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Mémoire, identité et dynamique des générations au sein et autour de la communauté harkie. Une analyse des logiques sociales et politiques de la stigmatisation.

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par Emmanuel BRILLET
Université Paris IX Dauphine - Doctorat de sciences politiques 2007
  

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II. La figure du harki dans les gestes françaises de la guerre d'Algérie

Et qu'en est-il de ce "jeu" entre le passé et le présent sur l'autre rive de la Méditerranée ? Continuant de coller à l'optique générale qui est la nôtre dans la Partie 2 (à savoir : faire état du "travail de l'écart" entre ce qui a été et la manière dont il en est rendu compte a posteriori), il nous faut maintenant objectiver la manière dont l'Etat français, en tant qu'appareil de pouvoir et de savoir, s'exprimant à travers ces relais institutionnels de la mémoire que sont l'Exécutif politique, le Parlement et l'école, a mis en récit, depuis 1962, les tenants et les aboutissants de la guerre d'Algérie. Ce faisant, il nous faudra montrer dans quelle mesure - et de quelle manière - cette "geste officielle" de la guerre d'Algérie a influé sur la postérité symbolique des anciens supplétifs musulmans de l'armée française et ouvert - ou non - la voie à des interprétations et usages "concurrents", dont il faudra préciser la nature et l'impact.

Aux fins de prévenir d'emblée tout glissement sémantique et interprétatif, et nous appuyant pour cela sur une mise au point d'Henry Rousso1040(*), il nous faut ici préciser qu'à la différence de ce qui a pu être observé (en Union soviétique par exemple) ou continue de l'être dans certains Etats totalitaires (en Chine notamment), et à la différence de ce qui peut être observé dans un Etat protéiforme à forte composante militaro-populiste comme l'Algérie, ce que nous appelons en France "geste officielle" ou "mémoire officielle" ne vaut pas "histoire officielle", au sens d'une subordination de la discipline historique, de la presse ou des arts au pouvoir politique. En France, ce que nous appelons "mémoire officielle" n'est qu'une vision parmi d'autres visions existantes et librement publicisées du conflit algérien ; ce dont témoigne « la persistance depuis 1962 d'une production historiographique surabondante (et très difficile à recenser exhaustivement) : entre 10 et 20 titres nouveaux par an au bas mot, sans compter les oeuvres littéraires (romans, nouvelles, poésie, théâtre) ou audio-visuelles »1041(*). Une vision parmi d'autres, donc, mais une vision importante compte tenu du rôle essentiel joué par l'Etat dans "l'invention" (pendant la guerre d'Algérie) puis la "réinvention" de la destinée des anciens harkis et de leurs familles, à la suite de leur "rapatriement" puis de leur "mise sous tutelle" dans le cadre du système d'accueil et de reclassement (voir la Partie 1). Cette "geste officielle" s'exprime essentiellement à travers ces relais institutionnels de la mémoire que sont l'Executif politique (actes de gouvernement, déclarations publiques, pratiques cérémonielles), le Parlement (rapports et débats parlementaires, vote des lois) et l'école (programmes scolaires du premier et du second cycle, à savoir : l'histoire telle qu'on la raconte aux enfants et aux adolescents).

En outre, il est bon de préciser, à ce stade, que c'est à l'image des harkis telle qu'elle se dégage, en clair ou en creux, de la représentation officielle plus générale de la guerre d'Algérie qu'est consacré ce chapitre, et non pas tant à cette dimension particulière de la mémoire officielle qu'est la geste dite commémorative - ici comprise au sens de politiques de reconnaissance spécifiquement dédiés aux anciens harkis et à leurs enfants - qui sera plus systématiquement abordée dans la Partie 4.

Selon Benjamin Stora, le désir de taire un passé peu glorieux a conduit à passer sous silence l'histoire des Français musulmans rapatriés : « En France, admettre l'existence de ces acteurs d'un drame désormais retiré de l'affiche, ce serait mettre en accusation le gouvernement du général de Gaulle qui n'a jamais voulu planifier leur départ. Les harkis deviennent ainsi les témoins gênants de la guerre d'Algérie. L'absence d'intervention des troupes françaises entre mars et décembre 1962, on l'a vu, amène la "disparition" de dizaines de milliers d'Algériens musulmans »1042(*). « La société, écrit Marc Ferro, impose souvent des silences à l'histoire, et ces silences sont autant l'histoire que l'histoire »1043(*).

De manière plus générale, la guerre d'Algérie n'est, dans ses tenants comme dans ses aboutissants, « ni un facteur de cohésion nationale, ni une source de légitimité pour les dirigeants de la Vème République »1044(*). Par-delà le traumatisme des exactions perpétrées par l'armée française dans ses opérations de maintien de l'ordre, c'est semble-t-il la phase finale de la guerre d'Algérie qui pèse d'un poids inassumable dans les consciences françaises : aux contrecoups d'une politique de « pacification » souvent mal maîtrisée s'ajoute le traumatisme d'une politique de « dégagement » précipitée, dont le coût humain (voir la Partie 1) ressortit des "zones d'ombre" de la mémoire officielle. Il en a résulté, à droite comme à gauche de l'échiquier politique (pour des raisons diverses mais convergentes), une "fabrique" a minima du souvenir de la guerre d'Algérie par l'Etat. Cette mise en récit éthérée et l'entente tacite pour ce faire des diverses formations politiques (qui, héritières plus ou moins directes de celles qui avaient "fait" et "défait" à leur manière la guerre d'Algérie, se sont succédées depuis lors au pouvoir), ont signé comme l'élision de ceux qui en furent - côté français - les principales victimes : anciens harkis et pieds-noirs (section A).

Cette quasi-absence de prise de position officielle et, plus encore, d'exaltation du souvenir de la figure du harki jusqu'à la fin des années 1990 (que ne compense que très marginalement le légendaire construit autour de cette figure par les « soldats perdus » de l'Algérie française, qui en font comme l'étendard d'une « espérance trahie ») a ouvert la voie à des interprétations et usages "détournés" de cette figure : le harki comme injure de sens commun dans l'ordinaire des prises de position et des joutes politiciennes (détournement de vocable), et le harki comme masse de manoeuvre électoraliste (section B).

A.  Les habits officiels du souvenir : un récit éthéré (le harki sous l'éteignoir)

Pendant longtemps, en France, la guerre d'Algérie n'a été ni reconnue comme telle1045(*) ni commémorée1046(*). La geste officielle française n'a eu de cesse, depuis l'indépendance, de véhiculer une vision éthérée de cette guerre, à la fois anecdotique (une suite d'événements) et générique (la dernière étape du processus de décolonisation). Plus encore, ses principaux protagonistes ou victimes français (pieds-noirs, Français musulmans rapatriés, militaires de carrière et, de manière plus contrastée, appelés) ont été comme évacués des récits officiels.

Cette ataraxie relative des relais institutionnels de la mémoire fut d'abord celle du Parlement puis de l'école. Le législateur comme l'Exécutif, de droite comme de gauche, signifièrent dès la signature des accords d'Evian, et bien après encore en dépit des alternances politiques, « une volonté officielle d'oubli, traduite par une série de lois d'amnistie échelonnée de 1962 à 1982 et par l'absence de toute commémoration consensuelle »1047(*). L'école - l'école obligatoire mais aussi, quoique pour d'autres raisons, l'université1048(*) - ne fut bien entendu pas exempte des pressions, plus ou moins informelles, de la tutelle politique. D'après une enquête faite en 1992 auprès des jeunes Français âgés de 17 à 30 ans nés après la guerre d'Algérie, « la plupart d'entre eux (80,5% contre 18%) estim[ai]ent que l'école ne leur en a[vait] pas suffisamment parlé »1049(*). En outre, en conséquence de la différence de traitement longtemps opérée par les relais institutionnels de la mémoire, les jeunes générations « connaissent beaucoup mieux la Deuxième guerre mondiale que la guerre d'Algérie, et tendent à se représenter celle-ci d'après le modèle de celle-là »1050(*), conformément à ce que fut la propagande du FLN aussi bien que la geste des intellectuels français engagés à ses côtés pendant la guerre d'Algérie (voir le chapitre III de la Partie 2 ci-dessous). Cette situation, déplore Guy Pervillé, « valorise les ressemblances au détriment des différences », et fait fond à l'amalgame. Ainsi, un sondage Ligue de l'enseignement/IMA1051(*), paru dans Le Monde du 27 février 1992, montrait que la lutte du FLN pendant la guerre d'Algérie était assimilée à celle de la Résistance sous l'Occupation par une écrasante majorité de jeunes Français. De manière implicite, une telle mise en perspective véhicule une représentation stigmatisante des anciens harkis en ce qu'elle légitime et consacre les qualificatifs de collaborationnistes et de traîtres qui, aujourd'hui encore, leur sont accolés en Algérie. De telles assimilations, pour abusives qu'elles soient, ressortissent ainsi du sens commun, de la mémoire diffuse de la guerre d'Algérie et semblent, à ce titre, témoigner de la vulgarisation d'une lecture prosélyte des événements.

