. Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même si de fois, les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques.... Je vous assure que je mangeais
appétit et plaisir. Est-ce que vous savez apprécier le goût du riz quand vous mangez avec la fourchette ou à la main ! Ca c'est authentique. Je n'ai jamais ressenti ce même goût et ce plaisir de manger depuis que je suis ici en Europe, où le stress et la solitude me malmènent. Vous savez que ce n'est
plus d'infos sur les conséquences dans le temps. De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision. Alors que manger, c'est pour moi, manger ou s'alimenter naturellement. C'est-à-dire avec des aliments vrais. Et non pas faire manger les gens les produits travaillés dans les laboratoire comme des cobayes. De n'importe quoi ! (DP)-*Que voulez-vous dire par «manger au taux du jour» ? ? (Ng) Sachez que manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver,
lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, régulier, vous êtes cuit pour la survie ! (DP)-*C'est-à-dire que sans ce document vous ne pouvez pas vivre : c'est cela... (Ng) (sourire)Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie. Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko ! (dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi !). Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau. Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle. (DP)-*Qu'est-ce que vous aimez manger dans cette situation difficile ? Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(Ng) «Loso na pondu», du riz avec du sombé (feuille de manioc) ! Je suis né dans la région de (X) en RD du Congo. Cette région est réputée dans la production du riz. Je suis né et grandi dans et par le riz. Il y a aussi d'autres aliments, comme les bananes, le foufou, les patates douces. Mais, pour vous dire, je ne peux pas me passer du riz. Je suis prêt à manger du riz, du 1er au 31. J'aime bien manger mon riz accompagné du «pondu», bien préparé avec de l'huile de palme et bien pimenté. Pour moi ce menu est à considérer comme le secret du plaisir de manger. (DP-*Qu'est-ce qu'un aliment pour vous ? (Ng) Un aliment est tout ce qui se mange ! Attention, il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés comme des poisons. Je vais ! De la cigarette, en passant par l'eau au riz, citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection. Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent. (DP-*Quelle signification vous donnez-vous aux lipides dans votre alimentation ? (Ng) Je vais vous dire que dans le cadre de cette entrevue, vous devez retenir que l'huile sert à donner le goût à l'aliment et augmente le plaisir de manger. Moi personnellement je n'aime pas manger les repas préparé sans huile. Il n'est pas possible de faire la sauce rouge... En outre manger de la graisse, de l'huile est aussi le signe d'aisance !. «Recevoir sa part du porc bien gras», est une expression qui trouve tout son sens ici. Oui..., le goût et l'apparence du plat, est le travail de la graisse ! (DP)-*Quels sont les rôles de ces aliments dans votre organisme ? (Ng) Je ne suis pas biologiste ou scientifique, mais pour moi, les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et
ma aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé. Vos savez, Dieudo, survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu ! Mmm..., mais, mais, malheureusement dans beaucoup de cultures africaines, les gens mangent deux fois par jour et leurs organismes s'en sont ainsi adaptés. Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin. Cette situation est pour moi un risque qui sait qu'elle toucher ma génétique, si j'y demeure ! (DP)-*Mais alors quand et où aimez-vous manger ? (Ng) Je peux vous dire que bien manger en famille, surtout à midi et le soir, de fois avec les amis, c'est à la fois manger bon et manger sainement, apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir ! Se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement. L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. Je crois que mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles, etc. Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Ces concerne les légumes, je crois le pondu est aussi un légume vert. Et si vous voulez parler des salades ou des légumes frais et crus, je suis désolé ! Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes 91 histoires ne sont pas de mon goût. Ca coûte cher pour rien. Etondisaka mpe te, (ça ne fait pas rassasier). Normalement, je mange d'abord pour apaiser la faim et survivre, puis par envie et le reste. Seulement ma marge de choix étant très limitée dans mon alimentation, j'essaye d'être plus rationnel. Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas. (DP)Que (res)sentez-vous lorsque vous mangez avec appétit le plat de votre choix ? (Ng) Laissez-moi vous dire quelque chose. J'aime croquer les carottes de maïs frais, comme du riz au sombé, je mange aussi le foufou, la patate douce, les banaes patin, surtout mures... J'adore ! Quand je mange ce que j'aime, comme je veux et quand je veux, je retrouve sur les nuages et j'éprouve un grand plaisir, un extase d'appétit, un sentiment de bien-être dans mon corps, dans ma tête, dans mes relations avec les autres, dans mon esprit, etc. Je mange alors avec l'appétit de loup, comme si je le faisais pour la dernière fois. Je vous dit que ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source : je vois... C'est cela que je considère comme bien manger pour établir l'équilibre entre mon corps physique, mental et social. Je transpire ! Je crois même que c'est à ce moment précis que je peux parler de l'expression : «un esprit saint dans un corps sain». En tout cas ce sentiment soutient le propos selon lequel on ne mange bien chez soi, qu'ailleurs. (DP-*Comment ça se passe ou ça se passait chez vous en famille ? (Ng) (rire) Chez nous en famille c'est la joie et le plaisir de manger. Laissez-moi vous redire ce que j'avais déjà dit : que manger était chez nous comme une fête, la kermesse. Ici, le groupe d'enfants, là les femmes et de l'autre coté les hommes et là les vieux.... La radio de papa était toujours posée sur le seuil de la fenêtre de notre véranda de la cuisine. Cette ambiance faisait que grandir l`appétit de manger. Et je mangeais ! En tout cas la quantité d'aliments que je mangeais chez nous en famille, nakamwaka tango mosusu ngai moko, (je m'étonne parfois personnellement). Mais lorsque, j'étais à l'Isc, là c'était la «jocole». Je m'efforçais à manger, mais seul mon cher, avec le souci des études et la solitude, l'appétit ! Je manquais souvent d'appétit. Quand je rentrais en vacances, à la maison, je faisais le rappel pour manger ! Rattrapage. Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] (DP)-*Comment ça se passe ou se passait chez vous en famille, le kermesse de manger ? (DP)Les fruits et les légumes, ne les mangez-vous pas) ? (Ng) Chez nous par exemple, à la maison en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du (Ng) Oui, mais très rarement. Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. Ce qui est compliqué dans ma façon d'être est que je n'aime pas manger dans a rue, mais à la maison et dans un endroit précis, à la maison au salon, comme je n'ai pas assez d'espace. C'est comme cela que j'ai été éduqué. Pour ce qui domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens. C'est ça ! Malheureusement, le maintien d'une tradition alimentaire spécifique chez les immigrés africains dans leurs milieux de résidence, n'est pas toujours facile à persévérer, et dépend entre autre des facilités d'approvisionnement alimentaire. (DP) Comment vous identifiez-vous par votre alimentation ? (Ng) (rire) Ah bon ! Comme tout immigré, (...) je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés. (...) depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire. Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité. C'est une notion difficile à expliquer en ce peu de temps. Mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. Je crois que dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient. Mais, le problème qui se pose, comme pour tout immigré, est qu'à partir du moment où l'alimentation est inscrite dans un système social autre, on ressent les tendance de refouler ses pratiques alimentaires pour adopter celles d'ici. Cette conflictualité crée en soi une difficulté de son intégration globale. du plaisir de manger ! Une fois de plus, je pense que l'on mange mieux chez soi qu'ailleurs. Je dois aimer et vouloir ce que je mange. Mon alimentation est ma santé, c'est ma vie, c'est ma spécificité, ma particularité, mon identité ! Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)-*Pensez-vous qu'il y a des changements depuis que vous êtes ici en Europe ? (Ng) Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi, Dieu pour tous et les autres pour le démon), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne. Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Comment avoir l'appétit lorsque je suis dans la plus part déconsidéré. Loin du racisme, nous les noirs, sommes soumis à une autre forme des pressions sociale et politique. Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit et le plaisir) que je vivais chez moi en famille. Mboka mopaya (pays étranger) ! (DP)-*Comment votre alimentation contribue-t-elle à la construction de votre corps ? 'est tout cela, qui donne le sens, la signification au manger et ainsi participer à la construction de mon corps, jusqu'à mon insertion Vous savez que, c sociale. Pour couper court, manger ce que je veux, ce que j'aime, me donne de l'appétit, du plaisir, je sens la force, la capacité de travailler, j'ai de l'énergie et ça me rend heureux. J'ai la satisfaction, je sens l'accomplissement d'un désir. Bon, c'est l'affection, c'est la satisfaction, c'est se combler (Ng) Mmm...Vous avez Dieudonné. Manger en soi, n'est autre que tuer. Est-ce vous le savez ? Parce que pour manger, il faut tuer. Donc manger `est dévorer, c'est se venger pour survivre, (...). Déjà dès le bas- âge, le bébé se voit pousser ses dents, il essayer de mordre le mamelon de sa mère. C'est une pratique complexe. Manger permet d'apporter à mon corps des éléments essentiels pour survivre. Sans manger, ll n'y a pas de vie. C'est clair ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)?Si je vous ai bien suivi, vous voulez dire que chaque groupe social devra réfléchir sur son alimentation pour conserver son identité ? (Ng)Bien sûr que oui ! Parce que ce que je vois, est que chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. Pour aller directement au but, je vais dire qu'aujourd'hui, j'ai l'impression que j'éprouve des difficultés à construire des règles culinaires, un tout petit différentes, à essayer de les repenser en fonction du processus d'adaptation là où je vit, et de considérer les techniques culinaires locales, de préparation. Mon cher du riz au sombé, comme tout autre aliment a une histoire, et dans ma vie. C'est la même chose que les frites avec la mayonnaise pour les belges, du vin pour les français, etc. Vous comprenez bien que derrière cette logique de l'alimentation, c'est quelque chose est transmise de génération en génération, etc. Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis, ça c'est certain. Les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré. (DP)?Est-ce que vous voulez dire que c'est ce quelque chose qui cadre avec votre culture alimentaire ? (Ng)Exactement ! Parce qu'en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes. Mais avec tout ce qui est de l'immigration, permanente ou temporaire, je me vois essayer de repenser mon système alimentaire en ne me fondant pas obligatoirement sur une logique identitaire et culturelle. Eh, eh, eh : tsya! Pardon ! Excusez-moi. Je suis un peu enrhumé. Cette merde de vie ! (DP)?À votre santé ! Voulez-vous ajouter quelque chose ? (Ng)Merci. Ce que je veux dire aussi, est que l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou (...). (DP)?Est-ce que vous pensez que la quantité des aliments que vous consommez, comme la semoule, la pâte, du riz, etc. a-t-elle changé depuis que vous êtes ici ? (Ng)Je ne crois pas ; peut-être ! Je ne sais pas bien. Mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité : ça oui. Mais il arrive de fois que je n'ai pas d'appétit et je mange juste un peu, pare que je suis sous le coup de stress, des émotion (...) (DP)Comment vous organisez-vous pour vous alimenter, pour manger ? (Ng) (rire) C'est compliqué ! `abord, je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. Je travaille aussi quelque fois la journée. Et là je quitte la maison très tôt, vers 03h00' du matin pour revenir vers 20heures. Tantôt dans le restaurant, tantôt dans le champ, etc. Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux. Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue. Mais lorsque je ne travaille pas, j'essaye de me faire du plaisir de manger selon ma volonté et mes moyens. Argent ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 94 Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes (DP)-*Voulez-vous dire que vous n'avez assez du temps pour votre alimentation. Mais que faites-vous pour conserver le reste de repas que vous avez préparé ? (Ng) (ô, oh, rire) ! Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée. Par exemple quand j'achète du lait, ça ne fait pas trois jours avant que ça se gâte. Le repas que je préparer aujourd'hui, je peux encore le manger demain sans trop de risque. C'est pendant l'hivers que mes repas ne se gâtent pas vite. (DP)-*Est-ce qu'il vous arrive de temps en temps d'aller manger au restaurant ? (Ng) (signe de main) Non ! Ca c'est ue provocation. Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors
mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire. Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize. De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...) (DP)-*Quelle est la part de votre alimentation dans votre budget ? (Ng) (rire) Sans trop de commentaires, je vous dirai que tout ou presque, ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici (...). Je vous prive des autres infos privées. Ici c'est top secret ! En chiffre, je vais dire environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie ! (DP)-*Comment conservez-vous vos aliments non préparés ? (Ng)Pour ces aliments, il n'y a pas de problèmes majeurs, surtout que les rats n'existent pas dans ce appartement. L'appartement comme vous le voyez est propre. Sauf seulement pour les aliments comme les pommes de terre, les choux, les tomates, etc. J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation. (DP)-*Comment planifiez-vous votre alimentation ? (DP)-*Que voulez-vous dire par là ? (Ng)Je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...). Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique ! C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (pfss). Voilà ! C'est dur, dur, cette vie. Mon frère, s'il y a du mal, c'est d'être né et d'être réfugié classé au bas de l'échelle sociale dans un État qui se déclare démocratique et respectant les droits humains.
(Ng)Que voulez-vous dire ? Quand, à partir du moment où, pour moi, sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture. C'est un comportement dirai-je de manger, un peu boulimique. Je veux dire que j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière pour éviter ce trouble, que je qualifierai de psychologique et social. 95 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes (DP)-*Personnellement, il m'est très difficile de manger le matin les aliments durs. Mais je peux encore prendre du café, du thé. Mais vers 9-10h00' je me sens très fatigué. Et pour aller le matin au boulot, que faites-vous pour manger ? (Ng)Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. Je n'ai pas évoqué ici la question de la bombonne de gaz que j'utilise pour cuisiner. C'est compliqué ! Quelle galère ? Merde (ouff) Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger (...). Mais de fois, j'utilise aussi ce réchaud pour réchauffer le plat. Malheureusement ça marche lentement, pas comme le gaz ! (DP)-*Or, il me semble que la prise en charge des immigrés est inscrite dans le programme de l'assistance humanitaire du gouvernement belge ? (Ng)Vous y croyez vraiment ! Je dirai que la situation que je traverse actuellement en immigration, est pour moi un crime masqué contre l'humanité ! Je vais vous présenter un cas : le mois dernier, j'avais préparé de la viande de porc avec du haricot blanc. Comme mon frigo devait être dégivré, j'ai laissé la casserole sur la table de la cuisine. Le lendemain soir, j'ai rallumé le réchaud pour réchauffer ce reliquat. J'étais très affamé. Aussitôt fait, j'ai mangé une bonne quantité. Mais j'ai passé la nuit aux toilettes, je vous assure. J'ai eu la diarrhée provoquée parce que j'ai mangé ce repas gâté, périmé ! J'ai dû recourir au bon sens pour me soigner seul sans aller consulter les médecin. C'est pas prudent, parce que je connais ceux qui ont été poursuivis par les policiers comme ça (ouf). Mpasi ya moninga bakoyokaka se na matoyi lokola lisolo. Kasi esala yo na motema lokola ye te, (la douleur de quelqu'un d'autre, on l'entend comme un histoire. Mais ce que vous ressentez dans votre coeur n'est pas comme ce qu'il ressent). Les wahiliphones ne disent-ils pas : « Wanaokaa kwako wajaliwa heri, furaha inadumu milele kwao (ceux qui habitent chez vous, s'ils sont heureux, la joie demeurera à jamais en eux), et cet accueil des immigrés, particulièrement africains...» Laissez tomber. (DP) Comment, pensez-vous que votre alimentation a des effets sur votre santé ? (Ng) Absolument. Ma santé, c'est ma vie et ma vie c'est ma santé. Et pour vivre, je suis obligé de manger et en principe de bien manger. Mais les conditions dans lesquelles je vit actuellement me conduit vers une alimentation influencent négativement sur ma santé. À savoir, ma santé, mon alimentation et ma vie font Un. Je crois que je dis ! Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses ! (DP)-*Vous voulez dire que vous mangez pour survivre ? (Ng) Je ne vis pas, mais je survis. Je ne suis pas esclave du manger ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc. (DP)-*Pensez-vous que dans ces conditions, il vous est possible de bien manger ? (Ng) C'est là où se situent, où se resserrent tous les noeuds et les sens du manger pour nous les immigrés africains. Dans ces conditions; c'est très difficile de penser aux bons aliments, à manger équilibré, à être bien avec son alimentation (...). Ma santé et mon alimentation font «Un», je le répète.
écoutés par ces décideurs pour nous assurer une vie digne de ce nom ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP) Pourquoi êtes-vous obligé (e) de manger tous les jours ? (Ng) Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. Pour cela, je pense qu'il m'est important d'être à l'écoute des gens pour que leur volonté de manger s'accomplisse. Quoiqu'il en soit, mon corps reste le temple du Seigneur que je dois soigner par le manger. Je mange toujours pour répondre présent à l'appel de mon Seigneur, mon Dieu. Si physiquement et biologiquement je survis, du moins spirituellement, je vis. (DP)-*Vous n'êtes donc pas esclave du manger, c'est cela ? (Ng) Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre. Ainsi dans le cas normal, idéal, le manger me donne la force de glorifier mon Dieu, même si le pain ne suffit pas pour bien vivre. Vous serez d'accord avec moi que se priver sciemment du bien manger, n'est pas différent du suicide. Mais trop manger l'est également. Pour moi, ce suicide va contre le commandement de Dieu, celui de sauver ma vie, la santé. Que dire...encore... (DP)-*Oui, oui... ? (Ng)C'est vraiment dommage que le politique n'essaye pas vraiment de nous écouter, nous les immigrés africains pour, aussi nous donner les pleines chances de profiter de la vie ; cette vie, cette santé qui est le don gratuit de Dieu. Cet espace qui sépare la naissance de la mort. Comme si la loi de vivre n'est faite que pour les marginalisés. Alors que le ventre affamé n'a pas d'oreilles. Cela est aussi mon cas et celui de tous ces gens. Oui, oui ! (DP)-*Mais, avez-vous posé la question au politique au sujet de votre santé alimentaire ? (Ng) Je ne sais pas comment est-ce que nous devons faire pour être écoutés. N'est-ce pas, il nous voit gros, non, selon eux ! Je ne sais pas... Le politique avec la politique à deux vitesses. Mmmm ! Ce politique. Pourquoi il ne peut pas soutenir les initiatives comme celle-ci dans le processus d'intégration, d'insertion sociale des immigrés africains. (DP)De tout ce que nous avons parlé dans cet entretien, quels sont vos commentaires sur votre alimentation ? (Ng) Dans le cadre normal, lorsque je ne suis soumis à aucune astreinte, mon alimentation est une pratique libre, effectuée dans un contexte socioculturel et économique qui impose un certain nombre de connaissances. Je pense que mon alimentation est une question d'équilibre général entre les éléments qui concourent à ma santé. Comme un ensemble d'éléments adjacents, le fait d'oublier ou d'ignorer quelque chose de l'alimentation, entraîne le risque de créer le déséquilibre. Je dois me placer dans ma chaîne alimentaire. Et cet emplacement, dans le cas qui me revient, est largement influencé par les décisions politiques des autorités belges et de mon environnement. L'idée est aussi de parler des immigrés africains, un peu concernant des critères de beauté chez certaines femmes qui sont enveloppés ou trop et qui se sentent jolie, mais peut-être un peu décalée des critères valorisés en Occident. (DP)-*Donc, vous voulez dire qu'il y a intérêt à comprendre l'alimentation des immigrés africains pour tenter une négociation et mettre en place un projet efficace ? (Ng)Oui ! Parce qu'il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie. Je pense qu'une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
(DP)?Dans ces conditions, pensez-vous que votre alimentation peut aussi être l'enfer pour vous ? (Ng)(rire) Selon les messages et les messages radiodiffusés et télévisés, ainsi que dans les journaux, les nouvelles semblent alarmantes : les maladies
bien m'écoutez ! Manger, c'est du plaisir, c'est la satisfaction, c'est la jouissance, c'est la santé, c'est la vie. Même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore ! D'un coté dans la sainte Bible, Jésus dit qu'Il est la vie et que celui qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle. De l'autre coté et toujours selon la Sainte Bible, il est dit que l'excès de table est un péché. Ceci pour vous dire que manger est un couteau à double tranchant qui peut effectivement être, à l'opposer de la jouissance, l'enfer si l'on ne fait pas attention à son alimentation. C'est-à-dire manger peut conduire le corps à l'état d'alerte et sur le chemin de la destruction voire de la mort. Bien sur que oui, la santé vient en mangeant de toute façon. Moi, j'envie la grosseur, je la vie, c'est dans la grosseur que j'identifie l'ampleur de la beauté africaine, la maturité humaine. Je ne sais pas jusqu'où il faut se limiter pour manger et garantir la santé. (DP)Pour résumer, si je vous ai bien suivi, nepas savoir manger, un acte de mangers dans sa simplicité même, reste un acte sacré, c'est ne pas savoir vivre. L'alimentation, c'est le plaisir, l'équilibre, la convivialité, la santé, la vie la jouissance, la culture, la survie, l'organisation, l'identité, le don de Dieu, etc. De cette manière, l'alimentation entre dans votre vie par plusieurs voies, comme le signe de la solidarité humaine. Enfin, je vous dit merci de m'aider à compléter cette fiche pour e cas échéant me permettre de compléter mes données. (Ng)Formidable mon cher. (DP)Je vous remercie très sincèrement de m'avoir si très chaleureusement accueilli chez vous. Kwa kuonana tena. Aksanti. (À nous revoir encore. Merci) Buy, buy ! Fait à Anvers, le 16/10/2005 de 09h13' à 11h118' (1h05') Acteurs : Dieudonné Pascal (DP) et (Ng): Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 98 c.5. Matrice d'identification des participants à l'étude Matrice 2 : Matrice d'identification des participants 0. N°:
(À compléter par l'enquêteur) : <18 ans ; 18 ans ; >18 ans
99 (d) Résultats et conclusion Analyse (classement) du contenu des discours des immigrés africains Pour analyser les informations contenues dans les discours [du photolangage et de l'entretien semi-dirigé] des immigrés africains. J'ai procédé par des découpages en unités de sens par thèmes, afin de construire les catégories et les sous-catégorie. Seulement pour les catégories de la santé, je me suis basé sur les définitions empruntées D'Houtaud et coll.) : d.1. Matrice de la catégorisation des représentations de la Santé Matrice 5 : Catégorisation et sous catégorisation prédéfinies des représentations de la santé 5.1. 5.2. 5.3. 5.4. Joie de vivre Bonheur Bonne moral Bonne humeur 6. Hygiène 7.1. 7.2. L'essentiel La grande richesse 8. Prévention 9.1. 9.2. Pleine forme Pouvoir travailler 10.Non malade 10.1 10.2. Ne pas être malade Etre suivi par un médecin Distribution des fréquence des réponses ? Santé vide : 10, 8, ? Santé équilibrée : 1, 2, 3, 5, 6, 11, 12 ? Santé capitale : 4, 7, 9. La définition ou représentation de la santé
Vie sans contraintes Profiter de la vie Ne pas penser à la maladie Voir le médecin le moins possible
Bon équilibre physique Bon équilibre mental Bon équilibre biologique Bon équilibre dans la famille
Ne pas sentir son corps Se sentir bien dans sa peau Un corps sain dans un cops sain
7. Valeur de la santé
9. Aptitudes physiques 1.1. 1.2 1.3. 1.4. 2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 3.1. 3.2. 3.3. (D'après D'Houtaud et coll., 1991) 100 d.2. Catégories des représentations du corps Catégorisation des représentations du corps 1. Corps-Séduction : «C'est à travers mon apparence physique, de l'extérieur que les gens lisent mon intérieur». «J'essaye de garder un look naturel et authentique, accepté et acceptable par moi et par les gens. Je fait un effort pour soigner ma tenue vestimentaire et ma coiffure, mes moustaches. Je n'oublie jamais de brosser mes dents (...)» «Même si l'habit ne fait pas moine, j'ai un sens élémentaire d'organisation en mettant ma confiance dans l'Amour de Dieu. Tout cela attire l'attention, la confiance des gens sur moi et me considère en juste mesure». «lorsque je rencontre une personne, la première chose que je regarde est sa tenue, c'est très important. Comment est-elle vêtue ! Si c'est une femme, à plus de sa coiffure et de sa tenue, j'apprécie son charme, sa forme, sa silhouette souvent iconique, comme un bon africain, sa corpulence, sa hanche, ses bourrelets, ses démarches, sa poitrine, etc. sa beauté, appelons le chat par son nom, ses fesses, ses seins» «la grosseur symbolise le succès social et suscite l'attrait et non la répulsion. Du moins pour moi, la rondeur est liée à la douceur, à la tendresse, à la beauté africaine ! Comme beaucoup d'hommes africains, j'aime les femmes rondes et leur rondeur. Je trouve que ces femmes possèdent tous les attributs naturel féminins qui peuvent me séduire» «C'est une séduction à grande échelle, qui ne veut autrement dire que plus de formes donc plus de seins, plus de générosité. Mais toujours dans cette harmonie du corps, entièrement ronde». «Si les femmes minces ont toujours tendance à exhiber les parties de leur corps, ce comportement est par contre assez limité chez les rondes, parce que leurs parties ciblées, (...) sont visibles d'elles-mêmes, elles parlent seules et d'elle-même» «(...) la rondeur n'est pas suffisante : le charme, la séduction et une tête bien remplie, sont autant d'atouts, parce que la rondeur et la poitrine généreuse est souvent liée à douceur, à la tendresse». «je trouve les rondes plus coquines, plus espiègles, plus drôle» «La rondeur étant, en tout cas, il me semble d'après les quelques témoignages que j'ai vu, mieux acceptée, voir même appréciée par les hommes, moi y compris dans les cultures afro ! Ou le coté esthétique de la culture afro met-il simplement plus les femmes rondes en valeur. Rares sont les blacks que je croise qui ont une coiffure négligée, la peau sèche, les ongles pourries et qui sont mal fringuées, même avec peu de moyens, il y a un certains soins, toujours, dans l'apparence des femmes noires». «La corpulence de ma femme que j'ai choisi pour ma famille et construire ma vie, a une signification très profonde pour moi : sa générosité, sa douceur, sa tendresse, son amour, sa beauté africaine... sont authentiques, je l'adore ! Elle est là sur la photo». «Là où je fait mon job de survie, les collègues apprécient bien mon élégance, ma tenue, surtout quand je met le gilet». «je ne crois pas encore si vraiment les européens n'aiment pas le fait d'être gros ou tout simplement ils sont manipulés par les mas-médias, (...)» «je suis certain et pour beaucoup d'africains. Je suis désolé pour le sens que les gens donnent à ce type de corpulence»
«je vais vous dire que la conscience de chacun reste le juge ultime en ce sujet. C'est vraiment relatif, mais ce que je vous dis me concerne personnellement. Une femme enveloppée est pour plus mignonne, coquine» « une femme ronde, elle est une femme, selon mon coeur et mon goût authentique» «L'Occident avec ses mas-média veut en effet exercer une influence sur le regard des hommes, particulièrement les africains. Mais la plupart d'entre eux ne voient pas les femmes minces et préfèrent les femmes rondes».
«Ce stress m'apporte la rouille dans les engrainages de mon corps, le rhumatisme, l'incertitude. J'ai perdu toute ma carrure que j'avais au pays...» «Dans l'état actuel de chose, comme vous le voyez, j'ai la morale trop basse, peut-être avec peu de foi. J'ai un corps avec le par-choc, en carton qui se ramollie comme le carton mouillé, me rendant ainsi très est vulnérable. Je suis à cause de ma demande d'asile, soumis aux astreintes, à tel point que je suis devenu même incapable de m'épanouir physiquement et intellectuellement» «(...) j'aspire avoir un corps actif qui n'est pas soumis à la prise quotidienne des médicaments. Je veux donc bien dormir, bien loger, pas avoir des problèmes de digestion, avoir un moral au Zénith et travailler pour gagner mon pain quotidien et m'occuper de ma famille» « Je me sens très vulnérable et exposé aux maladies cardio-vasculaires, à la gastrite qui me dérange de fois quand le souci m'envahit trop (...), «Je suis à l'aise comme ça et j'en suis fier» «J'suis bien comme ça. Le chien aboie et a caravane passe, c'est ça» ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
«C'est clair que je sois gros par rapport à une personne mince. Si la minceur dans la société d'abondance est par contre valorisée, le surpoids l'est dans les société africaine. C'est normal, je trouve. J'aime gros et je n'ai pas grandi dans la famine, c'est ça» ! «Généralement, les éthiopiens ou les somaliens traduisent pour moi et dans le langage de mon pays la pauvreté, la misère, la famine». «Je suis africain, je suis noir et du sexe masculin. Généralement d'une carrure imposant, gros. Et voilà la nature a fait que je me retrouve actuellement trop mince, trop léger et je ne me reconnais plus dans ce corps. Ce que je suis actuellement, ce n'est pas moi. C'est le sens à donner à la misère. Impossible d'envoyer une photo au pays avec cette apparence». «C'est dramatique, vous le savez» ! «En tout cas, je ne me retrouve pas vraiment dans ce corps». Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
«Écoutez, les habits que je met ne donnent plus le sens, le poids à mon corps. Il faut faire des plis et des plis dans les pantalons pour qu'ils tiennent à la taille. Les trous de la ceinture, je les ai même multipliés pour qu'elle tienne à ma taille. Je ne suis pas un Éthiopien ou un Somalien,» «par ce que je ne suis pas né dans le désert, là où il n'y a pas à manger (...) mon corps, celui dans lequel mon esprit habite pour le moment, c'est une enveloppe qui n'est pas la mienne. Cette enveloppement est pour les «batu ya nzala na bazanga, mawa, (les affamés et les pauvres, malheureux)». «En tout cas, si ce corps maigre, mince est valorisée par les européens, c'est pas le cas pour moi» «(...) je suis convaincu que les africains aiment la grosseur même si certains veulent se faire voir (...), je ne sais comment. C'est un choix culturel. Oui ! Les gens doivent arrêter de lier cela à la famine ou à parler de n'importe quoi (...)» «Dans notre famille, nous sommes tous des gros en santé. C'est dans le sang (...) parce que même mes parents sont gros. Nous le sommes, même si cette apparence traduit aussi le signe d'aisance, de la santé, bien sûr», «la construction de notre image doit dépendre de nos interactions et de tout ce qui nous entoure, notre environnement», «Actuellement, plus de jeunes filles sont victimes de ces pressions sociales, puisqu'elles sont exposées à l'extrême importance qu'attache la société de la beauté féminine, à la minceur qui en a fait une identité». «Ils sont confrontés à des représentations du corps masculin extrêmement musclé ou chétif dans les médias, les cinémas». «Depuis que je grandit, je suis toujours gros». « c'est ce qui crée de fois la non coïncidence entre la représentation du corps physique et l'image réelle que l'on s'en fait, son corps invisible que je considère comme l'idéal» «je suis débouté de la procédure de demande d'asile. Mon dossier se trouve pendant devant le Conseil d'État. Ce qui fait que mon corps est loin d'être en équilibre, car le souci lié à cette procédure d'asile me perturbe à fond». «Le regard de l'autre et votre propre regard vous soumettent à une double analyse, dont les conséquences peuvent s'avérer très importantes. Ils peuvent vous fragiliser ou vous renforcer et vous rendre sûr de vous. Ce double regard représente dans des situations extrêmes, le facteur déclencheur de trouble de représentations» 6. Corps-Maternité «(...) les seins sont des symboles de maternité, d'intimité et de sécurité. Les femmes entretiennent avec leurs seins des rapports complexes» «La maternité, la douceur, la tendresse, la capacité de produire suffisamment du lait pour le bébé» «Dans ce corps je voyais la maternité assurée» «La maternité (...) est toute cette capacité de la femme ronde de pouvoir porter le bébé dans son sein, d`accoucher, de suffisamment produire du lait pour garantir l'allaitement du bébé, de le faire grandir, de lui montrer les prodiges de la terre...» «(...) toutes les femmes n'ont pas les mêmes caractéristiques physiques en termes d'apparence, de corpulence pour donner un sens clair à la maternité. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, la maternité va de la conception à l'accouchement, sans difficulté, et la suite. Pour cela, une femme mince ou svelte comme veut la culture occidentale, court un grand risque de ne pas être capable d'assurer jusqu'au bout ce rôle maternel de la femme. La femme naturelle doit avoir suffisamment de réserve pour résister à la grossesse et à assurer un allaitement après accouchement. Et ce réserve pour la femme se traduit dans sa rondeur, dans la graisse». Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
7. Corps-Virilité : «Être gros est aussi pour moi, le symbole de la force, de l'autorité, du pouvoir, de la protection, de la virilité, de la prospérité» «(...) la forte corpulence, pour moi, c'est une caractéristique qui représente la résistance, mais elle traduit également, dans une certaine mesure, mon état de santé, mon aisance». «(...) je vais vous dire qu'après mes études à l'Isc, ma corpulence imposante, doublé de ma voie rude, n'ont aucune difficulté à maintenir très vite mon voisinage à distance respectueusé». «(...) le fait d'être gros, peu importe les astuces ou les moyens utilisés pour y parvenir, signifie pour moi, est aussi associé à la virilité, à la masculinité, à la maturité, la force, la stabilité, l'aisance, à la beauté,» «Cette stature de géant me vaut une bonne part de ma réputation de responsable, de la sagesse. Elle représente, mon endurance, ma qualité de résister au froid, aux maladies. Parce que j'ai un grand réserve de l'énergie, de la force pour lutter contre les agressions». «Et parmi les amis de mon âge, j'ai toujours été considéré pour le plus âgé. Comme pour dire que le fait de grossir signifiait aussi grandir, la sagesse, la responsabilité (...). Et ils me craignaient, surtout que je suis quelqu'un qui ne parle pas normalement trop. De ce fait, à cause de ces caractères et de ma corpulence évidemment, j'ai toujours été nommé le chef de ma promotion». «(...), la forte corpulence est respectée, admirée. Elle symbolise la réussite sociale, tendis que, la pauvreté est représentée par un homme maigre, mince». «(...) que pour une africaine, immigrée ou pas, mettant de coté les hypocrisies, avoir une homme gros, c'est quelqu'un qui n'a pas de souci majeur, qui a tout, qui est intelligent, responsable,» «Certains de mes collègues me traitaient de chiffon, d'éponge». d.2. Catégories des représentations de l'alimentation Catégorisation des représentations de l'alimentation 1. Alimentation-Convivialité : «Je suis d'une famille très nombreuse de treize enfants, (...). Et chez nous, manger ressemblait à une kermesse. Même si, de fois que les menus ne contenaient pas la sauce des tomates avec les cubes magiques...» «Je peux vous dire que bien manger en famille, (...) avec les amis, c'est à la fois manger bon et apprendre à se nourrir, mais aussi éprouver du plaisir de se réunir autour d'une table et jouir de toutes les possibilités que nous offre la nature, l'environnement». «L'alimentation renforce l'harmonie de mon corps, dans ma relation avec mon environnement, de ma santé. (...) mon alimentation n'est pas seulement l'affaire de remplir mon estomac, mais de tout ce qui va avec..., toutes ces forces électriques, socioculturelles,» «(...) en famille, je veux dire que les repas sont servis dans les plateaux et non pas dans les assiettes individuelles comme ici, ce qui sent l'individualisme. C'est une culture communautaire. Je vais vous dire que la convivialité est l'un des moments les plus ardemment socialisés de tout système qui donne au groupe familial son homogénéité et sa dynamique. Oui ! Il faut voir les immigrés africains en dehors du domaine familial pour aussi observer, où l'alimentation et la convivialité de groupe acquièrent tout leur sens». Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] «ce plaisir de manger me permet de me rattacher à ma source (...)». «je ne suis pas une exception à la débâcle sociale dont souffrent aujourd'hui ces cultures millénaires, qui produit des aliments transgéniques, phosphorescents, anti-culturels et anti-naturels, qui de nos jours sont offerts aux consommateurs à travers des entreprises transnationales, affectant directement et indirectement la santé, le bien-être, les principes et les valeurs des personnes ainsi que l'environnement social des immigrés africains, leur milieu de vie. Les excès de consommation de ces aliments, surtout chez, chez, chez(...), ont généré la perte des valeurs, spécialement pour la société des immigrés africains aliénés» «depuis le temps de mes ancêtres jusqu'à aujourd'hui, ont été transmises des connaissances, techniques et valeurs au sujet de l'alimentation et de la santé. Ceci est mon héritage pour ma lutte et ma réaffirmation culturelle et identitaire. Les choix de certains groupes d'aliments me permet de me définir à la catégorie d'identificateurs socioculturels qui interviennent dans la construction de mon identité» «mon alimentation, du riz au pondu par exemple, est un élément qui me raccroche à mes origines et à mes racines. (...) dans mon alimentation, je vois mon intérêt de pouvoir maintenir mon identité, maintenir aussi une certaine altérité, la différence et surtout respecter mon appartenance au groupe et au clan auquel j'appartient» «chaque personne, chaque société, chaque communauté, chaque groupe humain, chacun réfléchit sur sa manière de manger et sur ce qu'il mange. (...) Derrière mon alimentation, il y a quelque chose de sacré qui est transmis,(...)» «les gens incorporent des aliments qui vont construire leur identité, selon une notification qui s'effectue en référence aux systèmes de la représentation que chaque groupe a élaboré» Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
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«en parlant des déterminants sociaux et culturels de mon alimentation, je fait allusion à la logique d'identité d'altérité, de règles communes» «l'immigration m'a permis d'introduire de nouveaux éléments dans mon alimentation, par exemple le remplacement de la farine de manioc par le féculent de pomme de terre pour avoir le goût du foufou » «mais, si la quantité de ce que je mange se réduirait, cela me poserait de problème parce que je ne pourrais pas me rassasier. Peut-être la qualité a changé mais pas la quantité» «j'ai du mal à pouvoir donner du sens, à resacraliser mon alimentation, à lui redonner une importance particulière» «je vous ai dit dès le départ que chaque aliment a une histoire socioculturelle. Et mon alimentation est inscrite aussi dans cette logique (...)». «même dans le monde des religions, manger a un sens symbolique très marqué. L'hostie, la sainte scène, la fête de mouton, que sais-je encore» ! «il y a ici une dimension importante pour essayer de comprendre pourquoi les immigrés africains continuent malgré les difficultés qu'ils éprouvent, à pratiquer certaines conduites alimentaires et pas d'autres, dont celles de leur milieu de vie (...) une négociation serait nécessaire à propos des pratiques alimentaires à partir du moment où, les gens restent dans un rapport de force, de conflictualité entre la culture alimentaire d'ici et d'ailleurs. Ce qui n'avance rien quant au problème de alimentation-santé, surtout si chacun campe sur ses positions, sans possibilité d'engager de dialoguer. Cela est très compliqué si tout le monde ne met pas la main à la patte. Le politique devra appuyer ce genre de projet de l'intégration pour alimentaire des immigrés africains» ! 4. Alimentation-Organisation : «Pour avoir de quoi mettre sous la dent ou à boire, etc., je dois aller les chercher à la source, au champ. Et namokili oyo, bilanga na biso ezali zando. Nde soki ozangi mbongo ! Mobulu ko [dans ce monde, notre champ, notre champ est le marché. Et si on n'a pas d'argent ! C'est le trouble, quoi]. Et pour nous les «sans papiers», c'est l'application de l'article-15 : «Débrouillez-vous» pour survivre. C'est ainsi que je prend parfois des risques, parce que je dois survive, au moins manger et boire de l'eau. Comme tout s'achète, je fait les travaux au «noir», non déclaré officiellement. À cause de cette situation de l'irrégularité, je suis souvent pris dans les pièges des escrocs. Mais que faire ? Je dois survivre après tout... C'est la loi de la jungle» « manger n'est pas uniquement la maîtrise du chemin de l'assiette, du plateau ou du pot à la bouche, mais aussi chercher, trouver, conditionner, préparer, conserver, servir et ingérer» «De la semoule, du foufou, riz, etc. je me les approvisionne à l'Oriental ou à Plantin, boutique exotiques pour garder mon identité alimentaire (...)» «Il y a à manger ici, mais pour l'avoir, il faut de l'argent» «Les fruits, je les mange quand je n'ai pas autres choses à manger ou en attendant que le plat principal soit prêt. C'est surtout la banane mure que je préfère de temps en temps manger. (...). Les fruits coûtent chers pour moi et ils ne satisfont pas aux besoins primaires. Je préfère encore prendre du café ou rien du tout, et attendre le vrai repas» «(...) je n'ai pas un programme fixe de travail pour bien organiser mon alimentation. Je fais avec, parce qu'il arrive de fois que je travaille pratiquement toute la nuit, de 20h00' à 02h00' du matin. (...) Et quand je rentre, je n'ai pas souvent le temps de préparer à manger comme je le souhaite vraiment ! Je manque du temps pour me préparer le plat que j'aime et que je veux, manger comme j'aime et comme je veux». «Dans ces conditions, je me contente de ce qu'il y a, je mange du «kebab», du pain, contre ma propre volonté, les frites et la survie continue ! Et la survie continue» «Je m'approvisionne principalement à Aldi au LDL où les prix sont plus ou moins abordables pour moi. De fois au GB, Delhaize». Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
«Comme mon frigo ne fonctionne pas correctement, je n'ai pas la possibilité de conserver les repas préparés. J'essaye de préparer une quantité que je saurai manger une bonne partie, surtout en ce moment où la température à l'intérieur est élevée». «J'essaye de m'approvisionner en quantité limitée que je ne dois pas conserver pour plusieurs jours. Même le pondu me pose de problème de conservation» «C'est la solitude que j'essaye de compenser, d'apaiser ce souci en visionnant les images et en écoutant les musiques, mais aussi par les grignotages et le manger (...) dans l'entre-temps (...)» «Mais depuis que je suis ici nous sommes dans ce que les Congolais appellent «mokili ya nguma», (la vie où chacun pour soi,...), où s'applique la loi de la jungle ou que le plus fort gagne» «sans possibilité de projection, de préparer mes repas différemment, de rythmer mon temps de manger, de structurer mon temps et mon espace : ma seule prière n'est que d'aller chercher d'abord la nourriture, pour savoir par la suite comment je vais pouvoir manger le soir ou le lendemain, c'est cela que j'appelle vivoter. Vraiment, j'ai l'impression que je suis dans cette position de ne penser qu'à la nourriture». «ce que je gagne est utilisé pour une bonne partie au manger et pour assurer mon loyer ici. (...) environ 80%. Je suis très limité dans mes projets de vie» ! «De la cigarette, en passant par l'eau au riz, je peux distinguer les aliments, selon leurs origines, leurs compositions chimiques ou leurs rôles dans l'organisme : il y a les tubercules, les céréales, les viandes, les poissons, les insectes, les légumes, les fruits, de l'eau, de la cigarette, de l'alcool, etc. Nous avons donc les aliments d'origine végétale, animale, minérale et gazeuse. Selon leur composition chimique, ces aliments sont glucidiques, lipidiques, vitaminiques et minéraux, gazeux, etc. Ces aliments peuvent aussi être classés selon leurs rôles spécifiques dans l'organisme : le rôle de la production de l'énergie pour faire fonctionner ce corps, de la construction, et le rôle de la protection» «Le matin par exemple quand je me lève, surtout quand je vais au boulot, j'aime manger le matin, s'il y en a. parce que de fois, il 'y a rien. Et faute de micro-onde, je me débrouille pour manger comme ça, le repas froid. En été comme actuellement, vous savez, je n'arrive pas à conserver le reste de ce que j'ai cuisiné avec ces moyens de bord ! Ca se gâte trop rapidement, parce qu'il fait trop chaud dans la maison. (...). Manger est devenu le centre de mes préoccupations, comme si je suis fait pour manger» «Comment voulez-vous que j'aile au restaurant, pendant que je vis au taux du jour. À moins que je sois invité, mais pas de ma propre initiative. Presque pas, je dirai ! De toute façon, comment voulez-vous que j'aille manger dans le restaurant, alors que je suis très limité du coté financier. Ceux qui y vont manger, ils se connaissent na bacoté wana (de ces cotés là). Vous savez, qu'un plat que je mangerais au restaurant coûterait ce que j'allais manger pour toute la semaine en temps ordinaire» «De la crise de la dioxine en passant par les OGM, la vache folle, les bruits courent actuellement sur la crise de la grippe aviaire, peut-être de la peste aviaire aussi. Et demain ! Est-ce que je peux parler encore d'une alimentation saine dans ces conditions. Ce processus n'est pas aussi évident pour les immigrés africains surtout s'ils sont des «sans papiers», documents de séjour ! C'est assassinat qui ne dit pas son nom. Si vous ne le savez pas, lorsque vous ne disposez pas d'un document de séjour régulier, vous êtes cuit pour la survie» «Je ne vais pas vous le cacher, car c'est la vie, c'est mon prix à payer aux autorités de notre pays d'accueil. Mon frigo est vide. J'ai la télé d'occasion et ce magnéton emprunté d'un ami qui a quitté la Belgique» ! «Un aliment est tout ce qui se mange, qui se fume, qui se boit ! (...), il y a aussi les autres aliments qui tuent et qui sont souvent considérés comme des poisons. Je vais citer dans ce cas par exemple, certaines variétés de champignon, de manioc amère etc. Ces aliments tuent» ! Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
«(...) les aliments pour moi, c'est un ensemble d'éléments qui me permettent de maintenir et d'assurer ma santé, ma survie (...) Sans ces aliments, mon organisme, mon corps ne peut plus fonctionner. C'est une chose indispensable pour survivre, pour être en santé» «Pour le moment, mon alimentation est la survie et le moyen de survivre : c'est avaler n'importe quoi sans en avoir plus d'infos sur les conséquences dans le temps» «Moi, je mange quand j'ai faim. Et c'est le soir que je mange beaucoup pour être en forme le matin» «Je m'approvisionne très difficilement de ce que j'aime manger et boire. Je mange au taux du jour, pour survivre et sans prévision» «Je mange ici pas par appétit, quelque fois oui, mais surtout pour survivre. Il y a trop de stress.... Mon actuelle condition de vie ne me permet pas ce kermesse de manger na goût, na plaisir (manger avec appétit, avec du plaisir) que je vivais chez moi en famille» Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
N° - Participant -1-
L'apparence physique serait le critère de définition de caractéristiques humains. Elle est fonction de la dynamique et d'adaptation sociale. Il révèle que pour les africains, un corps enveloppé traduit l'aisance, l'état de bien-être, la responsabilité, etc. Alors que pour les occidentaux, c'est la minceur qui symbolise l'intégrité morale. La grosseur serait pour les occidentaux, le signe d'irresponsabilité individuelle,
de Résumé Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
«(...) ma survie qui est une obligation, porte la signification des aliments, qui me donnent de la force de travailler, de survivre et de louer mon Dieu» «Faute de quoi manger il arrive de fois que je me contente de ce qui existe pour survivre. Alors que, le mieux est que je veux manger ce que je veux, quand je veux, comme je veux et selon mon choix. C'est cela qui fait mon plaisir minimal de survivre, pas vivre en tout cas dans l'état actuel des choses» «Je ne vis pas, mais je survis. (...) ! Pour le moment, je mange pour survivre, bien sûr. Je dirai d'ailleurs que je mange réellement pour survivre et faire fonctionner au minimum les organes de mon corps, comme une machine survivante, etc.» «Une voiture sans carburant ne démarre pas, c'est clair ! Mon alimentation est un moyen pour assurer ma survie, parce que je ne suis pas venu dans ce monde pour manger, mais me servir du manger pour glorifier mon Dieu. (...)» «Non, ce temps est révolu, je ne suis pas esclave de la nourriture, mais je mange pour vivre, survivre». «Ce document ou ce fameux titre de séjour conditionne toute ma survie» d.4. Présentation des résultats de photolangage du groupe Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 110 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes Participant -2- Participant -3- Les mannequins ne sont pas à confondre avec les anorexiques. Parce que la maigreur chez eux est une obligation professionnelle même si dans la réalité, c'est-à-dire mentalement ils ne sont pas d'accord. Lles médecins évoquent la question de poids idéal, qui dans la réalité n'existe pas. Alors que 'apparence physique est fonction de la représentation sociale. Et, en occident, c'est la minceur qui est valorisée. Ainsi, les gros sont obligés de se racheter pour ne pas se faire rejeter par la société en adoptant, parfois des attitudes indigne, en jouant les rôles spécifiques etc. pour faire plaisir à la société. Le développement de la technologie nouvelle et la pression économique rendent les femmes obsédées par la minceur, qui est devenue pour elles un devoir morale. De cette manière, les femmes vivent en désaccord entre ce qu'elles sont et ce qu'elles présentent à la société. Cela entraîne chez certaines à se lancer sur la voie des régimes yoyos alors que sur le plan biomédical, elles sont normales. Elles ne s'acceptent plus. Mais pour les immigrées africaines, cette grosseur est la bienvenue, parce qu'elle signifie autre chose, le bien-être, même. Tant mieux, si elles font partie de la classe sociale défavorisée.
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Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] 115 Comprendre les représentations est sans doute essentiel avant même de tenter de modifier des habitudes
Participant -12- L'application des normes de la corpulence valorise une image forgée du corps. Elles sont souvent à l'origine de conflit, car elles incitent à choisir. Alors qu'il n'existe pas dans la réalité, en ce terme de poids idéal. Tout est social. On voit même que certaines sociétés engraissent es jeunes femmes pour le mariage, alors qu'à l'opposé, la grosseur est une caractéristique de la classe sociale des pauvres en occident, où de plus en plus les nouveaux riches sont minces. L'on doit aussi reconnaître que la biologie aussi trouve une explication dans la grosseur au delà de l'influence sociale. La notion de poids idéal dépend de l'idée d'image du corps qu'on s'est forgée
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d.5. Matrice de la validation à posteriori et modèle de la lettre de transmission et d'invitation Matrice 3 : Matrice de la validation à posteriori des résultats par la restitution Représentation du corps
Représentation de l'alimentation
Critères de validation
Merci Fait à Anvers, le 13 décembre 2005 Pour accord de principes Enquêteur N'chweki M. Dieudonné P. Remarque : Une ou des feuilles supplémentaires peuvent être annexée (s) si nécessaire Commentaires : La validation à posteriori, dénote que les participants sont d'accord à la valeur moyenne de [4,0 : ce chiffre n'a pas une valeur statistique] de nos résultats d'analyses des données. Les recommandations des participants ont été considérées et résumées dans les perspectives pratiques. Les contacts téléphoniques e sont poursuivis après les expéditions des documents aux participants [population de l'étude] Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006]
Modèle 1 : Lettre d'accompagnement et d'invitation Madame, Mademoiselle Monsieur Anvers, le 13 décembre 2005 Concerne : Invitation pour validation des résultats de mes recherches. Madame, Mademoiselle, Monsieur, Dans le respect de mes engagements et fidèle à ma parle, je reviens une fois de plus vers vous et cette fois-ci pour solliciter votre appréciation sur les résultats de mes analyses des données. Je vous prierai donc de trouver aux annexes, les copies de synthèses des résultats d'analyses, la copie de l'organisation des composantes de la représentation du corps et de l'alimentation, ainsi que le tableau 4 : d'appréciations individuelles. Pour chaque question, cochez la réponse qui vous paraît la plus proche de ce que vous pensez. .Sans opinion signifie que vous ne pouvez vraiment pas vous décider. Les questions portent sur :
Je vous invite alors au lieu, date et heures indiqués au bas de la page, de bien vouloir vous joindre à nous pour valider en groupe, nos résultats de recherches, dont l'objet est de comprendre la représentation du corps et de l'alimentation dans les perspectives d'éducation pour la santé. Votre présence physique est vivement recommandée. Mais si jamais, il vous arriverait de ne pas venir pour nous rejoindre physiquement, je vous prie de bien me faire parvenir votre matrice d'appréciation, dûment clairement rempli, accompagnée de votre ou vos recommandation (s). - Jour et date : Dimanche 18/12/2005 - Lieu : Ferd. Cosemansstraat, 85 - Heures : 14h30 Tout en vous réservant un accueil chaleureux et convivial, je vous prie d'agréer Madame, Mademoiselle, Monsieur , l'expression de mes sentiments fraternels. Bien à vous, Enquêteur Dieudonné P. N'CHWEKI M. Ferdinand Coosemanssatraat, 85 B-2600 BERCHEM (Anvers) didopas@hotmail.com Surcharge pondérale : Représentations du corps et de l'alimentation des immigrés africains en Belgique [N'Chweki M. D. P.-01/2006] |
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