2.2. Dynamiques induites dans le secteur agricole par les
partenaires au développement
Le secteur agricole de la communauté rurale de Gandon a
été régulièrement soutenu par des partenaires au
développement, étatiques et O.N.G., ce qui explique l'existence
de nombreuses structures d'intervention qui se sont succédées
depuis les indépendances. Mais les revenus tirés de l'agriculture
n'ont pas permis à cette partie de la région de Saint Louis de
satisfaire son autosuffisance alimentaire. Dans le Gandiolais et le
Toubé, ces interventions se sont le plus souvent soldées par des
échecs. Dans cette partie, les analyses porteront sur les
différentes réalisations et les causes de certains
échecs.
2.2.1. L'apport des partenaires au développement
dans le secteur agricole
L'ISRA et l'IRA ont pendant longtemps marqué leur
présence dans la communauté rurale de Gandon. Cette
présence a été déterminante dans la formation des
agriculteurs, pour certaines de ces structures comme l'IRA, à travers le
lancement des campagnes de vulgarisation. C'est dans cette campagne de
vulgarisation que « des variétés plus productives et
adaptées de tomate, oignon ont été proposées aux
horticulteurs Gandiolais et que l'utilisation de la fumure a été
rationalisée » (IRA, 2003 : 34). Dans cette campagne de
vulgarisation et de
35 Programmes sportifs et culturels de vacances
73
formation, plusieurs thèmes ont été
diffusés dans plusieurs villages du Gandiolais et Toubé. Parmi
ceux-ci, il y a l'utilisation du compostage et de la matière organique,
le respect du calendrier et des itinéraires techniques pour une
production de qualité, l'amendement des sols.
Le CECI (Centre canadien d'Etude et de Coopération
Internationale) développait jusqu'à la fin des années
1993, un programme d'appui aux producteurs Gandiolais. Ce programme ayant pour
objectif la maîtrise de la filière d'oignon depuis la production
jusqu'à la commercialisation, s'articulait autour des volets suivants
:
- le volet formation et développement ;
- le volet crédit et épargne ;
- le volet « appui technique » qui s'occupait de
l'amélioration de la qualité des semences et des conditions de
production ;
- et le volet commercialisation.
A partir de 1989, le CECI ayant constaté les contres
performances des producteurs liées à la fragilité de la
nappe et de la dégradation des terres agricoles, avait
déterminé des stratégies et des modalités de
gestion des ressources disponibles en eau douce. Reconnaissant que toute
tentative d'aménagement dans la zone du Gandiolais et de Toubé
requiert des connaissances appropriées, le CECI avait défini
trois zones distinctes de maraîchage36 (cf. carte 6).
- la partie centrale du Toubé , notamment les villages
de Ndiakhère, Gueumbeul, Keur Bernard, et la partie Nord-Ouest du
secteur de Gandiol (Tassinère, Ndiébène Gandiol et Ndiol)
considérées comme une zone à risque, dont l'exploitation
agricole, le maraîchage notamment, présente des
désavantages pour l'environnement et pour le producteur ;
- la partie situé Nord-est (Ndièbène
Toubé Peul, Ngaye Ngaye, Keur Martin, Gandon jusqu'au Nord de Diama
Thiaguel), qui forme un secteur potentiel mais avec quelques contraintes
techniques liées à la profondeur de la nappe ;
- enfin la partie Sud du Gandiolais, du Nord-est de Toug Peul
jusqu'à Lahlar en passant par Mouit et Mboumbaye, où la
production est sans grand risque.
Pour cette étude, le CECI avait l'objectif d'orienter
les producteurs pour une meilleure gestion de leur production agricole. Mais
à partir de 1993, il suspend ses interventions à cause de la
remontée du sel en surface.
Entre 1982 et 1990, la CARITAS a effectué plusieurs
réalisations dans la communauté rurale de Gandon. Durant ses
premières années, la CARITAS a soutenu en semences, intrants,
fonçage de puits, beaucoup d'agriculteurs.
36 Entretien du 26 mai 2004 avec Saër Thiam
à la Division Régionale pour le Développement Rural
(D.R.D.R.) de Saint Louis.
74
75
Avec la création d'un centre de formation et de
production agricole, l'organisation humanitaire compte aujourd'hui à son
actif le fonçage de près de 2.000 puits dans l'ensemble de la
communauté rurale pour le maraîchage. Dans le Gandiolais et le
Toubé, la CARITAS a assisté plus de 100 producteurs dans
l'approvisionnement en intrants, la formation de jeunes agriculteurs, la
création de fédérations de G.I.E., de groupements de
promotion économique, social et culturel aux techniques de
l'exploitation agricole (enquêtes personnelles 2004). Elle a
également offert des sessions de formation en technique de conduite
d'une pépinière et une session de formation sur les techniques de
production animale et avicole (CARITAS, 2004 : 1). Durant une vingtaine
d'années, la CARITAS a soutenu les producteurs du Gandiolais dans des
actions de fonçage de puits, l'approvisionnement en intrants,
création des Organisations Communautaires de Base (O.C.B.) et des
Groupements de Production Féminin (G.P.F.). Depuis 1998, les actions de
la CARITAS se sont réduites aujourd'hui à la formation et au
suivi avec un nombre restreint de villages. Dans la nouvelle démarche
qu'elle entend adopter, l'organisation compte soutenir les populations mais
avec un modeste apport de celles-ci dans les financements.
PLAN Sénégal intervient dans cette zone depuis
1990. Ces objectifs sont identiques à celles de la CARITAS, mais ils
s'étendent sur d'autres actions comme la création de boutiques
communautaires, l'alphabétisation de masse avec comme thème
l'initiation aux langues locales (Wolof et Pular). Le PLAN contribue
également dans l'approvisionnement en denrées de première
nécessité, l'organisation et l'encadrement des paysans par la
création des G.I.E. Toujours parmi ses réalisations, le PLAN
appuie les paysans dans le creusement de puits et l'équipement des
salles de classes qu'il a lui même construit au niveau des villages, mais
aussi dans le volet crédit/semences et crédit/épargne, la
mise en place de banque d'intrants et la formation d'agents de santé
communautaire (enquêtes personnelles 2004).
Le PNIR, programme financé par la banque mondiale,
appuie les collectivités locales dans la politique de
décentralisation. Basé sur une démarche participative, il
vise à réduire la pauvreté rurale et à
améliorer les conditions de vie des populations par l'accès aux
services sociaux de base. Le PNIR travaille actuellement avec 2 mutuelles dans
la communauté rurale de Gandon (Rao et Mboumbaye). Il les appuie dans
l'achat d'équipements, d'intrants et la vente de
pépinière. Les efforts déployés par le gouvernement
du Sénégal, par l'entremise du PNIR, ont permis à ce
dernier de financer les travaux de construction du poste de santé de
Gandon et son équipement. Il compte également à son actif
la réhabilitation des pistes de production qui permettent de rallier
à partir de la route nationale les villages de Leybar, de
Ndiébène Toubé Wolof, de Ndiakhère,
Tassinère, Mouit. Avec l'appui du PNIR, l'Etat a réalisé
un projet
76
d'adduction d'eau au collège de Gandon, à
l'école de Mouit et des micro projets (pour un coût global de 20
millions) qui permettront à certains G.I.E. de la communauté
rurale de Gandon de mener des activités génératrices de
revenus37.
L'ANCAR, société anonyme à participation
publique majoritaire, cherche à renforcer les capacités des O.P.
et à impliquer les producteurs dans le processus d'élaboration et
de mise en oeuvre du conseil agricole et rural. Son objectif est de «
faire du secteur rural le levier de l'économie »38. Ses
réalisations au niveau de la communauté rurale portent sur des
enseignements sur les techniques d'élaboration d'une fiche de projet et
sur les techniques de transformations et de conservation des produits locaux,
le suivi des activités lancées par l'agence d'exécution
technique. Tous ceux-ci devraient aboutir à l'accroissement de la
productivité du secteur agricole et des autres secteurs de
développement. Aujourd'hui, l'ANCAR poursuit sa mission selon une
nouvelle approche basée sur le partenariat avec les principaux acteurs.
Elle peut traiter directement ses projets avec les mutuelles ou organisations
juridiquement reconnues. Plus d'une centaine de projets sont en cours
d'exécution avec les O.P. de la communauté rurale de Gandon,
particulièrement les G.P.F.
Malgré le nombre important de structures qui sont
intervenues dans la communauté rurale de Gandon et la diversité
de leurs actions, les contraintes demeurent toujours.
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