L'essor de la micro-assurance en Afrique : enjeux et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Hubert DADEM GNIAMBE Institut international des assurances (IIA) de Yaoundé ( Cameroun) - Cycle III 2010 |
Section II - Les expériences dans le reste du continentEn 2008, seules 1,9 million de personnes sont couvertes par la micro-assurance en Afrique du Nord, Afrique centrale et de l'Ouest ; soit environ 13% seulement des personnes couvertes au travers du continent. Paragraphe 1. L'Afrique du NordLa pratique de la micro-assurance reste relativement marginale en Afrique septentrionale. Les développements actuels dans cette région du continent sont orientés vers l'assurance islamique encore appelée « assurance Takaful ». Etant donné que le Takaful ne fait pas de distinguo entre l'assurance classique et la micro-assurance, il convient d'en toucher quelques mots. Le terme Takaful en langue arabe est synonyme de garantie mutuelle entre les membres d'un groupe. En plus du partage coopératif du risque, il y a une séparation claire entre participant et opérateur. Les assureurs islamiques se doivent d'adopter des stratégies d'investissement en conformité avec la sharia. A cet égard, les griefs retenus contre le système d'assurance traditionnel tiennent à la nature des contrats et au mode de fonctionnement des sociétés. Ainsi le contrat d'assurance souffre selon l'analyse islamique de trois défauts principaux : - l'incertitude au sujet de la survenance du sinistre ; - l'aspect indemnité du montant des sinistres ; - l'existence de l'usure dans les mécanismes de placement ; pour pallier ces insuffisances, l'assurance « islamique » substitue au contrat d'assurance une convention de donation. L'assuré fait don à l'ensemble des assurés de la compagnie d'assurance de tout ou partie de la prime versée. Il partagera ainsi les risques et la prise en charge commune en cas de sinistre. En effet les donations sont jugées acceptables par la plupart des écoles islamiques même si leurs résultats sont incertains ou indéterminés. Dans le système d'assurance du Takaful, il existe deux modèles : Wakala (contrat islamique basé sur la cotisation) ; Moudarabah (contrat islamique de participation aux bénéfices). L'islam prône le partage équitable des risques et des bénéfices, aussi existe t-il dans toute compagnie d'assurance islamique un conseil de la charia pour veiller sur la conformité des polices avec les préceptes de l'islam. En tout état de cause, l'assurance islamique se veut à but non lucratif. Le seul gain réalisé est la différence entre le montant global des souscriptions et celui des dédommagements qui se traduit par une augmentation d'actifs. Les placements se font auprès d'institutions financières islamiques et les investissements non éthiques sont prohibés52(*).
Pour revenir aux expériences de micro-assurance au nord du continent, la branche assurance de la caisse nationale de mutualité agricole algérienne (CNMA) qui a engagé un programme de modernisation des assurances agricoles depuis 2009 vient également de mettre sur pied un mécanisme de micro-assurance destiné au monde rural. Dans ce sens le secrétaire général de la CNMA-assurance Cherif Benhabilès explique qu' « il faut qu'il y ait des mécanismes pour pérenniser l'activité de l'agriculteur pour que son investissement ne parte pas en fumée à cause d'un aléa climatique » ; la CNMA se doit de présenter des contrats qui protègent l'agriculteur et le rendent solvable vis-à-vis des banques.53(*) * 52 « qu'est ce que l'assurance Takaful ? », Finance islamique ;disponible sur www.ribhworldpress.com * 53 « Couvrir tous les risques de l'activité agricole » ; le MAGHREB du 1er juin 2010 ;disponible sur www.lemaghrebdz.com |
|