2.1.2. Contraintes relatives au stockage
Les produits, une fois évacués sur la route
principale, sont stockés à l'air libre dans des sacs de 35
à 40 kg. Ces sacs sont achetés à Dalifor ou Thiaroye par
les bana-banas à 125f le sac. Ils sont vendus localement aux
maraîchers à 150f l'unité (photo 29). Dans chaque village
entre Mouit, Mboumbaye, Ricotte, Dégou Niayes et Lahlar, plusieurs
dizaines de tonnes sont Photo 29 : Un parc de stockage d'oignons
à Mboumbaye Gandiol
Cliché : P. D. Diop, juillet 2005
Après la récolte, les maraîchers stockent
leurs produits sur les lieux de dépôts qu'on trouve dans chaque
village producteur. C'est là qu'ils attendent les éventuels
clients (bana-banas).
stockées. Ces produits, se conservent difficilement et
ont du mal à concurrencer réellement la production
importée du reste des Niayes (Potou, Mboro et le Sud des Niayes dans les
régions de Dakar et Thiès), de la Vallée et des produits
importés des Pays-Bas.
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Planche 5 : Les pistes de production entre les
villages et les parcelles maraîchères
Piste qui rallie le village de Lahlar aux champs maraîchers
situés à l'Est
Piste de 50 à 60 cm de large
Des deux côtés de cette piste se trouvent des
parcelles d'oignon (Mboumbaye)
Photos 25-26 : Dans le Gandiolais,
les champs maraîchers sont accessibles par des pistes sablonneuses,
étroites et tortueuses. Ces pistes, impraticables pour les
véhicules lourds en raison de leur largeur d'environ 3 mètres
maximum, sont empruntées uniquement par les piétons ou les
charrettes.
Photos 27 : Cette piste constitue
l'unique voie Photo 28 : Les femmes de tout
âge jouent un
principale qui rallie le Tassinère à
l'extrême pôle important dans le transport des produits entre
Sud du Gandiolais (Lahlar). En hivernage, elle les champs et les
villages maraîchers. A défaut des la
est presque impraticable. charrettes, c'est toute famille qui se
mobilise (photo
prise à Dégou Niayes).
Clichés : P. D. Diop, juillet 2005
86
L'organisation humanitaire CARITAS, qui a très vite
compris qu'il manquait à un grand nombre d'agriculteurs du Gandiolais et
de Toubé une formation idoine aux techniques de conservation des
produits agricoles, a tourné une bonne partie de ses interventions vers
la lutte contre le pourrissement des oignons. En effet, elle est
financièrement intervenue dans la zone, durant les années 1987,
en construisant des hangars de séchage. L'objectif était
d'améliorer les conditions de stockage et d'en étaler la vente,
en sorte d'éliminer le risque de saturation du marché et
d'effondrement des prix (Bonnardel R., 1992 : 202). Dès les
premières années qui ont suivi les constructions, grâce aux
séchoirs, le pourrissement rapide des bulbes, connu jusque là, a
pu être évité et les maraîchers ont plus ou moins pu
maîtriser le pourrissement. Malheureusement, faute d'un entretien et
d'une politique de suivis sur les constructions, la quasi-totalité des
séchoirs, « aux parois à claires-voies, où
l'aération est bien assurée » (ibidem) bâtis en dur,
se sont avec le temps dégradés. Ces hangars sont aujourd'hui
devenus des lieux de refuge du bétail ou utilisés pour d'autres
objectifs. Certains sont transformés en boutique (photo 30) ou en
dancing (photo 31) et d'autres se sont à moitié démolis
(photos 32-33). Ils sont visibles le long de l'axe Ndiébène
Gandiol - Tassinère au bord de la route qui dessert le Gandiol. Depuis
1987, date de la construction de ces hangars, le Gandiolais ne
bénéficie d'aucun autre soutien favorable à la
conservation de produits maraîchers. Il est aujourd'hui confronté
à ce problème de conservation et de pourrissement qui devient de
plus en plus aigu. Avec l'ouverture prochaine de l'agropôle de Fass, la
population maraîchère du Gandiolais pourrait trouver un moyen plus
durable pour la conservation, voire l'écoulement des produits
maraîchers.
L'agropôle est situé à quelques
kilomètres de Fass, un village de la communauté rurale de Mpal.
Le site est à moins de 500 mètres au Nord de la route nationale
n° 240. Il est le fruit d'une coopération entre l'Etat
du Sénégal et le Royaume Espagnol. L'agropôle couvre une
superficie de 40 ha41. Il est composé d'un centre agricole et
d'un abattoir moderne.
Le centre agricole abrite une salle équipée de
machines qui servent au conditionnement des fruits et légumes et des
chambres froides pour la conservation de ces produits agricoles. Les produits
qui seront conditionnés dans le centre agricole sont l'oignon, les
tubercules (la pomme de terre et la patate douce), la tomate, les haricots
verts et les fruits (pastèque, melon, mangue).
40 Voir le mémoire de Ndèye Souna
Dièye (en cours de rédaction) sur l'agropôle : une
industrie agroalimentaire décentralisée de la zone des Niayes ou
stratégie de développement de production agricole (le
maraîchage). Analyse de la dynamique d'insertion de l'agropôle dans
un espace d'accueil.
41 Sur les 40 ha que couvre l'espace octroyé
à l'agropôle de Fass, 20 ha seulement sont pour le moment
exploités.
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Planche 6 : L'état actuel des
séchoirs construits à Gandiol en 1987 par la CARITAS
Ce vide sert à vendre, à partir de
l'intérieur du « dancing », des tickets d'entrée.
Photos 32 et 31 : À
Tassinère, les deux séchoirs d'oignons qui ont été
construits par la CARITAS en 1987 ont vu leurs objectifs orientés pour
d'autres fins. L'un est complètement démoli, alors que l'autre
est devenu un « dancing » pour les jeunes. Ces photos sont prises
à l'entrée de Tassinère de part et d'autre de la route
goudronnée.
Photos 30 et 33 : Ces séchoirs,
construits également pour la conservation de l'oignon par la CARITAS
à Ndiébène Gandiol, n'ont bénéficié
d'une bonne politique de suivi. Le séchoir de la photo 30 est
transformé en une boutique par un habitant du village. Sur la photo
numéro 33, les trois quarts du séchoir se sont démolis
à cause du sel sur le sol, faute d'entretien.
Clichés : P. D. Diop, juillet 2005.
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La chambre froide permettra de conserver les produits pour des
durées qui peuvent varier de 7 jours à 3 ans (par exemple
l'oignon peut être conservé pendant 3 ans). Les produits de
l'agropôle seront destinés à ravitailler les marchés
locaux et l'exportation. Le stockage des produits de l'agriculture et de
l'élevage, la présentation de produits de très bonne
qualité sur les marchés internationaux et la
compétitivité sont des objectifs assignés à
l'agropôle. Quant à l'élevage, il bénéficie
d'un abattoir moderne, un enclos avec des abreuvoirs et d'une salle de
congélation. L'abattoir dispose d'une station d'épuration et une
station d'incinération.
La station d'épuration permettra de
récupérer et de traiter les eaux usées, qui pourront
servir à des usages agricoles. L'eau sera dégraissée puis
décantée. Les particules seront transformées en produits
fertilisant, l'eau décantée servira à l'irrigation des
plantes. Le sang sera récupéré et pourra être
transformé sous forme d'aliments pour la volaille ou sous forme
d'engrais pour fertiliser les sols. La création de l'agropôle,
destinée à faciliter la conservation et l'écoulement des
produits locaux doit permettre au Gandiolais et à l'ensemble du Delta et
de Niayes de pouvoir produire, conditionner et commercialiser plus
facilement.
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