3.3.2.DES ALTERNATIVES ACTUELLES S'OFFRANT AUX ECONOMIES
PAYSANNES
Pour une réponse alternative, il est important de
critiquer la notion d'efficience et donc changer les paramètres de son
évaluation. En effet, l'économie entrepreneuriale mesure son
efficience suivant les paramètres de rendement productif où les
démarches se réduisent à évaluer la relation du
bénéfice sans prendre en compte les autres conditions vitales
pour un développement agraire, comme les coûts humains, culturaux,
et environnementaux. Les entreprises sont habituées à
évaluer leur profit économique alors que les sphères
sociales et publiques des coûts et responsabilités sont mises
à l'écart. Quand on recalcule les indices d'efficience des
grandes entreprises, corrigés avec les coûts de destruction
écologique et perte de culture ainsi que les problèmes humains
qu'elles entraînent, on se rend compte que le panorama change et il
apparaît une inefficience relative aux grandes entreprises.
Il existe en Equateur des formes de contrôle pour
l'accès à la terre, qui est présente en particulier sur
les terres communautaires comme à Esmeraldas, où se trouvent des
communautés d'afro-descendant. Il est important de noter que ces
règles de contrôle collectif ne se manifestent pas seulement sur
les terres collectives mais aussi privées : la communauté
contrôle la cession ou la vente de ses terres ; ceci occasionne plusieurs
cas de familles ne pouvant pas vendre « librement » une parcelle
à un acheteur à moins que l'acheteur n'appartienne à la
communauté. Cette façon de contrôle communautaire permet
d'éviter d'une certaine manière un concentration de la terre et
assure une production familiale.
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ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Le fait de s'organiser en association ou groupement de
producteurs est une alternative pour obtenir un titre collectif des terres et
pour d'être sensibilisé et formé dans le but d'une
meilleure production des cultures, à moindre coût, par des
techniques organiques, dans le respect d'une pérennité des
ressources naturelles telles que la fertilité de la terre et de l'eau.
De plus, être regroupé permet de créer de la valeur
ajoutée aux produits vendus tel que le cacao dont les fèves
peuvent se faire sécher dans un centre géré de
manière collective. Ceci assurera un prix de vente plus
élevé et stable via les intermédiaires. De plus, produire
dans une stratégie de vente sur un marché de niche tel que le
cacao national est une sécurité pour le producteur à moyen
et long terme. L'adage l'union fait la force se vérifie dans ce cas,
d'autant plus s'il y a mise en place de certifications assurant à
l'acheteur une qualité sécurisée du produit, d'où
un prix de vente négocié et stable.
Au niveau du crédit, il n'y a pas vraiment de lignes de
crédits en accord avec les petits exploitants bien qu'un appui de plus
en plus spécialisé se met en place avec le gouvernement de Rafael
Correa. Le crédit commun ou communautaire est une alternative pour ces
producteurs à obtenir une aide financière rapide et efficace.
Malheureusement, ce type de crédit n'est que peu développé
au sein des communautés. Cela est principalement lié au manque de
moyens, de sensibilisation et de capital de départ. Il y a plusieurs ONG
et associations privées qui appuient dans ce sens mais elles sont en
minorité au vu de toutes les populations demandeuses. Il faudrait
réellement que le gouvernement et les municipalités appuient
cette forme de crédit, surtout pour les communautés
isolées, afin que chaque chaîne de la filière de
commercialisation (principalement en aval) puisse se développer, au
minimum maintenir, en toute dignité, leurs cultures dans le temps pour
les générations suivantes.
En dehors des stratégies de développement de
l'Etat, les alternatives évoquées ci-dessus pour les
exploitations familiales sont d'organiser les producteurs et renforcer
l'économie solidaire au sein des communautés. Face à des
politiques en faveur à l'agro-business, il est important que les
producteurs se rassemblent afin d'avoir une incidence sur les politiques mises
en place ainsi que sur l'environnement économique et commerciale les
entourant. Pour autant, ces alternatives n'ont en réalité que de
faibles impacts. Seul l'Etat a le pouvoir de faire changer véritablement
la situation actuelle de ces paysans.
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