Pourtant, note Guy Pervillé, « chaque fois qu'il y a trouvé un intérêt politique et civique, l'Etat a favorisé sans délai l'étude des grands conflits. Aussitôt après la Grande Guerre, les pouvoirs publics ont aidé à fonder la Société et la Revue d'histoire de la Guerre. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, ils ont créé deux commissions qui ont fusionné en 1951 pour former le Comité d'histoire de cette guerre, publiant sa revue, dont l'oeuvre historique fut considérable ». « Rien de tel, ajoute-t-il, après la guerre d'Algérie »1052(*). Aussi, lorsqu'il entend caractériser « la manière dont l'Etat s'est emparé de cette période et a tenté de la mettre sur la place publique », Henry Rousso indique qu'à la « phase de liquidation des séquelles » marquée par les premières amnisties a succédé une longue « phase de refoulement »1053(*) : la guerre d'Algérie et ses zones d'ombre sont peu ou prou évacuées de l'espace public ou, tout au moins, de l'espace politique jusqu'à la fin des années 1980. Jusqu'alors, si l'historiographie est relativement abondante, elle est très majoritairement composée de « témoignages plus ou moins engagés d'acteurs ou de spectateurs, importants ou modestes », ainsi que, dans une moindre mesure, d' « enquêtes et de récits de journalistes » (ainsi en va-t-il du récit en 4 tomes d'Yves Courrière ou des livres de Jean-Raymond Tournoux) : « Les ouvrages d'historiens professionnels sont beaucoup plus rares, et plus tardifs »1054(*). Et ni les uns ni les autres ne provoquent de débats tels qu'ils viennent contrarier significativement ou durablement cette « volonté politique de tourner la page » évoquée par Henry Rousso.

Il en ressort, dans ce contexte, une caractérisation désincarnée des événements d'Algérie, à la fois "stato-administrative" (les événements d'Algérie comme « opérations de maintien de l'ordre ») et "historiciste" (les événements d'Algérie comme soubresauts inéluctables d'un procès de décolonisation commencé en d'autres lieux et en d'autres temps). Des opérations et un processus rendus certes plus délicats qu'ailleurs en raison de l'ancienneté de la présence française, mais finalement gérés au mieux des intérêts de chacune des parties en présence (soit les « Algériens » d'un côté, les « Français » de l'autre) via l'épilogue officiel des accords d'Évian, présenté comme ouvrant la voie à une coopération raisonnée des deux entités. Comme si la France, loin de s'être entre-déchirée, s'était résolue de bonne grâce à l' « inéluctable ». Comme si l'Algérie et le FLN ne faisaient - "naturellement" - qu'un. Comme si les Français d'Algérie et les Français musulmans rapatriés n'avaient finalement pas été contraints à l'exil. Comme si, au fond, la reconnaissance par la France de l'indépendance "en l'état" de l'Algérie, loin de signer de quelque manière un échec (quant à l'évolution démocratique de l'Algérie) ou un déchirement (quant aux conséquences pour ses ressortissants et "amis" de la reconnaissance du FLN comme interlocuteur hégémonique), marquait bien plutôt une étape décisive dans l'adaptation de notre pays aux réalités économiques (entre "cartiérisme" et "aronisme") et géopolitiques du monde contemporain (la politique arabe du général de Gaulle). Tant et si bien que, si l'on s'en tenait à la geste officielle de cette période (et à l'histoire telle qu'on la raconte aux enfants), « l'on pouvait encore se demander si la guerre d'Algérie faisait partie de l'histoire de France, ou même si elle avait jamais eu lieu »1055(*).

De fait, la mise en intrigue générique de la guerre d'Algérie proposée par l'école élude les questions qui, d'une certaine manière, "rendent" leur spécificité à ce conflit. Michel Hagnerelle, inspecteur général de l'Éducation nationale, et Michel Lambin, professeur de classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Watteau de Valenciennes, soulignent ainsi que l'approche de la guerre d'Algérie dans les manuels de terminale pose de sérieuses questions : « Alors que le programme de troisième mentionne ouvertement la «guerre d'Algérie», dans ceux de la classe de terminale la guerre ne figure pas toujours de façon explicite et, du reste, la seconde partie du programme a préféré parler de «l'émancipation des peuples dépendants et de l'émergence du Tiers-Monde». La guerre est donc présente dans des chapitres différents et dispersés suivant les manuels. On la retrouve au titre des relations est-ouest, de la décolonisation, de la France depuis 1945 ou encore, parfois, sous la forme d'un sujet corrigé ou d'un dossier, ce qui permet d'éluder certaines questions et laisse insatisfaits élèves et professeurs »1056(*). Ce constat d'une couverture à la fois insuffisante et élusive de la guerre est partagé tant par ceux des experts qui furent autrefois des acteurs engagés dans la lutte anticolonialiste que par ceux qui étaient trop jeunes pour y avoir pris part et/ou ne se revendiquent d'aucune filiation militante. Maurice T. Maschino, qui appartient à la première catégorie d'experts, déplorait en 2001 la « façon quasi-clandestine dont la guerre d'Algérie s'insère dans le programme »1057(*). Il constatait notamment que « la guerre d'Algérie n'est pas expressément mentionnée dans le programme de 3ème, ou dans cette partie du programme, elle-même réduite à la portion congrue, qui permet de l'aborder : «De la guerre froide au monde d'aujourd'hui (relations Est-Ouest, décolonisation, éclatement du monde communiste)» ». Et il ajoutait : « De la même manière qu'en 3ème, la guerre d'Algérie n'est pas l'objet d'un chapitre particulier en terminale. Elle n'est même mentionnée, comme telle, dans aucune des sections du programme - le monde de 1939 à nos jours ». Mais plus encore que cette place ténue dans les manuels, c'est la construction d' « un discours le plus consensuel possible [qui] propose aux élèves une lecture sans relief des événements » que pointe Maurice T. Maschino1058(*). Un constat partagé, nous l'avons dit, par Guy Pervillé (voir ci-dessus1059(*)), qui appartient à la deuxième catégorie d'experts1060(*).

