Ø
L'opinion des patients individuels à travers les interviews
Une opinion individuelle peut ne pas être la même
que celle dévoilée dans une discussion de groupes. En plus, un
patient qui a été référé, vit à ce
moment une autre réalité que celle présentée
pendant un focus group. Face au problème réel, le patient
pourrait se comporter encore différemment d'une situation
théorique pendant une discussion théorique en groupe. Les
interviews pour les patients référés devraient donc
permettre de croiser les attitudes en groupes avec les réactions
individuelles dans une situation de référence réelle.
Trois types de patients ont été
différenciés. D'abord ceux qui ont accepté la
référence et qui se sont par définition
présentés à l'hôpital de district. `Respecter la
référence' pourrait être une détermination
apparente, parce que nombreux sont les patients qui, devant l'infirmier du CSI,
acceptent la référence mais ne la respectent pas du tout
après.
Le deuxième groupe de patients sont ceux qui n'ont pas
respecté la référence. Soit ils ont déjà
refusé devant la proposition de l'agent de santé, soit ils ne se
sont jamais présentés à l'hôpital de district et ils
ont donc `refusé de facto'. Un troisième groupe est
constitué de patients qui se sont auto-référés et
qui ont donc court-circuité le CSI. Ne sont pas inclus dans ce groupe,
les patients qui se présentent au CHD sans bulletin de
référence parce qu'ils n'ont pas accès raisonnablement
à un centre de santé.
Pour chaque type de patient, un questionnaire a
été développé. Evidemment, beaucoup de questions se
retrouvent dans les trois canevas. Les différences résident
surtout au niveau des questions qui essaient de dévoiler les raisons
spécifiques de leur comportement. Les questionnaires sont de type semi-
structuré. Les questions sont, dans la plupart des cas, ouvertes :
les réponses ne sont donc pas ou peu standardisées et selon le
déroulement de l'entretien plusieurs questions d'éclaircissement
peuvent enrichir le débat et donc la compréhension. Des questions
peuvent être sautées aussi pour être reposées plus
tard. Les résultats sont de nouveau plutôt qualitatifs, bien qu'il
existe des aspects qui se prêtent à une analyse quantitative.
Pour identifier les patients faisant partie de notre
population cible, à l'hôpital, nous avons élaboré
une fiche intitulée fiche de recensement des patients. Elle se compose
de 9 rubriques qui sont entre autres : l'identité du patient, la
date et le mode d'entrée, la provenance, le CSI de rattachement, le
numéro de la salle et du lit, la date de sortie du patient et les
observations. Le recensement des patients se fait soit sur la base des
registres des différents pavillons, soit aux pieds du lit du patient
(procédure la plus fréquemment utilisée).
Une fois les patients recensés sur le registre, nous
passons dans les salles pour compléter le reste des informations et nous
prenons aussi soin d'informer immédiatement ces derniers sur l'objectif
de l'opération.
Les interviews se déroulent généralement
dans les salles d'hospitalisations des patients, aux pieds du lit du patient,
en présence de leurs accompagnants . Les patients sont
interviewés un jour avant leur sortie de l'hôpital ou dans
certaines circonstances le jour même de leur sortie.
Les patients ayant refusé la référence
sont identifiés sur la base du registre des patients tenus par les
infirmiers dans les différents CSI. Une fois identifiés, ces
patients sont recherchés dans leur village d'origine et
interviewés immédiatement sur place.
A cause des problèmes logistiques, certains patients
n'ont pas pu être contactés. Ceci représente une faiblesse
dans l'étude.
Les questions posées sont en général des
questions qualitatives. L'analyse en conséquence a été
principalement qualitative aussi. La méthode d'analyse a suivi les
mêmes démarches que celle des focus groups. Certaines
réponses ont été quantifiées.
Ø Interviews guidées des infirmiers
travaillant aux CSI et fiche d'estimation des qualités de l'interaction
infirmier-patient
Puisque l'attitude et les connaissances de l'infirmier
étaient considérées comme des obstacles potentiellement
importants pour le système de référence, tous les
infirmiers des CSI du district ont été interviewés.
L'étude a pu être exhaustive à ce niveau. Le canevas de
l'enquête a été testé également au niveau du
CSI de Sona, dans l'arrondissement de Tillabéri. Ces interviews ont
duré 6 jours et ont concerné l'ensemble des infirmiers des CSI
ruraux de Tahoua, au nombre de 21, lors de notre passage.
Les entretiens se déroulent généralement
dans le bureau du major et à un moment arrêté d'un commun
accord. Ils s'étalent sur environ 60 minutes.
A la fin de l'interview, l'enquêteur était
instruit d'évaluer différents aspects de la qualité de la
communication et les connaissances de l'agent de santé par rapport au
processus de la référence. Cette évaluation peut comporter
des biais, puisque basée sur une opinion personnelle. Si l'étude
à ce niveau parle de la qualité de la communication, elle parle
en fait de la qualité selon le point de vue de l'enquêteur.
Cependant cet avis peut être croisé avec des paramètres
enregistrés pendant l'interview. Les arguments qui ont pu inspirer la
perception du chercheur se trouvent ainsi illustrés dans les
résultats de l'interview.
La vision de l'enquêteur est une idée qu'il s'est
faite après une heure et demie de dialogue avec la personne
concernée. On peut donc considérer qu'il s'agit d'un argument
bien fondé, sans pour autant pouvoir réclamer une
objectivité totale. Ceci est inhérent à toute recherche
qualitative.
1.2.2 Les phases de l'étude
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