1.1.2. Contraintes liées à l'accès
à la terre
La gestion et l'attribution des terres de culture dans la
communauté rurale de Gandon se heurtent, le plus souvent, à des
contraintes d'ordre institutionnelles et sociales. Les contraintes
institutionnelles sont en grande partie liées à
l'imprécision des limites territoriales entre la commune de Saint Louis
et la communauté rurale de Gandon. La communauté rurale de
Gandon, à l'image des autres communautés rurales, a
été créée en 1972, dans le cadre de la
décentralisation. Cette création fait suite à la
volonté de l'Etat d'introduire la décentralisation dans les
campagnes. Avec la réforme de 1996, l'Etat a transféré
neuf domaines de compétences20 aux collectivités
locales en vue de pouvoir apporter une réponse plus satisfaisante aux
préoccupations des populations. Cette réforme définit la
communauté rurale comme un terroir constitué « d'un certain
nombre de villages unis par une solidarité résultant notamment du
voisinage, possédant des intérêts communs et capables
ensemble de trouver les ressources nécessaires à leur
développement » (article 192 de la loi n°96-06). Mais ce que
l'Etat a oublié de préciser, c'est la délimitation
territoriale définitive des communes et communautés
20 1- La gestion et l'utilisation du domaine privé de
l'Etat, du domaine public et du domaine national ; 2-l'environnement et la
gestion des ressources naturelles ; 3- la santé, la population et
l'action sociale ; 4- la jeunesse, les sports et les loisirs ; 5- la culture ;
6- l'éducation, l'alphabétisation, la promotion des langues
nationales et la formation professionnelle ; 7- la planification ; 8-
l'aménagement du territoire ; 9- l'urbanisme et l'habitat.
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rurales. Cette imprécision est aujourd'hui source de
rivalité entre commune et communauté rurale ou entre deux
communautés rurales. Le cas de la commune de Saint Louis et de la
communauté rurale de Gandon est illustratif. « Ces deux
entités entretiennent des rapports plutôt conflictuels, et ce
depuis les années 80, date de création de la communauté
rurale de Gandon » (Rigod M., 2004 : 121). Les conflits portent pour
l'essentiel sur le foncier et les enjeux financiers, puisque les terres que
réclame la commune de Saint Louis ont un intérêt fiscal.
Les litiges fonciers ne datent pas d'aujourd'hui. « La commune de Saint
Louis s'est opposée en maintes occasions à la communauté
rurale de Gandon (implantation de l'université, contrôle des
espaces touristiques de la Langue de Barbarie ou des rives du fleuve) »
(Magrin, 2003 :13). Elle percevait jusqu'en 2002 les taxes foncières et
professionnelles des hôteliers qui reviendraient de droit à
Gandon. En plus, Saint Louis s'était octroyé pendant toutes ces
années la partie du cordon littoral qui concentre d'importantes
infrastructures touristiques de la Langue de Barbarie. La commune de Saint
Louis qui se trouve entre l'océan atlantique et la communauté
rurale de Gandon fait face à un manque cruel de ressources
foncières. Elle est victime d'une importante croissance
démographique. Aujourd'hui, par le principe de «
l'intercommunalité » (Magrin, 2003 : 11), elle cherche à
créer une coopération commune avec Gandon ; une
coopération allant dans le sens de « former une "communauté
urbaine" » avec la communauté rurale (Rigod, 2004 : 121).
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