1.3. Le canal et le développement du secteur
agricole
Le canal ne se fera pas sans des impacts sur son site
d'accueil et sur son environnement proche (voir Tropica, 2001 : 19-22).
Quelques uns d'entre eux méritent une attention particulière.
1.3.1. Les impacts positifs
La zone du canal est caractérisée par une
évolution du régime hydrologique vers une réduction des
apports des crues du fleuve Sénégal du fait des barrages et d'une
salinisation des aquifères et du sol. Ce projet qui consiste à
remettre en eau la vallée du Gandiolais permettra ainsi « le
déversement de 25 millions de m3 d'eau pendant la
période d'hivernage où la crue favorise un surplus d'eau »
(TROPICA, 2001 : 2). La remise en eau de la vallée du Gandiolais doit
offrir les conditions de développement de la zone à travers des
facilités d'accès à l'eau douce, à des terres plus
aptes à l'agriculture et l'élevage. La faune aviaire retrouvera
de vastes étendues d'eau douce et une ressource de nourriture.
Figure n°9 : Représentation
schématique du dispositif de la remise en eau de la vallée du
Gandiolais
Source : Document du projet - Diop P. D.- 2005
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Ainsi, le Gandiolais pourra servir de base de repli aux
oiseaux durant les périodes d'assèchement et de nettoyage des
plans d'eau du parc de Djoudj. En effet, l'apport d'eau du canal favorisera la
désalinisation des sols et des nappes qui seront rechargées, donc
plus facilement utilisables pour des usages agricoles. Avec l'alimentation du
canal, les nappes de la vallée du Gandiolais seront
réalimentées et adoucies, le biseau salé abaissé et
les régimes hydriques naturels reconstituées (TROPICA, 2001 :
29).
1.3.2. Les impacts négatifs
Le développement de l'agriculture axé sur le
maraîchage va engendrer des maladies hydriques dues aux pollutions et aux
intoxications des eaux par les pesticides et les engrais. La forte demande en
terre pour l'agriculture va stimuler la spéculation foncière et
la restriction des terres disponibles, ainsi que les conflits
d'intérêt entre éleveurs et agriculteurs.
Le reboisement des abords du canal, pour éviter
l'ensablement de l'ouvrage à ciel ouvert, pourra provoquer la baisse de
la nappe si le choix des espèces végétales se porte sur
les phréatophytes (des espèces dont l'évolution exige
beaucoup d'eau) comme le palétuvier ou l'eucalyptus. Au niveau de la
vallée du Gandiolais, le développement agricole risque
d'engendrer des problèmes liés à la pollution par les
résidus d'intrants agricoles, avec une eutrophisation comme
conséquence finale. Les activités agricoles induites par la
remise en eau de la vallée se feront avec une forte utilisation de
produits phytosanitaires et d'engrais chimiques qui risquent de provoquer la
contamination et/ou la salinité des sols. Enfin, la présomption
que les terres dans la partie qui sera traversée par le canal seront
mises en valeur va stimuler des attitudes d'appropriation qui pourraient
générer des conflits autour du foncier, d'où l'importance
de revoir les décisions qui ont été arrêtées
avec l'élaboration d'un Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols
(POAS).
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