CHAPITRE II
Quelques contraintes liées aux systèmes
de production agricole dans le Gandiolais
Les contraintes auxquelles sont confrontés les
producteurs agricoles du Gandiolais sont de plusieurs ordres. En dehors des
aléas climatiques et de la modification du régime hydraulique
naturel évoqués au-dessus et qui sont la source de
dégradation des eaux et des sols, le transport, le stockage,
l'écoulement des produits récoltés restent entre autre des
problèmes récurrents.
1. Les contraintes d'ordre sociale du secteur agricole
dans le Gandiolais et le Toubé
1.1. Contraintes socio-économiques
Dans le Gandiolais, le mode de production est un
système basé sur l'emploi d'un outillage traditionnel. Les
contraintes physiques et l'exploitation du milieu entraînent le
fonctionnement d'un système agraire caractérisé par une
grande mobilité de la population agricole. Cette mobilité est,
à la fois basée sur les conditions géographiques du milieu
et les activités saisonnières. Elle s'effectue d'une part entre
les zones littorales à tendance saline et les zones intérieures
où les dunes rouges sont plus ou moins fixées : Gouye
Rène, Ricotte, Toug Wolof et tout le secteur de Toubé. D'autre
part, la mobilité est quotidienne et s'opère entre le Gandiolais
et la ville de Saint Louis. Cette mobilité touche plus
particulièrement les femmes. Celles-ci, tout en demeurant au village,
s'offrent quelques opportunités de gagner peu d'argent en ville. Cette
offre se résume au petit commerce pour les mariées et emploi de
bonne pour les jeunes filles. Elle constitue une activité annexe qui
permet aux femmes de se débrouiller pour gagner quelques sous et faire
face aux besoins du foyer auxquels l'homme ne parvient à pourvoir. Pour
la plupart des personnes enquêtées, dont le gagne-pain
dépend essentiellement de l'agriculture, l'économie familiale est
partagée entre quelques produits maraîchers comme l'oignon
où les récoltes sont entièrement destinées à
la commercialisation et les cultures sous pluies pour la consommation
familiale. Pour ces populations, il est impossible de vendre en quantité
les produits récoltés. Et ceci pour plusieurs raisons : les
producteurs réservent une bonne partie de la production pour la
période de soudure qui coïncide avec la fin de la saison
sèche et le début de la saison des pluies. Elle correspond dans
le Gandiolais et le Toubé à la
80
période la plus difficile de l'année. Pour
assurer la transition entre cette période et les premières
récoltes de la saison des pluies, le paysan consomme sa réserve
de produits (mil, maïs, niébé, arachide). Pour certaines
familles nombreuses, le paysan est obligé d'utiliser les produits
récoltés pour la consommation familiale afin de mieux
répondre aux exigences alimentaires. « Je ne vends pas beaucoup
parce que la famille est très nombreuse et je ne dépends que de
la terre pour la nourrir » est souvent l'explication que donnent les
producteurs locaux pour justifier, malgré eux, les quantités de
récolte réservées pour la consommation familiale. Ainsi,
dans certaines concessions, la quasi-totalité de la production est
consommée par la famille. Une telle situation limite les
possibilités d'achats de semences, d'intrants et d'outils agricoles. Par
conséquent, le système de production reste traditionnel.
|