2.2.2.LE BOOM DE LA BANANE ET SES IMPACTS
Jusqu'en 1948, l'Equateur était un exportateur marginal
de banane. Six ans plus tard, l'Equateur devient le premier exportateur et
producteur de banane au niveau mondial. Essayons de comprendre en quoi cette
spécialisation a tiré l'Equateur de la crise économique.
En second point, nous montrerons quels ont été les impacts de cet
essor économique, tant au niveau social qu'au sein des systèmes
agraires de notre zone d'étude.
Au début des années cinquante, la plus grande
demande en banane fut celle des Etats Unis, qui s'approvisionnait par le biais
de deux grandes entreprises multinationales (United Fruit et Standard Fruit)
à partir de leurs propres plantations en Honduras, Guatemala, Costa
Rica, Panama et autres filiales secondaires aux Caraïbes. Durant
l'après guerre, deux maladies, « le Mal de Panama » et «
Sigatoka Amarilla » ont affecté gravement ces plantations qui
correspondaient à la variété Gross Michel. Pour contrer ce
désastre, ces deux multinationales ont opté pour lutter contre
ces maladies par de grands investissements mais aussi en dégageant des
filières secondaires à la recherche de nouveaux marchés.
Le fait que l'Equateur était un pays sans « Mal de Panama » et
qu'il s'ouvrait aux investissements étrangers, a été les
deux raisons pour s'implanter là bas. (Larrea, 2006)
A partir de ce moment, les exploitations se sont construites
sur des anciennes haciendas de producteurs de cacao partis après la
crise ou sur des terrains vierges occupés par des colons comme pour le
cas du canton de Quininde. En 1954, la province d'Esmeraldas
représentait 23% de la superficie totale de plantation de banane, la
plus importante production nationale. Les raisons sont liées à
une forte injection de crédit pour la province qui a reçu un
tiers du crédit destiné à la production de banane dans le
pays. (Collin D. 1981)
Figure 7: Avancée des exploitations
bananières en 1954 en Equateur (Collin D, 1981)
Le modèle agro-exportateur fut un succès total
dans la zone : la majeure partie des terres du secteur de Santo Domingo et
Quininde appartenaient à l'état, comme terre inoccupée. La
stratégie de l'état fut de les vendre à petit prix,
incitant les populations extérieures à venir s'implanter au
niveau du canton.
C'est ainsi qu'une majorité de compagnies
multinationales profitèrent de cet « élan de
générosité » pour s'implanter : Calvet
Martínez, Fruit Trading Corporation (Compañía Aztral) et
Luis Novoa. En contre parti, les producteurs devenant salariés pour la
plupart, avaient la garantie d'un emploi.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
A partir de cette époque d'ouverture des
frontières et donc d'entrée massive de firmes multinationales,
des pressions foncières commencèrent à se faire ressentir,
des conflits de terre éclatèrent, des protestations de
producteurs remontèrent jusqu'au palais présidentiel à
Quito en 1958. Le problème venait essentiellement des titres de
propriétés qui n'existaient pas au début du siècle.
Comme nous le verrons, ceci est un des gros problèmes de
sécurisation foncière pour les petits et moyens producteurs face
à l'agro-business croissant dans ce canton.
Remarque : en 1960, grâce à ces nouvelles
filières privées et cette dynamique industrielle croissante, il y
eut un développement des transports marins (bateaux à moteur)
mais surtout la création de routes reliant Esmeraldas à Quininde
ainsi qu'entre Quininde et Santo Domingo ; ce qui changé radicalement le
mode de commercialisation.
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