L'essor de la micro-assurance en Afrique : enjeux et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Hubert DADEM GNIAMBE Institut international des assurances (IIA) de Yaoundé ( Cameroun) - Cycle III 2010 |
Paragraphe 2. la zone CIMALa coopération qui a toujours existé entre les pays membres de la CIMA en matière d'assurance, l'application d'un code unique des assurances, l'appartenance à une même zone monétaire, l'utilisation du français comme langue commune de travail sont autant d'atouts qui favorisent la construction d'un marché d'assurance élargi, non exclusif pouvant servir de model à l'ensemble du continent. Cependant le taux de pénétration de l'assurance y demeure l'un des plus bas au monde. Ce taux oscille entre 0,05% (Niger) et 0,59% (Côte d'Ivoire) du PIB. La cotisation moyenne par habitant y est de 811 francs CFA, soit 1,2 euros contre 473,3 euros pour l'Afrique du Sud, 115,4 euros pour l'île Maurice et 9,9 euros pour le Maroc54(*). Si malgré les atouts énormes sus mentionnés l'assurance tarde à prendre véritablement pied dans la zone CIMA, cette région semble pourtant très propice au développement de la micro-assurance. En effet, une étude menée par la Banque Mondiale et rappelée lors des états généraux de l'assurance vie tenus à Douala (Cameroun) en 2007 mentionnait qu'une hypothèse basse de 3000 francs CFA de cotisation moyenne par habitant permettrait un triplement des primes collectées en assurance vie dans un délai de 3 ans. L'atteinte de cet objectif passe nécessairement par la mise sur le marché de nouveaux produits vie mieux adaptés aux populations de la zone, à des prix plus abordables. Les prochains aménagements réglementaires du code CIMA viendront certainement améliorer l'environnement législatif et booster le secteur de la micro-assurance, quoique des expériences encourageantes existent déjà : 1 - « Cauri d'or » de l'UAB VIEL'Union des Assurances du Burkina est une compagnie d'assurance qui pratique les opérations de la branche vie depuis 1992. A la faveur du principe de spécialisation institué par le code CIMA, elle obtint un agrément pour cette branche en 2002. A cette date au Burkina Faso, 3 compagnies d'assurances se disputaient les populations du secteur formel (fonctionnaires et travailleurs du privé) estimées à 120 000 personnes. Sachant que la population du Burkina était à ce moment de 12 179 002 habitants, l'UAB VIE a compris que le marché du secteur dit formel deviendrait de plus en plus étroit tandis que le secteur informel infiniment plus grand ne demandait qu'à être exploré. Ainsi, depuis 2003 l'Union des Assurances du Burkina Vie commercialise avec l'aide du cabinet AIA (American Institute of Architecture) le produit Cauri d'or dédié au secteur informel et adapté aux réalités de cette population cible.55(*) L'UAB souhaite lancer à grande échelle son produit de micro-assurance vie qui comme précédemment indiqué est présent sur le marché depuis 2003 (à un moment, elle a compté jusqu'à 15,000 clients, ce qui était déjà très prometteur) grâce au recours aux nouvelles technologies. Actuellement, le nombre de polices est ramené à environ 10 000 car les difficultés liées à la gestion semi manuelle ont contraint la compagnie à limiter volontairement l'extension. Le produit Cauri d'or cible les chefs de petites entreprises du secteur informel, tels que les femmes et les hommes qui vendent des marchandises sur les marchés, surtout dans les zones urbaines. Il est basé sur un régime d'épargne contractuel et comprend une couverture vie et invalidité. Les cotisations des clients sont recouvrées chaque jour (elles peuvent être très faibles : 150 francs CFA ou 0,35 USD par jour). Les durées varient de 1 mois à 5 ans et les primes d'assurance sont faibles - 100 francs CFA par mois. La prestation est égale à deux fois le capital qui fait l'objet du contrat (avec un plafond de 200 000 francs CFA aussi bien pour l'assurance en cas de décès que pour l'assurance invalidité). Les principaux problèmes rencontrés par l'UAB sont l'insécurité et le coût élevé des recouvrements manuels journaliers. Le recours aux nouvelles technologies (en équipant les clients de cartes à puce et les personnes chargées du recouvrement de terminaux d'ordinateurs) devrait permettre d'améliorer la gestion du produit, ouvrant ainsi à l'UAB la possibilité d'étendre ses opérations à l'ensemble du pays.56(*)
* 54 « La microassurance en Afrique ou la construction d'assurances modernes au delà des apparences » ; Marc Nabeth , 2 juillet 2009 ; www.institut-thomas-more.org * 55 présentation du produit cauri d'or par Sorgho Soumalaïla, Etats généraux de la micro-assurance 2009 * 56 OIT, Fonds pour l'Innovation en Micro-assurance. « Union des assurances du Burkina Vie, Bénéficiaire de la subvention » : 07 01 2010 |
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