1.2. Les pratiques culturales
Il s'agit dans cette partie de décrire les techniques
culturales utilisées dans le Gandiolais. L'analyse sera axée sur
les techniques de fertilisation et celles d'irrigation.
1.2.1. Méthodes de fertilisation des terres
agricoles
Le Gandiolais est caractérisé par une multitude
de méthodes culturales adaptées au milieu. Il s'agit d'un
système rotatif de gestion des terres agricoles, qui permet de conserver
la fertilité des sols et de limiter en même temps l'ensablement
des cuvettes maraîchères. Il permet également de faire
plusieurs récoltes dans l'année. D'après les
enquêtes effectuées dans le Gandiolais et le Toubé, les
modes de gestion des terres varient en fonction des besoins
socio-économiques de la population. Il ressort de ces enquêtes que
les méthodes de fertilisation utilisées par les paysans sont
beaucoup plus fréquentes en saison sèche (maraîchage) qu'en
saison des pluies. Le tableau suivant montre le pourcentage de la population
agricole, toute saison confondue, qui pratique la fertilisation des terres.
48
Figure n°8 : Proportion des exploitations du
Gandiolais et de Toubé qui utilisent les techniques de maintien de la
fertilité des sols (en %)
120
100
80
60
40
20
0
100
50
60
50
30
Source : enquêtes personnelles (2004)
L'analyse du tableau montre l'évolution des pratiques
agricoles de gestion de la fertilité des terres dans le Gandiolais et le
Toubé. Ces pourcentages tiennent en compte les cultures sous pluies et
le maraîchage.
1.2.1.1. La rotation des cultures
Elle est très répandue dans le Gandiolais. Elle
consiste à ne pas pratiquer la culture d'une même
spéculation de façon successive sur la même parcelle. Dans
cette zone, plusieurs variétés sont mises au point, suivant un
calendrier d'occupation des sols qui s'échelonne sur les deux saisons de
l'année. Entre le mois de novembre et le mois de juillet, les
producteurs maraîchers utilisent plusieurs variétés, allant
de l'oignon à la tomate en passant par la patate douce, la carotte, etc.
Cependant, l'oignon reste la principale variété pouvant
être cultivée pendant toute l'année. A la suite des
enquêtes menées et des entretiens tenus avec les personnes
ressources, les maraîchers du Gandiolais peuvent avoir deux à
trois récoltes par année avec la seule variété
d'oignon, entre le mois de novembre de l'année en cours et le mois
d'octobre de l'année suivante. En saison froide les maraîchers
Gandiolais cultivent l'oignon entre novembre et février. La
variété utilisée durant cette période est
appelée « gagne mbaye ». Cette variété
ne résiste pas à la chaleur et pourrit rapidement. C'est pour
cette raison qu'elle n'est pratiquée qu'en saison froide en même
temps que les légumes (carotte, chou, navet). Entre mars et juin, une
autre variété appelée « garmi » est
cultivée. Celle-ci est moins fragile que la variété
49
« gagne mbaye » et plus facile à
écouler. Cette période correspond également dans le
Gandiolais à la culture de la tomate. A partir du mois de juillet
jusqu'au mois d'octobre, hormis quelques rares parcelles d'oignons, ces
mêmes producteurs pratiquent sur les mêmes parcelles la culture de
niébé, du béréf, du petit mil. La rotation des
cultures, utilisée par 50% des maraîchers du Gandiolais, contribue
à lutter contre la baisse de la fertilité des sols et le
parasitisme. Par exemple, les parasites qui attaquent les cultures de patate
sont inefficaces contre d'autres types de cultures de contre saison tels que le
béréf, l'aubergine. Elle permet aussi aux sols de se reposer par
l'alternance des espèces exigeantes (la pomme de terre) et des
espèces moins exigeantes (béref, niébé).
En revanche, la rotation des cultures peut constituer un
danger à long terme pour les sols. Les terres du Gandiolais sont
fortement affectées par la remontée du sel. Une exploitation
régulière, 12 mois sur 12, pendant trois années de suite
au minimum, leur fait perdre leur fertilité. Cette intensification de la
culture sur les mêmes parcelles, ajoutée à la
volonté de produire un peu plus chaque année, provoque la baisse
de la fertilité des sols. Le plus souvent, les propriétaires des
parcelles pratiquent cette méthode qui consiste à récolter
plusieurs fois dans l'année et ceci pendant trois ans de suite, avant la
jachère enherbée. Celle-ci se fait en compromis entre le paysan
et l'éleveur. Le paysan invite l'éleveur à introduire son
bétail dans la parcelle laissée au repos. Ce système
permet au paysan d'enrichir ses terres par la fumure animale
déposée dans le champ par le troupeau. En même temps, le
bétail se nourrit de l'herbe dans la parcelle. Au lieu de se faire par
le repos, la terre s'améliore ainsi grâce à l'action de
certaines plantes qui s'y évoluent de façon naturelle et d'une
fumure accrue
1.2.1.2 L'utilisation de l'engrais
Les engrais apportent aux plantes cultivées des
éléments qu'elles ne trouvent pas dans le sol en quantité
suffisante et qui améliorent les conditions de leur nutrition et de leur
croissance. On distingue les engrais organiques, comme le fumier et les engrais
minéraux ou chimiques, produits par l'industrie.
1.2.1.2.1 L'engrais organique (ou la fumure
animale)
La fumure animale est pratiquement utilisée par tous
les agriculteurs du Gandiolais (100%). Elle est utilisée en toute
saison. Le système de fertilisation consiste à distribuer la
fumure sur les parcelles avant toute nouvelle mise en culture (voir photo 6).
Les producteurs, dont la plupart ne sont pas de grands éleveurs, tirent
l'essentiel de l'engrais organique utilisé des achats. Dans plusieurs
villages enquêtés, il arrive parfois qu'un maraîcher
dépense jusqu'à
50
30.000 francs pour couvrir en fumier une parcelle d'un
hectare. La vente se fait selon les besoins du paysan, en gros et en
détail. Pour la vente en détail, le prix d'un sac de 50kg varie
moyenne entre 250 francs en saison des pluies et 400 francs en saison
sèche. La fumure étant achetée dans les villages des
éleveurs Peuls, doit être transportée vers les champs par
des charrettes. Le producteur paye 150 francs par sac entre les lieux de vente
et le champ. S'il s'agit de la vente en gros, la charge d'une charrette (20
sacs de 50kg) varie de 7.500 francs à 10.000f ; dans ce cas, le vendeur
assure lui-même le transport.
Photo n°6 : Quelques sacs de
fumure animale déjà achetés pour la saison des pluies
Sacs de 50 kg de fumure animale
Méthode de fertilisation avec la fumure animale.
Cliché : P. D. Diop, mai 2005 à Ndiol
Gandiol
Les producteurs agricoles du Gandiolais, n'étant pas de
grands éleveurs, font plusieurs kilomètres pour trouver la fumure
animale dans les villages Peuls situés à l'Est.
Les éleveurs interrogés sur cette question
attestent que la vente s'effectue en grandes quantités durant la saison
sèche. Il leurs arrive même de lier des contrats de vente avec les
maraîchers. Certains maraîchers par exemple, demandent au
préalable à l'éleveur qui a l'habitude de leur fournir du
fumier d'en leur faire des réserves. A.B.21 affirme avoir
vendu en 2004 plus d'une dizaine de charrettes chargées en fumier animal
aux maraîchers du Gandiolais. Il dit avoir gagné de cette vente
prés de 100.000f. Cet argent lui a permis de faire du petit
maraîchage derrière sa concession. En début de saison
sèche, la demande de fumure est très élevée.
Certains paysans sont obligés d'aller acheter le produit jusqu'aux
villages de Pélour, Gantour, Kalassane, Rao Peul, situés à
l'Est de Gandiol. Ils sont du secteur de Rao. Le village de Pélour est
à 8 km de Ricotte ; il est le village le plus proche de Gandiol parmi
les fournisseurs en fumure organique. Les fientes de volailles ne sont
utilisées que par les gros producteurs. Leurs coûts sont
élevés et elles sont faiblement disponibles dans la zone. Le prix
d'un sac de 50kg revient à 3.000 francs.
21 Entretien du 20 avril avec Aliou Bâ
(éleveur). Il est le frère cadet du chef de village de
Pélour 1
51
1.2.1.2.2. L'engrais chimique
Les engrais chimiques fournissent aux sols beaucoup
d'éléments fertilisants. Leur utilisation permet d'obtenir de
bons rendements. En raison de l'irrégularité de la
pluviométrie en hivernage, cet engrais n'est utilisé que par les
producteurs maraîchers. Plus de 60% des maraîchers l'utilisent dans
leur parcelle. Face à la cherté des prix et la baisse de la
fertilité des sols, les producteurs du Gandiolais utilisent plusieurs
variétés d'engrais chimique, parfois même celles qui ne
sont pas tout à fait adaptées à la culture mise en place.
En général, les variétés les plus répandues
dans la zone sont l'engrais « alam » (ou sucre) de couleur
toute blanche et l'engrais « sawagne » (appellation de la
population locale). L'engrais « sawagne » (ou «
fondé ») présente une couleur jaunâtre,
proche du blanc et plus ou moins grise. Mais la variété la plus
accessible par son prix est l'engrais « uré ». Cette
variété est également de couleur toute blanche. Le sac de
50kg coûte 10.000f. Cet engrais devrait être utilisé dans
les parcelles de culture de navet et de chou, mais faute de moyens financiers,
les maraîchers l'utilisent pour les plantations d'oignon. Les
maraîchers utilisent l'engrais « uré » une fois
par semaine pendant deux mois 15 jours après les semis des
pépinières. L'engrais « sawagne » vient
à partir de cette date et est utilisé deux fois avant la
récolte avec 10 jours d'intervalle22. Les autres
variétés, notamment l'engrais « alam » et le
« sawagne », coûtent respectivement 10.500 francs et
11.000 francs le sac de 50kg. Au détail, le kilogramme d'engrais revient
à 250 francs au maraîcher. Pour une parcelle de 1.500 planches, il
faut environ 40 kg de « uré » et 25 kg de «
sawagne ». Alors que pour une autre de 900 cuvettes, il faut 25
kg d' « uré » et 15 kg de « sawagne
». Pour les producteurs à faible revenu, le mode d'acquisition
se fait par crédit.
Dans presque tous les villages enquêtés, on
constate une quasi absence de mouvements coopératifs dans la zone. Ce
manque d'organisation empêche les producteurs d'accéder aux
crédits puisqu'ils n'ont pas de garantie valable pour en pouvoir
bénéficier. Ainsi, ils se rapprochent des quatre mutuelles des
communautés rurales de Mpal et de Gandon (deux mutuelles à Mpal,
une à Rao et une à Mboumbaye) pour un éventuel accord de
crédit.
La mutuelle de Mboumbaye (voir photo 7) est l'une des quatre
mutuelles accessibles aux producteurs. Jusqu'en 2002, les villages du
Gandiolais et de Toubé se rapprochaient des mutuelles de Mpal pour
décrocher un prêt. Celle de Mboumbaye créée en 2003
par les populations du Gandiolais, couvre aujourd'hui l'ensemble des villages
de Gandiol, de Fass Dièye à Lahlar (cf. carte 5). Son objectif
est de relancer le développement des activités
socio-économiques des villages concernés. Pour y parvenir, la
mutuelle a engagé deux permanents :
22 Entretien avec quelques sourgha, le 25
juin 2004 à Lahlar, Mboumbaye et Dégou Niayes.