Des divergences d'interprétation apparaissent cependant quant à la place relative dévolue à chacun des traits marquants de cette guerre dans les programmes scolaires. Si Maurice T. Maschino constate, d'une part, que les manuels « citent la démission du général de Bollardière, publient le «Manifeste des 121», et signalent La Question, d'Henri Alleg »1061(*), et, d'autre part, qu' « aucun ne prête attention aux conséquences politiques, en France comme en Algérie, de la guerre : à la trappe les harkis et les pieds-noirs », il ne s'interroge pas plus avant sur ce traitement différentiel, regrettant surtout que l'on ne s'attache pas davantage à déconstruire « la mise en place du système impérialiste » et « le scandale d'une république qui foule aux pieds ses valeurs ». Ce n'est pas le cas de Paul Thibaud, pourtant lui aussi engagé "contre" la guerre d'Algérie, qui constatait - et regrettait - en janvier 20011062(*) que les demi-silences des programmes scolaires affectent davantage la compréhension des conséquences de la politique de « dégagement » conduite à l'issue de la guerre que de la politique de « pacification » conduite pendant la guerre. Il s'étonnait ainsi de ce que les signataires de l'Appel des douze sollicitent la repentance de l'Etat français « à propos de faits [NDA : la torture] qui sont dans les manuels scolaires », et veuillent ainsi « consacrer plutôt que redresser la mémoire officielle et scolaire ». Il ajoutait : « Au risque de choquer certains de mes amis, je crois qu'il ne faut pas consacrer l'équation guerre d'Algérie = torture, formule dont la prévalence (ancienne, quoi qu'on en dise) dans l'opinion n'a pas eu que de bons effets. Il y a en effet, à côté de la bataille d'Alger, un autre moment essentiel pour comprendre la guerre d'Algérie, c'est l'échec des accords d'Evian dans une conjonction d'événements sinistres : OAS, harkis, exode des pieds-noirs, mise en place par la force d'un pouvoir algérien militaro-populiste »1063(*). Faut-il voir dans ce traitement différentiel l'influence des manières de voir propres à une majorité d'enseignants, eux-mêmes longtemps parties prenantes d'un certain climat intellectuel et politique ? Dominique Borne, inspecteur général de l'Éducation nationale, explique que « l'accueil critique des mémoires dans l'enseignement de l'histoire est aujourd'hui plus facile qu'il y a quelques années ». Il ajoute : « Quand la très grande majorité du corps enseignant partageait l'espoir d'un progrès continu de l'humanité et que les professeurs étaient donc portés par un «sens» de l'histoire, il n'y avait guère alors de place pour les vaincus. Les temps ont changé, les professeurs ont réappris le singulier et la contingence. Ils sont dorénavant prêts à faire place aux différentes mémoires. Si le savoir enseigné est partagé par tous, les identités peuvent trouver des repères dans la culture commune. Pour paraphraser Paul Ricoeur, l'histoire peut alors soigner les mémoires blessées »1064(*). A cet égard, la place plus que ténue faite, trois décennies durant (au minimum), à la destinée des harkis dans les manuels scolaires témoigne non seulement de cette volonté des autorités de "lisser" la trame du récit officiel pour faire de la guerre d'Algérie un épisode (presque) comme les autres, mais encore - peut-être - d'un assez large désintérêt du corps enseignant pour cette figure.

Quoi qu'il en soit, il est un fait que la vision éthérée des tenants et, plus encore, des aboutissants de la guerre d'Algérie telle que véhiculée par les relais institutionnels de la mémoire avait pour visée première - et a eu longtemps pour principal résultat - d'euphémiser l'expression des conflits de mémoire qui, dans les faits (quoique de manière confidentielle), n'avaient jamais cessé d'imprégner le ressouvenir de la guerre d'Algérie en général, de son épilogue dramatique en particulier. Et notamment s'agissant de ceux - pieds-noirs, Français musulmans rapatriés, militaires de carrière, appelés - qui n'ont pu reconnaître dans cette geste officielle, comme expurgée de toute dimension affective et de tout ressort dramatique, l'expression de leurs souffrances ou de leurs déchirures.

