WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Une zone maraà®chère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon.

( Télécharger le fichier original )
par Papa Daouda DIOP
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maà¯trise environnement 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.2. Rôle des Organisations Communautaires de Base

Le dynamisme des organisations communautaires de bases ou acteurs locaux est un signe de la vitalité de la population et de sa créativité. Ce sont en général des groupes qui ont un champ d'activités bien délimité. Ils permettent à une fraction de la population de se rassembler et d'agir ensemble. Ces organisations témoignent du dynamisme d'une population susceptible de se mobiliser dans une perspective de développement socio-économique.

« Les O.P, à travers des pratiques "stéréotypées", contribuent à accroître le potentiel de la société rurale, à développer sa capacité à se fixer des objectifs propres et certains des instruments dont elles ont besoin pour les atteindre » (Mercoiret M. R., Bosc P. M., 1994 : 10)

En effet, ces organisations sont porteuses d'objectifs ou d'un projet implicite sur le milieu social qu'elles contribuent à animer. C'est pourquoi, après les avoir identifiées à partir de leur dynamique organisationnelle, il convient de s'interroger sur leur rôle dans le secteur agricole en particulier et dans la gestion et l'impulsion du développement local en général.

68

2.2.3. Aperçu sur les actions des organisations de producteurs

Au niveau de la communauté rurale, on peut individualiser les G.P.F. et les associations des jeunes (O.J.F.- F.J.), suivant leur dynamique opérationnelle.

2.2.3.1. Les Groupement de Producteurs Féminins

De simples organisations culturelles, dont les activités se limitaient à des rencontres familiales ou amicales (tours de thé, festivités), les structures féminines sont devenues des groupements socio-économiques. Depuis l'année 2004, ces groupements se montrent actifs et sont présents dans toutes les activités de développement en milieu rural. Dans la zone du Gandiolais et de Toubé, on note un réel dynamisme des G.P.F. notamment dans des activités entièrement agricoles. Ils s'engagent à promouvoir le développement du maraîchage par la transformation des produits agricoles locaux. Malheureusement, ils n'ont pas les moyens de leurs ambitions, même s'ils bénéficient souvent de l'aide de l'ANCAR et du PLAN Sénégal. Le premier assure la formation et l'encadrement des O.C.B. dans le domaine agricole tandis que le second les initie dans l'alphabétisation et la création de boutiques communautaires et de G.I.E. L'exemple du G.I.E. Taty Mbaye de Békhar mérite d'être rapporté.

? Le G.I.E. Taty Mbaye de Békhar

Békhar est un petit village qui se trouve à côté du village de Ngaye Ngaye. Il est situé à une dizaine de km au Sud-est de la ville de Saint Louis sur la route nationale numéro 2 et à moins d'un km à l'ouest du village de Gandon. Il est composé de trois quartiers. Il y a Kilimane, où vivent les familles Diop ; les familles Ngâne vivent à Nganène et ceux qui portent le nom Mbaye se trouvent à Bayakhe. Le chef du village est choisi dans la famille Mbaye, l'Imam porte le nom Diop. Le village compte actuellement plus de 1.000 habitants. Il ressort des discutions avec les sages de ce village qu'il est, après Leybar, le village le plus ancien de Toubé31. Certains disent même qu'il a été créé bien avant la ville de Saint Louis.

Créé en 1987 par les femmes elles-mêmes sous la forme d'un G.P.F., le groupement obtient en 1990 sa reconnaissance juridique et crée en son sein un G.I.E. dénommé Taty Mbaye.32 A l'origine, le G.I.E. se voulait une fédération différente des O.P. de la communauté rurale de Gandon. Mais avec le temps, il s'est finalement ouvert à toute activité génératrice de revenus qui contribuerait à promouvoir le développement de leur localité (cf. planche 5).

31 Entretien du 27 septembre 2004 avec le chef du village, l'imam et quelques sages du village de Békhar.

32 Taty Mbaye est le nom du premier habitant du village de Békhar. Elle est l'ancêtre de la famille Mbaye

69

Planche 5 : Quelques produits du G.I.E. Taty Mbaye exposés lors du forum sur l'agriculture organisé par l'ANCAR, la communauté rurale de Gandon et les O.P. (mars 2005) à l'U.G.B.

Photo 20 : De la transformation des produits agricoles à l'embouche bovine en passant par la teinture, le G.I.E de Békhar a largement oeuvré pour la diversification.

Photo 21: Quelques flacons pour la conservation des produits finis. Ils sont fabriqués par l'ANCAR pour le G.I.E. de Taty Mbaye de Békhar

Photo 22 : Quelques produits exposés dans les locaux du G.I.E. Taty Mbaye

Clichés : M. Sall, mars 2005

70

Taty Mbaye est né de la volonté des femmes du village de Békhar de remédier au manque crucial de bien d'équipements de la localité. Initialement, ces actions se limitaient à des activités socioculturelles comme le « Set setal »33. Aujourd'hui, ses actions deviennent de plus en plus diversifiées (cf. photo 20).

Pour la réalisation de ses actions, le G.I.E. s'appuie sur le soutien du conseil rural, qui joue le rôle de facilitateur entre les partenaires au développement et les O.P. ; il a pu également compter sur l'ANCAR, qui concourt financièrement à la réalisation de certaines de ses actions et à la formation pour la transformation des produits de légumes et fruits. L'ANCAR prend en charge la fabrication des bouteilles qui servent à conserver et à écouler les produits transformés comme le sirop de bissap, de gingembre, la confiture de légumes, Diiwu Nior et la confection des étiquettes apposées sur ces bouteilles (cf. photo 21).