52
Photo n°7 : Mutuelle d'épargne et de
crédit du Gandiol
Cliché : P. D. Diop, mai 2005 à Mboumbaye
Gandiol
La mutuelle de Mboumbaye est la seule existante dans la zone du
Gandiolais et de Toubé. En 2004, elle a financé plusieurs
producteurs (agriculteur, éleveur, commerçant, artisan et
pêcheur) de 14 villages différents. Pour l'année 2005, la
mutuelle espère financer plus de 40 producteurs.
une gérante et une caissière. La
première, originaire de Saint Louis reçoit les demandes de
financement et la seconde, qui habite à Mouit Gandiol contrôle les
fonds. Elles perçoivent respectivement 149.000 et 70.000f par mois. Pour
adhérer dans cette mutuelle, le paysan doit acheter un carnet
d'adhésion à 6.000f. Dès sa création, la mutuelle
de Mboumbaye a enregistré 1.000 adhérés, soit 6 millions
de francs. En 2004, la mutuelle bénéficie, auprès de ses
uniques partenaires d'origine Belge, d'un premier financement de 50 millions de
francs qui lui avait permis de couvrir 14 villages23. En 2005, les
mêmes partenaires leurs octroient un autre financement de 60 millions.
Pour bénéficier des prêts de la mutuelle, le producteur
doit être en règle avec la mutuelle ; c'est-à-dire
être un adhérent et ne pas avoir d'arriérés avec
elle. Le client doit également verser une somme de 1.000f dans la caisse
de roulement de la mutuelle et y ouvrir un compte, qui lui permet de
bénéficier d'un prêt. Le montant du prêt est
lié au mouvement du compte du client. Autrement dit, le client est tenu
de verser régulièrement sur son compte, puisque la
régularité de ses versements permettra de déterminer le
montant qui pourra lui être alloué. Le système de
prêt n'encourage pas les petits paysans qui jugent ces conditions
très lourdes. Le système fonctionne comme suit : pour un
prêt de 250.000f, le paysan fait un apport de 50.000f. Après la
récolte, il rembourse 275.000f. Pour un prêt de 500.000f, le
bénéficier doit également faire au préalable un
apport de 100.000f. Il paye après la vente de ses récoltes
550.000f. Le délai accordé au paysan pour le remboursement de la
dette est de 9 mois. La mutuelle accorde également des crédits
aux commerçants pour un délai d'un mois.
23 Entretien avec Magatte Diop, vice-président
de la mutuelle de Mboumbaye, le 02 juillet 2005.
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54
Les prêts accordés aux éleveurs sont
remboursables en 6 mois et en 2 mois pour les artisans. Quant aux
pêcheurs, la mutuelle les accorde un délai de 8 à 10 mois.
Le client qui ne parvient pas à rembourser entièrement son
crédit ne pourra pas bénéficier d'un autre prêt. En
2004, O. B24 déclare avoir contracté un prêt de 500.000f
pour sa parcelle d'oignon. Après la vente des produits
récoltés, il n'a pu collecter que 300.000f. C'est ainsi qu'il n'a
pas pu bénéficier d'un prêt pour l'année 2005.
La mutuelle n'arrive pas à satisfaire l'ensemble des
demandes de ses clients. Elle finance par lots de 40 personnes. Cette
année 2005, elle espère pouvoir financer 2 lots, soit 80
producteurs (tout secteur confondu). Cette part est très faible, moins
de 10% de l'ensemble des adhérents ; mais pour les responsables de la
mutuelle du Gandiolais, cela s'explique par sa création récente.
Elle est à son deuxième financement, intervient dans plusieurs
secteurs et couvre déjà les besoins de 10% des ses membres.
1.2.1.3. Les produits
phytosanitaires
L'introduction des pesticides dans le maraîchage
contribue à l'amélioration de la productivité agricole.
Elle permet d'accéder à des rendements satisfaisants, mais elle
suscite de nombreuses inquiétudes liées notamment à la
santé et à la pollution des sols et des eaux. De la
pépinière à la récolte, les cultures sont
menacées par des agents pathogènes et des ravageurs. Pour lutter
contre ces agents nuisibles, les maraîchers du Gandiolais utilisent la
lutte chimique, souvent dangereuse pour leur état de santé (cf.
photo 8).
