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Une zone maraà®chère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon.

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par Papa Daouda DIOP
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maà¯trise environnement 2005
  

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2.2.2. Facteurs explicatifs des contre-performances dans les interventions

Les échecs notés dans les interventions du secteur agricole s'expliquent pour deux raisons. Il y a d'une part le manque de qualification des producteurs dans la pratique et le suivi des orientations des partenaires au développement. D'autre part la politique de ces derniers est le plus souvent en inadéquation avec les aspirations des producteurs.

L'introduction d'une nouvelle technique de production agricole requiert avant tout l'information, la sensibilisation, la formation et l'encadrement des producteurs locaux. Le transfert de compétences initié par l'Etat du Sénégal s'est opéré sans la préparation préalable des acteurs locaux qui ont dorénavant en charge le développement de leur localité. Ainsi, il en résulte chez eux une absence de maîtrise des compétences, un défaut d'information sur le rôle et les responsabilités induit par le transfert, une insuffisance ou une absence de ressources financières et surtout de ressources humaines capables d'agir devant les sollicitations pressantes

37 lesoleil@lesoleil.sn, article publié dans l'édition du Samedi 30 avril 2005.

38 Séminaire permanent intitulé Les Mercredi de Girardel. Le 2 février 2005, M. Samba Kanté, Directeur Régional de l'ANCAR de Saint Louis, animait ce séminaire qui portait sur le thème « Nouvelle vision du conseil agricole et rural ». M. Kanté a présenté l'ANCAR, ses objectifs et ses priorités.

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des populations. Par conséquent, cette situation favorise le scepticisme des partenaires au développement vis à vis des élus locaux et de la population active.

Plusieurs partenaires ont suspendu ou réduit leurs actions suite à des manquements répétitifs aux résultats attendus. La CARITAS est l'un des principaux partenaires du Gandiolais à suspendre ses activités. Depuis 1998, la CARITAS a réduit ses actions, car elles se sont soldées, pour la plupart, par des échecs. « Il se trouvait des paysans qui rataient presque ou totalement leur campagne agricole et qui, se faisant, biaisaient l'objectif de la CARITAS sur ce volet» (ibidem). Parmi celles-ci, il y a les centaines de puits abandonnés à cause du sel, les séchoirs tous dégradés faute d'entretien et les pompes Djambar, qui souffraient d'un manque de suivi technique. De même, le Plan Sénégal a considérablement réduit ses activités dans la zone. Il a vu toutes les boutiques communautaires, qu'il avait ouvertes pour les G.I.E. et G.P.F., fermées à cause de pertes injustifiées. Le CECI également a du surseoir à son programme depuis 1993, suite au refus des populations de suivre ses propositions, à savoir l'abandon de certaines zones à risque. Face à toutes ces contraintes les partenaires dans leur grande majorité ont préféré mettre en terme à leur programme d'appui aux populations agricoles du Gandiolais. Derrière eux, ils laissent des programmes en cours ou une formation difficilement applicable par les populations locales. Leur départ crée une rupture brutale entre eux et les populations, laissant ces dernières abandonnées à leur sort. C'est pourquoi, il faudrait du côté des structures, privilégier l'encadrement des populations de manière à ce qu'elles puissent se prendre en charge une fois le projet arrivé à son terme. Pendant longtemps, la population du Gandiolais et de Toubé avait une faible perception de l'objectif des partenaires. L'idée qu'elle véhiculait était qu'un partenaire au développement, « c'est le bailleurs qui doit apporter des dons aux pauvres sans attendre rien au retour». Cette fausse conception lui a valu sa situation actuelle. Les producteurs du Gandiolais auraient pu mieux profiter des appuis dont ils ont bénéficié durant plusieurs décennies.

Les partenaires ont aussi été en partie responsables de leurs échecs. Dans un milieu agricole comme le Gandiolais, où la population est pauvre, la première politique d'appui pour une agriculture durable devait être la formation et la vulgarisation. Les partenaires qui interviennent dans cette zone devaient s'approcher de la population locale. Il ne s'agit pas seulement de proposer une politique agricole et de définir les méthodes à adopter pour sa réussite. Il faut au préalable qu'il y ait une communication entre les exploitants et les partenaires. Ces derniers doivent en premier lieu chercher à comprendre l'exploitant, sa situation sociale et ses préoccupations majeures. Malheureusement, la forme adoptée par les

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partenaires au développement s'est basée sur une approche du « haut vers le bas »39. Ce système ne prévoit pas la communication du « bas vers la haut », alors que le développement local sous entend que l'initiative vient de la base. C'est là que la stratégie a failli, dans la mesure où le partenaire propose, voire impose aux élus locaux et notables, représentant la masse pauvre, son programme d'appui au développement local. Souvent c'est le système « à prendre ou à laisser ». La conséquence en est que les discours des acteurs locaux et de l'opérateur sont le plus souvent contradictoires. Le partenaire axe son discours sur la démarche ou la méthode à adopter pour accroître les rendements des cultures, alors que la population locale oriente le sien vers les besoins quotidiens à satisfaire.

Dans l'optique d'un développement agricole durable, le conseil rural et les exploitants agricoles pourraient favoriser le partenariat avec les structures de recherche telle que l'ISRA. Ce partenariat est d'autant plus nécessaire que les pratiques culturales ne sont pas toujours en adéquation avec les conditions physiques du milieu. Une telle collaboration leurs permettra de bénéficier des résultats de la recherche et des innovations dans le domaine agricole.

Ces structures auront à aider les populations à être mieux informées sur le respect des techniques de rotation de cultures, de la pratique de l'assolement en systématisant les cultures de variétés à cycle court. Elles auront également comme tâche de faire respecter les itinéraires techniques pour améliorer les rendements et de favoriser la réalisation des brise-vent pour protéger les plantes contre l'ensablement. De ce partenariat, les maraîchers gagneraient à avoir en premier lieu une bonne maîtrise de la production, c'est-à-dire éviter la surproduction au niveau des marchés locaux et nationaux pendant les périodes de saturation. En second lieu, ils pourront rechercher des partenaires en aval de la filière, c'est-à-dire essayer de trouver des acheteurs avant même la récolte. L'agropôle de Fass pourrait être, dans ce cas, l'un des principaux partenaires commerciaux du Gandiolais (voir N. S. Dièye, mémoire de maîtrise en cours). Enfin, la population agricole du Gandiolais devrait produire en fonction de la demande sur le marché et des possibilités de commercialisation.

39 Les recommandations techniques ont été développées par des chercheurs dans leurs services (ISRA et SAED par exemple) et transmises aux exploitants locaux par des agents mandatés par les mêmes services.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault