1.1.4.6 Les barrières culturelles
La relation entre l'accessibilité et les
barrières culturelles est très connue dans l'utilisation des
services sanitaires. Ces barrières sont en général plus
importantes pour les hôpitaux. L'acceptabilité d'une
référence du CSI au niveau d'un hôpital de district
dépend donc au moins partiellement des barrières culturelles
qu'impose l'hôpital pour la population.
Thaddeus (Thaddeus and Maine, 1994) décrit dans son
article, la complexité de la prise de décision par le patient
et/ou son entourage pour chercher des soins. Les croyances traditionnelles
interfèrent avec les notions de coûts, distances et la
qualité des soins telle que perçue par le patient. La
sévérité d'une maladie n'est pas toujours perçue de
la même façon par le système médical et par la
population. De l'autre côté, même si le cadre d'explication
de la maladie peut être extrêmement différent entre le
patient et la science moderne, ceci n'implique pas automatiquement que les gens
n'utiliseront pas les services modernes pour résoudre leur
problème.
Dans une enquête sur la qualité des soins
menée à Ouallam en 1997 (Mintou, 1998), il était
clairement démontré que les tradi-praticiens sont largement
consultés et que ce fait pourrait mener à des retards importants
pour l'acceptation de la référence.
Une expérience menée au Burkina Faso avec la
formation des matrones pour améliorer la santé maternelle a
démontré que très peu de succès est obtenu par
rapport à la diminution de la barrière culturelle à
l'utilisation des services, mais a pu par contre indiquer l'importance des
distances et des défauts dans le fonctionnement du système de
santé comme raisons principales d'une mortalité maternelle
élevée (Dehne et al., 1995).
Au Cameroun, certaines maladies ont été
identifiées comme des maladies dont la population estime qu'elles
relèvent de la responsabilité de la médecine
traditionnelle, comme par exemple la `fièvre jaune', la `jaunisse', la
`varicelle', la `rougeole' et les maladies `vénériennes'(Hours,
1985,p. 56).
Certaines études (Thaddeus and Maine, 1994) faites au
Nigeria, Tunisie, Ethiopie, Corée et Inde, mentionnent également
la situation que la femme n'a pas le droit de consulter une formation sanitaire
sans l'avis de son mari ou un autre parent supérieur. Selon cette
même étude, chez les Baribas au Bénin, la dystocie chez les
femmes en travail est considérée comme une punition de Dieu
infligée à la femme pour cause d'adultère. En Inde et
Bangladesh, on amène plus facilement les garçons que les filles
à la consultation en cas de maladie. Le même constat à
été fait au Congo, Togo et Maroc(Atakouma et al., 1999; Mouyoki
et al. , 1999).
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