Taty Mbaye regroupe l'ensemble des femmes du village de Békhar (plus d'une soixantaine de membres). Pour bien mener leurs travaux, les femmes se sont scindées en plusieurs groupes de dix personnes34. Un groupe s'occupe de la culture sur table, un autre est affecté à la teinture. La transformation de fruits et légumes est également sous la charge d'un groupe de dix personnes, de même que la couture. Deux autres groupes interviennent respectivement dans la fabrication de savon et l'embouche bovine. Enfin, un groupe s'occupe de l'aviculture. Aujourd'hui, le rêve de Taty Mbaye est de bénéficier du soutien de tous les partenaires locaux (agriculteurs, éleveurs, communauté rurale, etc.). La diversité de leurs activités justifie l'intérêt que tout le monde y porte maintenant, à la grande satisfaction des populations membres du G.I.E. Au-delà de leur capacité à s'organiser et à s'entendre sur un objectif commun, le G.I.E. Taty Mbaye témoigne de l'aptitude des populations du Gandiolais et de Toubé à traduire en actes concrets une bonne partie de leurs projets.

A ce titre, on constate que les O.C.B. constituent d'importants collectifs pour la promotion du développement de leur localité. Seulement, elles souffrent d'un manque crucial d'informations et de formation par rapport à leurs activités, d'appui financier pour la réalisation de leurs différents projets. De ce fait, la communauté rurale de Gandon pourrait chercher à leur apporter une plus grande assistance. Elle peut aussi être plus dynamique dans son rôle de médiation entre les partenaires au développement et les O.C.B.

Il ressort des résultats d'enquêtes obtenus auprès des G.P.F. de Ngaye Ngaye qu'en dehors de leurs activités à usage collectif (transformation de produits locaux, teinture, cultures sur table, aviculture, couture), chaque femme s'engage dans le projet de reboisement initié par

33 C'est le nettoiement d'un quartier, d'un village ou d'une ville par un groupe de personnes issu de la localité.

34 Entretien du 24 mai 2005 avec Ndèye Mbaye, responsable du G.I.E. Taty Mbaye

71

la réserve de Gueumbeul. Celle-ci, en collaboration avec les femmes des villages environnants, développe depuis l'année 2004 une politique de reboisement (voir photo 23). Photo n° 23: Projet de reboisement des femmes avec la réserve de Gueumbeul

 
 
 
 
 
 

Filao

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Acajou

 
 
 
 
 
 
 

Sachets en plastique

 
 
 

Cliché : M. Sall, mars 2005

Le projet prend en compte l'ensemble des femmes des villages de Ndiakhère, Gueumbeul, Ngayna, Diama, Békhar, Ngaye Ngaye. La technique de plantation des pépinières consiste à mélanger 2 brouettes de terreaux pour une brouette de sable. Le mélange, mis dans des sachets en plastique doit être arrosé 3 à 4 jours avant le semis des graines. La réserve fournit aux femmes les graines, et les sachets en plastique qui servent au repiquage. C'est elle également qui viendra acheter une partie des pépinières. L'autre partie devra être plantée par les femmes au niveau de leurs villages respectifs. L'objectif de la réserve est de faire régénérer la mangrove qui, avec un fort taux de prélèvement, devient de plus en plus rare dans la zone. Dans sa politique de reboisement la réserve essaie de fournir du bois de chauffe, des fruits et de créer des brises vent pour stabiliser le sable. Le manguier, le filao, l'acacia (Seng), l'acajou, le citronnier constituent les espèces les plus sollicitées par l'entreprise d'agroforesterie des femmes. Ces femmes s'emploient aussi dans l'embouche bovine, l'artisanat et le petit commerce, la fabrication de savon. Ils sont aidés en cela par l'ANCAR et PLAN Sénégal.

Les femmes du Gandiolais et de Toubé, à l'exemple de celles de Békhar, gagneraient à dynamiser leur groupement en élargissant leur marché de consommation à l'échelle des communautés rurales de Gandon et de Mpal et de la ville de Saint Louis.

72

2.2.3.2. Les associations de jeunes

Tout comme les G.P.F., les associations de jeunes (O.J.F.- A.S.C.- F.J.) s'illustraient pendant longtemps dans des activités socioculturels. Jusqu'au début des années 2000, elles ne présentaient aucun projet de développement socio-économique. Leurs principales sources de motivation étaient uniquement les activités de vacances. Il s'agit des « navétanes »35 pour les A.S.C., des manifestations théâtrales pour les O.J.F. et des rencontres intellectuelles (thé-débat, cours de vacances) organisées par les foyers des jeunes des différents villages. Depuis, l'année dernière, les associations de jeunes prétendent devenir des acteurs dynamiques présents dans toute action visant à promouvoir le développement socio-économique de leur localité. Les jeunes cherchent à impulser une nouvelle dynamique de développement à la base. Parmi les projets mis en perspectif, il y a l'aviculture et la création de boutiques communautaires. Mais contrairement aux G.P.F., ces mouvements souffrent d'un manque réel d'encadrement et de financement. Or, leur capacité de mobilisation (plusieurs centaines de personnes) devrait être un atout dans l'exécution des programmes de développement de la localité.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery