2.5.2.L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS
La production du secteur de Quininde présente plusieurs
alternatives de commercialisation en accord avec les producteurs, selon la
disponibilité du transport et selon la capacité de production
mise en place. La plupart des producteurs de cacao et de fruit de la passion se
situent dans la zone amont, ondulée. Ils sont, pour la majorité,
isolés des grandes voies de communication.
Par manque de capitalisation monétaire, de services de
transport, ces producteurs ne peuvent pas vendre leur production dans les
villes telles que Quininde où le prix du cacao au quintal est
avantageux, ainsi qu'ils ne peuvent pas donner une valeur ajoutée en
post récolte par besoin rapide d'avoir de l'argent. De ce fait, leur
production est vendue à des intermédiaires localisés dans
des zones stratégiques telles que les petits villages (Viche, San Ramon,
Cube, etc.).
Ainsi, la production de ces exploitations familiales est
véhiculée jusqu'aux intermédiaires à l'aide de
barques, chevaux, bus passant dans les communautés, et au meilleur des
cas au moyen de voitures. Une fois arrivée au village le plus proche,
cette production est vendue aux intermédiaires qui jouent donc un
rôle unique d'accès à la commercialisation pour ces
producteurs isolés.
De part cette position de monopole, les intermédiaires
ont pu définir le prix et autres stratégies d'achat des produits
entre les groupes des petits producteurs. En effet, ils n'ont pas de poids de
négociation du fait de leur nécessité de vente et de leur
vulnérabilité.
Remarque : d'un autre côté, les
intermédiaires offrent des prêts à ces producteurs, allant
de 50$ à 1000$ en moyenne, sans intérêt. Ils offrent aussi
d'autres opportunités comme acheter le cacao et donner en contre partie
du maïs ou riz au producteur n'ayant pas accès à ces
produits. Ainsi, le producteur trouve aussi son intérêt à
vendre sa production aux intermédiaires.
Les coûts de transport et les marges des
intermédiaires affectent donc considérablement les prix de
l'exportation, ce que laissent les producteurs avec une faible participation du
prix à l'export.
Graphique 3: Répartition du prix de vente du
cacao au sein des acteurs de sa filière (MAGAP,
2001)
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On peut voir que l'exploitant, avec les filières
actuelles de commercialisation du cacao, ne reçoit, en moyenne, que 5,5%
du prix total de vente lors de l'export.
Une fois vendu, le produit est dirigé vers des zones
d'exportation ou d'industrialisation au niveau des villes, principalement
Quininde où les intermédiaires le vendent aux grossistes. Le
fruit de la passion part ensuite à Quevedo, le cacao se fait transporter
jusqu'à Guayas où il est transformé puis
exporté.
En regardant ces aspects, on peut dire que
l'intermédiaire constitue une place essentielle, mais aussi de monopole,
en aval des filières de commercialisation dans ces zones
reculées. Bien qu'ils aient mis en place des stratégies pour
acheter les produits à prix bas, sans critère de qualité,
rendant le producteur dans un cercle vicieux sans réelle coût
d'opportunité, le producteur bénéficie d'un accès
facile pour vendre ses produits. De plus, il peut avoir accès à
d'autres produits vivriers indispensable pour l'alimentation de leur famille
ainsi qu'avoir accès à des crédits en situation d'urgence,
de mauvaises récoltes ou autres.
Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de
la passion (étude SIPAE, 2009)
La production de maïs et de riz est
caractérisée par une superficie d'exploitation minime dans la
zone, servant à l'autoconsommation. Cette production est apparue lors
des colonisations de personnes migrantes de la sierra, emmenant avec eux leurs
cultures. Le peu de produits vendus est acheminé vers ces mêmes
intermédiaires.
Limite de l'étude : durant la période de
notre étude réalisée, nous n'avons pas vu de production de
riz et de maïs.
La production de manioc, banane et de citrique se
caractérise par des cultures généralement tournées
vers l'autoconsommation. Pour ces produits, il y a peu de marchés locaux
et aussi une grande perte de cette production au sein des exploitations.
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De plus, le fait que leurs prix sont bas au niveau du
marché et que leurs chaînes de commercialisation ne sont que
très peu développées (pas d'agro-industrie dans le
secteur) sont des facteurs n'incitant pas à leur commercialisation. Le
peu de vente de ces produits s'effectue en « bord champs » à
des intermédiaires.
Figure 11: Commercialisation des produits vivriers
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
En ce qui concerne la zone avale, principalement
dédiée à la production de palme, la chaîne de
commercialisation diffère pour beaucoup de celle évoquée
précédemment :
La production de palme africaine est
caractérisée par une agro-industrie locale et par des entreprises
nationales ou multinationales. La vente se réalise du producteur
à l'agro-industrie. L'intermédiation est minime, seulement
présente pour les petits exploitants de palme reculés de la
zone.
La production de palme est donc emmenée directement,
quelque soit l'exploitant, par des moyens de transport privés, propres,
depuis l'unité de production jusqu'aux industries de transformation.
Cependant, il existe, depuis peu, quelques « greniers à palme
» (développés comme une stratégie d'expansion des
grandes agro-industries) où l'on trouve des intermédiaires
achetant la palme à de petits exploitants en pleine transition
culturale.
L'agro-industrie locale assure aux producteurs un prix stable
et régulier. De plus, les palmiculteurs membres de l'association ANCUPA
ont des avantages directs avec des banques privées leur permettant
d'avoir un accès au crédit beaucoup plus rapide en termes de
temps et plus efficace en terme de prêts.
L'huile de palme et de palmiste, sont exportés à
travers des groupes d'entreprises ou sont envoyés à de plus
grandes industries.
Figure 12: Commercialisation de la palme africaine
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
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Enfin, la commercialisation de l'élevage dans ce
secteur se caractérise par une typologie de producteurs diverse, autant
des petits que des grands ayant donc des stratégies de
développement différentes.
Il existe donc une certaine spécialisation : par
exemple les petites UPA font de l'élevage pour leur autoconsommation et
s'en servent pour sécuriser leur capital, alors que les moyennes et
grandes UPA sont plus sur une stratégie de commercialisation. Les zones
consacrées à l'élevage sont situées en plus grandes
concentrations dans les zones ondulées (zone amont).
Le bétail des petits et moyens éleveurs est
acheminé à l'aide de licou dans des centres principaux ou dans le
village le plus proche pour être vendu à des intermédiaires
à moyenne capacité. Ensuite, les bouchers achètent le
bétail qui sera redistribué à la population.
Les moyens et grands éleveurs gagnent pour beaucoup en
termes de valeur ajoutée de la transformation du bétail en
viande, et de la vente directe aux grandes entreprises agro-alimentaires au
moyen de camions frigorifiques.
Figure 13: Commercialisation de l'élevage
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
Remarque : le samedi et dimanche sont deux jours
où les producteurs arrêtent de travailler pour vendre leurs
productions aux fêtes de villages avant de revenir sur leur unité
de production, avec les employés ou non, pour toute la semaine.
Les deux points importants de l'articulation sociale de la
filière de production, afin de permettre aux producteurs de vendre et
d'acheter les produits, sont :
- Le rôle important que jouent les intermédiaires
dans les zones isolées ;
- L'importance des centres de commerce (au niveau des villages et
villes).
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