Photo n°8 : Méthode d'utilisation des produits
phytosanitaires dans le Gandiolais
Une parcelle d'oignon de 1152 pieds
Une pompe d'une capacité de 20 litres sert à
traiter les plantes
Cliché : P. D. Diop, juillet 2005 à Lahlar
(Gadaga)
Les sourgha qui, le plus souvent se chargent du
traitement chimique des plantations, utilisent le produit sans masque de
protection, ni gants avec des modes d'utilisation non
maîtrisés.
24 Entretien du 21 juillet 2004 avec Ousmane Bâ
producteur maraîcher à Dégou Niayes.
55
Les produits phytosanitaires sont vendus dans l'informel et
utilisés sans aucune maîtrise technique. Ils sont utilisés
par plus de 50% des maraîchers du Gandiolais de façon abusive et
désordonnée. Le produit est vendu localement aux maraîchers
par les bana-banas, sous forme de crédit, à 7.500 le
litre. Les maraîchers, dont la plupart sont des analphabètes,
ignorent en effet totalement les conditions de sécurité et les
modes d'emploi. Ils dépassent parfois largement le dosage
recommandé. Pour traiter leur parcelle, les maraîchers du
Gandiolais mesure la quantité de produit à utiliser sur les
bouchons de bouteilles d'un litre. Par exemple, pour 20 litres d'eau, le
maraîcher utilise une quantité de pesticide, égale à
trois bouchons. Pour couvrir toute une parcelle d'oignon de 1.500 cuvettes, il
utilise 9 bouchons, soit 60 litres d'eau. Par contre, certains maraîchers
dépassent largement cette dose et utilisent un litre de produit chimique
pour une parcelle de 900 cuvettes. L.M.25 déclare avoir
utilisé 1 litre et demi pour sa parcelle d'oignon de 1.152 cuvettes.
Lors des traitements phytosanitaires, une bonne partie des pesticides se
dépose sur le sol pouvant entraîner une pollution de la nappe et
probablement celle des eaux. La contamination de l'eau constitue un risque sur
la santé humaine et animale. Pour pouvoir mesurer l'effet des pesticides
sur l'homme et son environnement, il est indispensable d'instaurer un
système d'information destiné aux producteurs du Gandiolais.
1.2.1.4. La jachère
La jachère est définie comme « une partie
du finage laissée chaque année en repos (...). Elle a le double
résultat d'améliorer la qualité de la terre, de la
nettoyer, et de permettre de nourrir d'un plus grand troupeau » (Lebeau,
2000 : 49). La jachère concerne les terres non cultivées
temporairement. C'est une technique qui consiste à laisser la terre au
repos pendant quelques temps pour permettre la reconstitution de la
fertilité du sol. Comme l'humus n'est pas abondant sur les terres du
Gandiolais et que celles-ci, largement surexploitées, concentrent des
taux de salinité de plus en plus élevés, le
propriétaire laisse les troupeaux séjourner sur le champ durant
toute cette période, une façon de fumer le sol autant que
possible.
Dans les villages enquêtés, seuls 30% des
paysans, particulièrement des maraîchers, utilisent la
jachère comme technique de fertilisation. Plus de 70% des
propriétaires de champs ne pratiquent pas cette méthode,
malgré la disponibilité des terres de culture. Ce sont le plus
souvent des producteurs qui dépendent essentiellement de l'agriculture,
particulièrement le maraîchage. La plupart d'entre eux ne dispose
que de petites parcelles qui ne dépassent pas 1ha et n'ont que la terre
comme source de revenu. A la place de la jachère, ils utilisent, soit
la
25 Lamine Mané est un sourgha qui
vient de la Gambie. Nous l'avons rencontré à Lahlar le 02 juillet
2005 (voir photo 12).
56
fumure animale après les récoltes, soit ils
augmentent le dosage de l'engrais chimique.
Pour les 30% qui utilise la jachère, la mise au repos
des sols est liée à des contraintes financières (manque de
semences, d'engrais, de pesticides ou de matériels agricoles). Dans le
secteur de Toubé, où l'hivernage reste la principale saison
agricole, les irrégularités du régime
pluviométrique font que la plupart des parcelles ne sont pas mises en
valeur.
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