Conclusion de la deuxième partie
Le secteur agricole du Gandiolais bénéficie
d'une large disponibilité de terres de culture. Mais l'accès et
la mise en valeur à ces terres reste un handicape pour la multiplication
des parcelles cultivables. L'obtention et la mise en valeur d'une parcelle ne
justifient pas une bonne campagne agricole. Le producteur du Gandiolais est un
paysan pauvre qui n'a que la terre comme source de revenus. Par
conséquent, il lui fait subir une forte pression pour augmenter sa
production agricole et en même temps accroître ses rendements.
Ainsi, différentes techniques de gestion des terres sont
utilisées. Cette population n'a qu'un seul souci : comment faire pour
produire chaque année un peu plus ? De ce fait, les méthodes de
gestion adoptées favorisent, à long terme, la dégradation
des sols et fragilisent la qualité des produits locaux. Les contraintes
liées aux réalités socio-économiques du milieu s'y
ajoutant, les stratégies adoptées et les orientations possibles
feront l'objet d'une analyse dans la troisième partie. A partir des
principales contraintes auxquelles sont confrontées les exploitants,
ainsi que des possibilités d'amélioration, on tentera de proposer
aux exploitants d'autres stratégies.
91
Troisième partie
*******
Quelles perspectives pour
l'agriculture du Gandiolais ?
92
CHAPITRE I
Stratégies à adopter pour atténuer
les problèmes de l'agriculture du Gandiolais
1. Le canal du Gandiolais, pour une nouvelle dynamique
agricole Dans l'optique d'optimiser les nouvelles opportunités offertes
par la remise en eau de la vallée de Ndialakhar, de nouveaux projets de
développement agricole et pastoral sont en attente. Il s'agira dans ce
chapitre de décrire le canal et les perspectives qu'il dessine.
1.1. L'alimentation du Gandiolais en eau agricole, via le
canal
L'approvisionnement en eau agricole a toujours
été un besoin crucial dans la zone du Gandiolais. Sur cette bande
de terre, depuis plusieurs générations, la question de l'eau est
restée un problème épineux. La construction du canal
permettra sans doute d'y apporter une solution. Le projet ne date pas
d'aujourd'hui. Il y a 13 ans, l'Association pour le Développement du
Gandiolais et Toubé (A.D.G.T.)43 avait initié des
études pour promouvoir la résolution de la lancinante question de
l'eau dans la contrée44. Plusieurs organismes tels que le
ministère de l'hydraulique et des O.N.G. ont été mis
à contribution. Ainsi, plusieurs perspectives ont été
dégagées dans le but d'alimenter la zone du Gandiolais en eau
agricole. Ce n'est que durant les années 2000 que l'Etat décide
de prendre en charge la réalisation de l'ouvrage d'une longueur
d'environ 8,5 km (cf. planche n°7), confié à l'Agence de
Promotion du Réseau Hydrographique National (A.P.R.H.N.) et à la
SAED, qui se chargent respectivement de la construction du canal et de
l'aménagement de la vallée de Ndialakhar.
Parmi ces perspectives dégagées, trois variantes
avaient été identifiées (DIOP D., 1998 : 50-51).
- La première variante serait passée par
l'alimentation du Ndiael qui serait relié au lac de Guiers par des
canaux et au système des trois marigots. Avec toutes les contraintes que
comporte l'alimentation du Ndiael (nature du substrat, importance de
l'évaporation) afin de transférer l'eau vers le Gandiolais, cette
variante n'a pas été retenue.
43 L'Association pour le Développement du
Gandiolais et de Toubé représente l'association la plus
importante de la zone. Elle compte aujourd'hui plus de 6.000 membres et
regroupe l'ensemble des villages du Gandiolais et de Toubé.
44 Entretiens avec quelques responsables et membres
fondateurs de l'A.D.G.T. à Ndiébène Gandiol (Gounge, 19
mars 2004), à Ngaye Ngaye, Ndiakhère, Gandon .
93
Planche 7 : La réalisation du canal du
Gandiolais pour une nouvelle dynamique agricole
Largeur en gueule 20m
Largeur au miroir 12m
Largeur au plafond 4m
Photo 35 : à 2 km au Sud de la
route nationale 2, la mise en eau de ce canal de 20m de large sur plus de 8km
de long permettra de revitaliser les vallées mortes du Gandiolais et de
relancer l'activité agricole et pastorale de la zone.
Le Ngalam
Ouvrage de prise
Photos 36 et 37 : à plus de 8km de
la route nationale 2, le Ngalam, défluent du fleuve
Sénégal, est la source d'alimentation du canal. L'ouvrage de
prise en eau, déjà construit donne une idée sur la
prochaine ouverture du canal.
Passerelle
Canal
Photo 38 : à 2km au Sud de la
route nationale 2, quelques passerelles distantes de 2km sont construites sur
le canal pour permettre aux piétons et troupeaux de traverser le
canal.
Clichés : G. Magrin, avril 2005
94
- La seconde variante devait passée par l'alimentation
de la cuvette de Gueumbeul à partir du fleuve Sénégal.
Cette cuvette serait réhabilitée avec l'installation d'un ouvrage
de tête sur le fleuve à la bifurcation des chenaux de
remontée de la mer ou de la crue. Les risques liés à la
probable disparition de l'écosystème de mangrove, à la
pollution et à la complexité de l'ouvrage, ont fait
également exclure cette option.
- La troisième variante, celle qui a été
retenue, est l'alimentation du Ngalam par un canal de jonction entre ce cours
d'eau permanant et les anciens axes hydrauliques de la zone, à
réhabiliter. Bien que cette option comporte des risques existants, elle
présente cependant moins de complications que les
précédents. Ainsi, cette solution peut être
envisagée à trois niveaux (cf. carte n°8).
Carte n°8 : Les différentes zones humides
dans le Delta du Sénégal
- dans le court terme, une partie de l'écoulement du
Ngalam en aval de Ndiawdoune sera déviée à partir de
Ndialakhar vers la zone en question (voir Bâ H., 2005 : 43). Toutefois,
l'écoulement ne pourra se faire que temporairement, pendant la
période de crue ;
- dans le moyen terme, il s'agira de renforcer l'alimentation
de l'axe Gorom-Lampsar par un canal à partir du réservoir de
Diama ;
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- dans le long terme, l'écoulement pourra se faire de
manière pérenne, mais il devra être lié à la
mise en place effective du schéma hydraulique générale du
Delta.
Compte tenu de l'urgence du problème de l'eau dans le
Gandiolais, ces différents scénarios pourront être
envisagés graduellement en vue de solutionner ce problème.
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