1.3.2. L'emploi de la main-d'oeuvre
Ce mode d'exploitation de la terre est très
fréquent dans le Gandiolais. Pendant la saison des pluies par exemple,
le propriétaire exploite lui-même ses propres terres agricoles. Il
engage ses propres enfants dans les travaux champêtres. Ces derniers,
membres de la famille, n'ont pas besoin d'une rémunération ; mais
une fois mariés, ils deviennent autonomes et devront désormais
s'occuper de leurs propres parcelles. A défaut de cette main-d'oeuvre
familiale, le paysan fait appel aux éventuels ouvriers-paysans qui
seront rémunérés à la fin des travaux. Il s'agit de
quelques jeunes du village qui travaillent en villes en saison sèche. En
hivernage, ils acceptent d'être engagés, pour quelques jours voire
une semaine, par un paysan qui aurait à solliciter de la main-d'oeuvre.
Ces jeunes arrivent parfois à travailler avec plusieurs paysans
62
pendant les deux ou trois mois d'hivernage. Ce mode
d'exploitation est aujourd'hui de moins en moins pratiqué pour deux
raisons. Les producteurs ne sont pas convaincus de l'éventualité
d'une bonne saison des pluies à cause des aléas climatiques et de
la faiblesse des volumes pluviométriques enregistrés chaque
année. Ils ne sont également pas financièrement
prêts pour prendre en charge l'ensemble des besoins de leurs
employés (petit déjeuner et déjeuner) et la
rétribution (500f par jour et par employé) pour les travaux
effectués. Ainsi, ils préfèrent prendre eux-mêmes en
charge les quelques hectares qu'ils auront à mettre en valeur.
L'exploitation est dans ce cas de type familiale.
1.3.3 Le système de partage
Dans le Gandiolais, le système de partage varie suivant
les saisons de l'année. En saison des pluies, le système
utilisé est le métayage. Il s'agit d'un contrat d'exploitation
agricole dans lequel le propriétaire loue sa parcelle au métayer
en échange d'une partie des produits de récoltes. Cette pratique
consiste en un accord associatif entre le propriétaire de la parcelle et
l'agriculteur. Le locataire qui se voit confier la parcelle doit l'exploiter
par ses propres moyens. Il se charge de l'achat des produits agricoles tel que
les semences et produits industriels et matériels agricoles. A la fin
des travaux, il partage les produits de récolte avec le
propriétaire de la parcelle sur laquelle sont effectués les
travaux agricoles. C'est le système de métayage. Ce mode de
pratique agricole, en saison des pluies, n'est utilisé que par quelques
producteurs du Gandiolais. Ce sont par exemple ceux qui ont la force physique
pour travailler la terre, mais ne disposent pas de terres ou de moyens
financiers pour acheter des produits et du matériel agricole.
En saison sèche, ce système de partage reste la
principale méthode chez les maraîchers. Ces derniers engagent un
ou plusieurs travailleurs temporaires (sourgha) qui assurent les
travaux d'irrigation et parfois même toute la conduite de la culture
depuis la pépinière jusqu'à la récolte. Ces
temporaires viennent d'une part de l'intérieur du pays (Kaolack,
Ziguinchor, Kolda) et d'autre part de la sous région (Guinée,
Gambie, Mali). Leur employeur leur fournisse des semences, de l'engrais, des
produits chimiques, du matériel agricole, de la terre et des puits.
L'employeur doit en effet gratuitement prendre en charge l'ensemble des besoins
nécessaires de son ou ses employés. Ces besoins sont par exemple
le dortoir, les trois repas quotidien (petit déjeuner, déjeuner
et dîner) et éventuellement le thé28. Par contre
d'autres maraîchers assurent uniquement les repas.
28 Entretien du 19 mars 2004 avec quelques sourgha
à Mouit.
63
Planche 3 : Conditions de vie des
sourgha et stratégies de adoptées
Une case construite avec des sacs vidés, de la toile et
des nattes à Lahlar (Gadaga)
La case d'un sourgha à l'intérieur d'une
parcelle d'oignons à Mboumbaye
Photos 14-15 : Certains sourgha
construisent une case dans la parcelle pour y passer la nuit. Ce sont le
plus souvent ceux qui n'ont pas pu bénéficier d'une chambre chez
l'employeur.
Clichés : P. D. Diop, juillet 2005
De la tomate plantée aux abords des cuvettes d'oignons.
Plantation d'oignons
Photo 16 : Pour couvrir leurs petits
besoins, les employés plantent de la tomate, qui a un cycle plus court
que celui de l'oignon (2 mois environ) aux abords des cuvettes d'oignons.
Clichés : P. D. Diop, juillet 2005
Plus de 770 cuvettes de tomate dans une parcelle à
Mboumaye
Une parcelle de carotte à Mouit Gandiol
Photos 17-18 : Quelques
sourgha, souvent ceux qui ne sont pas satisfaits des rendements de la
première saison d'oignons entre novembre et février, plantent
d'autres variétés (carottes ou tomates), une façon de
prolonger leur séjour avant la seconde saison d'oignons (d'avril
à juillet).
Clichés 17 et 18 : P. Thiam, janvier 200
64
Dans ce cas le sougha essaye de construire lui
même une case à l'intérieur de la parcelle pour y passer la
nuit durant tout son séjour (cf. photos 14-15). Pour couvrir leurs
petits besoins, comme la cigarette, le thé, les sourgha
plantent sur les rebords des cuvettes d'oignon quelques graines de tomates
(photo 16). Cette tomate récoltée par les sourgha est
vendue localement à des commerçantes de la place à 100f le
kg ou 2.500f la bassine. Ces dernières les revendent au niveau des
marchés locaux dans le Gandiolais.
Après la récolte de sa première
production d'oignons au mois d'avril (2005), le temporaire L.M. déclare
avoir obtenu, lui et son employeur, 87 sacs d'oignons, soit 3 tonnes 480 kg. La
parcelle comptait 771 cuvettes. Ils ont vendu les produits aux bana-banas
qui sont venus les acheter sur place à 120f le kg. Les
dépenses effectuées par son employeur s'élevaient à
26.400f. A la suite du partage du reste de la vente, ils se sont
retrouvés chacun avec 120.000f. Certains sourgha arrivent
parfois à faire deux campagnes avec leur employeur. Après la
première campagne celle d'oignon en saison chaude entre juin et
septembre, ils entament une seconde campagne à partir du mois de
novembre. Leur employeur leur offre des semences de carotte par exemple (cf.
Photo 17 et 18) pour la saison froide de novembre en février.
|