1.4. BREF APPERCU DE LA GESTION DES DECHETS DANS LA
VILLE DE KINSHASA
A raison de 5.000 m3 (CTB, 2007) de déchets produits
journellement, soit presque la quantité annuelle des déchets de
la ville d'Abidjan en 1994 (Adepoju G. ONIBOKUN, 2001), ce sont de
véritables montagnes d'immondices qui barrent à présent
l'horizon des Kinois!, l'enlèvement des déchets ménagers
n'est assuré que dans quelques zones résidentielles. Dans le
reste de la ville, les déchets sont déposés sur la route
ou dans des sites illégaux, ou sont déversés dans les
égouts ou enterrés. La capitale de la République
Démocratique du Congo, Kinshasa pâtit en outre de sa situation
géographique particulière : amphithéâtre naturel
construit sur un sol argilo - sableux, le site est aux prises avec des
problèmes d'inondations au niveau de la ville basse qui borde le fleuve,
et se trouve en même temps confronté à un important
phénomène d'érosion, à l'origine de glissements de
terrains dans les collines où s'est développée la ville
haute. Qui plus est, certains facteurs tels que le déboisement, la
pluviométrie, la détérioration du système
d'égouttage ou encore l'urbanisation anarchique, aggravent la crise de
l'environnement face à laquelle les pouvoirs publics, affaiblis et
dépourvus de moyens, se montrent impuissants.
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On l'a vu, à Kinshasa, l'augmentation
démographique vertigineuse des dernières décennies,
associée à la faiblesse des interventions de l'Etat (ramassage de
déchets, entretien des caniveaux, gestion des lieux publics, etc.), ont
provoqué une détérioration de l'environnement absolument
sans précédent. Au point que la splendeur dont se parait la
capitale dans les années 50, n'est plus qu'un lointain souvenir
effacé par l'image de «ville poubelle ».
Cette problématique de gestion des déchets, se
situe cependant au coeur des enjeux du développement. Elle a une
incidence directe sur la bonne gouvernance des centres urbains, de même
qu'elle interpelle chacun dans son rapport à la chose et à
l'espace public. Doivent donc se sentir étroitement concernés,
aussi bien l'Etat et ses représentants, que les citoyens pris
séparément ou dans leur ensemble, ainsi que tous les acteurs de
la vie économique et sociale. Seulement voilà : les moyens dont
dispose la municipalité de Kinshasa sont dérisoires en regard de
l'ampleur de la tâche. D'après une étude menée par
la Coopération Technique Belge sur la pauvreté urbaine; en 2004,
l'entreprise publique PNA (Programme National d'Assainissement), en charge de
l'évacuation des ordures, disposait pour tout matériel d'une
pelle, de 2 camions porte-containers, de 2 camions bennes et de 160 bacs
dispersés en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement 600 m3 de
déchets, pour une production plus de huit fois supérieures dans
le même laps de temps! Si l'on déduit de ce volume monstrueux la
partie organique - en partie récupérée par les
maraîchers pour en faire du compost - ce sont 4 000 m3 d'immondices qui
se déversent chaque jour dans Kinshasa, la rendant toujours plus
insalubre (CTB, 2007). A défaut de pouvoir organiser efficacement la
collecte, le transport, la valorisation et le traitement de ce gigantesque
rebut ; la plupart des opérations de nettoyage massif initiées
par la municipalité n'ont jamais donné aucun résultat
probant.
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Figure 4 : Des décharges sauvages bouchant
les caniveaux
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