2.2.3.L'APPUI DE L'ETAT POUR DYNAMISER LA ZONE
Ce n'est pas seulement l'implantation de firmes
étrangères dans le canton ni les nouvelles voies de communication
qui sont à l'origine du dynamisme économique du canton. En 1963,
il s'est produit dans les provinces voisines, celles de Manabi et Loja, une
sécheresse qui a eu un effet désastreux sur les cultures. La
conséquence a été une nouvelle colonisation massive vers
le nord du pays. Cette colonisation ne s'est pas déroulée de
façon spontanée mais au contraire, elle a été
dirigée par l'état qui a promu des programmes d'extension donnant
accès aux populations à des lopins de terres à
cultiver.
Au début des années cinquante, selon le plan de
colonisation au niveau du trapèze délimité par Santo
Domingo - Quininde - Chone - Quevedo, 500 000 ha furent occupés par
environ 200 000 colons. C'est en réponse à cette forte
arrivée de colons en pleine zone d'expansion de banane que l'état
promulgua en 1954 un décret amenant à plusieurs dispositions sur
les lois via la colonisation des terrains vierges.
![](Situation-actuelle-et-perspectives-davenir-des-exploitations-familiales-face--un-developpement15.png)
Figure 8: Plans de colonisation et accès
à la terre durant les années soixante (étude SIPAE,
2009)
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Cycle INGENIEUR
Remarque : à travers de ce trapèze, des
études ont évalué que seulement 10 % de la population
avait légalisée leur terre dix ans après.
C'est IERAC (remis en cause aujourd'hui) qui donnait le droit
de s'installer sur telle ou telle terre. Souvent les bonnes terres
redistribuées dans le canton étaient en fait vendues sous couvert
de « réforme agraire » : les grands propriétaires
(venant de Manabi pour la plupart) recevaient des terrains de plus de 100 ha
situés sur des zones planes, disposant d'un accès à l'eau,
aux routes et aux infrastructures (zone avale). Au contraire, les terres
données gratuitement étaient sur des terrains de moins de 15 ha
en pente ou situés à une haute altitude où plus de 80 000
petits exploitants se sont implantés (zone amont du canton).
Une alternative contre ces inégalités
foncières fut de créer des coopératives par les petits
exploitants afin d'avoir le droit à des lopins de terre de 50 ha. C'est
à partir de ce moment qu'il y eu la création de
coopératives de producteurs dans tout le pays. Nous pouvons citer dans
le canton de Quininde la création de Agrícola Independiente, San
Carlos, Unión Manabita, Simón Bolívar, et plus d'une
vingtaine d'autres. (Larrea, 2006)
Simultanément, un système de dénonciation
fut mis en place : les producteurs installés depuis longtemps, n'ayant
pas de titre de propriété, ont été
dépossédés de leur terre, principalement dans la zone aval
de l'étude ; un producteur nous a dit : « le problème
n'était pas d'avoir de la terre, le problème était de
pouvoir la conserver ».
Remarque : il y a eu dans la zone avale un
phénomène de concentration foncière, dont les principaux
acteurs sont maintenant les agro-entreprises, comme les producteurs de banane
ou d'huile de palme. (AVSF, accès à la terre en Equateur,
juillet 2008)
Au niveau des productions, à partir de l'année
1952, on rencontre le long de la route principale des cultures de banane pour
l'exportation, d'élevage, et l'apparition de la palme. A
l'extérieur de ce trapèze en plein essor, on se consacre
principalement à des cultures d'autosubsistance, avec une
majorité de banane plantain, manioc, riz. On voit aussi apparaître
à partir du milieu des années 60 des producteurs se consacrant
à de petits élevages de vache laitière et viande, ce qui a
ouvert un nouveau marché local à Quininde, étant la ville
du canton en pleine expansion.
Ces nouvelles réformes agraires, ce plan de
colonisation dirigé et les mouvements de colonisation ont permis la mise
en place d'une dynamique d'accumulation de la terre, et donc de fragmentation
et dépossession de terres de petits paysans dans certaines zones du
canton.
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Dans la zone aval, les « Plans Pilotes » de la
colonisation dirigée ont contribué principalement à
l'implantation de grands propriétaires et de firmes
étrangères pour des cultures agro-exportatrices. Au contraire, la
zone amont a été principalement peuplée par de petits
exploitants cultivant pour leur autosubsistance. Au niveau du «
trapèze », on se rend compte que le niveau de vie des colons est
largement supérieur à celui des zones amont du canton. On observe
par exemple en zone avale, une assistance technique auprès des
producteurs, des aides économiques fortes (se traduisant par des
prêts en général), que l'on ne retrouve pas à
l'extérieur du « trapèze ».
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