Regard générique, regard euphémique, la geste officielle française de la guerre d'Algérie participe ainsi de l'expurgation embarrassée de toute résonance affective et, pour tout dire, de la censure d'un sentiment d'incomplétude hérité d'un conflit qui « n'est tout simplement pas mémorable, [qui] ne figure pas, après l'affaire Dreyfus et la Résistance, parmi les épopées du sens, les émergences de la justice à quoi les Français aiment à se référer »1065(*). Prévaut en effet «  un sentiment général de mauvaise conscience »1066(*) : « Si la mémoire [de la guerre d'Algérie] est en effet difficile, ajoute Paul Thibaud, c'est parce qu'il n'y a pas de lieu où elle pourrait s'ancrer, qu'il manque au drame une issue vraiment acceptable et vraiment compréhensible »1067(*). De fait, à la « honte d'avoir fait cette guerre, et de l'avoir presque gagnée par des moyens plus ou moins avouables », s'ajoute la « honte de l'abandon final qui l'a rendue vaine et injustifiable »1068(*). Car, ainsi que le souligne Paul Thibaud, par-delà le caractère difficilement assumable, pour les pouvoirs publics, de la fréquence voire de la quasi-systématicité, en certains endroits et à certaines périodes, des faits de torture pendant la guerre d'Algérie1069(*), un autre moment essentiel pour comprendre la guerre d'Algérie et les silences qui entourent son évocation est « l'échec d'Évian, moment où se concentrent, où explosent tous les éléments du problème algérien. Or, l'une des causes de cette mauvaise fin fut la méconnaissance, y compris de la part des négociateurs français, de la vraie nature dictatoriale et antipluraliste du FLN »1070(*). Le récit de "l'entrée dans la modernité" - cette sorte de "morale officielle" de l'histoire de la guerre d'Algérie - trouve de fait ses limites dans la nature du système politique engendré en Algérie par la politique de « dégagement » visée et entreprise par les autorités françaises, nature dont témoignera précocement et dramatiquement l'exil forcé de centaines de milliers de personnes, puis l'assassinat de dizaines de milliers d'autres, dès après l'accession à l'indépendance de l'Algérie. Ce dénouement qui n'en était pas un, cette issue « sans signification positive, susceptible de rassembler la collectivité nationale dans une mémoire commune, comme la Grande Guerre ou la Résistance »1071(*), a été et reste un facteur d'embarras à droite et à gauche de l'échiquier politique : à droite, difficulté à assumer le coût humain de la politique de « dégagement » voulue par le général de Gaulle (voir la Partie 1) ; à gauche (où l'on revendique aujourd'hui plus volontiers l'héritage du PSU et de la "deuxième gauche", ou encore du PCF, que celui de la SFIO "mollétiste"), difficulté à justifier ouvertement les raisons pour lesquelles les Français d'Algérie et les musulmans pro-français ont été tenus pour quantité négligeable dans le combat pour la décolonisation. Une gêne différenciée quant à ses motivations mais convergente quant à ses aboutissants : la marginalisation de ceux qui n'entraient ni dans les schémas liés à « la réorientation de la politique de grandeur de la France », ni dans ceux épousant « la marche inéluctable de l'Histoire ».

Ainsi, paradoxalement, l'édification puis la consolidation en France - jusqu'à ces dernières années - d'une vision éthérée de la guerre d'Algérie est le fruit de la conjonction des intérêts de familles politiques concurrentes, à savoir gaullistes puis néo-gaullistes d'une part, socialistes et communistes d'autre part. Ces familles politiques, dont l'étendue recouvre très largement ce que l'on subsume habituellement sous les vocables de "droite de gouvernement" et de "gauche de gouvernement", ont en commun de ne pas souhaiter donner un tour officiel à l'examen de leurs responsabilités respectives quant au sort finalement réservé aux pieds-noirs et aux musulmans pro-français. Du point de vue de ceux qui, dans le sillage de l'UDR puis du RPR, se posèrent en gardiens ou en héritiers de la mémoire gaullienne (et qui furent aussi, au moins jusqu'en 1974 et, dans une moindre mesure, jusqu'en 1981, les gardiens de la mémoire officielle), l'édification d'une geste hermétique à l'expression des mémoires victimaires françaises (portées par ceux qui, dans leur diversité, avaient directement souffert des conséquences de la politique de « dégagement ») , se devait de préserver la fiction d'une "sortie dans l'honneur", donc de taire l'incomplétude d'une "sortie de crise" qui, pour bien des pieds-noirs et musulmans non inféodés au FLN, n'en avait pas été une. Du point de vue des héritiers de la gauche dite « progressiste » (en position d'influence à partir de 1981, en dépit de la position personnelle inconfortable de François Mitterrand sur ces questions), la consolidation de cette geste officielle indifférente aux mémoires victimaires françaises se devait de préserver le sentiment de bonne conscience d'une mouvance qui, au nom de l'anticolonialisme, avait sinon fait fi du moins tenu pour un "mal nécessaire", d'une certaine manière, les souffrances de centaines de milliers de compatriotes. Et qui, au nom de la « Révolution » et/ou d'idéaux tiers-mondistes avait investi en Algérie bien d'autres illusions que celles de la paix et de la concorde retrouvées. Ainsi que le soulignait récemment Henry Rousso, « une partie de la classe politique qui est au pouvoir aujourd'hui [NDA : en 2002] a fait ses classes dans la lutte contre la guerre d'Algérie » et, à ce titre, « a contribué à porter une représentation de la guerre d'Algérie »1072(*).

C'est précisément pour ne pas avoir à faire face à ces bouffées de mémoire embarrassantes que gardiens de l' « orthodoxie gaulliste » et gardiens de l' « héritage progressiste » se sont attachés à pérenniser une vision "stato-administrative" et comme désincarnée de la guerre d'Algérie. Il en a résulté une stricte enclosure de l'espace commémoratif. De fait, constatait Guy Pervillé en 2002, « la mémoire des victimes françaises de la guerre d'Algérie n'intéresse guère plus que leurs parents, leurs amis, et leurs sympathisants idéologiques ; et les médias ne leur accordent que peu d'attention »1073(*). Une attention moindre, du moins, qu'aux victimes algériennes (ou françaises) des exactions perpétrées par l'armée française dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre. Une situation qui n'est pas faite pour embarrasser les autorités, bien au contraire. Car là est le paradoxe : la réorchestration médiatique récente des débats autour de l'emploi de la torture (voir ci-dessous), les actions judiciaires intentées à l'encontre de certains officiers (le général Aussaresses et le général Schmitt notamment) ou encore la mise en cause de certains hauts fonctionnaires français (Maurice Papon) sont au fond infiniment moins dérangeantes, pour les garants de la geste officielle française, que ne le sont les campagnes d'informations sur le bilan humain de l'après 19 mars 1962, ainsi que les actions en justice intentées pour « complicité de crimes contre l'humanité » ou « apologie de crimes de guerre » par des représentants des communautés harkie et pied-noire à l'encontre de responsables militaires (le général Katz) et politiques (Pierre Messmer). Tandis que les premières initiatives ne font que renforcer, d'une certaine manière, le bien-fondé des gestes gaullienne (nécessité de la politique de « dégagement ») et progressiste (nécessité de la dénonciation du colonialisme), à l'inverse, les autres initiatives heurtent frontalement les récits de l'entrée dans la modernité gaulliens et progressistes, les uns et les autres très largement oublieux des Français de toutes origines victimes d'une solution de "sortie de crise" au bilan pour le moins contrasté1074(*). Et il est remarquable que les premières initiatives aient fait infiniment plus de bruit que les secondes, moins encore du reste au regard de l'écho médiatique qui en a été donné (et qui déborde, de toute manière, le champ d'expression de la mémoire officielle) qu'au regard des réactions suscitées parmi les responsables politiques (voir la Partie 4).

Cependant, l'on assiste, depuis quelques années, à ce que Henry Rousso appelle « le retour du refoulé »1075(*). De fait, bien loin de cicatriser les conflits, la « cure de silence et d'oubli » prônée par les dirigeants de la Vème République n'a fait que figer des antagonismes qui resurgissent - et des blessures qui se libèrent - aujourd'hui avec d'autant plus de vigueur que leur expression et leur prise en charge ont été abandonnées de longue date à des initiatives individuelles s'ignorant - et, souvent, se méprisant - les unes les autres. Daniel Rivet relève ainsi que « des mémoires collectives antagonistes se sont constituées et maintenues en s'affrontant d'une manière récurrente, et rivalisent pour s'imposer comme mémoire officielle ou pour empêcher l'officialisation des mémoires concurrentes », nourrissant ce que l'auteur appelle « la dialectique de la célébration et de l'exécration du fait colonial »1076(*). « De plus, ajoute Guy Pervillé, la contradiction entre le devoir de mémoire de plus en plus exigeant invoqué pour les victimes de la Seconde guerre mondiale, et le devoir d'oubli longtemps prôné pour celles de la guerre d'Algérie, devient de plus en plus insupportable »1077(*) (voir aussi la Partie 4 de ce mémoire).

La guerre d'Algérie n'est ni une suite d'événements ordinairement cadencée par un début, un milieu et une fin, ni un épisode comme un autre du processus de décolonisation : ce qui s'y est joué (et perdu) continue de faire effet et de faire débat, aujourd'hui encore, en France et en Algérie. Ce « retour du refoulé », progressif à compter du début des années 1990, prendra un tour décisif (et spectaculaire) au tournant du siècle, à la faveur de la visite d'Etat en France du président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika. Quasi-simultanément, au printemps et à l'été 2000, Le Monde, L'Humanité et, à un degré moindre, Libération ouvrent - sur plusieurs semaines - une « fenêtre d'opportunité » médiatique autour des faits de torture pendant la guerre d'Algérie, donnant un écho sans précédent à des témoignages d'officiers (Jacques Massu, Paul Aussaresses, Marcel Bigeard ou Maurice Schmitt), de personnes torturées (Louisette Ighilahriz) ou nées de viols commis par des militaires français (Mohamed Garne), ainsi qu'à des revendications déjà anciennes, tel l'appel unilatéral à la repentance adressé à l'Etat français par des intellectuels engagés de longue date "contre" la guerre d'Algérie (l' « Appel des douze »). C'est dans ce contexte médiatiquement "porteur", quoique plus favorable aux groupes de pression qui ont lutté "contre" la guerre d'Algérie et/ou soutenu la lutte du FLN, que les collectifs de harkis et leurs amis interpellent à leur tour les autorités, leur reprochant notamment leur absence de réaction aux propos outrageants proférés à leur encontre sur le sol français par Abdelaziz Bouteflika (propos cités en introduction et repris dans la Partie 4), et réclamant eux aussi un geste de repentance de l'Etat français pour les massacres de l'été et de l'automne 1962 (et n'hésitant pas, pour ce faire, à ester en justice ; voir la Partie 4).

Il s'ensuivra, l'année suivante, l'instauration par le président de la République française, Jacques Chirac, d'une Journée d'hommage national aux harkis (voir les détails dans la Partie 4). Ceci pourrait, en première analyse, constituer le point d'orgue d'une phase d'anamnèse qui confinerait, selon Henry Rousso, à l' « hypermnésie ». Mais cela en démontre aussi les limites. De fait, le choix de l'instauration de cette Journée, qui n'est rien d'autre que la déclinaison à grande échelle d'une traditionnelle cérémonie de remise de médailles, n'innove que par l'ampleur donnée à l'événement, et ne répond qu'à la plus minime des exigences en termes de "devoir de mémoire" : rappeler que les harkis existent et qu'ils ont combattu aux côtés de la France. Rien ne change, par contre, dans ce qui est donné à voir de la destinée des intéressés comme dans ce qui est tu : on célèbre le harki « soldat de la France » mais rien n'est dit du harki « victime de la raison d'Etat ». On exalte sa « fidélité » et son « courage », mais on ne dit rien de ce que fut l'apathie volontaire des autorités françaises au moment de les soustraire aux représailles du FLN. La question des responsabilités françaises dans le massacre des harkis ne sera donc pas posée1078(*).

* 1040 cf. « La mémoire et l'histoire », table ronde animée par Henry Rousso, directeur de l'institut d'histoire du temps présent (CNRS), dans le cadre de l'université d'été « Apprendre et enseigner la guerre d'Algérie et le Maghreb contemporain », organisée le 24 avril 2002 par le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ; actes consultables à cette adresse : http://eduscol.education.fr/D0033/algerie_actetbronde.pdf.

* 1041 Guy Pervillé, op.cit., p.270.

* 1042 Benjamin Stora, La gangrène et l'oubli. La mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1992, p.207.

* 1043 Marc Ferro cité in Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L'Harmattan, 1995, p.232.

* 1044 Guy Pervillé, op.cit., p.273.

* 1045 L'expression « opérations de maintien de l'ordre » n'a été officiellement remplacée par le terme « guerre » qu'à la faveur de la loi du 18 octobre 1999, plus de trente-sept ans après la fin de la guerre d'Algérie, et quarante cinq ans après son entame.

* 1046 Ce n'est que le 18 septembre 2003 qu'a été instituée, par décret, une « Journée nationale d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie ». Cette Journée nationale d'hommage a finalement été fixée au 5 décembre de chaque année, à la suite d'une longue polémique autour de la date du 19 mars, initialement pressentie sous le gouvernement Jospin (voir la Partie 4). La date du 5 décembre correspond à celle de l'inauguration par Jacques Chirac en 2002 du Mémorial national, Quai Branly, à Paris, à la mémoire des soldats français (dont les supplétifs musulmans) tués en Algérie, au Maroc et en Tunisie de 1952 à 1962. Ce choix d'une date neutre est un choix délibéré, qui participe d'un souci d'apaisement.

* 1047 Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002, p.270 et 273.

* 1048 « La plupart des historiens universitaires ont longtemps considéré cette guerre comme relevant de «l'histoire immédiate», c'est-à-dire du journalisme », souligne Guy Pervillé (op.cit., p.272).

* 1049 Alain Coulon, Connaissance de la guerre d'Algérie, Ligue de l'enseignement et Institut du monde arabe, 1993.

* 1050 Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002, p.273.

* 1051 Cité in A.-M. Duranton-Crabol, Le temps de l'OAS, Bruxelles, Editions Complexe, 1995, p.255.

* 1052 Guy Pervillé, op.cit., p.273.

* 1053 Henry Rousso, « La guerre d'Algérie dans la mémoire des Français », allocution prononcée dans le cadre de l'Université de tous les savoirs au mois de mars 2002 ; intervention en écoute sur le site du Monde à cette adresse : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3328,36-267206,0.html.

* 1054 Guy Pervillé, op.cit., p.271.

* 1055 Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002, p.269.

* 1056 Michel Hagnerelle, inspecteur général de l'Éducation nationale et Michel Lambin, professeur de classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Watteau de Valenciennes, Apprendre et enseigner la guerre d'Algérie et le Maghreb contemporain, Atelier n°4 : « Les manuels scolaires », Actes de l'université d'été de la Direction de l'Enseignement scolaire, Ministère de l'Education nationale, Octobre 2001.

* 1057 Maurice T. Maschino, « L'histoire expurgée de la guerre d'Algérie », Le Monde Diplomatique, 8 février 2001, p.8.

* 1058 Ibid, p.8-9.

* 1059 Voir aussi l'analyse faite par Guy Pervillé des manuels de terminale dans le cadre de l'atelier sur l'enseignement de la guerre d'Algérie des Agoras méditerranéennes de l'Association des professeurs d'histoire et géographie (APHG), publiée dans Historiens et géographes, n°308, mars 1986, p.893-897.

* 1060 « Je n'avais pas quatorze ans quand le référendum du 8 avril 1962 a ratifié massivement les accords d'Evian, et je n'ai même pas eu le temps de songer que si la guerre avait continué, j'aurais pu moi aussi être envoyé risquer ma vie en Algérie. Le fait que je n'ai pas eu à souffrir personnellement ni familialement de la guerre d'Algérie ni de son issue m'a permis de la considérer immédiatement comme une énigme historique, beaucoup plus que comme un problème politique ou éthique, et c'est plus tard que j'ai peu à peu pris conscience de ces enjeux » ; « Mes réponses aux questions de Guy Hennebelle », n° 62 de la revue Panoramiques, 1er trimestre 2003, p.150-158 ; cf. http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=19.

* 1061 Déjà, 2 mois auparavant, dans l'édition du journal Libération du 5 décembre 2000, le journaliste Emmanuel Davidenkoff soulignait que « tous [les manuels d'histoire] font état de la pratique de la torture, en adjoignant parfois des documents chocs » (p.23).

* 1062 Paul Thibaud, « Algérie : faut-il prolonger la guerre des mémoires ? », Esprit, n°271, janvier 2001, p.197-200.

* 1063 Paul Thibaud, « Algérie : faut-il prolonger la guerre des mémoires ? », Esprit, n°271, janvier 2001, p.198.

* 1064 Dominique Borne, inspecteur général de l'Éducation nationale, Apprendre et enseigner la guerre d'Algérie et le Maghreb contemporain, Atelier n°4 : « Les manuels scolaires », Actes de l'université d'été de la Direction de l'Enseignement scolaire, Ministère de l'Education nationale, Octobre 2001.

* 1065 Paul Thibaud, « Génération algérienne ? », Esprit, n°161, mai 1990, p.49.

* 1066 Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002,, p.270.

* 1067 Paul Thibaud, art.cit., p.49.

* 1068 Guy Pervillé, op.cit., p.270.

* 1069 La « caution » informelle donnée par les pouvoirs publics à l'emploi de la torture a été dénoncée en son temps par Pierre Vidal-Naquet, dans un ouvrage qui sera interdit de parution pendant dix ans : La torture dans la République (1954-1962), Paris, Maspero, 1972. Les travaux récents de Raphaëlle Branche - Pierre Vidal-Naquet était membre de son jury de thèse - sont venus compléter cette perspective en l'enrichissant de nouveaux documents consultés à la faveur de l'ouverture des archives ; cf. l'ouvrage extrait de sa thèse : La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), Paris, Gallimard, 2001. Elle y expose la « réalité protéiforme » quoique « non systématique » de l'emploi de la torture pendant la guerre d'Algérie, et le « contexte incitatif », voire la « duplicité » des gouvernements de la IVème République à cet égard.

* 1070 Paul Thibaud, « Algérie : faut-il prolonger la guerre des mémoires ? », Esprit, n°271, janvier 2001, p. 199.

* 1071 Guy Pervillé, op.cit., p.270.

* 1072 Henry Rousso, « La guerre d'Algérie dans la mémoire des Français », allocution prononcée dans le cadre de l'Université de tous les savoirs au mois de mars 2002 ; intervention en écoute sur le site du Monde à cette adresse : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3328,36-267206,0.html.

* 1073 Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d'Algérie, Paris, Picard, 2002, p.305.

* 1074 Cf. Jérôme Hélie, Les accords d'Evian : histoire de la paix ratée en Algérie, Paris, Olivier Orban, 1992.

* 1075 Henry Rousso, « La guerre d'Algérie dans la mémoire des Français », allocution prononcée dans le cadre de l'Université de tous les savoirs au mois de mars 2002 ; intervention en écoute sur le site du Monde à cette adresse : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3328,36-267206,0.html.

* 1076 Daniel Rivet, « Le fait colonial et nous : histoire d'un éloignement », Vingtième siècle, revue d'histoire, n°33, janvier-mars 1992, p.127-138 ; repris in Guy Pervillé, « Les historiens de la guerre d'Algérie et ses enjeux politiques en France », Communication au colloque « Les usages politiques de l'histoire dans la France contemporaine, des années 1970 à nos jours » organisé par le Centre d'histoire sociale du XXème siècle, p.2 ; cf. texte consultable à cette adresse : http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Collo/perville.pdf.

* 1077 Guy Pervillé, op.cit., p.273.

* 1078 Nous reviendrons plus avant dans la Partie 4 sur les enjeux et limites des politiques de reconnaissance.

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